Coïncidences et hasards

Proust écrivait :

Citation :

" Il y a des moments de la vie où une sorte de beauté nait de la multiplicité des ennuis qui nous assaillent, entrecroisés comme des motifs wagnériens, de la notion aussi, émergeante alors, que les événements ne sont pas situés dans l'ensemble des reflets peints dans le pauvre petit miroir que porte devant elle l'intelligence et qu'elle appelle l'avenir, qu'is sont en dehors et surgissent aussi brusquement que quelqu'un qui vient constater un flagrant délit".

Cette citation de Proust me plaît bien, car à mes yeux elle propose un remède à cette accumulation d'ennuis ou de malheurs. Je ne savais pas comment l’expliquer. J’adopte donc la méthode Swallow, ie l’intertextualité, le dialogue entre les textes.

Citation :

« la musique rend les états d’âme supportables en leur donnant forme et beauté. Et donc on est gagné par le calme, même si elle est très triste ou désespérée ».

Radhika Jha, L'odeur. p 291

rotko a écrit:

Citation :

« la musique rend les états d’âme supportables en leur donnant forme et beauté. Et donc on est gagné par le calme, même si elle est très triste ou désespérée ».

Radhika Jha, L'odeur. p 291

Là je comprends mieux

et j'ai commencé Radhika !

HISTOIRE VRAIE!

Eux…
Imaginez deux gamins, dans les années 60…Deux garçons, deux petits parisiens, M. et JF. Chaque été leurs familles quittent la capitale pour venir passer tout l’été dans des demeures familiales voisines dans l’Allier. Leurs courses en culottes courtes dans la campagne scellent leur amitié.
En 2006, M. a choisi de s’installer complètement dans la demeure familiale campagnarde et JF. habite encore à Paris. Il vient dans l’Allier pour les vacances, comme autrefois. Ils s’y retrouvent.

Elles…
Vous les connaissez, elles s’appellent Swallow et coline. Swallow vit en Espagne et coline à Moulins. Elles se sont connues sur GDS cette année. Fidèles du forum, alors que les mois passent, elles se découvrent des affinités. Elles échangent des mails…puis des livres…et quelques confidences.
Et voilà qu’au détour d’une conversation, se révèle à elles une incroyable coïncidence !
L’une s’avère être une amie de JF et l’autre une amie de M.

Vous le croyez ?
Il le faut…parce que c’est vrai !

Youpee !

tout le forum se rejouira d'avoir été l'occasion de liens personnels entre les membres.

Merci de l'avoir dit Coline

Avec l'accord de Swallow, évidemment!

C' est ABSOLUMENT vrai...Et ce que j' adore, c' est que Coline et moi avions déjà fortement sympathisé bien avant de découvrir que nos amis respectifs se connaissaient parfaitement, et que c' est NOUS, les Graines qui les avons mis au courant... La virtualité depassant le champ de la réalité, la faisant déborder de ses contours etriqués.Voilà GRAIN de SEL!

Il arrive que des lectures se répondent. Citons Maia :

Citation :

j'ai trouvé aussi des correspondances étonnantes entre le plus étrange et le plus difficile des livres de Guilloux, La Confrontation et le Goncourt - postérieur - de Modiano Rue des boutiques obscures...

J'ai trouvé aussi des ressemblances de thèmes et de critiques à propos de cercles litteraires ou forums dans un amour de Swann, Sodome et Gomorrhe et la dernière métamorphose de keiichiro : les deux écrivains, distants temporellement, se rejoignent dans un regard critique et amusé sur les groupes littéraires, réels ou virtuels.

rotko a écrit:

les deux écrivains, distants temporellement, se rejoignent dans un regard critique et amusé sur les groupes littéraires, réels ou virtuels.

Même si le qualificatif de littéraire est trop fort, ils parlent de nous ?

rotko a écrit:

les deux écrivains, distants temporellement, se rejoignent dans un regard critique et amusé sur les groupes littéraires, réels ou virtuels.

Utopie a écrit:

Même si le qualificatif de littéraire est trop fort, ils parlent de nous ? .

Forum llitteraire et culturel !

j'hesite à faire un fil specifique sur le sujet car les portraits sont si justes et si répandus qu'on pourrait s'y reconnaître ou penser à des forumeurs/ses.

c'est pourquoi je reste dans des généralites, mais consulter les fils de Proust et de Keiichiro vous donnera sans doute... du grain à moudre.
je continuerai avec un ou deux posts sur le sujet avec le fil Proust.

Dora bruder

voici une mesaventure qui m'est arrivée avec ce livre, avant que je ne le lise.

1er récit

Dora Bruder, de Patrick Modiano, chez Folio.

Je ne l'ai jamais lu, et pourtant je l'ai emprunté à la bibliothèque de Nantes. Une amie passe à la maison, dit son vif désir de le lire et l'emmène, à charge pour elle de le rendre à la médiathèque. Un mois plus tard, je recois une lettre réclamant le livre.

- Allo [...]Au fait, as-tu rendu le livre à la bibliothèque ?
- Oui, il y a longtemps.

Je passe donc à la médiathèque et assure avoir restitué le dit volume. Le dialogue tourne à l'aigre. "Je ne l'ai pas rendu, dit elle, puisque l'ordinateur ne l'a pas enregistré."
- Mais enfin quelqu'un a pu le prendre sur la banque de réception, à votre insu...
- N'insistez pas, c'est impossible ! l'ordinateur..
- Comment !! vous en croyez votre ordinateur, et ma parole ne vaut rien ?
- Parfaitement, et si vous saviez comme les emprunteurs sont négligents - et mëme menteurs !
Je repars furieux, re-téléphone à mon amie. Oui, elle a rendu le livre. Depuis mon premier coup de téléphone, elle a vérifié partout. Elle ne l'a pas, donc...
Je n'ose pas lui demander si elle a regardé sous son lit.

Je recois une lettre très menaçante, avec mise en demeure.
Extraits de ma bafouille.
"Croyez bien, chère Madame, que je ne sequestre pas Dora Bruder et que je ne veux en aucun cas la soustraire au plaisir de votre clientèle..."

Un coup de téléphone de l'amie : Oui, elle est désolée, sa fille ainée le lui avait emprunté sans la prévenir.
Je lui demande de remettre le livre, directement en rayon...

Huit jours plus tard, je recois, enfin, une lettre d'excuses de la mediathèque. Le livre a été retrouvé, ma bonne foi est donc reconnue. On semble même passer l'éponge sur mes insolences.

2e récit ou commentaire.

En fait cette affaire m'a tracassé et a duré suffisamment de temps pour que je m'en inquiète.

Après coup, c'est à dire, maintenant que j'ai lu le livre, je trouve étonnant que ce livre disparu, au moins pendant un certain temps, relate une disparition.

Je tiens à dire que ce n'est pas partout pareil, hein? Il y a des bibliothèques où l'on ne traite pas les lecteurs de menteurs.
Déjà, on n'en fait pas forcément une question de fiabilité (celle de l'ordinateur n'étant pas systématiquement plus grande que celle du lecteur), et puis on n'est pas non plus à l'abri d'une fausse manip ou d'une étourderie de la bibliothécaire.
Et le plus souvent, en laissant un peu de temps... le livre réapparaît!

oui, il n'est pas du tout dans mon intention d'attaquer ni les bibliothèques ni ceux/celles qui y travaillent

J'avais bien compris que tu ne généralisais pas!
En fait, c'est l'attitude de la bibliothécaire à laquelle tu as eu affaire qui me laisse coite. Parce que, tant qu'à généraliser, moi je pensais que les bibliothécaires étaient tous et toutes remarquablement sympas (en plus d'être beaux, intelligents et drôles).

Il faut bien avouer que le principal ennui des bibliothèques (et donc des bibliothécaires), ce sont les lecteurs....

Pas sur la tête!

"En septembre de l'année dernière, j'ai dû passer quelques jours à Paris et mes éditeurs m'ont réservé une chambre dans un petit hôtel de la rive gauche. C'est l'hôtel où ils logent tous leurs auteurs, et j'y avais déjà séjourné plusieurs fois. A part la commodité de sa situation - à mi-longueur d'une rue étroite donnant dans le boulevard Saint-Germain-, cet hôtel est dépourvu du moindre intérêt. Ses tarifs sont modestes, ses chambres sont exiguës, et il ne figure dans aucun guide. Les gens qui le gèrent sont très sympathiques, mais ce n'est qu'un petit trou sans éclat et, à part quelques écrivains américains qui ont le même éditeur que moi, je n'ai jamais rencontré personne qui y eût logé. J'insiste sur ce point parce que l'obscurité de l'hôtel joue un rôle dans mon histoire. Si l'on ne s'attarde un instant à considérer combien il y a d'hôtels à Paris (ville qui attire plus de visiteurs que n'importe quelle autre au monde) et puis à penser au nombre de chambres que comptent ces hôtels (des milliers, sûrement des dizaines de milliers), on ne saisira pas la pleine signification de ce qui s'est passé l'an dernier.

Je suis arrivé tard à l'hôtel - avec plus d'une heure de retard sur l'horaire prévu - et j'ai demandé ma clé à la réception. Je suis monté tout de suite. A l'instant précis où je mettais la clé dans la serrure de ma chambre, le téléphone s'est mis à sonner. Je suis entré, j'ai laissé tomber mon sac par terre et j'ai décroché l'appareil, qui était logé dans une petite niche dans le mur juste à côté du lit, plus ou moins à la hauteur des oreillers. Parce que le téléphone était tourné vers le lit, parce que le cordon était court et parce que l'unique chaise de la chambre se trouvait hors d'atteinte, il fallait s'asseoir sur le lit pour se servir du téléphone. C'est ce que je fis et, tout en parlant à la personne qui était au bout du fil, je remarquai un bout de papier qui traînait sous la table à l'autre bout de la chambre. De n'importe quel autre endroit, je n'aurais pas pu le voir. Les dimensions de la chambre étaient si réduites que l'espace entre la table et le pied du lit ne devait pas excéder un mètre cinquante. Mon poste d'observation à la tête du lit était le seul endroit d'où je pouvais apercevoir ce qui se trouvait sous la table. Une fois la conversation terminée, je me relevai, me penchai et ramassai le bout de papier. Curieux, bien sûr, toujours curieux, mais ne m'attendant pas du tout à quoi que ce fût d'extraordinaire. Il s'avéra que ce papier était l'un de ces petits messages préimprimés que l'on glisse sous votre porte dans les hôtels européens : "Pour..." et "De la part de ...", la date, l'heure, et puis un espace blanc pour le message. La feuille était pliée en trois et , en lettres majuscules sur le dessus, je lus le nom d'un de mes meilleurs amis. Nous ne nous voyons pas souvent (O. vit au Canada), mais nous avons vécu ensemble un certain nombre d'expériences mémorables et il n'y a jamais eu entre nous que la plus profonde affection. Voir son nom sur le message me fit grand plaisir. Nous ne nous étions plus parlé depuis quelques temps, et je ne m'étais pas douté qu'il serait à Paris en même temps que moi. Pendant ces premiers instants de découverte et d'incompréhension, je supposai que O. avait, d'une manière ou d'une autre, eu vent de mon arrivée et qu'il avait appelé l'hôtel afin de me laisser un message. Celui-ci avait été monté dans ma chambre mais la personne qui l'avait apporté l'avait posé distraitement au bord de la table et il était tombé par terre. Ou bien cette personne (la femme de chambre ?) l'avait fait tomber sans le faire exprès en préparant la chambre pour mon arrivée. Ni l'une ni l'autre de ces explications ne me paraissait très plausible. L'angle n'était pas juste et, à moins que quelqu'un ne l'aît poussé du pied après qu'il fut tombé par terre, le papier ne pouvait pas se retrouver si loin sous la table. Je commençais déjà à reconsidérer mon hypothèse quand un détail plus important me sauta aux yeux. Le nom de O. se trouvait sur le dessus du message. Si celui-ci m'avait été destiné, c'était mon nom qui aurait figuré là. C'était la place du nom du destinataire et non de l'expéditeur, et si mon nom ne se trouvait pas là, il ne serait sûrement nulle part. Je déplaçai le message et le lus. L'envoyeur était quelqu'un dont je n'avais jamais entendu parler, mais le destinataire était bien O. Je descendis précipitamment à la réception et demandai à l'employé si O. était encore là. Question stupide, mais je la posai néanmoins. Comment O. aurait-il pu être là, puisqu'il n'était plus dans sa chambre ? C'était moi qui occupais cette chambre, désormais, et ce n'était plus la chambre de O. mais la mienne. Je demandai à l'employé quand il était parti. Il y a une heure, répondit-il. Une heure avant, j'étais assis dans un taxi à l'entrée de Paris, bloqué dans un embouteillage. Si j'étais arrivé à l'hôtel à l'heure prévue, j'aurais rencontré O. à l'instant même où il passait la porte."

1999

Paul Auster : Constat d'accident et autres textes


Autant qu'il m'en souvienne, de nombreuses anecdotes racontées dans ce petit livre ont pour point commun les hasards et les coïncidences. C'est le cas notamment de la première : "Constat d'accident" que je viens de relire à l'occasion de ce post (et en plus, c'est une histoire de chat...).

Paul Auster note ces coïncidences ainsi que celles arrivées à ses amis, et en parle avec justesse dans le carnet rouge.

A moi, maintenant

Vendredi j’empruntais un livre intitulé Morsure , et dès le lendemain, faisant tranquillement (+ ou -) un footing, je me suis fait mordre de façon inopinée par un labrador, chien réputé doux et pacifique.

Heureusement pour moi, le propriétaire était un retraité très compréhensif qui n’a rien contesté, si bien qu’on a réglé courtoisement l’affaire.

La coïncidence entre le livre et la morsure est d’autant plus grande à mes yeux que j’aime bien les chiens et n’ai d’habitude aucun problème avec eux !

pas normal ça Rotko

Un ami me signale qu'une association "sel des mots" a organisé un salon du livre au Pouliguen en Loire Atlantique où

les femmes font salon .

un prix grain de sel est attribué au meilleur livre de jeunesse.

Si je suis ton raisonnement, Rotko, ton salon va être envahi de femmes, incessamment mais ne l'est-il pas déjà ?

2 incipit

Ritournelle de la Faim de le Clezio

Citation :

D'aussi loin qu'il m'en souvienne, il y a toujours eu la mer

(1)

Ce doux pays, Ake Edwarson chez Lattès.

Citation :

D'aussi loin que je m'en souvienne, il y a toujours eu le sable.

(1) je cite de mémoire.(!)

Singulier

En même temps que je visitais l'exposition de l'art singulier, je lisais un garçon singulier de Philippe grimbert

le clou

j'ai lu l'enigme du clou chinois de Van Gulik et le soir même j'avais un clou - non identifié, dans mon pneu arrière.