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Diogène
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Diogène


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MessageSujet: creations de Diogène   creations de Diogène EmptyJeu 06 Sep 2012, 17:35

rejetés

« Tu t’es vue mocheté ? » faisait Ouariah, sa sœur, en souriant féroce et dominatrice avant d’empoigner Leila …

Elle se souvint de sa mère qui tordait la bouche et sans un mot, frappait avec le plat de la main, avec tout ce qui se trouvait à sa portée ! Les godasses, le bâton, le martinet, cinglant les chairs de la fillette qui ne pouvait s’y dérober … Elle se rappelait du gouffre dans lequel elle tombait toutes les nuits en dormant, et de tous ces moments où elle avait dû lutter contre les suggestions incessantes de ses proches de la voir disparaître.

« Ca c’i grlave ça ! » disait quant à lui, son père avant de cogner … lorsque sa mère lui contait que la cadette avait osé lever la main sur son ainée. Lui, ne cherchant que les bonnes dispositions de sa femme il frappait pour la satisfaire !

Il avait été boxeur et avait tué un homme à force de coups de poing. L’homme en question avait forcé la porte de la voisine et était en train de la violer. Elle hurlait son désespoir quand Kad était intervenu, courant à son secours … L’agresseur était un soldat américain, parmi ceux venus au secours de la France, cependant il fit la violation en tous genres à éviter. faire. Devant tous les témoignages reconnaissant, Kad fut disculpé de l’assassinat.

« Saloprrie, counard ! » criait-il tout en massacrant le violeur de ses poings nus tout en le faisant basculer en bas des escaliers par la force de ses coups. Il était acariâtre et n’aimait pas qu’on lui résiste ni qu’on ose lui donner matière à réfléchir, à part si on savait relever sa djellaba, sa jupe ou sa robe, qu’on était une femme consentante, chaude, amusante, et pas de sa famille ! Par contre, les filles de son foyer devaient vivre en vestales jusqu’au mariage pour avoir matière à se faire respecter. Le jour où son père vit sa fille de cinq ans, se pavaner avec du rouge à lèvres appliqué par sa mère à l’occasion de la fête Aïd el Surir, il le lui essuya sur le trottoir, salissant et humiliant avec férocité sa fille. A part ça, il était d’une correction irréprochable : il ne pétait pas à la maison et autres choses de cet acabit que la plupart des parents négligent laissant penser à leurs enfants qu’ils ne sont rien que des porcs. Il ne laissait même pas deviner à sa progéniture qu’il avait un sexe. Il ne prononçait pas de gros mot, mais il revenait à la maison soûl et comme la plupart des alcooliques avec l’alcool mauvais. Chez lui, les gestes de tendresse étaient rares, il n’affectionnait même pas les animaux sauf s’ils étaient utiles, sages, obéissants et propres. Durant toute son existence d’enfant, Leila ne l’avait jamais vu caresser des chats ou des chiens mis à part son chien Dick. Combien de fois lui avait-il brisé son cœur d’enfant en tuant un de ses amis d’une autre espèce ?

Tous les ans lors de la fête de l’Aïd-el-Kebir, elle savait en tremblant qu’il allait sacrifier le mouton qu’il achetait un mois auparavant afin qu’il soit gavé d’herbes fraîches et parfumées. Il égorgeait l’animal sous les yeux de Leila qui ne pouvait éviter par curiosité ce spectacle d’horreur. Cela en dépit du fait qu’elle ait durant un mois donné un nom et toute son affectueuse attention ... Alors qu’elle n’avait que six ans, une fois qu’elle eût versé des larmes sur le sort du martyr, son père lui dit en la frappant : « tu vas nous porter la guigne si tu pleures sur notre bouffe !!! » Et chaque année ce spectacle d’épouvante était reconduit par coutume chez les hominidés.

Mais comment donc aurait-elle porté la guigne en pleurant l’agneau devenu son ami, sacrifié afin de servir de repas ? Alors que la guigne, c’était assurément la mort du brave mouton !

La volaille, les lapins, il en ramenait souvent vivants pour le repas. Lorsque ses enfants apportaient des animaux à la maison pour en faire des amis, il était clair que celui qui s’oublierait à l’intérieur ou sur son passage ne survivrait pas. Les chats, les chiens ? Tôt ou tard ils finissaient par l’énerver en lui tournant autour tout en semant leurs sécrétions immondes. Ceux-là tôt ou tard, sans un soupçon de remords il les tuait. Exceptions pour un chien qui savait faire les courses et aller dans les restaurants chercher des restes pour se nourrir, et un autre moins estimé car en dépit de sa propreté, il ne faisait que garder la maison sans aller se chercher sa bouffe. Il allait de soi que ceux là étaient nets. Le premier était ce gaillard incroyable qu’il avait eu par un général de l’armée française qui s’en était débarrassé auprès du père de Leïla … Le second chien auquel Leila tenait énormément était ce pauvre être qu’elle découvrit au hasard d’une de ses courses.

Un jour d’automne alors que Leïla revenait des courses, des geignements entrecoupés d’aboiements provenant d’un terrain vague attirèrent son attention. Ils étaient lancés par un chiot de berger, croisé chien et loup, qui se lamentait sur son sort. Le pauvre être était attaché par une corde passée autour de son cou tandis que son autre extrémité était attachée à un piquet fixé au sol. Une pluie fine le pénétrait au travers de ses poils. Bien sûr, le terrain vague où des ouvriers s’affairaient à construire un immeuble était de taille importante, mais le jeune chien jappait fort. Les ouvriers y oeuvrant ne tenaient cependant aucun compte des cris de l’animal angoissé par son destin, car chacun des employés était préoccupé par son sort. Leïla se dirigea vers eux :

« Pourquoi votre chien aboie t-il ? » Demanda t-elle.

L’un des ouvriers se dirigea vers elle nonchalamment. Il la toisa de sa haute taille après avoir jeté le mégot qu’il tenait cloué à sa bouche. Puis il la considéra durant un long moment avant de lui répondre :

« Il est lunatique, et finalement on ne sait pas ce qu’il a … As-tu une idée toi ? »

Elle le considéra, méfiante :

« Peut-être qu’il est dérangé par la pluie … A-t-il un abri ? » Lui demanda-t-elle.
« Non, il n’y a rien de prévu ; il dort là. Mais nous lui donnons à manger, à boire et les restes de nos sandwiches. Il est là pour garder le chantier, et nous n’en sommes qu’au début ! Mais quand il sera grand, il y aura réellement quelque chose à préserver surenchérit-il comme pour justifier la situation. … Pour le moment il lui faut du temps pour qu’il s’habitue à sa nouvelle situation !»

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Diogène


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MessageSujet: Re: creations de Diogène   creations de Diogène EmptyJeu 06 Sep 2012, 17:49



Amour de quelques soirs

Je me trouvais dans un café sandwicherie de la place Talensac, à côté de l’immeuble hôtel qui donnait sur le marché, à côté d’un club et d’un café pmu que j’habitais. L’habitation était branlante, l’électricité sautait avec l’eau chaude. C’était tout ce que j’avais pu m’offrir en urgence par le biais d’une agence immobilière. J’avais passé la journée à porter des courses alimentaires et je me détendais en mangeant un kébab et buvant un verre de coca. A côté de moi un groupe de gens aux cheveux noir et jaune avec des grosses têtes, aperçus à la table d’à côté. Un homme seul comme moi dans le fond du café d’une trentaine de place. Comme j’allais payer au bar et que patron n’était pas derrière, j’attendais pour partir. Je remarquais une pétillante jeune femme qui me fit signe en guise de bonjour auquel je répondis également par un hochement de tête et un large sourire avec pétillement de l’œil dans le brouhaha des conversations du groupe de dix personnes qu’ils étaient. Elle répondit par un large sourire et un scintillement de l’œil. Ce qui nous ouvrit le cœur. Elle me parla :
« N’avez-vous rien à faire ce soir ? Nous allons au théâtre, voulez-vous vous joindre à nous ? Nous offrons les places ! »
« Bien sûr dans ces conditions !Et en si charmante compagnie ! »
Elle me fit un large sourire avec toutes ses dents d’une vingtaine d’années, avec une coupe permanentée qui donnait à sa tête une forme de cœur. Elle parlait avec un accent chantant genre hôtesse. Le groupe se leva avec un magistral, « nous allons au théâtre ! » de la part de d’Esther.
« Je m’appelle Esther » me confit-elle en souriant de son museau long comme je payais ma consommation au patron qui me tendait un ticket.
« Je m’appelle Elisabeth » fis-je de mon museau large, en souriant comme j’étais émue qu’elle s’adresse à moi et m’invite. « Lui c’est Hugo, lui c’est Victor, Brahim, Gélipandre, Sophie, Pascale et les autres.
Après le spectacle qui impliquait deux personnes de la bande, nous avons pris un verre. Puis nous embarquions dans deux voitures pour nous rendre chez les comédiens. Après les félicitations d’usage, je me retrouvais avec Esther dans une pièce de la grande maison des acteurs. Elle me saisit par les mains pour vérifier qu’elle m’entraînait, et nous nous couchâmes par terre pour nous enchevêtrer. L’instant était magique. En quelques clins d’œil nous nous étions tâtées et nous avons décidé de nous embrasser sur la bouche. Puis de nous coucher par terre, entraînées par nos élans. La jambe entre les jambes, nous nous frottions avec ardeur en nous embrassant, et je sentais une délivrance de mon amour quotidien réfréné. Je le sentais s’écouler entre mes jambes et j’étais en effervescence et sentais Esther sur la même longueur d’onde.
Ses yeux bleus remontaient en amande, son visage était long et fin, ses lèvres étaient pulpeuses, elle était bonne à embrasser. Comme le matin arrivait, nous nous arrêtâmes de frétiller pour prendre le véhicule de quelqu’un qui partait travailler en nous tenant par la main pour continuer l’influx sexuel. Durant le trajet, j’appris qu’elle était étudiante en histoire et travaillait dans un site porno. Moi, je n’avais pas cette excuse pour m’être montrée si empressée. Je la trouvais belle, c’était tout. Je la trouvais pétillante, jeune et fraîche et elle m’avait charmée toute la soirée. C’était de sa faute si j’étais dans cet état d’excitation, et c’était de ma faute si elle était dans cet état … Nous nous sourions largement comme nous étions bien dans la voiture, emportées par un homme qui ne profiterait pas de nous. Elle devait en avoir marre de servir de déversoir à des mecs en panne d’amour dans son site porno. Moi, je travaillais à Carrefour et j’avais bien le temps de rêver, mais je n’avais pas rêvé d’une fille aussi jeune et aussi jolie à embrasser et à cajoler. Moi j’avais trente ans, elle en avait vingt-trois … Je la regardais s’éloigner de moi avec un rendez-vous pour le soir même chez moi, puisqu’elle était de Paris et que j’étais de Nantes.
La journée passa lentement, comme j’étais pressée de rentrer chez moi où m’attendrait Esther. Les têtes étaient laides ou froides ou distantes car je connaissais enfin une intimité avec quelqu’un. Elle répondait à mes mimiques, à mes sourires et ça me touchait au cœur. L’heure arriva enfin de la délivrance et je laissais les courses là pour faire des courses pour être tranquille le soir. Des fruits et un paquet de tomates farcies et du coca. Je retrouvais Esther en bas de chez moi, à l’heure dite, et nous montâmes les étages en nous poursuivant et nous touchant, le sourire aux lèvres. Dans la chambre nous pûmes nous embrasser loin du danger d’être vu. Je ressentais le danger d’être aperçue des hommes qui auraient pu devenir dangereux et voulais en protéger Esther. Son prénom lui allait bien ! Je me demandais si j’étais sur terre en la regardant. Elle avait apporté un disque de Tricky qui disait « Can You be loved, can You be loved ?! »
https://www.youtube.com/watch?v=6eQCfzNPXJc

de la manière dont un sujet taraude. En effet avais-je droit à l’amour, moi qui peinait à rapporter les courses de ces messieurs dames pour le minimum syndical et vivait dans une chambre d’hôtel … Pouvais-je être aimée ? Recherchée ?
La peur de perdre Esther à peine trouvée me fit faire une grimace. Je commençais à grimacer comme j’avais peur de perdre sa présence et avec elle la foi en la société. Comment si nous nous étions trouvées, pouvions-nous nous perdre ? Là Esther sortit une plaquette de décontractant résineux, et je la regardais se plonger dans la terreur en l’écrasant entre ses doigts … Elle avait la même terreur que moi que ça s’arrête à peine commencé, je le sentais. Et la chanson nous disait :

Sais-tu être aimé?
Ne les laisse pas te berner
Ou même essayer de t'éduquer, oh non!
Nous avons notre tête nous
Aussi va en enfer si ce que tu penses n'est pas bien
L'amour ne devrait jamais nous laisser seul
Dans les ténèbres doit apparaitre la lumière
Pourrais-tu être aimé?
Pourrais-tu être aimé?
La route de la vie est si rocailleuse
Et il se peut que tu trébuches
Aussi lorsque tu montres du doigt une personne
Quelqu'un d'autre est en train de te juger
Pourrais-tu être aimé?
Pourrais-tu être aimé?
Ne les laisse pas te changer
Ou même te réarranger, oh non!
Nous avons une vie à vivre
Ils disent que seulement
Seulement le plus capable des plus capables
Survivra, restera vivant
Pourrais-tu être aimé?
Pourrais-tu être aimé?
Tu ne manqueras pas d'eau
Jusqu'à ce que ton puits s'assèche
Peu importe la façon dont tu le traites
L'homme ne sera jamais satisfait
Pourrais-tu être aimé?
Pourrais-tu être aimé?
Dis quelque chose, dis quelque chose
Pourrais-tu être aimé
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Diogène


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MessageSujet: Re: creations de Diogène   creations de Diogène EmptyJeu 06 Sep 2012, 19:08

Diogène a écrit:
rejetés

:

« Peut-être qu’il est dérangé par la pluie … A-t-il un abri ? » Lui demanda-t-elle.
« Non, il n’y a rien de prévu ; il dort là. Mais nous lui donnons à manger, à boire et les restes de nos sandwiches. Il est là pour garder le chantier, et nous n’en sommes qu’au début ! Mais quand il sera grand, il y aura réellement quelque chose à préserver surenchérit-il comme pour justifier la situation. … Pour le moment il lui faut du temps pour qu’il s’habitue à sa nouvelle situation !»

S’habituer à ce genre d’existence d’attaché pour ne point fuir à son sort comploté ! Comment ce chiot avait-il fait pour arriver à résister tout seul sans être choyé et de temps en temps, ni être complimenté ? Mais sur quoi ? On lui niait sa liberté, donc sa fierté et tout ce que contenait son petit être conçu par ses parents. S’il avait été dans les mœurs des habitants de manger du chien comme en chine, on l’aurait égorgé pour s’en repaitre sans autre émotion que le contentement du gout du méchoui espéré auquel aurait été destiné le cadavre… Mais on faisait bien du mal aux autres créatures, y compris à ces hommes qui bossaient pire que des bourricots tout en se pensant plus malins …

Il semblait parler pour lui-même, pour se rassurer de la validité de l’encordement de l’animal, de l’amputation de sa liberté enfin de son mal être. Leila le regarda toujours suspicieuse.

« Il semble avoir froid. N’a-t-il vraiment aucun abri de prévu pour qu’il puisse se réfugier des éléments ? Pourtant, il est si mignon ! » Dit-elle en regardant le chien. Elle posa sur lui un regard étrange empli de l’amitié qu’elle avait en elle. Elle s’inquiétait de son sort et dit d’un coup sans songer au désaccord possible de ses parents :

« Vous ne voulez pas me le donner ? Je m’en occuperai bien vous savez ? Le pauvre aura un toit et surtout, il ne sera plus limité par un bout de corde. » Ajouta-t-elle avec une grimace de réprobation.

« Je t’ai déjà bien dit qu’on en avait besoin pour garder le chantier ! » fit l’ouvrier. Se dressant de toute sa hauteur comme pour l’effrayer, Leïla loin d’en avoir peur déclara :

« Si vous en avez besoin, vous devriez prendre un peu plus soin de lui, sinon il va mourir ! »

Confondu et agacé, l’homme lui répondit : « pourquoi te fais-tu du soucis pour cet animal ? »
Leila était outrée : « j’aime les animaux ; ce sont des êtres vivants comme vous et moi ! On ne peut pas passer et voir un tel spectacle sans rien faire ! De toute évidence, outre votre façon de le malmener en l’attachant pour lui limiter sa liberté, vous laissez cet animal se faire geler par la pluie et les autres intempéries ! »

Ses yeux s’étaient plissés sous l’emprise de sa révolte. L’ouvrier fut l’espace d’un instant médusé de se laisser gronder par une enfant, puis il déclara :

« Ce n’est pas mon chien ! »
« Si ce n’est pas votre chien, dites au moins à qui il appartient. Je suis prête à l’adopter … S’il vous plait ! » Rajouta-t-elle.

« D’accord, je vais le demander à son propriétaire, sans doute acceptera t-il ! Tu passes souvent par ici petite ? »

« Oui ! » répondit-elle.
« Alors passe dans deux jours ; j’aurai ta réponse ! » affirma-t-il.

Depuis ce moment, la pensée du chien ne la quitta plus. Le savoir entravé, malmené passivement, la hantait si fort qu’elle en oubliait son propre triste sort.

Le chantier en construction était situé tout près de chez elle, et chaque fois qu’elle passait devant, elle ne manquait pas d’aller voir l’ami canin. Elle lui portait des friandises, des caresses, une attention bienveillante. Le chiot semblait petit à petit heureux de la voir. A chaque fois, elle était prise de l’envie de le détacher pour le rendre à sa liberté, à une vie, même aléatoire … Mais quelle indépendance l’aurait attendu en marge de l’agencement des hommes chargée aussi de ramasser les animaux ? Appeler pompeusement fourrière cet endroit où l’on euthanasie après un bref délai d’attente dans le couloir de la mort ? Mais ce chien là personne ne le réclamerait, ou si quelqu’un le faisait, ce serait pour quoi en faire ?

Cette idée terrorisait la fillette qui préférait savoir son devenir en attente. Il était à chaque fois un peu plus content de retrouver Leila. Deux jours plus tard, elle alla au chantier, s’assura que l’ouvrier qui devait lui rendre la réponse était bien présent, et se dirigea vers lui :

« Bonjour monsieur ! » fit-elle, poliment. Il la considéra. Elle rajouta à ce moment : « Est-ce que je peux avoir le chien ? ». Il la regarda et lui dit :

« Ah ! Tu es la gamine qui m’a demandé de lui donner un chien qui n’est pas à moi … Je n’ai pas encore vu la personne à laquelle il appartient ! »

Il paraissait gêné en lui disant cela. Leila regarda le chien, peinée de ne pouvoir l’emmener comme elle l’avait rêvé plusieurs fois durant ces deux jours. L’animal lui semblait de plus en plus livré à de tristes conditions. Il était couché sur le ventre à même le sol, ses pattes étaient posées, désœuvrées, en prolongement de son corps. Il regardait la scène en levant les yeux, pensif et malheureux.

« Vous m’avez menti ! Vous m’avez dit dans deux jours ! Si vous n’étiez pas sûr d’avoir une réponse aujourd’hui, pourquoi m’avoir fait cette promesse ? » Requit-t-elle. Son interlocuteur était franchement gêné :

« L’architecte passe de temps en temps ! Lorsque je le verrai, je lui demanderai s’il veut bien te donner son chien. » Réprimant sa déception, Leila dit :

« Vous me promettez que vous prendrez bien soin de lui ? Regardez comme il est malheureux ! Il respire fort, vous voyez ? … Est-ce que je peux lui apporter un abri ? Je vous promets qu’il ne prendra pas beaucoup de place … »

Il acquiesça et elle le salua. C’était un colon ... A chaque fois, il avait parlé à la fillette avec la légèreté, un brin sciemment incorrect envers elle comme « son clan » le lui avait tacitement prescrit. Cet ouvrier semblait être le chef du chantier. Il ne levait pas de charge lourde, lui, et devait mener une vie décente par l’octroi d’un salaire convenable. Les autres travailleurs, tous algériens, exécutaient tels des robots, le grand ouvrage. En dépit de leur dur labeur ils étaient sacrifiés eux et les leur par des salaires injurieux. Ils travaillaient, œuvraient, dressés à ne jamais lever la tête pour ne pas attirer les suspicions d’une quelconque fainéantise. Un gros avion aurait pu leur tomber dessus qu’ils ne s’en seraient pas aperçu, pensa Leila. La fillette quitta les hommes et rejoignit son domicile.

Leila avait demandé à ses parents l’autorisation de garder un chien, et elle indiqua où il se trouvait et dans quelles conditions il subsistait. En dépit du rejet que sa famille avait depuis toujours nourri envers elle, tout le monde fut touché par l’animal, tel qu’elle le leur avait décrit. Cette idée d’avoir un nouveau chien arrangeait tout le monde. Pour la plupart d’entre eux « chien » voulait dire ami. Toute la famille attendit l’arrivée du nouvel allié. A son retour de courses, Badra ne fut pas étonnée de voir sa fille arriver sans l’animal. Et Ouariah et Mô se moquèrent de Leïla :

«Tu entends le chien de Leila ? Ouah, ouah ! Il aboie fort, mais il est invisible ! » Fit Mô, moqueur.

« C’est parce qu’il préfère ne pas la voir ! Elle est tellement laide qu’il s’en est rendu invisible. » Surenchérit Ouariah, cruelle comme à son habitude.

« Non, il est devenu invisible devant la porte d’entrée de peur de découvrir les méchants avec lesquels il devra composer. Le pauvre cherche encore à pouvoir se multiplier pour trouver la faculté de résister aux assauts de méchanceté se trouvant là où devra vivre. Cependant il a pu libérer une de ses copies déléguée dans le but de lui faire un rapport sur ses futures découvertes avec lesquelles il devra composer. Dick devra ensuite juger si nous lui convenons comme foyer ! » Lança Leila.

Pour appeler le chiot, tout le monde avait opté pour Dick. Kad leur avait conté les aventures du chien dressé qui s’appelait ainsi. Cet ancien compagnon était un héro pour la famille par ses prouesses sans cesse contées. Il faisait les courses, ramenait la monnaie, allait avec sa gamelle au restaurant chercher des restes. Il s’était même illustré avec Kad lors d’une bagarre de commerçants …

Dans la rue où se situait le magasin de Kad se trouvait une boutique qui appartenait à un autre Kad. De par sa couleur de bois plus soutenue et la gravité de ses expressions et de son corps, le père de Leïla semblait différent de l’autre, plus consistant. Les deux Kad tenaient le même genre de commerce et se livraient concurrence. Par leurs différences, les deux hommes avaient depuis longtemps divisé la clientèle du quartier de la ville nouvelle qui les abritait. Le magasin du deuxième Kad, Kader pour le distinguer, était situé plus haut dans la rue à gauche. Ce dernier aimait beaucoup son chien, et lorsqu’il eut une carie, il lui paya une couronne en or. Et ça ne plaisait pas qu’on puisse étaler son amour et richesse pour son chien quand les hommes vivaient si mal. Certains s’en trouvaient offusqués et confusément encore plus insultés … A croire qu’ils pensaient qu’on les traitait moins bien que des chiens et en voulaient à ces derniers pour cette injuste raison.

Lorsqu’un quidam déplaisait à Kader, il stimulait son animal pour qu’il aboie. Et il emmenait son molosse partout avec lui en estimant que c’était le meilleur copain de sa vie ! A la plage, aux mariages, à toutes ses escapades, c’était son complice préféré. Un jour, dans le magasin du père de Leila, un groupe de clients discutèrent de Kader et de son compagnon. Un de ces hommes les avait vus au bord d’un rivage de mer réservé aux humains, ce qui lui paraissait indigne.

De plus, cet humanoïde infâme avait mis autour du cou de son chien un foulard assorti à son maillot, comme le font les hommes pour leur compagnon préféré humanoïde… Il n’en fallut pas plus pour répandre le rire dans tout le magasin aux dépens de l’incriminé. Kader eut vent de cet après-midi de rigolade à ses frais et alla exiger des excuses auprès du père de Leila. Ce dernier s’esclaffa et dit à son visiteur d’aller se faire mettre des couronnes d’or aux molaires aussi pour ressembler davantage à son cerbère ! Il est vrai que Kader avait, à l’instar de son ami à quatre pattes, deux rangées de dents pavées d’or dont il prenait visiblement grand soin. Et à cette époque, dès qu’un gueux avait suffisamment d’argent pour s’offrir une dent en or symbolisant une certaine prospérité permettant des gamineries, il le faisait ... Kader à la bouche en or se vexa et lança :

« Si tu es un homme, nous nous battrons demain ! »

Le père de Leila avait passé du bon temps à rigoler, et était sûr de sa force d’ancien boxeur. Il dit :

« Je ne veux pas me battre avec toi mon cousin ! Nous n’avons pas de temps à perdre avec ces enfantillages ! Tu sais les gars et moi nous avons juste trouvé drôle ton chien avec sa dent en or, sans parler de son foulard semblable au tien …» Le père de Leïla eu du mal à garder son sérieux, mais sa volonté demeurait dans le fait de s’éviter des histoires dignes de l’enfance menant aux bagarres non rémunérées.

« Tu te dégonfles ! Mais tu t’es moqué de moi ! Demain, nous verrons bien de qui tout le quartier se moquera ! Exactement à mi-chemin entre ton magasin et le mien, nous nous battrons. Toi contre moi, et nos deux chiens entre eux, et tu verras de quoi mon animal est capable !…. Si tu ne viens pas, tu passeras pour un lâche devant tout le quartier, et cela ne m’empêchera pas de venir ensuite te battre dans ton magasin ! Et tu verras de quel bois je me chauffe ! » Pérora l’homme à la bouche pavée de dorure.

Il avait à ce moment les yeux grands écarquillés de colère et injectés de sang. Il vint invectiver Kad tout près, de façon à lui faire sentir son haleine parfumée au tabac à chiquer et les effluves de café froid. Ce dernier s’écarta en le dardant du regard et lui dit :

« A demain alors, puisque tu ne veux rien savoir ! »

Le lendemain matin, après une nuit fraîche, le ciel dégagé de nuages laissait sans obstacle le soleil percer à l’horizon. Mais à cette heure de l’aube, les rues de la ville restaient encore humides et froides. Kader et son chien arrivèrent assortis d’une écharpe de même couleur. Ils descendirent vers le magasin de l’ennemi déclaré. Le père de Leila menant Dick, remontait la même voie. Il n’avait pas d’autre choix devant l’homme en colère qui avait raconté partout être capable de le faire fléchir à coups de poings. Les deux hommes étaient décidés à se battre, tous deux pour ne pas être ridiculisés, ne pas être vaincus, sauver leur amour-propre, le revêtement primordial. Le respect de soi est la seule chose pouvant lui perdurer possédé par le vivant. C’est la raison pour laquelle il faut toujours le préserver pour ne point l’oublier quelque part et en être blessé à vie.

La rue où étaient érigés les magasins n’est pas large, sans pourtant être étroite. Elle pouvait contenir deux sens de circulation si l’on ne se garait que d’un seul côté. Cela dit les trottoirs étaient un peu ténus pour la circulation aisée des piétons. Les deux hommes se rapprochaient ... Distants de trente mètres, ils ne l’étaient que de vingt l’instant d’après, dans une ostentation de détermination implacable. Les chiens tiraient chacun sur sa laisse en grognant, suivant les intentions de leurs maîtres. Ils faisaient écho à une partie de l’animosité qui habitait les hommes dont ils étaient les amis. Leurs gueules étaient menaçantes, toutes deux exactement de la même façon. Ils marchaient d’un pas lourd, massifs, la tête enfoncée dans les épaules, remuant au rythme des pas. Les hommes, le menton haut, le regard fixe, ne quittaient pas des yeux le chien adversaire. A partir de là, subitement, le cerbère à la dent en or commença à secouer la tête, après avoir plissé ses yeux qui se firent soudain fuyants, il se mit à couiner. Son pas devenait de plus en plus hésitant tandis que Dick continuait à avancer d’un pas sûr. Il était le chef de meute qui voulait protéger son ami et l’autre n’était qu’un pauvre chien de prétentieux ayant atteint la mesure de son courage et qui refusait de se sacrifier … D’un seul regard profond, pénétrant, prolongé, les deux animaux s’étaient jaugés ; ils s’étaient départagés sans bataille. Celui à la gueule couronnée d’or commença à reculer. Son maître, qui avait voulu ce combat d’esprits, devint blême. Tous les gens qui assistaient au duel furent possédé de fous rires ininterrompus dans une cruelle cacophonie générale. Ce fut l’apothéose de la scène. Il n’était plus question pour Kader à la gueule d’or de se battre. C’était devenu le moment d’aller se coucher, se cacher, pleurer, rentrer dans les jupes de sa mère … Il lança désemparé, avec une voix un brin lyrique :

« Pourquoi vous moquez-vous de mon chien ? Bande de galeux ! … Misérables ! »

La foule arrêta de rire pour se faire menaçante. Il y eut un brouhaha d’insultes en réponse aux siennes. Il couvait dans l’air une menace imminente de bagarre. Convaincue de la faiblesse et particulièrement de la vanité du pauvre Kader, la foule suggéra bientôt le lynchage. Le père de Leila ne voulait cependant pas de l’humiliation de Kader. Il dit :

« Mes amis, cet homme est fatigué et ne veut pas sérieusement nous insulter. Laissez-le rentrer chez lui afin qu’il puisse se ressourcer ! »

Kader « la gueule en or » ne regarda plus son adversaire ni la multitude de têtes moustachues comme la sienne mais à l’air ironisant à son égard. Il tira sur la laisse de son chien apeuré qu’il consola d’une légère caresse et rentra chez lui d’un pas humble. La foule radoucie en voyant sur l’instant en lui le piteux humilié, s’en écarta à son passage. Que de fois ses parents racontèrent à leurs enfants les aventures de Dick premier le magnifique ! Le plus étrange dans cette histoire était de savoir que ses anciens « propriétaires », cette famille de général de l’armée des occupants, se soit débarrassé d’un chien si génial ! Puis un jour il revint malade des courses et mourut sans pouvoir être aidé de quiconque. Une personne du voisinage restée anonyme lui avait fait manger quelque chose contenant du poison.

… Le chien que voulait la fillette tardait tant à trouver sa place à ses côtés. C’était décidé, pour tous les membres du foyer il s’appellerait Dick deuxième afin de rappeler par son nom, l’illustre disparu qui a marqué tous ceux qui l’ont connu. Noble, fier et honorant les personnes qui l’aimèrent. Comme la présence du canin toujours vivant devenait nécessaire pour Leila ! A aucun moment elle ne cessait de penser à son nouvel ami. Sa robe fauve et grise, son petit corps maigre, et surtout ses grands et bons yeux si tristes qui allaient retrouver la chaleur, la joie et la santé pour l’amour d’un autre être de son vivant. C’est sûr la fillette fera tout pour qu’il soit considéré et aimé... Elle allait le voir très souvent, et l’entrainait à répondre au nom que la famille lui avait donné. Leurs relations évoluèrent au point que lorsqu’il la voyait de loin, il la reconnaissait et se juchait alors sur ses pattes arrières … Mais ses aboiements ressemblaient à des plaintes !

Durant un mois entier, Leila ne cessa d’aller voir son ami Dick. Cela la rassurait de le voir dans la niche improvisée qu’elle avait garni de linge chaud inutilisé. Elle la lui avait apportée avec l’aide de ses meilleures amies. C’était une grande caisse aménagée par des voisins pour abriter un animal qui après sa mort avait trainée, abandonnée dans le coin d’une cour. On la lui avait donnée avec plaisir car ses propriétaires en étaient encombrés. Ainsi donc, ce cœur fidèle et aimant avait la destinée d’être utilisé pour garder leurs précieux blocs de ciment, attaché sa vie durant sans pitié à la tache par une corde ou une chaine !

C’est le comportement cynique dévolu aux hommes d’habituellement et couramment attacher les chiens pour les entraver pour se sentir face à eux, par leur conduite réellement les maîtres ! Comme le veut l’usage. Tous les êtres y compris les animaux sont pris, et utilisés avec la brutalité des gens qui se font un nom remarquable selon leur caste en n’accordant aucune considération pour ce qui vit. Ils sont aptes à retirer la vie pour s’en repaitre sans état d’âme ! De même si la vie est quêtée pour un autre usage et ne convient pas à l’attente, on s’en débarrasse. Ou si la vie convient, s’arranger avant tout pour qu’elle serve son confort sans tenir compte de toutes les espèces terrestres alors confondues. Les hommes pseudo-civilisés n’ont par éducation aucune considération envers le vivant et ont affiné la façon de s’en servir. Pour voir encore le respect faudrait aller chez les pseudos sauvages chez qui tous sont à l’abri et ne meurent pas de faim !

Leila chassa de sa pensée le comportement si déplorable et tellement fréquent chez ses contemporains et pensa à Dick. Elle l’imaginait déjà jouer avec elle, se préoccuper d’elle, couché auprès d’elle. Elle le rêvait car elle avait besoin d’être consolée de sa triste vie. Elle avait besoin d’affection et en avait des tonnes à distribuer … Serait-il libre d’aimer et d’être aimé un jour en toute liberté faisant fi à son esclavage comploté ? Son cœur se serrait à l’idée d’une telle opportunité pour le chiot menacé du destin de ne comprendre et ne savoir que souffrir. Il aurait froid ou trop chaud sans pouvoir bouger en toute liberté, ne ferait que mordre et aboyer durant toute son existence sans elle …

Un beau jour, en allant comme à son habitude vérifier si elle avait une réponse, son interlocuteur habituel du chantier portant des lunettes sombres pour dissimuler son regard surtout aux hommes à la peine qu’il commandait, lui dit :

« Tu peux prendre le chien, son maître est d’accord ! De toute façon, il a trouvé qu’il serait étonnant que ce cabot devienne un bon chien de garde. Son propriétaire est venu le voir un soir et il a été déçu de son comportement. Au lieu d’aboyer il avait les yeux tristes cet abruti ! » Fit-il en riant.

A chaque fois qu’une bonne nouvelle lui était annoncée ou qu’une bonne chose lui arrivait Leila avait un sentiment de renouveau. Ça semblait gommer en partie ses dures coutumes existentielles. La vision des choses qui l’entouraient en était modifiée. Les couleurs du paysage devenaient plus soutenues, plus intenses, plus vivantes dans une sorte de fusion universelle. De l’ivresse saine et naturelle … Tout avait un contour mieux défini tellement la joie l’avait saisie !

Dick se révéla affectueux et intelligent. En grandissant, ses qualités s’épanouissaient. Un jour, une bande d’enfants de colons armés de bâtons poursuivirent Mô sans aucun prétexte. Il était essoufflé mais trouvait des ailes pour échapper à la menace. Il courut en appelant à l’aide. Dick l’avait entendu ! Il descendit les deux étages qui le séparait de la rue en un clin d’œil, et très vite, il dépassa Mô et mit en fuite les agresseurs en leur arrachant leurs bâtons un à un, méthodiquement sans leur faire de mal. Ce fut une douce période qu’elle eut le bonheur de partager avec ce chien si aimant qu’il marqua profondément la mémoire de Leïla avec l’empreinte de ce qu’il fut, en plus de sa bonté et de son discernement.

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MessageSujet: Re: creations de Diogène   creations de Diogène EmptyVen 07 Sep 2012, 06:59

Tu as deux messages privés que tu n'as pas ouverts.

Tu veux qu'on s'intéresse à toi, tu arrrives sans dire bonjour pour proposer tes textes, balancés n'importe où...

tu prends les grains pour ton public et Nestor pour la femme de ménage ?

Fais un petit effort pour être sociable, ce sera mieux :fleur:
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MessageSujet: Re: creations de Diogène   creations de Diogène EmptyVen 07 Sep 2012, 10:35

Nestor a écrit:
Tu as deux messages privés que tu n'as pas ouverts.

:fleur:

Où ça ?
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MessageSujet: Re: creations de Diogène   creations de Diogène EmptyVen 07 Sep 2012, 10:38

Diogène a écrit:


Amour de quelques soirs




Nous parlâmes en mangeant de nos travaux et du coût de la vie à travailler, gambader et à envoyer des cartes postales aux amies. « Je fais la pute » me fit Esther soudain.

« Mais moi je n’ai pas les moyens de te payer ! » fis-je tremblante.
« Mais non, pas avec toi ! Avec des types pas bandants, pas intéressants de trente ans et grassouillet ! Toi, tu as quelque chose. » me confia-t-elle. « Toi tu me fais mouiller ! » ajouta-t-elle.
« C’est physique entre nous … N’avons-nous pas une cause philosophique ? » demandais-je effrayée.
« Si ! » me fit-elle. « Nous aimons la magie de l’instant et l’art du presque rien qui devient grand, non ? » fit-elle menaçante, en souriant.
« Nous deux deviendra grand ! Nous aurons toujours les moyens de nous payer un toit, à manger et un cadeau. Peut-être même aurons-nous un enfant ! » fis-je enthousiaste en l’interrogeant.
« C’est toi qui le porte ou moi ? Je préfèrerais que ce soit toi » me di-elle.
« Donc c’est toi l’homme ! » fis-je en riant.
« Y a pas d’homme ici, c’est ça qui est intéressant. Imposer le sexe des conversations par la complexité sociale c’est du sale culot ! La guerre est la preuve que le pipi caca prime sur l’intelligence. » dit Esther.
Tandis que nous conversions, nous étions allongées sur le matelas une place jeté par terre et je lui caressais le bras gauche qui ne bougeait pas. Elle ne portait qu’un pantalon et moi aussi. On était en été et l’air était doux.
« Qu’est-ce qu’ils t’ont fait les hommes ? » demandais-je.
« Ils ne m’ont pas respectée, ont essayé de me faire sucer leur bite et de m’enculer. Non mais tu te rends compte où en est l’amour ? A ne pas échanger des caresses mais des humiliations ! C’est de l’anti-amour qu’ils m’ont donné les hommes. Je cherche une femme pour vivre l’amour.
« Oui mais moi je te passe un disque ! » ET je mis sur la platine la chanson d’Armstrong …

https://www.youtube.com/watch?v=7K61XDJxZZg

« Et à toi, que t’ont-ils fait les hommes ? » demanda Esther.
« Mais ce sont des monstres ! On ne peut pas les comprendre intimement. » fis-je en l’embrassant langoureusement. « Je n’arrive pas à croire que j’ai droit au plaisir d’embrasser ton corps de vingt-trois ans ! » fis-je pour lui rendre hommage.
« Je préfère les gens mûrs ! » me dit-elle en m’embrassant.
Le tourne disque passait :
https://www.youtube.com/watch?v=w2hiQt_LNK8

Nous fumions le décontractant pour vivre la magie de l’instant sans se dire qu’on ne pourrait pas.
«

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MessageSujet: Re: creations de Diogène   creations de Diogène EmptyVen 07 Sep 2012, 10:49

Diogène , les MPs se trouvent en haut de page à côté de déconnexion, tu ne peux pas les rater

Je n'ai pas lu ce que tu postes.

Tu débarques sans te présenter, sans participer à aucune autre chose que ton univers personnel

black Question
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MessageSujet: Re: creations de Diogène   creations de Diogène EmptyVen 07 Sep 2012, 12:01

Natalia a écrit:
Diogène , les MPs se trouvent en haut de page à côté de déconnexion, tu ne peux pas les rater

Je n'ai pas lu ce que tu postes.

Tu débarques sans te présenter, sans participer à aucune autre chose que ton univers personnel

black Question

je me suis présentée dans le fil présentation et j'ai lu quelques fils et apporté mes contribution. A part ça bonjour
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MessageSujet: Re: creations de Diogène   creations de Diogène EmptyVen 07 Sep 2012, 12:02

Je ne fais pas faire ma tatillonne ...passons
j'ai répondu à ton bonjour qui est venu après un autre post perso tongue

à part ça Re-Bonjour
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MessageSujet: Re: creations de Diogène   creations de Diogène EmptyVen 07 Sep 2012, 17:10

Natalia a écrit:
tongue

à part ça Re-Bonjour

N'hésitez pas à me donner votre avis sur le roman Rejetés ou la nouvelle "Amour de quelques soirs"
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MessageSujet: Re: creations de Diogène   creations de Diogène EmptyVen 07 Sep 2012, 18:12

passe d'abord amour de quelques soirs au traitement de texte, pour éliminer les coquilles.

la dernière phrase me laisse perplexe.

sinon j'y vois un dialogue un peu inattendu ; difficile de savoir où tu veux emmener le lecteur.
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MessageSujet: Re: creations de Diogène   creations de Diogène EmptyVen 07 Sep 2012, 18:21

Diogéne ce n'est pas que ne veuille pas te lire mais c'est bien trop long pour moi qui n'arrive pas à bien lire sur un écran. Kurtyn a scindé son texte en plusieurs posts ainsi je sais que je le lirai avec plaisir
ne pourrais-tu faire de même ? Merci
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MessageSujet: Re: creations de Diogène   creations de Diogène EmptyVen 07 Sep 2012, 18:25

c'est le texte de 12h 38 que j'ai lu, je n'avais pas vu les précédents.
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MessageSujet: Re: creations de Diogène   creations de Diogène EmptyVen 07 Sep 2012, 18:44

rotko a écrit:
passe d'abord amour de quelques soirs au traitement de texte, pour éliminer les coquilles.

.
Ne pas pouvoir est l’ennemi des amantes Le lendemain matin, après des ébats et des débats sur la cherté de la vie nous nous séparâmes sur le quai de la gare avec des projets de cinémas à se faire, histoire de laisser du temps aux projets. Je devais quitter mon emploi pour un emploi plus noble, histoire de m’aérer la tête à l’amour, histoire de faire vibrer ma poulette. Mais je vivrais de quoi ? Je devais sortir le loyer de la chambre et payer la nourriture, et quelques sorties … J’étais désespérée ! J’allais devoir m’asphyxier l’esprit de petites choses … Et voir partir Esther, la papillonnante.
https://www.youtube.com/watch?v=ULR-aiMnXRA
J’étais ulcérée de devoir laisser partir Esther et lorsqu’elle revint me voir une semaine après, je la repoussais avec la porte avant qu’elle ne s’impose et ne m’offre un poster de Erro avec des poissons agonisants ou morts sur une plage ; un vrai carnage. Comme notre amour suffoquait de ne pouvoir s’imposer là en une location commune près de ses cours de cinquième année d’histoire à Paris. Nous passâmes la soirée à nous masser et à écouter de la musique sur ma mini chaine.

https://www.youtube.com/watch?v=GKn7hGZN1L4


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MessageSujet: Re: creations de Diogène   creations de Diogène EmptyVen 07 Sep 2012, 18:59

ton idée de mettre des videos musicales est interessante, à mon avis.

on attend que tu participes un peu au forum général, les auteurs et sujets ne manquent pas, et on te situera mieux dans ce contexte.
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MessageSujet: Re: creations de Diogène   creations de Diogène EmptySam 08 Sep 2012, 11:38

rotko a écrit:
ton idée de mettre des videos musicales est interessante, à mon avis.

on attend que tu participes un peu au forum général, les auteurs et sujets ne manquent pas, et on te situera mieux dans ce contexte.

Oui c'est une diée de scénario !

Suite de Amour de quelques soirs

J‘adorais le temps passé avec cette femme et je le détestais car il me renvoyait à ma propre incapacité d’aimer et d’être aimé sur du long terme. En effet je ne pouvais rien lui donner car on ne me donnait rien, et comment saurait-elle que je l’adorais ? J’adorais la chaleur et l’ardeur de son corps, j’en étais accroc. J’aimais ses enthousiasmes pour faire des activités, ses « oh oui ! » prononcés avec la profondeur du désir de vivre. Avec elle le sens de ma vie était correct ; j’avais une amie tendre avec qui partager le plaisir de vivre et c’était bien. Nous partagions les dépenses mais elle dépensait beaucoup trop pour moi. Elle me montrait qu’elle voulait me faire des cadeaux mais je ne les acceptais pas et les vêtements finissaient au fond de son sac, car elle avait plus d’argent que moi.

https://www.youtube.com/watch?v=uxD6ExGpLMk

Agacée par cette différence d’argent je lui suggérais que je pourrais moi aussi me prostituer. Ce à quoi elle répondit : « tu es trop fleur bleue pour ça, tu n’y arriverais pas ».
J’étais d’accord, je n’y arriverait pas à me séparer de la beauté, de la jeunesse pour une obscure histoire de pognon.

https://www.youtube.com/watch?v=ZwU8QeW4ofU

L'argent part,
Trouve-toi un bon travail avec une bonne paie et tout ira bien pour toi,
L'argent, c'est un carburant,
Saisis-le avec les deux mains et planque-le,
Une nouvelle voiture, du caviar, une rêverie quatre-étoiles
Je pense que je vais m'offrir une équipe de foot,

L'argent revient,
Je vais bien Jack, garde tes mains bien loin de mon argent,
L'argent, c'est un sacré succès,
j'ai pas besoin de ces conneries,
Je voyage en première classe et j'ai la carte de fidélité de la compagnie,
Je crois même avoir besoin d'un jet Lear

L'argent, c'est un crime
Partage le équitablement mais n'empiète pas sur ma part,
L'argent, à ce qu'il parait,
serait la source de tout le mal existant de nos jours,
mais si tu demandes une augmentation, sans surprise ils t'en accorderont pas.
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MessageSujet: Re: creations de Diogène   creations de Diogène EmptySam 08 Sep 2012, 11:53



Suite de Amour de quelques soirs


Esther était taureau. Ca m’étonnait sa capacité à raisonner l’argent. Elle avait de la chance me dis-je de pouvoir se prostituer et pas moi. Ca aurait résolu mes problèmes de cadeau à faire, car j’avais vraiment envie de la gâter. Et comment ferais-je si nous avions des enfants ? Pour prospérer ensemble et penser à nos vieux jours … Je le voulais, mais je savais que j’étais incapable de gagner de l’argent pour roucouler, et je me détestais.

https://www.youtube.com/watch?v=Oa-ae6_okmg
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MessageSujet: Re: creations de Diogène   creations de Diogène EmptySam 08 Sep 2012, 12:02

Diogène a écrit:


Suite de Amour de quelques soirs


https://www.youtube.com/watch?v=-xj_9sXa4wU
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MessageSujet: Re: creations de Diogène   creations de Diogène EmptySam 08 Sep 2012, 18:58

[quote="Diogène"]
Diogène a écrit:


Suite de Amour de quelques soirs


Elle marchait comme une princesse avec la grâce d’une ballerine. Elle se montrait courtoise avec les moins fortunés qu'elle estimait. Bientôt elle reprendrait la danse de la facilité et fuirait les amants qui lui poseraient des problèmes d’argent ou de rage à peiner à exister.
Son amant à domicile se faisait faire des tresses par sa copine pour domestiquer ses cheveux avec art crépus. Ils partageaient la même pièce et œuvraient chacun à leurs ouvrages. Lui, elle l’avait recueilli alors que sa mère l’avait virée. Il n’avait nulle part où aller et il l’avait déniché en étant cool. Elle adorait les ambiances différentes car elle était sujette aux maux de têtes. Elle était prise de rage quand elle se sentait débordée ce qui faisait qu’elle se lassait vite des gens qui avaient des problèmes sans solution et préférait les riches. La dernière fois que j’ai vu Esther, c’était par hasard ; elle était à bord d’une luxueuse voiture des Yvelines. Elle me fit coucou par la lunette arrière en s’éloignant de la gare Montparnasse. J’avais encore les cheveux courts qu’elle m’avait fait pour me tatouer son passage. Je la laissais aller à un destin sans maux de têtes …

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MessageSujet: Re: creations de Diogène   creations de Diogène EmptySam 08 Sep 2012, 19:32

Suite de Rejetés

En outre, Kad était un fervent client des corridas et il y en avait souvent dans l’Oran d’antan. Durant la piètre période où avaient lieu des exécutions capitales, jamais il n’en ratait une. En tant qu’ancien boxeur, quand il voyait couler du sang, il frémissait d’excitation pour l’empreinte de ce qu’il estimait être le pouvoir. Si le goût pour le sang et la viande n’étaient pas si répandu, y aurait-il des pouvoirs tels que nous les connaissons ?

Un jour, il avait utilisé une hache contre la mère de Leila. A l’âge de dix ans, Leila dût courir dans une simple combinaison essoufflée, effrayée, pour chercher de l’aide au commissariat, désespérée. La police coloniale que la gamine avait finie par stimuler après de multiples prières pour que l’on sauve sa mère, avait embarqué le forcené. Il passa une nuit à l’ombre d’une cellule à l’instar de quantité de pauvres hères, ce qui lui permit de réaliser qu’il n’était pas le surhomme que suggère l’alcool. Le lendemain, il fut relâché. Mais un membre de sa famille, menacé par l’alcoolique en plein délire qu’il avait été, l’avait dénoncé à l’administration. Kad resta secrètement bien redevable à sa fille qui l’avait préservé de commettre l’acte immonde de l’assassinat d’une femme et d’une mère. Alors, souvent, Leila se rêvait traversant les mers et océans en quête d’un coin de paradis où elle aurait construit une cabane avec les matériaux qui lui seraient tombés sous la main. Elle aurait pêché, aurait ramassé du bois pour se chauffer les os et éloigner les bêtes carnivores. Elle aurait réinventé à son tour l’art de l’agriculture, ainsi elle aurait enfin goûté à la paix. Elle aurait eu accès à sa terre à elle et aurait laissé tout prêt pour ses enfants … La propriété, trop grossière et fermée, n’entrait pas dans ses rêves de lumière, aussi il n’y aurait eu aucune barrière.


Dans son clan, Kad passait pour un homme remarquable parce que sans lire ni écrire, il avait toujours visé à faire mieux que survivre : une famille au soleil. D’abord il avait appris à réparer des radios trouvées dans la rue, au hasard des poubelles tout en s’assurant un complément de revenus en tant que boxeur et ouvrier. Il passa ensuite à ce qui était appelé alors « tourne-disques » et qui se remontait à la manivelle tout en en continuant d’assumer son poste journalier de plâtrier, pour le nécessaire de s’abriter et manger. Puis il s’enquit d’une boutique qui s’ouvrait sur la rue Clauzel, une ruelle très passante fréquentée par les prostituées travaillant entre les bordels et les magasins de nouveautés pour le plaisir sur commande. En fait, c’était une voie réputée pour la satisfaction, l’endroit propice pour accueillir son magasin d’électroménager. Il vendit les bijoux qui provenaient de la dot de sa femme et put reprendre un comptoir au numéro onze. Il proposait tout ce qui avait un rapport avec l’électricité.

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MessageSujet: Re: creations de Diogène   creations de Diogène EmptySam 08 Sep 2012, 19:43

https://www.youtube.com/watch?v=W40uedMiA4A
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MessageSujet: Re: creations de Diogène   creations de Diogène EmptyDim 09 Sep 2012, 13:24

AMOUR DE QUELQUES SOIRS


... Je repensais parfois puis de loin en loin à Esther. Je ne lui demandais pas de nouvelles .
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MessageSujet: Vous faites silence mais comment faites-vous pour supporter    creations de Diogène EmptyDim 09 Sep 2012, 16:31

Vous faites silence mais comment faites-vous pour supporter toute cette agressivité ambiante ?




Il faisait froid, mais cela n’avait compté dans les obligations, et je m’aventurais dehors en sachant que c’était peut-être la dernière fois que je sortais d’un chez moi. En effet, je n’avais plus les moyens de payer mon pain ni celui des autres, et il me faudrait m’en aller de la ruche trouvée en location. Je portais sans concession la ride de la préoccupation, et les passants me reconnurent tout de suite comme l’un des leurs dans ce quartier d’affaires. Mes yeux mouillés, mes longs cheveux au vent et ma démarche vive ouvraient le sillage du trafic des citadins devant mes pas ; ils avaient l’habitude de laisser passer les locomotives. Sans compter le temps ni les pas qui me séparaient de l’inconnu, j’arrivais bientôt rue du calvaire, où les boutiques intègrent l’espace dans la conception des nombreux allers et venues. Combien de passants avaient comme moi arpenté le bitume, les pavés, la terre de cette longue rue Parisienne, depuis le temps qu’elle existe ? Deux femmes commencèrent à me suivre. L’une avait l’air concerné par mon regard et ma silhouette … Je jetai un coup d’œil sur ma montre et me rendis compte de l’heure, et pressais le pas. Mais après une brève réflexion, je ralentis afin de me faire dépasser par mes suiveuses, et arrivant à hauteur de l’une d’entre elle, sans savoir pourquoi je lui montrai ma bague avec une boule noire. Pour moi c’était l’heure de la boule noire, l’heure du mystère … Je portais une paire de jeans couvrant de longues jambes et une veste en poils d’acrylique de la longueur de celle du poil d’ours. Il était cinq heures du soir car je n’avais pu sortir avant, pris dans la torpeur du doute. Et puis voilà : n’importe quoi était décidé ! Je devais quitter un chez moi chaud dans la froidure de l’hiver du nord ouest de la France pour le grand n’importe quoi en vigueur sous la même latitude, mais du côté de l’extrême limite de la pauvreté.

Je n’avais pas un sous en poche, c'est-à-dire que je ne pouvais pas faire de halte sans attirer l’attention sur mon inconnu, sur mon manque de sommeil qui avait commencé depuis longtemps, depuis le début des problèmes qui avaient gravé sur mon front cette ride d’extrême attention aux factures. Cette ride, je le savais, était commune au hommes et aux femmes, et dans mon accoutrement, je ne sais pas de quel côté l’on me classait. Tout à ma réflexion, j’eus l’impression d’être suivi par une demi douzaine de personnalités dans cette satanée route du calvaire, tellement j’attirai la suspicion dans mon accoutrement réservé au froid.

J’avais déjà remarqué que c’était une rue disparate où l’on trouvait aussi bien des gens qui logeaient dans de très grands espaces que des gens qui logeaient dans de ridicules remises sous charpentes des premiers. Il y avait aussi des gens qui logeaient dans des cartons, généralement assez jeunes parce que les plus vieux ne supportaient pas l’injustice du jeu de la barbichette qui se jouait là surtout. L’un qui rit regarde en face l’autre qui pleure et baisse la tête ... L’un a de grandes dents et sourit ; l’autre est confus, plein d’émotions contradictoires … L’un a la terre et l’horizon, l’autre a la nuit, l’inconnu et l’hypognose des obligations.

C’est peut-être mon état d’hypognose que les passants reconnurent ; c’était le sixième isolement en si majeur : pas d’abri pour cul ni ma tête ni mon ventre, on m’avait coupé le sacre de mes pieds et de ma main droite. Il me restait l’encéphale gauche à développer, celui de l’imagination infini qui avait fait les musiciens de ma marche sur Terre, ou l’on allait me bouffer, dans l’état où j’étais. On me donnait trente ans, et j’avais vécu deux maturations de goûts ; j’étais passé du sucré au salé. J’étais parti en chercher d’autres dans d’autres pays à la recherche d’une lumière dans les yeux de ma famille. Je cherchais à figurer pour eux un félin aux couleurs du flamboiement d’un lever de soleil … J’étais parti en quête de couleurs dans nos existences aussi, car j’étais né dans la grisaille de l’automne aux feuilles flamboyantes.


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MessageSujet: Re: creations de Diogène   creations de Diogène EmptyLun 10 Sep 2012, 12:10

Diogène a écrit:
Vous faites silence mais comment faites-vous pour supporter toute cette agressivité ambiante ?


Feuilles surgissantes vers la lumière pour s’épanouir d’une veine centrale qui se nourrit d’altitude et d’envergure pour laisser planer la lumière du soleil, ou épines persistantes, j’étais cet arbre en quête d’une terre hospitalière et de lumière qui ne pouvait payer le pain, la villa et le yacht des autres. Les prétentions des souriants étaient souvent sans limite sauf quand ils croisaient le regard des malades, et on leur en montrait. On cultivait les tares, sans morale, ou on pensait les assister au nom du partage de la souffrance, mais on cachait les moyens à ceux qui ne pouvaient pas gagner grand-chose au jeu des prétentions. A ce jeu de l’extrême limite du funambule entre deux ponts tendus sur un fil d’argent, entre sa famille et le monde source de liaisons avec l’inconnu et l’absence de limite, il n’y avait pas de gagnant, que des tensions. Pourtant les tensions en faisaient sourire. Pour eux, le reniement des chomeurs était sacré ; c’était un exorcisme de nuit de tous les commis de banque que gérait la secte millénaire qui possédait l’unité d’habitation alternative où je vivais.
… J’aboutis à une place vide avec une vingtaine de personnes derrière moi. Il y avait six mendiants, six mendiants et quelques autres avec une ride sur le front à l’heure de sortie de nulle part. Cette ride avait l’air d’un double y l’un sur l’autre, comme deux nervures de pages blanche et d’oubli de soi. On me repérai de loin avec le clou non ornemental planté sur mon front, et à la goutte de sang qui restait entre mes yeux. Sans doute n’était-ce pas une scène pour les enfants, et je me rendis compte qu’on les avait caché à mon passage. Je me demandais si c’était parce qu’il n’y avait rien dans mes mains … A l’halloween dernier, ils étaient bien contents de prendre mes bonbons, eux qui se taisaient.
Une femme me désigna une entrée d’immeuble et je lui demandais :
« Que me voulez-vous ? »
Elle me répondit en regardant ma bouche, et je lui rendis un baiser.
« Vous avez un clou planté sur le front » fit-elle l’air préoccupée. « Et tandis que vous vous engagiez dans la rue, un enfant vous a jeté une merde de chien ! Je le connais, c’est le fils du maire et je suis son institutrice. Il a sept ans, et il commence à comprendre l’esprit de ses parents. J’ai entrainé des gens que je connais comme parents d’élèves. Il faudrait que vous témoignez pour que je puisse exiger que tous les enfants de politiciens adoptent des chats. Des compagnons qui ont l’esprit de famille, bien que différents ! Mais dans cet immeuble se trouve un bureau de la spa qui rend compte que la gentillesse envers les animaux ne peut être une exigence, mais doit être un principe. C’est pourquoi tout ce qui fait l’amitié, le partage d’une table, d’un repas, le don de nourriture et de terre pour animaux par la mairie ferait sûrement disparaître la spa. C’est un organisme qui doit disparaître, comme les églises. En délivrant le chat du portefeuille, on inscrirait la mascotte dans les pensées des gosses, nous qui sommes si souvent handicapés moraux … »

Elle avait dit cela d’un trait, et j’avais adhéré à cette opinion logique : incapables de percevoir la souffrance des autres humains, la souffrance animale allait délivrer les préoccupations cannibales, et je pourrais acquérir mon logement gratuitement, en tant que pauvre bête qu’on ne veut plus bouffer des yeux !
Je lui demandais : « est-ce que la spa accepte la parole animale ? Car j’écris des nouvelles, et je veux être utile à la lumière des mots nets : j’ai adopté trois chats, et la spa ne m’a pas versé d’allocations parentales. Donc il faut supprimer le pognon pour que la spa soit à la hauteur de sa tâche ; car ce n’est pas un cochon qui élève son chien dans un appartement qui va nous sauver du sadisme des sales gosses qui ne savent pas ce qu’est une serpillière ! C’est le chat qui pisse chez vous pour réchauffer l’ambiance. Pour sauver les chats, faudrait insister sur le fait qu’ils restent des bébés, et qu’un nouveau-né c’est sacré ! »
Et c’est là qu’elle me dit : « Je vois ! Vous voulez sauver l’Afrique ! »
J’étais bien forcé de lui répondre : » Je ne sais pas d’où vous venez et je ne tiens pas à le savoir, mais puisque vous traversez la rue du calvaire, vous devez savoir qu’à ce jeu là vous ne sauverez pas vos propres bébés du sens de partager la terre. J’avais mis ce clou sur mon front pour ma manie de me vêtir pour compenser ma nudité à la chasse au con. Vous, vous revêtez d’un drapeau ! Comment voulez-vous que je vous comprenne ? Moi par exemple, je n’ai jamais rencontré d’étrangers. Et vous ?»
Et ils sont tous partis ! Problème des rencontres hypognosiques … Je suis resté avec mon clou, et c’est un directeur de cirque qui me l’a enlevé en disant :
« Ce n’est plus à la mode ; on préfère les talons aiguilles et la soie pour faire bander. Toi, tu es sûrement impuissant en ce moment, mais supporte-tu le calme ? »
Il a enlevé son maquillage de clown et revêtu une blouse blanche. Je notai ses longs cheveux attachées sur le sommet et pendant sur les épaules. Il avait la tête du type qui avait toujours été là, au travers de tous les visages de passants de plomb. Ses yeux en amandes, ses pupilles petites, il m’observait de trois quart, comme posant. C’était Arnaud, et puis Mathilde ; c’était Mohammed ou Ismaël. Il semblait prêt à tenir le n’importe quoi jusqu’à la moelle de mes os !
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MessageSujet: Re: creations de Diogène   creations de Diogène EmptyLun 10 Sep 2012, 14:04

Vous faites silence, mais comment ...


Le temps était lourd, distillant le plomb des voitures dans les respirations. L’asthme était dans les cerveaux comme une obligation industrielle, avec saint Bernard, le patron des bouchers. C’était même devenu morale de pratiquer des opérations chirurgicales pour réparer les silences médicaux pour pots de vins de patrons qui laissaient mourir les ouvriers et leur narcissisme blessé. Les patrons vont-ils à l’hôpital psychiatrique ou à l’hôpital général pour vérifier leur infidélité ? Le poison des contrats de dupes passait, sans modes d’emploi, enfermé dans les cases gris métal des bureaux. Le monde s’entraînait à pratiquer des oraisons pour héritages nocturnes. Il fallait les voir se pâmer sur des musiques « classiques » stridentes et bassinantes, sur du métal hurlant pour s’amender de leurs victimes spirituelles … Les morceaux de fameux enfoirés sacrés sur les canines, les « petits gris » qu’on avale quand on est cannibale !
Gilles de Retz avait inventé le théâtre subventionné et avait enterré des centaines d’enfants de paysans, employés comme page, violés et mangés en partie. Enfants de huit ans, de tous âges impubères qui ne connaissaient pas le choix d’aimer violés par un roi de France qui avait payé des comédiens pour l’adorer, et qui aimait la chair humaine tendre. Il avait payé un sorcier qui prétendait envoûter les esprits pour le montrer comme un humain sous les fortunes du sang humain, être grimaçant qui avait compris qu'avec l'argent et le titre, on contrôle les limbes du sommeil hypnotique d'un monde cannibale, de toxiques et de plomb.

https://www.youtube.com/watch?v=dz2Qbk0cTcI
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