Thierry Di Rollo - La lumière des morts

« J’ai grandi ailleurs, en Capitale, avec des saisons nettes, malodorantes et noyées d’oxyde de carbone, mais bien découpées. Un printemps sans oiseaux, un été vaseux dans les jupes des filles, un automne à contempler les balayeurs des parcs miteux, leur outil glissant le long des mains relâchées, un hiver de neige grise, sous le ciel gris, et toujours sans le moindre pigeon estropié pour venir picorer les miettes de pain lancées par des vieillards oubliés et oubliant. Une misère de vie citadine bien balisée par la monotonie. »

D’un côté une femme qui se veut homme, une shooteuse qui applique les retraits. C’est Dieu qui les lui ordonne, en lui parlant à l’oreille via une puce électronique. Sauf quand elle est dans une église. Là, il se tait.

De l’autre côté, dans la poussière et la chaleur de l’Afrique, un homme arrivé là pour surveiller des animaux faméliques et consanguins. Un homme devenu un rebut, identique à ceux qu’il découpait avant à l’hôpital.

Elle et lui, traînent de gros boulets, des fantômes du passé genre histoire qui a mal tourné. Et Di Rollo nous les balance en phrases courtes, avec cynisme et peu d’espoir, dans un monde ou tout est sale et malodorant, étouffant. Même les pompiers sont corrompus. La vie d’un être humain vaut peu, la folie et la mort se cachent derrière une lumière bleutée.

La lumière des morts se lit en deux petites heures, déstabilise à coup sûr, ne convainc pas forcément. Un auteur à re-goûter avec un autre titre.

une nouvelle de thierry di rollo dans

Escales sur l'horizon : seize récits de science fiction -- choisis et prés. par Serge Lehman

Avant Champollion/S. Denis ;
Hippo !/T. Di Rollo ;
Des signes dans le ciel /F. Valéry ;
Proche Horizon/L. Genefort ;
Voyageurs/J.J. Girardot ;
Musique de l'énergie/R. Wagner ;
L'Affaire des crimes météorologiques/A.F. Ruaud ;
L'Amour au temps du silicium/J.J. Nguyen ;
La Fiancée du roi/J. Wintrebert ;
Le Hib/G. Thiberge ;
Scintillements/Ayerdhal ;
Scorpion dans le cercle du temps/J.L. Trudel ;

Editeur : Paris , Fleuve noir -- 1998

Lire des nouvelles dans un domaine qui ne nous est pas familier n'engage à rien, a priori.

J'ai lu Hippo ! une nouvelle assez courte, un peu farfelue car le personnage principal lockwood conduit un hippopotame qui décèle dans les fleuves de la poussière jaune pour une société aurifère.

C'est une sorte de robot. Bref, pourquoi pas ?, d'autant que survient un nouveau modèle d'hippo.

L'intérêt de cette nouvelle : les dialogues entre employé et employeur, on voit que la langue de bois et l'insolence ne changent pas, même si on est dans le futur

la bureaucratie reste éternellement dans ses étroites limites