A chacun son petit épisode

un récit de trois à cinq lignes qui se terminerait sur un carrefour : exemple, une mention de deux choix possibles, et chaque lecteur poursuivrait en assumant un choix. on pourrait imaginer un rythme assez lent, un épisode par jour


j'improvise pour lancer l'aventure narrative.

Dimanche.

Tout cela était bien déconcertant ! se dit-il, en refermant la lettre.

Non seulement il n'en connaissait pas l'expéditeur, mais il ne voyait pas ce qu'on attendait de lui !

Jamais il n'avait frequenté des sites de téléchargement, ou utilisé des logiciels de contrefaçon, donc il aurait dû avoir la conscience tranquille. Mais comment ne pas être troublé par des accusations si peremptoires assorties d'injonctions à payer rapidement une amende ?

Demander conseil à la gendamerie, payer pour n'être plus tracassé ?

Sans être shakespearien ou cornélien, le dilemme devait être résolu rapidement, au moins pour mettre un terme aux menaces

MARDI

Mais à propos, où était-elle cette lettre ? Où avait-il bien pu la fourrer ?
Fébrile, il se mit à chercher partout et dans le désordre.
Il fallait se calmer, raisonner à partir du moment où il avait reçu cette lettre de malheur.
- Voyons, réfléchit-il à haute voix en se grattant la tête pour mieux solliciter sa mémoire, j’ai forcément voulu l’emporter au commissariat.
Il retourna ses poches en vain, répandant sur la table leur contenu hétéroclite qui lui fit découvrir avec des trombonnes, un morceau de sucre, une petite lime, un canif, une vis, deux boutons et j’en passe, la petite clé de sa cave qu’il croyait avoir perdue ! Mais pas de lettre !
L’aurait-il posée sur son bureau ? Sur la table basse du salon ? Où ? Mais où ? Comment faire sans elle ? À qui répondre ? Peut-être en l’examinant de plus près aurait-il finalement identifié l’expéditeur ? Il fallait absolument la retrouver !
Ou alors l’ignorer purement et simplement puisqu’elle avait disparu ?

MARDI

Terrible nuit pleine d'angoisse hier ! Pas moyen de dormir ! Les draps de lit parterre , l'oreiller en sueur , une horreur!

Toujours cette question lancinante , ou est cette lettre ?

Quelqu'un se serait il subrepticement introduit dans la maison ( à l'insu de son plein gré ) ?

Ou bien un coup de vent intempestif , par une fenêtre ouverte, l'a projetée dehors ?

Vendredi

D'ailleurs était-ce bien une lettre ? ne penserait-on pas plutôt à un courriel dans cette affaire d'internet et de téléchargement illicite ? Et cet expéditeur ! bien sûr qu'il ne pouvait être connu, à l'ère des pseudos !

un détail lui restait en mémoire : il devait payer à la Western Union en indiquant bien sûr son identité de "coupable", de présumé coupable ! La Western Union, il trouverait les coordonnées sur internet précisément...ne devrait-il pas en parler à sa femme tout d'abord, quitte à éveiller ses soupçons sur ses activités sur Internet ?

vendredi

Sa femme n'irait quand même pas fouiller dans ses courriels ?! et si elle le faisait ... il faudrait qu'il verrouille cette correspondance avec Julie ! Elle ne supportait pas Julie ! et elle verrait surtout la teneur de leurs échanges ! Il en frémissait d'horreur !

Alors quoi ? ne pas en parler. C'était plus sûr. Oui, mais le problème restait entier : devait-il payer et qui était cet homme qui le menaçait ?

Il tournait en rond, s''énervait. Sa femme lui avait fait remarquer sa mauvaise mine ce matin, son peu d'appétit... il se sentait piégé, et c'était très désagréable !

Samedi

A peine avait-il demandé à son épouse la raison de ses remarques sur sa mauvaise mine qu'il reçut son paquet pour la journée : il était devenu, disait-elle, un zombie du Dieu internet, sa confusion mentale était aberrante...

il sortit prendre l'air.

Puis il se dit qu'aller à la gendarmerie serait la bonne solution.

Une gendarmette l'écouta bientôt. Au départ elle semblait bien disposée, mais il se rendit compte qu'elle fixait ses dents comme s'il avait un brin de persil coincé entre les incisives. Pensait-elle à un chantage ou à une mauvaise blague

Il toucha ses dents.. l'air de rien. Non ! pas de persil, ni brin ni bouquet ! Il soupira et continua son explication. Mais elle semblait le regarder avec étonnement. Il lui demanda, à brûle-pourpoint, si elle le prenait pour un mauvais plaisant ou un affabulateur !

Elle protesta, arguant qu'il lui fallait des preuves ! en avait-il à lui procurer ? Là faire venir chez lui en l'absence de sa femme... lui montrer le message sur son ordinateur ...

samedi

Mardi

Elle déclina l'offre d'aller chez lui, mais elle acceptait qu'on lui apporte l'ordi ;

- c'est bien un portable que vous avez ?

- euh oui ! mentit-il, avec une maladresse confondante.

Maintenant il était pressé de partir ...

L'idée qu'on pouvait regarder ce qu'il avait écrit, envoyé ou reçu, le mettait très mal à l'aise. Il craignait aussi que son ordinateur ne soit bloqué.

Bref, il avait l'impression de s'enfermer dans une impasse dont il avait voulu sortir, il partit rapidement, conscient de son air coupable et furieux d'avoir attiré l'attention sur lui.

mardi

il s'arrêta dans un bar avant de rentrer chez lui. Il avait besoin de se reprendre, de s'éclaircir les idées avant d'affronter sa femme.
Il commanda un whisky soda, se calant confortablement sur la banquette et s'interrogea.
- je suis indécis ? timoré ! oui, c'est ça ! j'ai peur de tout ! il faut que je réagisse; J'ai rencontré cette femme au commissariat, je ne peux plus reculer !
j'en ai marre à la fin. Je vais lui apporter mon PC ! mais avant, j'effacerai certaines .. choses.
Il termina son verre et se senti brusquement mieux.

Mardi

Une surprise l'attendait chez le réparateur auquel il avait finalement confié son ordinateur bloqué ; l'appareil avait été réquisitionné par la gendarmerie. Comme quoi la "gendarmette avenante" lui avait tiré les vers du nez sans lui accorder confiance. Elle avait flairé une affaire louche, et le suspect, c'était lui !!

Pour retrouver son ordi, il fallait y aller ou attendre une visite...

Ah ! c'est comme ça ?!!!! "furiosa-t-il", nous allons être deux ! c'est moi qui ai tendu la main, après avoir demandé aide.. et voilà ce qu'il en sort ?
Cette pétasse va me le payer !
Il marchait de long en large, s'excitait, transpirait, il retroussait ses manches, s'arrêtait brusquement !
- mais c'est pas vrai, une chose pareille !!!
Il se sentait fort, s'interpelait lui-même ..
- tu te rends compte, mon pauvre gars, tu es honnête, tu es attaqué tu viens demander assistance ... et voilà comme on te traite ?
Et il refaisait son histoire, à son avantage, se victimisait, ne se rendant même pas compte que, malgré sa colère, il retombait dans ses travers !
Un pauvre type, timoré, trouillard......

Mercredi

La gendarmette l'attendait de pied ferme.

Elle ouvrit une session de copains d'avant, sortit la photo d'avril 86 du lycée du Saint Sépulcre, pointa son doigt sur une tête hirsute..

elle articula lentement

- quand et pourquoi avez vous revu laurent loussier ?

Laurent Loussier ? c'est qui ce mec ?
il se creusait la tête, le visage congestionné, le souffle court...
- avril 86.. . ho là là ! c'est loin !
mais ... Laurent ...il me semble.. que c'était un élève, je ne le connaissais pas plus que ça !
- vous l'avez revu depuis le lycée ! et récemment ! quand ? dit la gendarmette très sèchement.
On aurait dit que la pièce s'emplissait d'un froid polaire.
Il frissonna malgré lui. Elle le regardait, impassible, elle avait le regard fascinant d'un serpent.
- je .. heu ... oui, mais je ne me rappelais plus de lui !
- Pourquoi l'avez-vos revu ?
Il se sentit glisser dans un trou ! dans sa tête, il faisait noir et froid.
- j'ai peur, murmura-t-il, comme pour lui-même.

MERCRDI

JEUDI (au cas où je n'aurais pas le temps !)

- Vous avez peur ? dites- moi ?... Elle prenait une voix douce.
- je n'ai pas dit... heu.. non ! je n'ai pas peur, enfin, je me sens mal d'être là, vous comprenez ?...
Elle le regarda un moment. Ses yeux de silex dans le silence, perçaient son cortex. (hiiiiiiiiii ! SSSSSSSSSSSSS)
- Vous êtes là pour répondre à mes questions, je vous demande quand avez vous revu Laurent Loussier ! et pourquoi ?
c'est simple, non ? Vous me dites ce que vous savez au lieu d'atermoyer, de paniquer, je ne vous accuse de rien pour l'instant, je veux que vous me
répondiez.
- oui .. je vais vous dire ...
il se mit à pleurer. Il ne pleurait pas ! il beuglait. Il glapissait ! parlait de façon inaudible. La gendarmette, un peu déstabilisée le regardait, médusée;...
Elle se reprit très vite !
- Racontez-moi, je vous prie. Calmez-vous d'abord.
Sèche comme une feuille de vieux papier peint.

Jeudi soir

Quelques heures plus tard, la "gendarmette" rédigeait son rapport :

« nous, etc., avons entendu ce jeudi 13/12/2012, Lucien T. le suspect, dans l'affaire Laurent Loussier.

il est incertain que Lucien T. ait revu Loussier, mais il est bien évident qu'il ne joue pas franc jeu ; il a certainement des choses à se reprocher.

D'un autre côté, on pourrait imaginer que le nom de Laurent Loussier ait été pris comme pseudo par un de ses anciens condisciples du Saint Sépulcre. L'enquête doit continuer pour identifier l'escroc pédophile.»

à parté
il était question de pédophile ? tu embrouilles à plaisir ! tu ne fais que des rebondissements !!! personne ne nous aide ! grrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrr ! faut que je me débrouilles avec tout ce que tu ajoutes ! si tu crois que c'est comme ça que nous allons décrocher le Goncourt !

aparté

tu as le choix entre escroc et pédophile. oui l'affaire est embrouillée, mais tu te débrouilles comme tu peux (rire)

Je suis totalement larguée depuis un bon bout de temps mais je me régale paresseusement à vous lire

Résumé des épisodes précédents

Lucien T. se trouve, sur une menace envoyée par lettre ou courriel, obligé de payer une somme non définie pour mauvais usage de son ordi. Il décide de porter plainte à la gendarmerie, puis, son ordi bloqué, confie l'appareil à un réparateur. Ce dernier lui apprend que la gendarmerie l'a réquisitionné. L'interrogatoire de Lucien T. fait apparaître un Laurent Loussier que Lucien T aurait connu pendant ses études.à l'établissement du Saint Sépulcre.

Lucien T, mal à l'aise avec le contenu de son ordi, se mélange les pinceaux pendant que la gendarmette, qui ne dévoile pas ses objectifs, oriente son enquête sur Loussier et son entourage scolaire auquel appartient Lucien T.

aparté

je préfère escroc que pédophile ! le deuxième est trop répugnant pour moi.
Bon ! alors, je continue. A vendredi.

Nic, si tu est larguée, c'est que nous sommes mal partis Rotko et moi. Notre "quatre mains" doit être sérieusement embrouillé ....
nous ne décrocherons pas l Goncourt.. je suis bien triste !

Ysandre a écrit:

Nic, si tu est larguée, c'est que nous sommes mal partis Rotko et moi. Notre "quatre mains" doit être sérieusement embrouillé ....
nous ne décrocherons pas l Goncourt.. je suis bien triste !

Non non, c'est moi qui ai l'esprit brumeux en ce moment, j'ai trop de choses différentes dans ma petite tête et ça déborde

la gendarmette rentra chez elle.
(àla manière de...)
Il faisait bon. "Il" avait fait une soupe aux poireaux. Elle fronçai le nez en enlevant son manteau.
- ça va, toi ?
- ouiiiiiiiiii !
- pas trop fatigué "le grand flic" ?
- arrêêêteu ! chuis morte ! tu sais, ce que je t'ai raconté hier .. j'ai entendu le mec aujourd'hui....
c'est compliqué ! il me cache des choses.. mais je ne le crois pas impliqué directement...... oh ! merde ! où sont mes chaussons
- où tu les as laissé ce matin, ma belle!
- oups ! j'les ai.. oui.. je e disais.. je ne crois pas qu'il y soit pour quelque chose, mais du fait qu'il est impliqué, il a la trouille, mais
je ne sais pas de quoi ?
- vous avez épluché l'ordi ?
- oui, mais justement ! il a effacé des trucs !!
Elle entra dans la cuisine, il goûtait la soupe d'un air gourmand.
- allez ! goûte et dis moi si c'est bon ?
Elle se jeta sur lui, l'embrassa.
- ça c'est bon ! voir ton brouet ...
il protesta
- ce n'est pas un brouet, quand même ! Alors ? tu as une idée de ce qu'il a effacé ?
- surement une petite hiistoire de c.. bien ordinaire, bien sordide ! et il panique ! si ma femme savait !!! ho là là !
- pas bien grave ! quand même .... pourquoi cette trouille ?
- parce que tout le monde cache quelqu chose ! et selon son caractère, il en fait un p'tit truc ou un gros truc.

heu... j'avais oublié ! VENDREDI

Mardi

Plus tard, se tournant et se retournant dans son lit, la gendarmette se dit que...

si Lucien T lui mentait ou lui cachait des éléments, la convocation ou la menace de convocation de son épouse serait à envisager.