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 Jonathan Safran Foer

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MessageSujet: Re: Jonathan Safran Foer   Jonathan Safran Foer EmptyLun 02 Oct 2006, 20:20

Extrêmement fort et incroyablement près



Oskar Schell est très émouvant. C’est un enfant surdoué, sensible et inventif. Il a neuf ans et s’intéresse à beaucoup de choses : les Beatles, l’astronomie, les insectes, les origamis, les bijoux, les inventions en tous genres. Il collectionne également des objets trouvés lors de ses promenades et il éprouve une admiration particulière pour Stephen Hawking à qui il écrit.

Mais Oskar Schell trouve extrêmement difficile de faire certaines choses comme prendre l’ascenseur. Les ponts suspendus, les germes, les avions, les feux d’artifice, les Arabes dans le métro ou au restaurant, dans les cafés ou dans tout autre lieu public, mais aussi les échafaudages, les plaques d’égout, les sacs sans propriétaire, les chaussures, les gens à moustache, la fumée, les nœuds, les gratte-ciel et les turbans provoquent en lui une véritable panique.

« Une grande partie du temps j’avais l’impression d’être au milieu d’un immense océan noir, ou au cœur de l’espace, mais pas de la façon qui aurait été passionnante. Simplement tout était incroyablement, loin de moi. C’était pire la nuit. »

Parce que son père est mort un matin de septembre 2001 dans l’attentat du World Trade Center.

Depuis, l’enfant vit avec les innombrables souvenirs des moments de bonheur passés avec son père. Il garde secrets les derniers messages qu’il lui a laissés sur le répondeur avant de disparaître et une petite clé noire qu’il a découverte dans une enveloppe sur laquelle est inscrit le mot « Black ».

Et malgré ses "semelles de plomb" et ses phobies, pour se sentir près de son père, pour combler son absence, le vide qui le ronge, Oskar se lance dans une quête difficile : trouver un habitant de New York portant le nom de Black et censé détenir une explication sur la clé et la raison que son père avait de la posséder.

On suit Oskardonc dans une balade à travers New York. Les Black ne manquent pas et l’enfant leur rend visite, les uns après les autres, par l’ordre alphabétique de leur prénom ! Son voisin du dessus, qui s’appelle lui aussi Black, l’accompagne dans ses recherches.

Oskar est choyé par sa mère et sa grand’mère. Cette dernière habite juste en face de chez lui et ils communiquent parfois à l’aide d’un talkie-walkie… Les deux femmes tentent de répondre à ses nombreuses questions.

En filigrane se dessine le récit de la famille d'Oskar, récit dans lequel l'Histoire arrive en écho à la tragédie du 11 septembre. Il se fait à plusieurs voix : l’enfant, le grand-père, la grand-mère… et Oskar découvrira une partie de l’histoire de ses grands-parents qui ont fui la ville de Dresde, alors qu’elle était en train de disparaître sous les bombes des troupes alliées…et leur histoire d’amour, belle et compliquée.

Extrêmement fort et incroyablement près est le premier grand roman du 11 septembre, à mille lieues du témoignage, ou du documentaire.



Les mots sont tendres et mènent du sourire aux larmes.

Sa construction est originale, avec des allers-retours dans le temps, mêlant plusieurs histoires familiales.

Des pages presque blanches, des pages de carnets, des photos s’intercalent dans le récit…jusqu’à cette série de photos, tout à la fin de l’ouvrage, sur lesquelles on voit un homme se lancer du haut du World Trade Center mais qui remonte vers le haut au lieu de tomber vers le sol…

Ah !...si l’on pouvait rembobiner les images !...



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coline
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MessageSujet: Re: Jonathan Safran Foer   Jonathan Safran Foer EmptySam 11 Nov 2006, 17:18

Tout est illuminé

Jonathan Safran Foer 2020638894.08._AA240_SCLZZZZZZZ_


C'est le premier roman du jeune Jonathan Safran Foer. Je n'en avais pas entendu parler avant de lire les articles à propos de son dernier livre. Certains évoquaient celui-ci.

C'est presque inexplicable mais c'est tout simplement génial! ...Oui, illuminé!
Passés les premiers chapîtres où l'on se demande où l'on va, où l'on est...on se sent soudain totalement embarqué dans une histoire folle et drôle sur fond de tragédie historique...

J'y reviendrai (j'en suis à la moitié du roman).

On peut le trouver en Points Seuil.

Un film a été tiré de ce livre. J'aimerais vraiment le voir!

Je vais essayer de vous poster dans les heures qui viennent quelques extraits afin que vous puissiez un peu juger...Wink
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MessageSujet: Re: Jonathan Safran Foer   Jonathan Safran Foer EmptyVen 17 Nov 2006, 23:22

Tout est illuminé

Pendant l'été 1997, Jonathan, auteur juif américain, se rend en Ukraine à la recherche d'une femme, Augustine, qui aurait sauvé son grand-père des pogroms nazis en 42. C'est l'alter ego de Jonathan Safran Foer. Il porte d'ailleurs le même nom que lui. Il doit localiser le village de ses ancêtres, Trachimbrod, qui ne figure sur aucune carte.

Alex Perchov, un jeune ukrainien qui connaît suffisamment l'anglais pour se faire embaucher par une agence de voyage russe, devient son jeune guide-interprète. Il fera également office de traducteur, même s'il ne parle qu’un «broken English» truffé de barbarismes.
Le chauffeur est le grand-père d’Alex, antisémite et presque aveugle ; un vieil homme hanté par ses souvenirs de la guerre.
La chienne cinglée, Sammy Davis Junior Junior, fait aussi partie du voyage.

Jonathan relate la chronique de sa famille. Il imagine la vie de ses ancêtres juifs à Trachimbrod, entre la fin du XVIIIe siècle et la Seconde Guerre mondiale. Le village, alors, ressemblait encore à un village de légende. C'est là, en mars 1791, à la suite d'un miracle digne d'un conte de fées, que naquit la douce Brod. Elle allait devenir l'ange gardien de Trachimbrod. Mais elle allait aussi affronter le Mal, au point de connaître «six cent treize formes de tristesse».Brod est l’arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-grand-mère de Jonathan.
Le récit baigne dans le merveilleux, une sorte de réalisme magique.

Alex, se fait le rapporteur de l'épopée. Le traducteur maladroit aussi, ce qui nous vaut des pages croustillantes. "Je m’aplatis pour ceci" est une formule d’excuses, "manufacturer des RRR" signifie ronfler, et à l’arrivée du héros il « se morfond de lambiner" quand le train est "dilatoire". Un savoureux mélange comique d'impropriétés et de synonymes mal employés. "C’est un honneur mammouth pour moi d’écrire pour un écrivain, surtout quand il est un écrivain américain, comme Ernest Hemingway ou toi"écrit-il.

Au rire se mêlent pourtant les larmes. On découvre que le «shtetel» fut sauvagement rasé par les nazis, et qu'il ne reste qu'une pierre tombale de ce village martyr. Quant à Augustine…
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MessageSujet: Re: Jonathan Safran Foer   Jonathan Safran Foer EmptyDim 07 Jan 2007, 18:59

Jonathan Safran Foer Foerpv2.th
Oskar aussi a pris l’habitude de voyager à travers Google (voir notre Sol de Lignes de faille). Il y apprend qu’une nouvelle serrure nait à New York toutes les 2777 secondes, il imprime des photos pour les mettre dans son album des Trucs qui me sont arrivés (une fille attaquée par un requin, un soldat à qui on coupe la tête en Irak, le mur vide sur lequel était accroché un tableau célèbre avant qu’on le vole, un couple de tortue faisant l’amour…
C’est à la boutique de fournitures pour artiste qu’il retrouve la trace de son père : près du présentoir de stylos, sur le bloc de papier où l’on essaie la mine avant de faire son choix, il découvre l’écriture et le nom de ce dernier.

D'Oskar et de sa correspondance :
Cher Stephen Hawking,
Puis-je s’il vous plaît être votre protégé ?
Merci,

Oskar Schell

Merci pour votre lettre. Il ne m’est pas possible de répondre personnellement au très abondant courrier que je reçois. Sachez cependant que je lis toutes les lettres et les réserve dans l’espoir d’être un jour en mesure de répondre à chacune comme elle le mérite. Dans cette attente,
Bien à vous,

Stephen Hawking



Dernière édition par le Mer 10 Jan 2007, 18:04, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Jonathan Safran Foer   Jonathan Safran Foer EmptyDim 07 Jan 2007, 22:37

quand j'ai lu ce livre ce prénom d' Oskar m'a immédiatment fait pensé à celui d'Oscar et la dame en rose
de E.E. Schmitt

c'est un contexte et un style très différent mais j'ai été émue pareillement....

c'est drôle ces coincidences.... fruit d'un inconscient collectif Question
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MessageSujet: Re: Jonathan Safran Foer   Jonathan Safran Foer EmptyMar 09 Jan 2007, 18:41

mona a écrit:
quand j'ai lu ce livre ce prénom d' Oskar m'a immédiatment fait pensé à celui d'Oscar et la dame en rose
de E.E. Schmitt/c'est un contexte et un style très différent mais j'ai été émue pareillement.../c'est drôle ces coincidences.... fruit d'un inconscient collectif Question
Bonjour Mona! "Oscar et la Dame en rose", oui, pourquoi pas. Mais le roman de EES m'avait semblé surfait, mélo bien qu'attachant. L'Oskar de JSF me plonge dans une autre dimension. Si tu peux le réserver, tu me donneras ton avis? Je pense qu'il devrait te plaire. Et j'aime assez partager en cours de lecture.
- Je ne sais où va se nicher l'inconscient collectif (d'où t'est venue cette expression Mona?) mais cet Oskar me fait penser au petit Edgard Mint de Udall -autre coup de coeur.
Oskar me semble avoir aussi de terribles points communs avec Sol de "Lignes de faille" : intelligence, questionnements existentiels, découragement ou désespoir face au monde des adultes, secret(s) de famille et manque de communication, un empêchement de l'enfant à vivre son enfance.
Si vous avez sous la main la cote des prénoms, je serais curieuse de connaître la notice concernant la courbe pour le choix d'Oskar (Oscar), en France et aux Etats-Unis...

Quant aux citations illustrées, la typographie du roman est particulière : elle contient des extraits du carnet-de-sentiments du petit garçon (déprimé, désespéré, passable...), les photographies qu'il prend avec l'appareil de son grand-père, les impressions qu'il tire depuis ses recherches sur Google-images (je suppose), ces fameuses pages du bloc où se sont accumulées les signatures de toutes les couleurs chez le libraire pour essayer les stylos, des pages blanches "rédigées" par la grand-mère... Autant de surprises qui nous replongent rétroactivement au chapitre précédent.
De superbes clichés poétiques, aussi : la rencontre de l'enfant avec tous les Black, hommes ou femmes, qu'il va rencontrer. Dont son voisin du dessus, qui n'avait pas utilisé son appareil auditif depuis les 20 années qu'il a passées, cloîtré dans son appartement, parce que "ça m'aurait servi à quoi?".
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MessageSujet: Re: Jonathan Safran Foer   Jonathan Safran Foer EmptyMer 10 Jan 2007, 07:08

AdL a écrit:
Si vous avez sous la main la cote des prénoms, je serais curieuse de connaître la notice concernant la courbe pour le choix d'Oskar (Oscar), en France et aux Etats-Unis...

Pour la France
La mode revient aux prénoms "désuets" du coup Oscar était très popu de 1900 à 1920 mais connaît sa plus forte popularité à partir de 1996 jusqu'à nos jours
Oscar en France

Pour Oskar.
rien de bien édifiant, un petit peu plus depuis 1996.

Pour les US et autres pays

Oscar connaît une utilisation régulière depuis le début du XXème siècle Oscar in US

Oskar lui n'existe pas

confused
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MessageSujet: Re: Jonathan Safran Foer   Jonathan Safran Foer EmptyMer 10 Jan 2007, 18:12

A la lecture de Extrêmement fort et incroyablement près...

Dans le laps de temps que nous dure la lecture d’un roman (une heure, un jour, un mois), des filets sont tendus sous l’oscillation de nos allers venues.
De ces filets qui rattrapent le café renversé, le courrier qui s’est accumulé, l’actualité qu’on n’a pas suivie, le film qu’on n’a pas regardé, tous ces moments qu’on a sautés.
Y tombent aussi, en y rebondissant comme sur un trampoline, chaque fois qu’on fait une pose, entre les moments où l’on abandonne la lecture et celui où on la reprendra, des personnages qui ne font pas partie de notre quotidien.
Qui n'en faisaient pas partie hier. Qui n'en feront plus partie demain.

Des personnages qui ne sont qu’une page d’histoire, une page de la petite histoire, quatre cent trente pages chez l’éditeur.
Des gens, des gens avec leurs bracelets faits de tits et de tâ, des gens avec leur emballage de mini-Krackle, des gens avec leurs souvenirs de ville bombardée, des gens qui transportent contre eux une grosse pierre au sortir de la 93ème avenue, des gens qui se font des bleus et qui se les cachent, des gens qui écrivent des pages blanches, des gens qui ouvrent une enveloppe vide.

Ces gens, d’un seul coup chez nous, ils prennent de la place.

Peut-être que, si l’auteur a la main lourde, très lourde, ses personnages nous causent encore plus fort, prennent encore plus de place.
Mais non, avoir la main lourde c’est trop péjoratif.
Pour peser comme ça sur son lecteur, l’écriture est plutôt légère, un trait, un souffle, une ombre de fusain qui doucement fait se tourner les pages ; les pages où s’enchaînent doucement les dessins sur des ombres de nuit qui ne sont pas les nôtres.

Des absents qui reviennent, des absent qui ne reviendront plus et qui sont tellement absents que tout se noue et se dénoue en leur présence et autour d’eux et à cause d’eux.
Des gens : ceux qui sont déjà vieux, ceux qui sont tout petits et qui se demandent déjà ce qu’ils vont devenir sous l’embrasement des gratte-ciel.
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MessageSujet: Re: Jonathan Safran Foer   Jonathan Safran Foer EmptySam 20 Jan 2007, 14:01

Je viens de finir Tout est illuminé. Après quelques pages, engloutissement total dans ces histoires tressées. Il me semble que Coline en a déjà suffisament dit, et donné des extraits assez parlants, pour ne pas y aller de mon petit résumé. Je dirai simplement que j'ai adoré: les histoires, les écritures, l'émotion "mammouth". Je suis pleine d'images, du shtetl notamment, alors qu'il n'y a pas vraiment de descriptions (c'est bizarre, d'ailleurs, cette impression).
Je plussoye donc pour l'inscription de ce roman parmi les Grains d'Or (ou toute autre dénomination qui finira par être retenue).


Il y a par contre des choses que je n'ai pas bien comprises, et dont j'aimerais parler ici, en "masquant" le texte, plutôt que par PM, afin que ce soit accessible à tous, mais ATTENTION SPOILS: ne lisez pas ce qui suit si vous n'avez pas lu le livre!

Que veut dire la fin? Pourquoi Alex renvoie-t'il son père? Pour lui, pour Mini-Igor, certes? Mais je n'ai pas compris la scène: pourquoi le père accepte-t'il de s'en aller? pourquoi Alex lui dit-il qu'il n'est pas son père? alors qu'il l'est, non? et pourquoi le grand-père se suicide-t'il?
Et aussi l'épisode de la photo: comment a-t'elle fini dans la boîte de Lista? parce que le grand-père était de Kolki? dans ce cas c'est un hasard mineur qui relie l'histoire de Jonathan à l'histoire d'Alex, mais il me semblalit que JSF sosu-entendait que ce n'était pas le cas.
Bref, quelles clés dégagez-vous des derniers chapîtres?
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MessageSujet: Re: Jonathan Safran Foer   Jonathan Safran Foer EmptySam 20 Jan 2007, 20:43

AdL a écrit:
ton impression post-lecture me donne envie, d'autant qu'il s'agirait d'une "autofiction"?
P-S : Ekwerkwe ou l'émotion "mammouth" Wink

Autofiction? Je ne sais pas. Je ne sais pas ce qui est vrai et ce qui ne l'est pas dans ce livre. L'auteur ne donne pas de clés à ce propos, et l'histoire est davantage (éventuellement) celle de sa famille et de ses ancêtres, que la sienne. Je ne sais pas jusqu'où l'identification auteur/héros fonctionne, les deux ne sont que des enquêteurs du passé, de la mémoire. Ce n'est d'ailleurs pas très important, il me semble - pour le lecteur en tous cas. Coline peut nous dire ce qu'elle en pense?
Pour ma part, je pense que presque tout est faux, et que l'introduction du personnage de Jonathan Safran Foer est surtout prétexte à réfléchir sur sa création, son travail de mémoire et d'écriture. Peux me tromper...

Quant aux émotions et aux mammouths, tout s'expliquera à la lecture...
("teasing" honteux, j'en conviens Wink )
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MessageSujet: Re: Jonathan Safran Foer   Jonathan Safran Foer EmptyDim 21 Jan 2007, 23:51

J'ai passé une nuit blanche, à lire évidemment. Aujourd'hui j'ai bu trop de café, mes mains tremblaient tellement que quand je fumais je renversais des cendres partout. Et les petits moments de la journée ont été séparés de silences courts ou longs, de tits et de tâ pleins de sens alors que le quotidien n'en avait pas beaucoup, du sens, justement.
Jonathan mélange les cartes et les redistribue: les figures de la grand-mère, du grand-père, l'absence et le manque, la recherche de ce qui ne peut combler le manque, les livres qu'on embrasse quand ils sont tombés par terre, la mort de la femme, la mort de l'enfant, l'anéantissement du village des origines et des origines, la survie qui ne peut être une vie, et toutes ces voix qui se mêlent, se brouillent, s'éclairent les unes les autres - et parlent à mon oreille, extrêmement fort et incroyablement près, oui.
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MessageSujet: Re: Jonathan Safran Foer   Jonathan Safran Foer EmptyLun 22 Jan 2007, 13:52

Citation :

J'avais lu le premier chapitre d'Une brève histoire du temps quand papa vivait encore et ça m'avait collé des semelles de plomb incroyablement lourdes de lire à quel point la vie est relativement insignifiante et que, comparée à l'univers et comparée au temps, mon existence n'a pas la moindre importance. Quand papa était venu me border ce soir-là, on avait parlé du livre et je lui avais demandé de chercher une solution à ce problème.
"Quel problème?
- Celui de notre insignifiance."
Il avait dit:
" Eh bien, que se passerait-il si un avion te parachutait au milieu du Sahara et que tu ramassais un seul grain de sable avec un pince pour le déplacer d'un millimètre?
- Je mourrais probablement de déshydratation.
- Non, je te parle seulement de cet instant-là, quand tu déplacerais cet unique grain de sable. Qu'est-ce que ça signifierait?
- Je sais pas, dis-le moi.
- Réfléchis."
J'avais réfléchi.
"Ben, j'aurais déplacé un grain de sable, quoi.
- Ce qui voudrait dire?
- Qu'est-ce que ça voudrait dire que j'aie déplacé un grain de sable?
- Ca voudrait dire que tu as changé le Sahara.
- Et alors?
-Alors? Alors le Sahara est un désert immense. Il existe depuis des millions d'années. Et tu l'as changé!
- C'est vrai! j'avais dit en m'asseyant dans mon lit. J'ai changé le Sahara!
- Ce qui veut dire?
- Quoi? Dis-le moi.
- Je ne parle même pas de peindre La Joconde ni de guérir le cancer. Je te parle seulement de déplacer un grain de sable d'un millimètre.
- Oui?
- Si tu ne l'avais pas fait, l'histoire de l'humanité aurait été autre...
- Mmm-mmm?
- Mais tu l'as fait, et donc...?"
Je m'étais mis debout sur mon lit en montrant du doigt les fausses étoiles et j'avais crié:
"J'ai changé le cours de l'histoire de l'humanité!
- Exactement.
- J'ai changé l'univers!
- Effectivement.
- Je suis Dieu!
- Tu es athée.
- J'existe pas!"
Je m'étais laissé retomber sur le lit, dans ses bras, et on s'était fendu la pêche ensemble.

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MessageSujet: Re: Jonathan Safran Foer   Jonathan Safran Foer EmptyLun 22 Jan 2007, 14:03

Citation :

La première fois qu'Anna et moi fîmes l'amour, ce fut derrière l'appentis de son père, le propriétaire précédent était cultivateur, mais Dresde avait commencé à s'étendre aux villages alentour et l'exploitation fut divisée en neuf parcelles, la famille d'Anna acquit la plus vaste. Les murs de l'appentis s'écroulèrent un après-midi d'automne - "une feuille de trop", plaisanta son père - et le lendemain il bâtit de nouveaux murs faits d'étagères, de telle sorte que les livres eux-même sépareraient le dedans du dehors. (Le nouveau toit, débordant, protégeait les livres de la pluie, mais en hiver les pages gelaient ensemble et, le printemps venu, exhalaient un soupir.) Il fit de la pièce un petit salon, des tapis, deux divans étroits, il adorait y aller le soir, avec un verre de whisky et une pipe, il ôtait quelques volume du rayonnage pour regarder à travers le mur le centre de la ville. C'était un intellectuel, mais sans grande importance, peut-être serait-il devenu important s'il avait vécu plus longtemps, peut-être de grands livres attendaient-ils en lui, enroulés sur eux-mêmees comme des ressorts, des livres qui eussent séparé le dedans du dehors.

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MessageSujet: Re: Jonathan Safran Foer   Jonathan Safran Foer EmptyLun 22 Jan 2007, 17:56

AdL a écrit:
coline a écrit:
ekwerkwe a écrit:
Je viens de finir Tout est illuminé. Je dirai simplement que j'ai adoré: les histoires, les écritures, l'émotion "mammouth".
Laughing Te voilà imprégnée du langage d'Alex...
Moi de même : j'ai fait mienne une impression (car ce n'est pas qu'une expression) : "j'ai les semelles de plomb" Happy Car face à certaines personnes (lourdes!!), à certaines choses (lourdes), parfois, c'est vraiment ce que je ressens, ds le quotidien... (Pourtant je ne m'expose pas beaucoup Happy )
(Oh làlà, ça y est, il m'a filé des s'melles de plomb! >les non lecteurs d'extrêmement ne comprennent pas tout de suite)>L'expression vous évoque-t-elle une origine?

Ces expressions sont très évocatrices...
L'origine, je ne la vois pas...Mais "se sentir soudain des semelles de plomb" au moment de faire quelque chose, ça me parle... Happy

AdL, il faut que tu lises Tout est illuminé...Ce livre te plaira pour mille raisons...et le langage d'Alex dans ce roman (conte?)est un vrai régal...
L'imagination de Jonathan Safran Foer pour donner ce langage à Alex est sans bornes...mais je tire aussi mon chapeau aux traducteurs (ils ont dû vraiment s'amuser) Happy
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MessageSujet: Re: Jonathan Safran Foer   Jonathan Safran Foer EmptyLun 22 Jan 2007, 19:32

AdL a écrit:
Moi de même : j'ai fait mienne une impression (car ce n'est pas qu'une expression) : "j'ai les semelles de plomb" Happy Car face à certaines personnes (lourdes!!), à certaines choses (lourdes), parfois, c'est vraiment ce que je ressens, ds le quotidien... (Pourtant je ne m'expose pas beaucoup Happy )
(Oh làlà, ça y est, il m'a filé des s'melles de plomb! >les non lecteurs d'extrêmement ne comprennent pas tout de suite)>L'expression vous évoque-t-elle une origine?

Ah? C'est bizarre ,c'est une expression que j'emploie souvent ,comme Alex alors !

Je dis très fréquemment " je suis plombée " ...ou il ,elle est plombée ,c'est plombant ,etc .. Je trouve que c'est très parlant parfois !
j'en connais pas mal qui le sont mais ils ne viennent pas sur GDS* ,c'est pour ça Wink
,
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MessageSujet: Re: Jonathan Safran Foer   Jonathan Safran Foer EmptyMar 23 Jan 2007, 01:40

Citation :

Je me cachai derrière un monticule de terre à côté d'une tombe qu'on avait creusée pour quelques vieux livres, la littérature étant la seule religion que son père pratiquait, quand un livre tombait sur le plancher il l'embrassait, quand il avait terminé un livre il tentait de le donner à quelqu'un qui l'adorerait, et s'il ne trouvait personne qui en fût digne, il l'enterrait (...).

Les livres avaient été enterrés, je me cachai donc cette fois derrière un bouquet d'arbres, j'imaginais leurs racines enveloppant les livres, tirant leur nourriture de leurs pages, j'imaginais des ronds concentriques de lettres dans leurs troncs (...).
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Comme le père d'Anna, je vais essayer de trouver quelqu'un à qui donner mes exemplaires (ça ne devrait pas être trop difficile), et les racheter en anglais, pour goûter la langue de Jonathan Safran Foer à la source...
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MessageSujet: Re: Jonathan Safran Foer   Jonathan Safran Foer EmptyDim 10 Oct 2010, 08:30

Extrêmement fort et incroyablement près

" Pour Nicole, mon idée du beau."
Telle est la dédicace de ce livre. C’est si rare de lire une dédicace à la fois fine et tout en profondeur, que je la souligne. Une véritable déclaration d’amour…….

"Et puis une pensée est venue dans mon cerveau qui n’était pas comme les autres pensées. C’était plus près de moi, et plus fort. Je ne savais pas d’où elle venait, ou ce qu’elle voulait dire, ni même si je l’aimais ou je la détestais. Elle s’est ouverte comme une main, comme une fleur." P337 (édition brochée)

Comme la main ouverte en couverture de ce livre, une invitation à accompagner Oskar dans sa quête dans le New York d’après "le pire jour de sa vie «Il entretenait une relation privilégiée avec son père, avait les discussions les farfelues avec lui. Seulement voilà, il y eu le 11 Septembre, des messages sur un portables auxquels on ne répond pas, et puis …….

"Papa, c’était quelqu’un qui dirigeait une bijouterie familiale, voilà. Rien qu’un papa ordinaire." P205 (édition brochée)

Une clé qu’il retrouve, un nom ; Et voilà Oskar parti dans une recherche qui paraît impossible ; et pourtant……..

"Même si c’est relativement insignifiant, c’était quelque chose, et j’avais besoin de faire quelque chose, comme les requins, qui meurent s’ils ne nagent pas - je me suis renseigné là- dessus." p113 édition brochée)
Ce petit bonhomme de 9 ans nous prend par la main, et nous entraine avec lui au gré de sa perspicacité, de son courage à la recherche du mystère de cette clé, à la recherche de lui-même.
J’ai aimé ce mode narratif avec le " Je", qui nous fait rentrer pleinement dans l’histoire ; une histoire émouvante, mais qui ne verse pas dans le pathos ; une histoire qui reste digne jusqu’au bout.
Le roman est construit d’une manière très originale : des pages blanches, des photos, des signes, des chiffres, des phrases isolées ici ou là, de la couleur. Tout cela me fait penser à la fantaisie et à la malice de l’enfance dont Oskar n’est pas encore sortie, malgré son extraordinaire maturité.

En revanche, j’ai nettement moins apprécié les retours en arrière qui pour moi étaient plus que confus. Il m’a fallu de la ténacité pour les comprendre. L’histoire du sixième district me laisse interrogative. Je n’ai pas compris…..C’est ce qui en fera une lecture appréciée, et non très appréciée.




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MessageSujet: Re: Jonathan Safran Foer   Jonathan Safran Foer EmptyLun 18 Oct 2010, 05:03


le Temps présente le dernier livre de Foer : eating animals qui prône le végétarisme et cloue au pilori l'élévage industriel. Le titre français sera «Faut-il manger des animaux ?»à paraître en janvier 2011 aux Editions de l’Olivier.

A partir de sa proximité affective avec son labrador, Foer s'interroge sur certains tabous : pourquoi ne mangeons-nous pas nos chats et nos chiens ?

il fait des descriptions terribles :

chaque employé doit abattre 2000 têtes de bétail par jour. 250 millions de poulets mâles nés de poules pondeuses sont passés à la poubelle chaque année aux Etats-Unis parce qu'ils ne servent à rien. poules et cochons sont bourrés d’antibiotiques pour survivre aux maladies engendrées par leurs conditions de détention. Les becs des poulets sont tranchés à vif et les vaches dépecées vivantes
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MessageSujet: Re: Jonathan Safran Foer   Jonathan Safran Foer EmptyDim 26 Déc 2010, 07:58


le livre paraît chez l'olivier;

Jonathan Safran Foer, Faut-il manger les animaux ? (L’Olivier).

Foer s’interroge dans cet essai sur les tendances carnivores de la société, et leur justification morale.

Entre un centre d’abattage industriel et une ferme d’élevage traditionnel, une enquête sans concession, couverte d’éloges lors de sa parution américaine.
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MessageSujet: Re: Jonathan Safran Foer   Jonathan Safran Foer EmptySam 16 Avr 2011, 15:55

Citation :

Jonathan Safran Foer, Faut-il manger les animaux ? (L’Olivier).

Foer s’interroge dans cet essai sur les tendances carnivores de la société, et leur justification morale.

Entre un centre d’abattage industriel et une ferme d’élevage traditionnel, une enquête sans concession, couverte d’éloges lors de sa parution américaine.

Je l'ai parcouru. C'est un livre suivi d'une importante bibliographie, tant de livres, enquêtes etc que de liens internet.

Il rapporte des temoignages de visiteurs clandestins dans les élevages industriels de poulets par exemple. Pourquoi "clandestins" ? parce que les visiteurs n'y sont plus admis, ils racontaient trop d'horreurs à la sortie. donc maintenant, tout se déroule en catimini.

On a vu des films sur la manière dont on traite les animaux.

C'est lamentable, et éprouvant.

Foer donne des chiffres, dont il est responsable :

- 1/3 des terres de la planète est consacré à l'élevage.

- un Americain mange en moyenne 21 000 animaux entiers dans sa vie.

- les poules vivent dans un carré de 430 cm2 : Foer présente un carré de cette surface : son livre ouvert.

- le secteur de l'élevage industriel participe pour 40% de plus que l'ensemble des transports dans le monde au réchauffement climatique.

Son livre est très visuellement pédagogique : on l' a vu pour la surface allouée aux poules ; pour montrer les animaux consommés par un Americain, il met des lettres sur 13 pages : chaque lettre correspond à un animal mangé.

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