Poèmes de Bragi

Pierrot la gouale

Mon mac, y s’appelle Pierrot.
C’est pas une de ces gouapes,
Y n’a pas rien dans l’ciboulot.
Souvent, qu’y m’offre des agapes.
Ça fait maintenant quelques berges
Qu’il m’a retiré du tapin.
Dans sa fiole ça gamberge
Pour faire goualer les rupins.

Y faisait faire des gammes
Aux marchands, au condé,
Aux refourgueurs de came,
L’est épris du turbin bien chiadé.
Mon Jules, c’est un Mozart,
Pour s’faire du pognon,
Y sait y faire, c’est tout un art,
S’laisse pas marcher sur les arpions.

Alors que pour nous, ça gazait
Avec du blé plein les pognes,
Une casserole qui balançait,
Y me l’a vendu aux cognes.
Du coup, l’a pris cinq ans d’violon.
Quand y décanillera d’son trou
Faudra qu'y s’planque, le micheton,
Car y risque bien de voir l’Pérou !

ah ! j'aime bien ! c'est torché ! damned !!!
ça me rappelle un poète... Francis Carco ??? je sais plus !

oui, Carco et le langage canaille.

Francis etait le frère de Jerôme (Carcopino), ce dernier, savant, mais controversé dans son rôle sous Vichy.

merci ton Excellence, oui c'est bien Carco. Je l'ai lu il y a longtemps, j'aimais bien.
je ne savais même pas qu'il avait un frère

Oui, mais là on ne parle pas des poèmes de Carco, mais de Bragi...

rhooooooo ! mais ne grogne pas, Bragi ! je t'ai dit que j'aimais beaucoup !
c'est quand même bien, non ? d'être comparé à Carco !

Ah, oui c'est vrai, merci au fait !

Je vous en republie un petit, un de ceux que j'ai le plus travaillé, dans le style de la ballade :

Je suis tombé d’amour.

Qu’avez-vous pris mon cœur pour l’avoir embrasé,
Si bien que les soupirs que mes pensées engendrent
N’éteindront pas le feu qu’en mon sein vous casez.
L’amour que j’ai pour vous, j’aimerais vous le rendre
Et j’espère que jamais il ne sera à vendre.
J’ai plus d’amour pour vous que n’en a pour nous Dieu.
Voici ma belle amie, ce qu’il vous faut comprendre :
Je suis tombé d’amour devant vos beaux yeux bleu.

Vénus et Aphrodite jalousent votre beauté
Et au jeu de l’amour, vous pourriez les surprendre
Non contente vous êtes de leurs grâce les ôter,
Leurs âmes avez ravie, à ne point s’y méprendre.
Hélas, d’être Apollon, je ne puis me prétendre.
De ces divins saphirs, descendus droit des cieux
Jamais je n’eus pensé que j’eusse pu en dépendre.
Je suis tombé d’amour devant vos beaux yeux bleu.

Sur le fleuve Amour, je vogue sur ses méandres
Mais bien vite je coule sous ses flots irisés.
Cela m’importe peu, ce naufrage m’est tendre
Car mon amour pour vous oncques ne sera brisé
Vos délicates mains, je les voudrais prendre
Dans les miennes et alors, votre douce voix entendre
Serait-ce qu’un instant, dire, les yeux dans les yeux,
Si de moi vous voulez, peut-être même sans attendre ?
Je suis tombé d’amour devant vos beaux yeux bleu.

Hélas, je ne sais si votre cœur est à prendre.
Je vous prie de m’aimer ne serait-ce qu’un peu,
Avant que mon cœur tombe complètement en cendre.
Je suis tombé d’amour devant vos beaux yeux bleu.

N'y a-t-il pas discrimination en faveur des seuls yeux bleus ? je plaisante bien sûr !

ah ! savoir tourner un poème est un bon atout dans la conquête amoureuse

Merci Rotko.

Il y a bien de la discrimination envers les yeux bleus, car se sont en effet ceux qui me touchent le plus !
Le regard intense qu'ils génèrent, qui semble semble vous pénétrer au plus profond de votre âme, j'aime !

Allez, un autre petit.
Ce sera aussi l'occasion d'un petit jeu : Il y a un double message crypté dans ce poème, à vous de le trouver.
Pour trouver le premier cryptage, orientez-vous vers la correspondance entre Georges Sand et Alfred de Musset.
Et j'espère que vous aurez la fangue qui lourche :

A ma Muse

Grâce soit rendue à ma Muse
A qui je dédie ce modeste présent.
Ce seront ces quelques mots qui m’amusent,
Poème empli de vers que j’espère plaisants.
J’aurais loué ta beauté avant qu’elle ne s’use.

Un corps qu’Ishtar jalouserait à se maudire.
Dix doigts si doux et si délicats
A tes mains sensuelles, si promptes à s’enhardir.
Ma belle amie, tu as ce sublime éclat,
Composition de grâce et d’esprit, à offrir.

Et moi, pauvre petit poète foutriquet
Je me suis épris de ce rayon de soleil
Serai-je réellement plus têtu qu’inquiet
En courtisant cette pure merveille ?
Conséquence, je me traîne sur le parquet.

Le bleu de tes yeux sera l’océan dans lequel,
Vaincu, je me laisserai couler dans les abysses.
De ces saphirs, toujours mon âme portera les séquelles
Ton regard d’Euryale reste le pire des maléfices !
Cœur, crois-tu pouvoir espérer d’elle ?

je flaire une contrepèterie et une lecture d'un vers sur trois, mais pour l'instant chou blanc. pas d'acrostiche non plus.

Elle a trouvé, ta copine ?

La gorgone d’Euryale immobilise de son regard Ichtar qui se brule les ailes à la lumière?

Il y a de l'idée, Nestor, Il y a de l'idée... Par contre pas de lecture sur alternance de vers...
Sousou, le message crypté n'a pas de lien direct avec le contenu du texte, mais cela pourrait en effet se voir ainsi...

je patine dans la semoule, Bragi !  

en fait , le décryptage consiste à lire une phrase sur deux et inversement ce qui rend le dialogue interessant
comme ceci:

Grâce soit rendue à ma Muse
Ce seront ces quelques mots qui m’amusent,
J’aurais loué ta beauté avant qu’elle ne s’use.

Un corps qu’Ishtar jalouserait à se maudire.
A tes mains sensuelles, si promptes à s’enhardir
Composition de grâce et d’esprit, à offrir.


Et moi, pauvre petit poète foutriquet
Serai-je réellement plus têtu qu’inquiet
Conséquence, je me traîne sur le parquet

Le bleu de tes yeux sera l’océan dans lequel
De ces saphirs, toujours mon âme portera les séquelles
Cœur, crois-tu pouvoir espérer d’elle ?