Auteur dit "régionaliste", Boncoeur (1911-1997) laissa quelques écrits pour le grand public dans un style remarquable, comme ses huit
Contes du Berry (1964) qui viennent d'être réédités, cette année, chez Eponymes :
Extrait de la préface que j'ai consacré à cet ouvrage :
[...] Depuis les
Métamorphoses d’Ovide, la transformation est un ingrédient fréquent du conte. Des légendes bien établies façonnent nos histoires : la servante devenue princesse, le crapaud transformé en prince ou encore la fameuse apparition, les soirs de pleine lune, du célèbre loup-garou.
Dans
Georget-garou, Boncœur revisite cette dernière légende : la rusticité paysanne se couple avec le thème ancien de l’homme-loup. Dans le nom du personnage principal, Georget, s’est logé « Georgeon », un des signifiants du Diable en Berry. Dès le début de l’histoire, le lecteur sera donc invité à ne pas séparer croyances locales ou plus largement religieuses d’avec ce thème du loup-garou.
Plongés dans les
Contes du Berry, nous ne serons pas en reste d’apparitions de toutes sortes : le retour de bal de Cadet et Vincent, dans
Quand chasse le Maufait, laissera le lecteur devant le spectacle diabolique du Mal. Mais l’originalité de Boncoeur est, comme souvent, de limiter le frisson par le rire : ainsi verra-t-on Satan en personne s’époumoner dans la cornemuse de Cadet !
Cependant, s’il se ridiculise, le Diable ou « Maufait » n’est jamais perdant et revient pour se dissimuler : dans
La vielle qui sonnait toute seule, on le retrouvera pour un temps maître de la vielle de feu Vincent, mettant de nouveau à l’épreuve notre pauvre Cadet Musette.
Une des grandes particularités des
Contes du Berry est la présence de la croyance et plus particulièrement du religieux. Ainsi nous assistons, dans
Le Gloria des anges au combat du Bien et du Mal au cœur duquel le héros, un bon chrétien, devra choisir : céder à la tentation du Maufait ou rester fidèle au bon Jésus. Boncoeur restitue ainsi cette vie chrétienne traditionnelle, où le Mal était toujours présent et redouté.
Ainsi la religion est matière à frissonner, comme dans
Le Glas des Trépassés où l’auteur évoque la procession des morts dans la nuit de Toussaint. On y rencontrera le défunt Constant, traînant derrière le cortège, sans linceul : « un mort qui s’en allait tout nu » !
Riches en symboles, les
Contes du Berry nous feront savourer des instants uniques et mystérieux, comme cette nuit de la nativité dans
Cette nuit où parlent les bœufs : entre superstition et magie de noël, le lecteur suivra pas à pas les angoisses du personnage perdu entre rêve et réalité comme Laurent et sa pierre flamboyante, dans
Le Serpent d’or...