Le titre : « Comme des ombres sur la terre » (poche 10/18).
Un livre dense et abrupt, qu’on lit doucement.
Car il incarne un monde, une pensée et une quotidienneté à des années lumière de la nôtre.
L’auteur est Indien. Il décline son identité à travers un récit épique du XIXème siècle.
Sans sublimation.
Sans fard.
C’est presque une narration « objective ». Il ne tente pas de poétiser son peuple. Peuple constitué d’hommes rudes et impavides. De chasseurs, de voleurs et de tortionnaires (on scalpe sans état d’âme.).
L’Indien est en hostilité permanente. Avec d’autres ethnies, avec la nature…et évidemment avec l’homme blanc.
Toujours sur le sentier belliqueux.
Nous suivons le parcours d’un adolescent qui se nomme « Chien de l’homme blanc », Indien Pikuni (Montana).
On accompagne ses premiers pas guerriers (attaques d’autres clans, larcins de chevaux, etc…), amoureux et religieux (terrible épreuve de la Danse du Soleil, qui se veut métamorphose spirituelle – admirablement présentée).
« Chien de l’homme blanc » est enfant.
Il devient homme.
On assiste à sa lente métamorphose intérieure.
L’occasion pour l’auteur de décomposer les rites d’une communauté fondée sur des rapports sociaux très structurés et extrêmement codifiés. Cette vision lucide tempère toute une « mythologie » Améridienne, empreinte de magie, d’onirisme… (qu’un des personnages taxe de « superstition »).
On apprécie donc la nuance de la description d’un peuple hardi et fragile, mais uni par des valeurs de partage, d’entraide, de dialogue et de respect des anciens.
Est très bien décrite « l’attraction-répulsion » qu’éprouvèrent les Améridiens envers les « Tuniques bleues », au XIXè siècle. Il y a conflit, mais aussi commerce et également curiosité, étonnement, etc... (et « collaboration » parfois). On est loin du schématisme.
J’avoue que le rythme du livre est un peu lent. J’aurais aimé plus de souffle. Mais on verserait dans l’idéalisation, et ce n’est pas le but de l’écrivain.
Il n’y a pas de lamentations sur le génocide subi, pas de haine, pas de fanatisme, pas de condamnation, pas d’espérance folle non plus (sauf peut-être l’attente du monde invisible des hommes-médecine et des chamanes).
Pas d’héroïsme surfait.
Pas de pathos.
Juste une profonde humanité.
http://ecrivainsmontana.free.fr/bibliographie/welch/welch.htm