Zola, la conquête de Plassans

petit hors sujet sur la Vierge.

Deux livres récents : Scholastique Mukasonga et Notre Dame du nil, et Bernardo Atxaga, sept maisons en France implantent un culte de la Vierge en terre africaine colonisée.

Ici la Vierge sert aussi a rassembler la population derrière une bannière commune qui servira à l'Empire. Ce serait donc un culte fédérateur ?

Lesly est arrivée plus loin que moi dans la lecture de la conquête. Merci à elle de nous indiquer les points qui vont jalonner notre lecture.

rotko a écrit:

Lesly est arrivée ... Merci à elle

Et merci à vous tous de bien noter que "Lesly" est un prénom mixte.
Je possède, en l'occurrence, des attributs virils et ma compagne est enceinte de 4 semaines de mes oeuvres

Sinon, j'ai effectivement pas mal avancé dans ma lecture. Tout commence à devenir un peu compliqué et je dois vous avouer que je dois parfois revenir à certains passages antérieurs pour bien comprendre... Rien n'est laissé au hasard, aucun des personnages n'est sans importance.

Pour l'instant, je tiens la Conquête pour un des romans les plus aboutis de la série.

Bonne lecture, les amis. Je ne sais pas vous, mais moi je me régale

terminé la conquête de Plassans et comme Lesly je me suis régalée.
Je manque un peu de temps en ce moment pour vraiment suivre, vraiment désolée

Je relis, comme vous, La conquête de Plassans et je suis très frappée par l’ironie mordante du narrateur dont on sent bien qu’il est la voix de l’auteur lui-même. Très marquée dans la première moitié du livre, elle s’atténue, me semble-t-il dans la seconde moitié qui amplifie la descente aux enfers de la famille Mouret.
Cette ironie est l’expression d’une condamnation impitoyable de l’alliance hypocrite de l’Eglise et du pouvoir, elle sert aussi à dénoncer l’ambition dévorante qui balaie tout sur son passage, incarnée par Faujas mais facilitée par des comportements inadaptés, un aveuglement auquel pas une seule fois Zola ne semble accorder la moindre excuse.

Citation :

Mouret lui-même, qui avait espionné ses locataires par agrément, pour passer le temps, uniquement comme il aurait joué aux cartes ou aux boules, commençait à oublier qu’il logeait un prêtre chez lui…(chap. III)

Citation :

Toute ma petite famille, murmura Mouret avec complaisance. Nous restons chez nous, nous autres ; nous ne recevons personne. Notre jardin est un paradis fermé,où il défie bien le diable de venir nous tenter. (chap. IV)

Citation :

[à propos de l’évêque] C’était une nature très fine, ayant appris le vice humain dans les livres. Il avait conscience de sa grande faiblesse, il en était même un peu honteux ; mais il se consolait, en jugeant les homme spour ce qu’ils valaient. Dans sa vie d’épicurien lettré, il y avait, par instants, une profonde moquerie des ambitieux qui l’entouraient en se disputant les lambeaux de son pouvoir. (chap. X)

J’ai relevé aussi une observation brève et précise qui définit parfaitement Faujas d'un bout à l'autre du roman :

Citation :

Il parlait de l’argent avec le dédain d’un homme fort, qui n’a que des besoins de puissance et de domination. (chap. XV)

chère amie: ton talent remplit les vides que j'ai sur le côté historique et religieux
mais j'avoue que lire ce livre de Zola est une merveille.

Le chapitre XI fait le point sur l’affaire Faujas

Citation :

« Lorsqu’on envoie un homme perdu à son poste dangereux, on le renie jusqu’au jour du triomphe »

Citation qui légitime de la bouche même de l’intéressé les mauvais bruits qui circulent sur son compte, comme la stratégie de l’Empire : employer des coquins pour ses intrigues, ce qui est conforme à l’image que Zola veut donner du 2e Empire. D’autre part feindre de ne point connaître ses envoyés occultes est un b.a .b.a de la politique.

Agent bonapartiste reconnu par Madame Rougon, se réclamant lui-même du ministre Rougon, Faujas menace son évêque, et sa stratégie de conquête est annoncée à plusieurs reprises, comme Zola en souligne les phases : d’abord les femmes, puis les filles de la Vierge, puis le cercle des jeunes (pour les garçons).

Le monde politique local ne vit que d’espoirs personnels de promotion, comédie déjà présente dans la fortune des Rougon.

La nouveauté serait cette peinture caustique du clergé avec intrigues haineuses, réseaux d’influence, et ces types courants : les jeunes abbés bien « mignons » qui entourent l’évêque ou jouent au volant avec les jeunes filles, et les directeurs de conscience qui, célibataires, entendent des épouses leur parler de secrets intimes. Ils en font ce qu’ils veulent.

Les associations de bienfaisance servent en fait des desseins politiques et religieux. Rien de nouveau sous le soleil.

Zola vise juste, et à mes yeux, cette pénétration du fait religieux, - comme de la conversion intéressée, ou sur fond de penchant amoureux, explique l’ombre dans laquelle on tient ce très grand titre.

rotko a écrit:

puis les filles de la Vierge, puis le cercle des jeunes (pour les garçons).

Absolument! Et il y aurait également beaucoup à dire sur l'humour de Zola dans l'invention de ces deux "institutions": l'une étant le pendant masculin de l'autre, sauf que le cercle est une espèce de club où on joue au billard et ou on picole (sauf Faugas qui n'accepte "pas même un verre d'eau pure"; ch XII)...

Enfin, le comble de l'ironie, selon moi, c'est quand Serge, le fils Mouret, annonce à son père son désir d'entrer au séminaire!

Je m'y replonge...

Zola démasque les coulisses du clergé; En province on trouve les mêmes vices que dans la capitale; nous assistons à des maneuvres fournies par des sujets qui cherchent leur propre bénéfice; C'est comme dit Rotko:
"rien de nouveau sous le soleil"
J'ai trouvé pathétique la scène dans le jardin où Marthe et son fils, tombés en extase annoncent au père que Serge entrera au séminaire.

Si on applique à la conquête des critères stratégiques,

- au niveau du territoire, on voit l'extension du domaine de la lutte en faveur du clan faujas : occupation du jardin et de la maison (cuisine, salon...). Dans le même temps, retrécissement du territoire Mouret, Le Maître est relégué dans une chambre nue et étroite

- effectifs : Faujas rassemble à son profit le clan de la sous-préfecture et le clan Rastoil, les ouailles de sa paroisse, les gens de la ville + Marthe et Rose + le salon vert, alors que Mouret est isolé, et ses 3 enfants au loin.

- butin : appauvrissement de Mouret et enrichisssement des Trouche, les ressources du premier passant dans les poches des seconds...

On assiste à une sorte de "siphonnage" du domaine Mouret au profit du clan Faujas et consorts.

rotko a écrit:

Faujas rassemble à son profit le clan de la sous-préfecture et le clan Rastoil, les ouailles de sa paroisse, les gens de la ville + Marthe et Rose + le salon vert

... Et jusqu'à M. Condamin, qui était pourtant le seul à défendre Mouret contre le reste de la population de Plassans (ch XVIII).
Eh oui, on pouvait croire depuis le début que le conservateur des eaux et forêt était le personnage le moins antipathique du roman (blagueur, neutre politiquement, observant d'un oeil dsitant ses contemporains, étranger à Plassans, etc.).
En réalité il est compromis dans dans son histoire de mariage et a tout intérêt à "rentrer dans le rang", ce qu'il fait sous la pression de sa femme (et dans son intérêt). Du coup, il en rajoute dans les accusations contre Mouret...

Pauvre Mouret : je viens de relire le début du chapitre XVIII : atroce description d'une foule aveuglée par la bêtise et la haine s'acharnant contre un simple humain.
Ironie voulue par Zola : ce sont bien les habitants de Plassans qui sont pris de folie collective!...

Note de Zola dans son Ebauche: "rien n'a plus l'air d'un fou qu'un homme possédant tout son bon sens." (Folio 24-25).
La réalité étant, bien sûr, qu'au départ, la folle, c'est Marthe (quand elle perd la raison les nuits où elle s'inflige à elle-même des blessures et laisse à penser que son mari la bat).

Citation :

je viens de relire le début du chapitre XVIII : atroce description d'une foule aveuglée par la bêtise et la haine s'acharnant contre un simple humain.
Ironie voulue par Zola : ce sont bien les habitants de Plassans qui sont pris de folie collective!...

Très impressionnant, en effet !

je trouve ce chapitre "expressionniste", et j'aimerais voir des illustrations à la façon de Bruno Schulz ou de James Ensor !

Terrible chapitre en effet que le XVIIIe. Il y aurait toute une étude à faire sur la façon dont la rumeur (dans les chapitres précédents) a été préparée et dont, ici, elle se répand. Ce pauvre Mouret, piégé et pris de panique, est présenté d'une manière telle qu'on aurait envie de venir à son secours ! Le narrateur semble s'effacer derrière des faits et des paroles scrupuleusement rapportés. A vous donner la chair de poule !

Le chapitre XVII fait le point sur la personnalité de Marthe.

Amadak a écrit:

J'ai trouvé pathétique la scène dans le jardin où Marthe et son fils, tombés en extase

L'aspect"angélique" de la conversion/dévotion de Marthe, sensible aux parfums d'encens, aux visions célestes, aux sentiments suaves, ne serait dans l'optique de Zola que la face brillante d'un dérèglement nerveux maintes fois souligné.

« Toute une nouvelle femme grandissait en Marthe. Elle était affinée par la vie nerveuse qu’elle menait »

« Marthe dont la raison chancelait s’imagina que son mari voulait la battre »

Le phénomène religieux est vu sous l'angle de la psychopathologie, avec une identification au Christ, accompagnée de symptômes physiques inquiétants

« Elle rêvait qu’on la battait de verges, que le sang coulait de ses membres elle éprouvait à la tête de si intolérables douleurs qu’elle y portait les mains comme pour arracher les épines dont elle sentait les pointes dans son crâne. Le soir, au dîner, elle fut singulière. L’ébranlement nerveux persistait ; elle revoyait en fermant les yeux, les âmes mourantes des cierges s’envolant dans le noir ; elle examinait machinalement ses mains, cherchant les trous par lesquels son sang avait coulé. Toute la Passion saignait en elle ».

on a là la question des stigmates de la Passion, qui restent bien mystérieux

Quels qu’ils soient, les stigmates sont toujours précédés de signes cliniques très impressionnants comme l’extase, la déconnexion des sens, la modification du rythme cardiaque… On appelle ça la « mort mystique ».

Citation :

- Comment expliquer que les stigmates soient apparus douze siècles après la mort du Christ ?

Cette période correspond avec l’arrivée des ordres mendiants, surtout franciscains et dominicains. La dévotion à l’humanité du Christ est alors en plein développement.
On le remarque dans l’iconographie. La peinture représente de plus en plus un Christ souffrant et non en majesté, comme jusqu’alors. On peut penser qu’être porté par un groupe de fidèles très attachés aux souffrances entraîne des répercussions sur le plan psychologique. Mais cette explication n’est qu’une hypothèse

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L'article de la Vie Catholique

Si vous avez des idées... ou des sources...

Pas d'idée, ni de source sur les extases mystiques liées à l'apparition de stigmates...

Pour en revenir à Marthe, il est bien précisé que "ses peurs se terminaient par des crises de catalepsie, qui la tenaient comme morte, la tête sur les oreillers, les paupières levées" (ch XX).
Il semblerait que Marthe soit sujette au même mal que sa grand-mère Dide (cf. La fortune des Rougon).

Du reste, on peu lire quelques pages plus loin: "Comme le disait Trouche en ricanant, c'était elle qu'on aurait dû envoyer aux Tulettes la première".

Comme toujours, notre vieux Zola sais provoquer l'indignation et la révolte du lecteur face à l'injustice des retournements de situation : les Trouche, miséreux, pingres et méprisables, non contents d'avoir pillé la maison, en prennent possession et se réjouissent de la chute de Mouret et de Marthe... Les salauds! pense-t-on en dévorant ces pages .
Mais le père Zola a plus d'un tour dans son sac. Et rira bien qui rira le dernier...

[Je me rappellerai toujours, quand j'étais ado, la première fois que j'ai lu Germinal, arrivé à la fin du roman, quand le grand-père Maheu ("Bonnemort") étrangle Cécile : "Bien fait!" ai-je pensé ].

Lesly a écrit:

Marthe, il est bien précisé que "ses peurs se terminaient par des crises de catalepsie, qui la tenaient comme morte, la tête sur les oreillers, les paupières levées" (ch XX).
Il semblerait que Marthe soit sujette au même mal que sa grand-mère Dide (cf. La fortune des Rougon).

Mais oui, Lesly !

Zola a le souci de ne pas laisser le lecteur s’égarer, c’est pourquoi, par le biais d’une promenade de Marthe à la campagne, il rappelle le sort de la grand mère, internée aux Tulettes.

On voit ainsi le dérèglement des sens de Marthe comme le fruit de la « fêlure héréditaire ». L’oncle Mac quart y va de ses commentaires explicatifs :

« Vois-tu ma fille, la tête n’est pas plus solide chez les Rougon que chez les Macquart […] Toute la clique y viendra peut-être un jour puisque la maman y est »

Ce qui corrobore l’idée d’une tare familiale acceptée par tous :

Citation :

« Il sembla à Marthe que l’oncle Macquart disait vrai, que toute la famille viendrait se loger là, dans ces files grises de cabanon. »

Viennent ensuite  les scènes violentes d’hystérie de Marthe qui passent pour des brutalités de Mouret, malentendu non dissipé, voire propagé par le Clan Faujas qui conquiert ainsi l’opinion publique.

De là à penser que l’étrange abattement/résignation de Mouret relève d’une conséquence de la bâtardise dans ces deux lignées Rougon-Macquart…

Sur les stigmates et le mysticisme, le cas de Marthe Robin est sur le devant de la scène, avec la caution d’un philosophe et un procès en béatification.

Reconnue officiellement ou non, Marthe Robin est devenue une célébrité de la foi par la fondation des Foyers de Charité.

rotko a écrit:

De là à penser que l’étrange abattement/résignation de Mouret relève d’une conséquence de la bâtardise dans ces deux lignées Rougon-Macquart…

De fait, on découvre à la fin que Mouret est bel et bien sujet au même mal que Tante Dide et que Marthe (l'atavisme des Rougon-Maquart, encore une fois) :

"Dans le cabanon des Tulettes, il faisait nuit noire. Un souffle glacial tira Mouret de la stupeur cataleptique où l'avait jeté la crise de la soirée" (début du ch XXII).

La scène se passe au moment où Mouret quitte sa cellule (laissée intentionnellement ouverte sous les ordres de l'abbé Fenil), s'en retourne à Plassans pour incendier sa maison...

[N'oublions pas que Mouret est un Maquart par sa mère - donc cousin avec Marthe]

Tout cela ne pouvait que mal finir...

je me suis replongée avec délectation dans cette magnifique écriture de Zola.
bien que les termes soient quand même un peu désuets, on peut quand même aussi reconnaître qu'il ne fait pas de cadeau à cette société de bourgeois et de clergé.
repus, faux-jetons, méprisants, avides tout y est.
prêts à tout pour être vu, reconnu.
Bref je ne lirai pas d'autres Rougon Macquart, car il y a tellement de lectures nouvelles! mais je comprends encore aujourd'hui pourquoi j'ai été une fan inconditionnelle de cet auteur, de cet homme.

darabesque a écrit:

je me suis replongée avec délectation dans cette magnifique écriture de Zola.

Je partage ton admiration pour cette belle écriture. Une remarque au passage : il y a peu de descriptions dans ce roman, surtout si on compare avec le volume qui précède, Le Ventre de Paris.
Dans La Conquête de Plassans, les lieux ne sont pas décrits pour eux-mêmes, et quand ils sont évoqués, ils le sont brièvement et ils servent à mettre en valeur un comportement ou une action particulière. Ainsi, il y a le carré de légumes de Mouret dans son jardin, la tonnelle sous laquelle Faujas lit son bréviaire, l’impasse où on joue au volant et où, dans la second moitié du livre, la bonne société se retrouve, mêlant des gens qui, jusque là, se tenaient éloignés les uns des autres. On pourrait citer aussi la chambre dépouillée où s’installent Faujas et sa mère au tout début puis la pièce nue où Mouret, évincé de chez lui, se réfugie vers la fin.
On ne peut même pas penser que c’est dû au fait que ce roman-ci a d’abord été publié sous forme de feuilleton puisque c’était aussi le cas du Ventre de Paris. En tout cas, le changement de style est frappant.

Et comme toujours chez Zola, pas une scène, pas un personnage, même secondaire, qui n'ait son importance et son rôle à jouer dans le mécanisme général de l'intrigue : tout se tient et chaque événement a sa place déterminisme...

Ainsi, à la toute fin de La Conquête, Marthe agonisant meurt "en apercevant, dans la clarté rouge, la soutane de Serge". Ce qui nous renvoie au début du roman, quand Faugas arrive à Plassans avec sa soutane usée jusqu'à la corde. De plus, ça nous annonce La faute de l'abbé Mouret, dont le personnage principal, Serge aura le destin que l'on sait...


Bon, on fait quoi maintenant? On continue de parler de la Conquête ou on passe à autre chose?
Je pensais attaquer l'Oeuvre, histoire de changer d'univers et d'ambiance.

Sinon, j'aimerai bien savoir ce que deviennent ce genre de topics. Sont-ils conservés quelque part et référencés sur le forum?
Ce serait dommage que que toutes ces contributions soient perdues.
Peuvent-elles toujours être consultées?...

@+

Bien sûr que ces contributions sont conservées, sur le fil de l'auteur, ici Zola, et la plupart du temps sur un fil specifique consacré à l'oeuvre lue n lecture accompagnée. Lesly, tu sais maintenant ce qu'est une lecture accompagnée.

la prochaine lecture accompagnée ? ce sera aux grains de décider, j'ouvre le fil.

A propos de Marthe :

Dictionnaire de psychologie et psychopathologie des religions, sous la direction de Stéphane Gumpper et Franklin Rausky, Bayard, 1 364 p.,

Face à l'étrangeté du mysticisme (extases, transe extatique, possession, convulsions) ou à la violence du fanatisme (fous de Dieu, terroristes ceinturés d'explosifs), la tentation est toujours forte de réduire les manifestations de la vie religieuse à des pathologies psychiques.

Tel fut le cas de Jean-Martin Charcot (1825-1893) et de ses disciples de la Salpêtrière à l'âge d'or de l'anticléricalisme et du positivisme. Pour eux, la "grande hystérie" avait fini par fournir une grille d'explication quasi universelle. Ainsi de Freud, dans ses ouvrages sur l'âme collective (Totem et tabou, L'Homme Moïse et la religion monothéiste). Lui ne voyait dans la religion que le symptôme de la névrose obsessionnelle.

Telle n'est pas la position des maîtres d'oeuvre de cet original Dictionnaire de psychologie et psychopathologie des religions.

Ils montrent une volonté manifeste de mettre quelque peu à distance la prise en charge rationalisée de la foi par la psychopathologie. On est loin aujourd'hui du triomphalisme de la raison occidentale. Tout en s'intéressant au croisement entre maladie et religion, des disciplines comme l'ethnopsychiatrie savent critiquer désormais l'ethnocentrisme et la mise en équivalence sans nuance de la folie et de la mystique.

De son côté, l'Eglise a tenté de contrer les sciences religieuses en recourant au "discernement des esprits" : les éruptions de folies religieuses hors cadre seraient pour elle dues non à la maladie psychique mais à l'emprise du démon.
un bref article

Zola parsème son texte d'allusions au "diable", à propos de Faujas ; de métaphores sur le thème du feu cf. Le jeu"il brûle, il brûle", et les craintes de l'incendie ; d' allusions à une sensualité trés feminine de l'évêque Rousselot cf. Chap XIX. avec des traits épigrammatiques

Citation :

Frileusement enveloppé dans une douillette de soie violette, bien que la saison fùut encore très chaude, [l'évêque] écoutait avec un sourire la voix féminine du jeune abbé qui scandait amoureusement des strophes d'Anacréon.

rotko a écrit:

Zola parsème son texte d'allusions au "diable", à propos de Faujas ; de métaphores sur le thème du feu cf. Le jeu"il brûle, il brûle",

Ce à quoi on peu ajouter la couleur rouge de sa soutane rapée au tout début du roman... Et que Marthe retrouve en mourant sur Serge à la toute fin, comme je le faisais déjà observer.
Le dernière phrase renvoie clairement au début...
@+

Sans avoir participé beaucoup, J’ai lu tout le fil. Ce livre et l’écriture de Zola sont exceptionnels. Le côté politique, manque de connaissance, je l’ai laissé de côté. Le drame de la famille Mouret, le début si paisible et la dévastation totale avec l’irruption de l’abbé Faujas. La tare familiale, l’hystérie de Marte, les Tulletes qui hantent les personnages ; je pense que la ferveur religieuse de Marthe, cache l’amour pour Faujas ; troublante la scène oú elle parle à l’homme Faujas et le mépris de la femme qu’il lui jette à la figure.
Les deux derniers chapitres sont les plus bouleversants, Mouret échappé de l’asile, fou, avec la force de sa folie qui met le feu à sa demeure, une vengeance impitoyable, envers et contre tout.
Dans ce drame final, frappante la scène de la mère Faujas chargeant sur son faible dos son fils tachant de le sauver.
Et ironie de zola qui met tout Plassans à contempler l’incendie.

j'aime beaucoup ton avis Amadak, il reflète je crois ce que beaucoup ont compris dont moi. Peut-être nous trompons-nous? en tous cas tu l'as bien résumé.

Pour Darabesque, merci; j'ai dit seulement l'impact ressenti en lisant ce joyau de la littérature Française. Je connaissais peu de Zola, maintenant j'ai envie de lire toute la saga des Rougon-Macquard.