Ours d'Argent à Berlin.
La Saveur de la pastèque a obtenu l'Ours d'Argent de la Meilleure contribution artistique au Festival de Berlin 2005. Il a également reçu, durant cette même manifestation, le Prix Alfred Bauer de l'innovation cinématographique ainsi que le Prix FIPRESCI de la Critique Internationale
Ce film a été
réalisé par Tsai Ming-Liang ( à qui l’on doit « Et là-bas quelle heure est-il? », « The Hole », « La Rivière »…
Deux personnages, un homme et une femme, confrontés à leur solitude dans un monde en crise : une sécheresse drastique à Taïwan, une Taïwan caniculaire. La population est invitée à remplacer l'eau par le jus de pastèque pour pouvoir s'abreuve. La désolation est telle que les gens accablés et désœuvrés ne soufflent mot. Mais dans le silence et le dénuement le cinéaste décèle un reste de tendresse.
Elle (l’actrice fétiche du réalisateur, Lu Yi-Ching ) vit solitaire dans son appartement ; vautrée devant la télé, elle boit du jus de pastèque et survit en volant l'eau des toilettes publiques.
Lui (l'acteur Lee Kang-sheng, jeune héros sensuel de tous les films de Tsai Ming Liang) tourne des films pornos dans le même immeuble. L’équipe cinématographique est fauchée, elle abuse de lui et de l'actrice (une actrice porno japonaise filmés sous toutes les coutures et utilisée comme une poupée de chair). Il est vidé, imperméable à toute émotion. C'est en montant sur les toits, la nuit tombée, qu'il tente de se rafraîchir en se baignant dans les citernes d'eau de pluie.
Un jour,
il dort sur une balançoire dans un jardin public.
Elle s’assoit en face de lui et le dévisage. Les seuls dialogues du film seront échangés à cet instant-là. Solitaires, assoiffés, épuisés par la chaleur et le désir, ces deux-là se sont trouvés.
Le réalisateur Tsai Ming-Liang dit «
La Saveur de la pastèque n'est pas un film porno, ce n'est pas une comédie musicale non plus... C'est un travail de fiction, basé sur des sentiments plutôt que sur des idées. »N’empêche que le film baigne dans la pornographie et l’érotisme. Les images sont sonores et crues. Jusqu’à 'une séquence finale d'anthologie à la limite du supportable où Tsai Ming-liang, sans complaisance, montre comment fonctionne et jusqu’où peut aller la pornographie ( Le film est interdit aux moins de 16 ans chez nous et il a déclenché une véritable tempête dans son pays natal).
Des séquences de comédie musicale kitsch émaillent le film, des respirations burlesques. Ce sont de véritables petits clips colorés illustrant des chansons pop de taïwan dans les années 60.
Un mélange donc, plus qu’improbable, de sexe, de comique, de grotesque même, mais aussi de mélancolie, de poésie et de désespoir…Un délire dépressif du réalisateur fidèle à ses thèmes de la déshérence sentimentale,de la perte des repères dans un monde de plus en plus déshumanisé, de la solitude et de l'aliénation urbaine. La sècheresse est avant tout celle des sentiments du monde moderne…C’est comme un avant-goût de la fin du monde…
La saveur de la pastèque m’a semblée plutôt amère...
On s’amuse, on rit, on est choqué, agacé, dérangé par ce film. Plusieurs personnes sont sorties en cours de séance…A la longue scène finale, j’ai bien failli ne pas pouvoir supporter.
J’ai été surtout dérangée…Et pourtant, au final, je vous inviterais bien tout de même à aller voir ce film qui a reçu (notamment dans Le Monde et les Cahiers du Cinéma ) une bonne critique.