Pierre BORDAGE

L'Ange de l'Abîme par Pierre Bordage Editions Au Diable Vauvert 2004
L'éditeur nous annonce qu'il s'agit là du second volet d'une trilogie contemporaine entamée avec "L'Evangile du Serpent" paru en 2001.
Pour ces deux romans, si leur récit se déroule en France et en Europe, dans un avenir proche, s'ils dénoncent les effets néfastes d'un mysticisme pervers, leur thème est fort différent.
« L’Evangile…. » transpose une parodie du Nouveau Testament dans notre présent.
« L’Ange de l’Abîme » anticipe sur une possible guerre entre l’Europe et le Moyen-Orient provoquée par le fanatisme religieux et le racisme.
<<La guerre entrait dans sa quinzième année. Les morts se comptaient par millions des deux côtés. Les soldats partaient de plus en plus jeunes vers le front Est. A seize ans, et de moins en moins aptes. Ils partaient après dix jours de formation pour la Roumanie ou la Pologne, quelque part entre la Mer Noire et la Baltique, pour croupir dans un des bunkers sinistres puisque la tactique guerrière était redevenue à s’enterrer face à face pour se neutraliser alors que les bombardements aériens décimaient la population (….) Les belligérants s’étaient mis d’accord pour ne pas utiliser l’énergie nucléaire. Les Islamistes avaient porté la technique des AK (attentats kamikaze) dans toutes les grandes villes d’Europe>>.
Pibe a perdu toute sa famille au cours de l’un de ces terribles pilonnages d’obus qui sont monnaie courante en ces temps d’horreur. Il a treize ans. Il ne lui reste qu’à choisir entre une école prophétique à la discipline féroce ou bien s’intégrer à une « cailléra », bande organisée de jeunes qui survit en pillant, de manière rationnelle, les décombres fumants laissés par les bombes. Encore faut-il arriver (et repartir) avant les sbires de la Légion de l’Archange Michel. Lequel Archange n’est autre que le Pasteur de l’Europe, le potentat actuel et cruel, qui fait régner l’ordre de la façon la plus rigoureuse.
Dans la « caillera », Pibe fait connaissance de Stef, une fille de seize ans, efficace dans le pillage et redoutable dans le maniement des armes. << Un corps pulpeux, une peau couleur de lait, des seins arrogants, des hanches généreuses des fesses rondes et haut perchées qui lui avaient valu le surnom de « Fesses ».>>
Pour quelle raison s’érige t-elle en ange gardien de Pibe, le protégeant des dangers qui le guettent à chaque instant ? Pourquoi, à son instigation, partent-ils, après que la « caillera » soit détruite par la Légion, vers la Roumanie, dans le but avoué de détruire l’Archange Michel, cause de tous les malheurs ?
Laissons le soin aux éventuels lecteurs, de découvrir la suite palpitante des aventures de ces deux « Anges Justiciers » décidés à terrasser un Dragon malfaisant.
Comme toujours avec Bordage, le récit est plein de rebondissements, haletant, cruel, satyrique, quelque fois d’un érotisme à la limite de l’acceptable. Mais c’est aussi, peut-être un message qui, compte-tenu les récents attentats terroristes, pourrait-être prophétique !….

Nouvelle vie de Pierre Bordage, chez Atalante.

12 nouvelles pour avoir une idée de ce qui nous attend dans le futur. mais aussi nous faire refléchir sur notre présent :

Nous avons le nez sur le guidon, et en grossissant le trait, Pierre Bordage attire notre attention sur le culte du virtuel : jour de noces. C'est le règne des fausses apparences, des "avatars", et des corps qui refusent le vieillissement.

Avec Kali la démente une ville gigantesque avec un tueur en serie qui sévit en plusieurs lieux, presqu'en même temps. Des clônes ?

Parfois une notation morale en filigrane : paix bien ordonnée : un citoyen ordinaire est choisi pour représenter son pays dans une conférence de la dernière chance pour sauver la paix. D'abord étonné de ce choix et de cette responsabilité, il prend conscience des qualités qu'il lui faut acquérir...

tout sur Pierre bordage tout sur Pierre Bordage, ici
http://www.cafardcosmique.com/auteur/bordage.html

Porteurs d'âmes de Pierre Bordage, Le Diable Vauvert



un roman à trois voix :

Citation :

Léonie, achetée enfant au Liberia, séquestrée, prostituée, s'enfuit à vingt ans de son enfer pour se retrouver clandestine et sans papiers dans les rues de Paris. Edmé, inspecteur désenchanté à la Crim', déprimé par tes violences, la misère et le cynisme qu'il côtoie chaque jour, découvre un étrange charnier dans la Marne. Cyrian, fils de famille en mal de raisons de vivre, se prête à un voyage expérimental d'un genre nouveau, pour trouver le frisson de l'extrême : le transfert de l'âme dans un corps d'emprunt

Je viens de finir Les derniers hommes.
Et parce que j'ai vraiment le flemme, je vous fais un petit copier/coller de l'article que j'ai publié sur mon blog.


Les derniers hommes, ce sont ceux qui ont survécu aux horreurs de la troisième guerre mondiale: des peuples nomades, qui se partagent les rares ressources non contaminées, et le pouvoir qui en découle. Les Aquariotes et leurs sourciers ont le monopole de l'eau et un donneur, un clairvoyant qui lit dans les âmes, ce qui fait d'eux le groupe le plus essentiel des nomades et attise la jalousie des ambitieux.
Le monde n'est pas à reconstruire: la survie est déjà un problème bien assez difficile. Mais une force est à l'oeuvre. Une force qui tord le ventre de Solman le donneur d'appréhension. Qui remodèle ce qu'il reste du monde. Et qui ne semble pas prête à y laisser une place aux derniers hommes.

Un roman post-apocalyptique? Non, l'Apocalypse, on est en plein dedans. Suivant point par point le plan divin annoncé par le prophète Jean dans l'ancien Testament, elle est à l'oeuvre et elle prend son temps. L'humanité l'a peut-être bien méritée, l'a peut-être bien préparée - et peut-être n'est-il que justice que ses derniers représentants fassent face à leur extermination. Mais ce que sont exactement les Justes supposés les remplacer, c'est tout l'objet du roman de le découvrir.

Pour livrer leur dernière lutte, les hommes ont un représentant faible, boiteux, orphelin et clairvoyant (et si ça vous rappelle quelqu'un, vous avez tort: ils sont très différents): une bonne dose d'anti-héroïsme pour compenser un "super-pouvoir", des lâchetés hélas bien trop humaines, des amis comme on n'en fait plus... Solman peut se lancer dans ce qui est à la fois une fuite, une quête, une enquête... Il y en a pour 600 pages à souffrir, se désespérer, aimer, chercher avec lui. Il faut dire que le roman était, à l'origine, un feuilleton: ça se sent aux fins de chapitres pleines de suspense, aux rebondissements incessants, au rythme trépidant. Pour la lectrice, ça équivaut à une grosse tranche de bonheur. Et puis c'est un plaisir de lire Bordage. Malgré ses obsessions mystico-religieuses (sa marque de fabrique, paraît-il), et un mystère pas toujours très mystérieux, l'ensemble est très agréable à lire. L'auteur a une écriture fluide, manie les concepts avec simplicité, ne m'a pas noyée (merci! merci!) dans les détails astro-techniques (ça aurait pourtant été si facile). Bref, j'ai dévoré le bouquin d'une traite. Et si l'exposé final laisse quelques points mineurs dans l'ombre, eh bien, au diable!

Encore un bon point pour Pierre Bordage, le "pape de la science-fiction française" disent les médias.

Je retournerai le voir, mais à moins de 600 pages !

Les Fables de l'Humpur Par Pierre Bordage J'ai Lu Millénium
Bordage est salué pour ses romans de SF. Il se distingue aussi dans la "Fantasy" et ces Fables en sont un extraordinaire témoignage.

Plusieurs siècles ont passé depuis que les Hommes, se prenant pour des Dieux en voulant dominer la Création, sont parvenus à transformer l'infiniment petit. Ils se sont aperçu qu'en intervenant sur les gênes, ils avaient le pouvoir de changer la Vie, de devenir des Créateurs Après les OGM et les clones, les savants mirent au point un ***Animal domestique d'un genre nouveau, un esclave intelligent doué de la parole, un sous-homme apte aux travaux les plus pénibles, les plus dangereux, apte aussi à guerroyer si la nécessité l'impose, apte à courir tous les dangers en lieu et place de ses créateurs*** Le premier hybride, ainsi réussi et présenté, fût un porc-homme baptisé Grogne, le porc étant, génétiquement, le plus proche de l'Homme.

D'autres espèces furent ainsi créées suivant les besoins spécifiques. Sans oublier les femelles pour la reproduction. Ces Chimères, sous l'impulsion d'un Homme-Corbeau: Kraar, se sont révoltées et après une longue lutte, ont exterminé tous les Humains à l'exception d'une poignée de savants qui ont pu s'enfuir et se réfugier au Puy Sancy dans le pays de la Drogne (Dordogne). Une nouvelle forme de société à structure féodale s'est peu à peu établie avec les Serfs mangeurs d'herbe, les Seigneurs mangeurs de viande et les Prédateurs qui sont un danger permanent pour les uns et les autres.

Vehir est un Grogne. Il s'enfuit de la ferme où il a grandi, ne supportant plus d'avoir à partager la femme-truie qu'il chérit, avec les autres Grognes, lors des cérémonies de la fécondation. Il devient un hors la Loi. Les Légendes racontées à la veillée, parlent d'un sanctuaire où l'Humpur (l'Homme pur) s'est enfermé. Il décide de partit à la recherche de ces derniers Dieux Humains et découvrir de nouveaux espoirs de vivre libre.

En route pour une longue odyssée pleine d'embûches, il rencontre une jeune Hurle (femme-loup) dont il s'éprend au mépris des lois séculaires. Se joignent à eux un batelier Rogne (homme-rat) intrépide et astucieux, une Siffle (fille-serpent) aux crochets venimeux.. Le quatuor atteint son but après de palpitantes et parfois sanglantes aventures racontées par un maître du suspense et de l'action. Dans un français au style archaïque et dégénéré qui surprend un peu au début, mais qui donne un tempo particulier au récit..

C'est un roman d'aventures et de batailles. Tendre parfois, d'une tendresse qui peut paraître insolite entre des hybrides mi-hommes, mi-animaux. Brutal aussi, mais porteur d'une foi profonde pour les qualités de la race humaine qui restent toujours latentes dans l'âme de ces chimères. Les personnages sont bien campés. La trame du récit acceptable. Le suspense parfois angoissant. Peu ou pas de temps morts. A lire deux fois pour en savourer vraiment la valeur littéraire. Ne pas "sauter" les 22 fabliaux en-tête d'autant de chapitres : ils sont surprenants et fabuleux !…

** Laideur et beauté ne sont qu'une question de regard **

Pour les Utopiales, Pierre Bordage s’est fendu d’un texte : De ma prison…


in Utopiales, ActuSF (28 octobre 2009) Collection : LES TROIS SOUHAITS.

Qu’en dire ? L’auteur fait le tour de nos mythes et de nos malheurs, et on voit dans un texte, bien écrit par ailleurs, se succéder la Genèse, le mythe grec de Cronos et quelques autres.

Voilà pour le passé.

Et le présent ? des murs, des guerres, la haine de l’autre…

Aurions-nous cependant un avenir ? s’interroge notre narrateur dans une « communication un peu confuse » pour reprendre ses propres termes.

A l’image de cette phrase finale, où il faut trier/peser les négations :

Citation :

« qui a dit que rien n’était jamais parfait ? »

Une façon bizarre de me rappeler que j'ai en attente "Les fables de l'Humpur" et les "Griots Célestes" Pour une relecture de l'un de mes préférés de la science-fiction.

Ah çà Les fables de l'Humpur Un très bon souvenir de lecture, la chance qui m'a fait acheter ce livre

Petit employé du siècle dernier, la quarantaine aigrie, mal assorti à une femme épaisse et acariâtre et père lointain d'une progéniture maussade, Martial Bonneteau est un médiocre qui enfouit entre routine et mépris de soi les frustrations d'une vie de clone parmi les clones.
Mais un matin, pour un retard au bureau, le chemin tracé de sa vie va diverger et son univers normé se lézarder... Hystérie familiale, adultères ubuesques, coaching psychologique de groupe : les péripéties se succèdent bientôt sur un rythme de vaudeville, pour tourner à la franche farce. L'Odyssée Vallet

celui-ci me tente bien également

il me tentait tellement que je reviens de chez mon libraire avec

Petit employé du siècle dernier, la quarantaine aigrie, mal assorti à une femme épaisse et acariâtre et père lointain d'une progéniture maussade, Martial Bonneteau est un médiocre qui enfouit entre routine et mépris de soi les frustrations d'une vie de clone parmi les clones.
Mais un matin, pour un retard au bureau, le chemin tracé de sa vie va diverger et son univers normé se lézarder... Hystérie familiale, adultères ubuesques, coaching psychologique de groupe : les péripéties se succèdent bientôt sur un rythme de vaudeville, pour tourner à la franche farce. L'Odyssée Vallet


Martial souffre en silence, ne pensant même pas à remettre en cause sa vie de famille et sa vie professionnelle. Chaque jour est semblable au précédent jusqu'à ce matin où il décide de ne pas céder sa place dans la salle de bain et c'est la première vraie confrontation avec son épouse acariâtre. Celle-ci va tenter de le toucher au dessous de la ceinture.
Fort de cette première victoire sur lui-même il décide de flâner en chemin et arrive au bureau très en retard. Et sa vie va franchement prendre un tournant considérable au plus grand dam de sa femme, ses collègues jusqu'au médecin de famille, des amis de son épouse et même une psychologue.
Martial s'en moque il se re-découvre, il en a fini d'être dans le moule.

C'est un roman drôle et émouvant servi par une plume inventive. Un très agréable moment de lecture