Patrice Chagnard, les arrivants.

Ce film documentaire a été réalisé en 2009 avec les personnes concernées dans les locaux et avec le personnel de la Cafda (Coordination pour l'accueil des familles demandeuses d'asile), un organisme parisien d'aide aux victimes de persécutions, venues du monde entier.

j'emprunte à Telerama :

Ici, traduire, comprendre est crucial. Tout repose sur un drôle de suspense : qui sont ces arrivants, que disent-ils ? Quelle est la part de vérité dans le récit qu'ils font de leurs douleurs et de leurs épreuves ? D'abord, ce ne sont que des visages mys­térieux, épuisés, un brouhaha de langues inconnues.

Au fil des entretiens, les visages se font plus nets, plus proches, comme si les réalisateurs changeaient de focale. Belle idée, par exemple, de suivre certains « arrivants » à l'extérieur des bureaux. On les voit alors scruter longuement un Paris inconnu depuis une rame de métro : encore et toujours, ils semblent en voyage...

Nous, on s'accroche à eux, à leur avenir suspendu et à leur passé heurté. Au destin de Zahra, par exemple, la belle Erythré­enne enceinte, revenue des prisons et des naufrages, qui dévide avec un ­détachement vertigineux l'écheveau de ses épreuves. Les réalisateurs ne la questionnent pas, ils ne sont là ni pour enquêter à charge ni pour corroborer son récit.

A la Cafda, cette gare de triage pour rescapés du monde entier, ils ont trouvé, d'ailleurs, plus de questions que de réponses. Sur le rapport que chacun entretient avec l'Autre, l'étranger. Sur ses propres frontières, en quelque sorte.

tout l'article.

Le film a été tourné pendant trois ans, et il a le merite de présenter quelques personnes que l'on suit dans leur demande d'asile : un coople chinois ou mongol, une erythréenne enceinte, un couple avec enfants.

Pas facile de tout quitter pour aborder dans des conditions difficiles (les barques chavirent et beaucoup y laissent leurs vies) dans un pays où on leur demande aussitôt leurs papiers, où ils doivent faire leur récit de vie, alors qu'ils ignorent tout de la langue etc.

Le comble : pour déposer une demande d'asile, il faut attendre six mois, sans ressources, avec interdiction de travailler, evidemment, et le risque de se faire embarquer au moindre contrôle de police. La loi paradoxalement fabrique donc des sans-papiers !

"Evitez de vous faire arrêter" disent les assistants de la Cafda chargés de les aider.... Sans grands moyens, il faut le dire. Alors des familles avec enfants dorment dans la rue, essaient de se faire heberger sur une chaise aux urgences, d'où ils se font la plupart du temps expulser.

J'ai assisté à une séance suivi de débats, avec des militants bénévoles qui savaient de quoi il retourne. Une personne sur 10 est acceptée comme demandeuse d'asile, après un vrai parcours du combattant.

et il y a de quoi bondir quand on lit ensuite Claude Gueant

Après le durcissement des conditions de séjour et d'acquisition de la nationalité française, le ministre de l'Intérieur Claude Guéant a annoncé vendredi une réforme du droit d'asile qui, selon lui, est détourné "à des fins économiques" et génère une immigration clandestine

Lire l'article de l'Express.