Seul dans Berlin par
Hans FalladaHans Fallada, romancier allemand de la même génération que Erich Maria Remarque, Ernst Glaeser et Anna Seghers écrivait sans effets littéraires particuliers, donnant la préférence aux caractères des protagonistes de ses ouvrages.. . Toute sa vie, il a exercé de multiples activités, expert agronome, comptable, gardien de nuit, marchand de céréales, agent de publicité, reporter... Il se réfugia en Poméranie quand les nazis furent au pouvoir.
« Seul dans Berlin » fut publié juste avant sa mort en février 1947. . Primo Levi qui a survécu à sa détention à Auschwitz, considérait ce roman comme «
l'un des plus beaux livres sur la résistance allemande antinazie ». Dans le roman de Hans Fallada, le couple des Quangel qui entrent en résistance contre le régime nazi constitue l'exemple de gens du commun , simples citoyens sans parti ni militantisme excerbée
L'action commence en mai 1940 à Berlin, au moment où les nazis fêtent leur victoire en France. Dans un immeuble populaire de la rue Jablonski, l'événement est accueilli de diverses façons selon les locataires. La famille Persicke, père et fils célèbrent bruyamment, avec forces beuveries, ce nouveau succès du régime. Ces spécimens ordinaires de nazis complotent d'aller terroriser leur voisine juive, Mme Rosenthal et de s'emparer de ses biens. À un autre étage habite Otto Quangel, un homme taciturne. Il est contremaître dans une usine de meubles reconvertie depuis le début de la guerre en fabrique de cercueils. Il vit replié sur lui-même avec sa femme, sans chercher noise à personne, faisant son travail consciencieusement. Autrefois, il a plus ou moins cru que Hitler pourrait améliorer le sort de la population mais il en est revenu. L'annonce de la mort de son fils tué au front va précipiter sa prise de conscience, sa volonté inexorable de dénoncer les agissements des bourreaux au pouvoir.
Il mène cette tâche avec le même sérieux que son métier, dans un contexte où l'ennemi mortel est partout. La terreur pousse massivement à dénoncer pour ne pas être dénoncé soi-même. La corruption et la perversion du régime envahissent la plupart des cerveaux.
Avec son style alerte et son ton familier, Hans Fallada fait d'autant mieux sentir l'abjection qui contamine la plupart des gens sous le nazisme, et la dignité simple et émouvante des quelques rares personnes qui la refusent.
Nous sommes loin du caractère quasi fantastique du "Tambour" de
Günter GRASS, la simplicité du propos et l'atmosphère décrite de manière quasi journalistique rend le propos encore plus fort...
Sans émettre de parallèles excessifs, il n'est pas mauvais de se replonger dans ces chroniques des années de fer... L'intolérance reste à notre porte... Elle gronde au seuil, reniflant pour entrer...
N'oublions jamais que nous sommes toutes et tous, avant toute considération sociale, des
"Juifs allemands..."Bonne lecture...