Larry Watson

Larry Watson est né à Rugby, dans le Dakota du Nord. Il enseigne la littérature dans une université du Wisconsin et a écrit, depuis 1993, une dizaine d'ouvrages (romans et poésie) dont 3 ont été traduits en français.

Montana 1948 est paru en 1996 aux éditions JCL Lattès et a été ré-édité aux éditions Gallmeister.

Citation :

De l'été de mes douze ans, je garde les images les plus saisissantes et les plus tenaces de toute mon enfance, que le temps passant n'a pu chasser ni même estomper.
Une jeune femme sioux est étendue sur un lit dans notre maison. Elle a de la fièvre, elle délire et tousse si fort que j'ai peur qu'elle ne meure.
Mon père, agenouillé sur le plancher de la maison, supplie ma mère de l'aider. Par cette nuit d'été une vive lumière emplit la pièce. Les insectes volent autour des lampes et se confondent dans mon souvenir avec le ton plaintif de la voix de mon père, insistante, stridente, frénétique. Jamais je ne l'avais entendu parler sur ce ton là.

David Hayden est le fils du shérif de Mercer county, son grand père est un homme riche, possédant un beau ranch et qui a été shérif également, son oncle est médecin et héros de guerre. Lorsque Marie, la jeune femme sioux accuse l'oncle de viols sur les femmes indiennes de la réserve, c'est le drame.
Le père de David est déchiré entre justice et loyauté à sa famille.

Ce court roman est vu à travers les yeux d'un enfant à qui l'on croit tout cacher...mais les évènements d'une extrême gravité vont faire éclater le bonheur et la sérénité de la famille, de David, de sa mère, frêle mais déterminée et de son père, bouleversé.

Une tragédie antique et un témoignage sur le statut des indiens dans les années 50.

Montana 1948

C'est donc David qui raconte l'histoire. Du haut de ses 12 ans il va se rendre compte que la vie peut-être pleine de laideur et qu'une famille qui semble unie peut voler en éclats lorsqu'elle se trouve confrontée au devoir filial et professionnel.

Sous l'influence de sa femme le shérif Wesley aura à mener une enquête difficile et à accomplir son métier ce pour quoi il a été élu shérif après son père homme très influent. Dans ce roman Watson nous fait bien prendre conscience du racisme vis à vis des indiens : ce ne sont que des femmes indiennes inutiles d'en faire tout un plat, pense le grand-père. Seulement ça ne s'arrête pas et le petit David va accuser de plein fouet le début de son adolescence et assister à la division familiale.

Le frère de Wesley, Frank le médecin et favori du grand-père a bien des soucis à se faire car entre boulot et famille, Wesley aura à faire un choix qui aura des conséquences sur David.

Un court roman que j'ai dévoré avec grand plaisir, et qui nous place devant nos dilemmes ...comment réagirions nous ?

Natalia a écrit:

Un court roman que j'ai dévoré avec grand plaisir, et qui nous place devant nos dilemmes ...comment réagirions nous ?

oui, l'intrigue pose un problème moral au narrateur et au lecteur. En fait une harmonie qui repose sur le mensonge et l'occultation de faits graves ne peut durer. Mettre tout sur la table est à mon avis la bonne solution.
C'est vrai aussi dans l'actualité : imagine un homme dépravé devenir chef d'Etat et bénéficiant de l'impunité en raison de sa fonction.

Montana 1948

Au début, c’est une déclaration d’amour au pays, à cette époque et aux personnes connues, ce qui donne une forte implication sentimentale à ce récit.

D’emblée le narrateur, un jeune adolescent, nous est sympathique ; nous paraissent aussi enviables une solide assise familiale et une vie très libre : l’espace est une gigantesque aire de jeu, un western avec cheval, colt et coyotes.

La famille semble issue d’un roman, on connaît trois générations, et les clans traditionnels, shérif, les Blancs (bons ou mauvais) et les Indiens.

Les ennuis démarrent avec la maladie de Marie la domestique. Bientôt tout bascule de manière imprévisible, le drame fait tache d’huile, elle touche la famille proche, puis secoue la famille élargie.

La voix du narrateur est à mon avis le charme principal du récit ; elle montre l’enfant lié affectivement à chacune des personnes qui vont se heurter. A la fois témoin des évènements, partie prenante de l’histoire, il joue même un rôle d’arbitre moral.

Citation :

« Mes parents avaient interverti les rôles. Ma mère incarnait désormais le réalisme et l’expérience ; mon père la rigueur morale ».

Pourtant l’enfant qui ne tardera pas après toutes ces histoires à devenir un adulte, garde momentanément des réactions enfantines d’une grande fraîcheur :

Citation :

« l’un des grands regrets de mon enfance avait été de ne pouvoir vivre en compagnie de mon cheval. Désormais, la distance entre nous paraissait trop grand pour que nous puissions à nouveau voyager ensemble ».

Une bonne trouvaille, Tchipette !

Montana 1948

Il s’en souviendra longtemps de l’été de ses douze ans…..L’été où l’enfance le quittera pour rejoindre ce triste monde des adultes…..
Triste monde, en effet que ces adultes….surtout quand certains s’obstinent à vouloir laver son linge sale en famille, et passer outre la justice.
Triste monde où ces mêmes gens ont à un moment donné représenté la Loi….
Triste monde, où dans ces temps pas très lointains, la parole d’une indienne ne valait pas celle d’une blanche.
Triste monde où la bourgeoisie locale s’arrogeait des droits sur autrui…..Cela existe encore de nos jours du reste….
Triste monde où la recherche de la vérité est un long chemin escarpé…qui n’arrive pas souvent à destination.
Triste monde où vouloir la vérité, dans le respect du droit et de la dignité humaine a un prix trop lourd à payer…
Dans une écriture ciselée, sans fioriture, ni détours inutiles, Larry Watson dresse un tableau d’une époque, d’une culture, et brosse parfaitement des personnages qui pourraient très bien être des gens d’aujourd’hui, et vivant près de nous.
Je n’ai pu m’empêcher de rapprocher le sort de Marie l’indienne, à celui une autre femme dont je tairai le nom, mais dont la parole n’a pesé bien lourd il n’y a pas si longtemps de cela….
Triste monde…..

Je n'ai pas le livre, mais Tchipette,Natalia, Rotko,et Mimi54, vos commentaires et vos résumés du livre,sont si complets et éclairent la pensée de l'auteur, c'est pourquoi je lis tout, et l'essentiel me reste.

Demande à Ysandre de te l'envoyer, il ne pèse pas lourd, et c'est un livre voyageur.

Je suis charmee par la maniere décrire du narrateur - c'est ce qui rend ce roman si appreciable. Mais il y a aussi la tension dans l'évolution de l'histiore vue par les yeux du petit David et c'est aussi genialement reussi, il y a l' impuissance vis-a-vis de la hierarchie familiale 'des riches et des forts dans la societe de cette époque et aussi les efforts d'un sherif courageux et honnete selon la bonne vieille tradition du Far West. Mais quel drame chez Wes, quelle lutte entre le respect de la loi ce qui est son travail et ses sentiments fraternels et filiaux. En fait, j'avais l'ímpression que Wes, le sherif, une ame si pure et droite, etouffait dans cette ville, dans la famille de son pere qu'ón prend pour une legende locale.'
Je suis ravie par la sagesse de la mere de David, apouse du sherif et de sa douce resistance, c'est cela - aimer et aider son mari.
Il y a la perte de l'innocence de l'enfance quand, pour la première fois, les échecs des adultes a qui nous faisons confiance nous sont révélés, il y a les tensions raciales , et le lent déclin de la vie rurale au milieu du 20eme siecle en Amérique.
Merci, Tchipette, je crois que ce livre voyageur vient de ta part.

Alors je l'envoie a qui?

ysandre inscrite en premier puis on avisera

pas de soucis pour Montana 1948 je ne l'ai reçu que ce matin (il venait de Bulgarie avec les petites pattes courtes de la Poste !!) . Maya me dit que c'est normal, qu'il faut parfois plus de 10 jours à un paquet pour être acheminé... Moi je n'ai plus d'illusions sur la Poste, c'est de pire en pire et ça va de plus mal en plumeau !
Je te remercie, Tchipette, je viens de le commencer et ça me plait beaucoup.

chère Ysandre, n'oulie-pas, que je suis la prochaine.
moi aussi j'ai eu de mauvais tours de la poste,et recommandé, pire encore si tu me l'envoie courrier simple; il ne faut jamais perdre les rêves, je ne sais à qui appartient cette expression, mais je l'ai faite mienne

Amadak ! voyons ! comment veux-tu que j'oublie de te l'envoyer ?
Je sens qu'il va être vite lu ! il n'est pas gros. Je viens de m'en "farcir" un de 600 pages ! oups !
Elle est jolie ton expression ! je suis d'accord avec.

pour Ysandre: chère amie, cette expression n'est pas mienne, j'ignore de qui elle est, mais je suis une voleuse et l'ai prise pour moi; elle fait du bien