Jorge Gonzalez (Argentine)

Indiens, colons européens, exilés, campagnards et urbains, et même un réalisateur de films allemand vont voir leurs relations évoluer, changer au fil du temps, mais toujours sous l influence de l immensité de ce finistère sud-américain : la Patagonie, le territoire le plus austral de la planète.

Le dessin puise, dans cette confrontation de l’homme à l’espace, une force sidérante. Il y a, dans les ciels opaques et les ambiances vaporeuses de l’Argentin comme un cousinage avec la peinture romantique allemande du XIXe siècle, et même certaines toiles de Caspar David Friedrich, comme « Le Moine près de la mer ».

présentation détaillée avec planches sur RUE 89

Autant les couleurs de chère Patagonie paraissent discrètes, autant celles du vagabond sont intenses et violentes. On passe du bleu profond de la détresse (le vagabond broie du noir et rumine de sombres desseins) aux couleurs très chaudes, voire violentes (jaune orange rouge des mauvais lieux et des scènes d’action).

L’histoire, on la découvre petit à petit, à condition d’être attentif : on y parle d’attente et de vengeance, de complots ourdis dans un contexte familial où la dureté de Victor a fait le malheur de son frère jadis, et de son fils à présent.


Le dessin se fait anguleux pour le visage du père, son maintien raide, le trait ramassé pour Julius le vagabond, les courbes pleines de douceur pour la femme aimée (p.17 et 19) dans le jardin des roses.

La tension dramatique exacerbe les attitudes dans les scènes violentes, et on pourrait parler de scènes hallucinées, comme chez Lorenzo Mattotti

et une autre planche à regarder sur place, pour respecter les droits d'auteur.