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| | Amin Maalouf I | |
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Auteur | Message |
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rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
| Sujet: Amin Maalouf I Mer 04 Jan 2006, 21:20 | |
| Amin Maalouf est dans les forums un des rares ecrivains contemporains a faire l'unanimité pour lui. je n'ai pas encore lu le rocher de Tanios
Dernière édition par rotko le Mar 09 Aoû 2011, 16:16, édité 1 fois | |
| | | rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
| Sujet: Re: Amin Maalouf I Mer 04 Jan 2006, 21:24 | |
| j'en suis resté à Léon l'Africain
Au début, le livre de Grenade, celui des tromperies politiques, de l'exil et du regret. Les amours du père, partagé entre deux femmes comme entre deux cultures, européenne et arabe. Nous sommes au 16e siècle, et le narrateur se rappelle, enfant, son arrivée à Fès, ses amitiés avec Haroun, l'étrange destin de sa demi-soeur, Mariam, objet de convoitise, de marchandages et de vengeance. Le narrateur vivra aux premières loges, en public et en privé, l'affrontement de civilisations en guerre. Amin Malouf entraîne son lecteur dans une page d'histoire qu'on vit au jour le jour, dans un autobiographie imaginaire qui évite le pittoresque facile pour une authenticité intelligente. Le récit est dense, et le style, sobre, pour une époque et des vies fertiles en rebondissements.
Théophile Gautier regrettait que les Arabes aient quitté l'Espagne, nous, on se réjouit d'avoir un écrivain d' origine libanaise qui sert si bien notre langue, et qui nous délivre de l'hexagone-centrisme ». | |
| | | coline pilier
Nombre de messages : 3986 Date d'inscription : 04/01/2006
| Sujet: Re: Amin Maalouf I Ven 06 Jan 2006, 09:51 | |
| ORIGINES de Amin Maalouf
« Je suis d’une tribu qui nomadise depuis toujours dans un désert aux dimensions du monde. » La famille d’Amin Maalouf, écrivain de l’exil, est sa seule patrie.
Jusqu’ici il avait seulement effleuré l’histoire de cette famille . Dans ce livre, il plonge dans la généalogie Maalouf et retrace l’histoire des siens du XIXème siècle dans l’Empire ottoman à aujourd’hui.
A la disparition de son père, l’ histoire de ses ancêtres lui a été restituée à la faveur d’une valise encombrée de papiers, de photographies, de lettres.
« Il y a des générations qui ont souffert, qui se sont battues pour faire des études, qui ont bâti la maison qui est la mienne aujourd’hui…J’ai besoin de parler d’eux, de me faire leur interprète. Ils sont morts obscurs. Je n’ai pas le droit de les laisser sombrer dans l’oubli. »
D’autres que lui auraient parlé de « racines ». Amin Maalouf a préféré le terme « Origines » : « Je n’aime pas le mot « racines », et l’image encore moins. Les racines s’enfouissent dans le sol, se contorsionnent dans la boue, s’épanouissent dans les ténèbres ; elles retiennent l’arbre captif dès sa naissance, et le nourrissent au prix d’un chantage : « Tu te libères, tu meurs. ». Les arbres doivent se résigner, ils ont besoin de leurs racines ; les hommes pas. »
Amin Maalouf remonte notamment sur les traces de son grand-père Botros et de son oncle Gebrayel. Botros a un jour décidé de quitter la maison familiale, sans l’accord de ses parents, et d’aller dans une autre partie de la montagne libanaise pour étudier. Il est devenu un homme de Lettres éclairé. Il n’a pas eu le courage de partir mais celui de rester sur place, de construire une école au village, de lui donner le nom d’école « Universelle ». Gebrayel, lui, voulait aller ailleurs, découvrir « les contrées américaines ».Il est parti faire fortune à Cuba.
Ce livre, d’une lisibilité et d’une limpidité absolues est une profession de foi en matière de tolérance . En toile de fond, l’espoir déçu de Botros d’une société qui respecte les appartenances confessionnelles et les cultures de chacun tout en rejetant les conflits identitaires. Un rêve toujours d’actualité. « En décrivant la déception de mon grand’père à son époque, je décris celle qui est la mienne aujourd’hui. J’ai toujours rêvé de créer, par le biais de mes écrits, des passerelles entre le monde occidental et le monde oriental. Mais la confrontation entre ces deux mondes, que je croyais évitable, semble s’imposer à nous et c’est le fanatisme qui risque de prendre le dessus. La perspective d’une lutte entre ces deux mondes m’attriste. » | |
| | | coline pilier
Nombre de messages : 3986 Date d'inscription : 04/01/2006
| Sujet: Re: Amin Maalouf I Ven 06 Jan 2006, 09:53 | |
| Amateurs des livres de Amin Maalouf, n'hésitez pas, foncez sur "Les jardins de lumière" (un livre consacré à Mani, peintre, médecin, prophète au nom oublié mais pourtant sur toutes les lèvres lorsqu'on parle de "manichéisme"!)...ou encore sur "Les échelles du Levant" (nom donné à un chapelet de cités marchandes par lesquelles les voyageurs d'Europe accédaient à l'Orient: Constantinople, Alexandrie, Smyrne, Adana, Beyrouth...Le héros, un homme, Ossyane, pris dans la tourmente de l'Histoire, dépossédé de son avenir, à qui il ne reste que l'amour.)... et "Samarcande" bien sûr, la Perse d'Omar Khayyam (que j'ai découvert il y a peu)...
Inutile d'ajouter,mais je le fais tout de même, que j'adore cet auteur. | |
| | | annie neophyte
Nombre de messages : 7 Localisation : Damas/Syrie Date d'inscription : 11/05/2006
| Sujet: Amin Malouf : Les croisades vues par les Arabes Dim 14 Mai 2006, 14:45 | |
| Les croisades vues par les Arabes, croisades vues de l'autre bord. Edifiant et cruel. | |
| | | annie neophyte
Nombre de messages : 7 Localisation : Damas/Syrie Date d'inscription : 11/05/2006
| Sujet: Amin Maalouf Dim 14 Mai 2006, 14:51 | |
| Lire aussi Les Identités meurtrières
Sorry, je n'excelle pas dans la critique littéraire. Je recommande simplement le livre. | |
| | | rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
| Sujet: Re: Amin Maalouf Dim 14 Mai 2006, 15:23 | |
| - annie a écrit:
- Lire aussi Les Identités meurtrières
Sorry, je n'excelle pas dans la critique littéraire. Je recommande simplement le livre. Bonjour a toi Annie ! n'hesite pas à donner tes impressions de lecture. Nous ne donnons pas dans la critique litteraire - il y a des professionnels !, mais dans les impressions et avis d' amateurs (aux sens multiples ! qui aiment les livres, ou donner leur grain de sel, ou même se défient des professionnels ). Toutes les formes sont permises, voire souhaitées, ce qui permet aussi d'échanger entre nous. | |
| | | coline pilier
Nombre de messages : 3986 Date d'inscription : 04/01/2006
| Sujet: Re: Amin Maalouf I Mer 07 Juin 2006, 18:19 | |
| Adriana Mater
Je ne savais pas jusqu'à il y a quelques jours qu'Amin Maalouf était l'auteur de deux livrets d'Opéra. J'ai acheté le livret d'Adriana Mater et comme le texte ne comporte pas un intérêt démesuré j'ai envie de résumer l'Opéra. J'espère que vous ne m'en voudrez pas...
Adriana Mater est donc le livret de l'Opéra qui porte le même titre, composé par la Finnoise Kaija Saariaho et créé à l'Opéra Bastille le 30 mars 2006. C’est le deuxième livret d'opéra de l'auteur après L'amour de loin (2001).
Adriana mater comporte sept tableaux. Le texte est très simple mais l’écriture d'un livret n'est pas celle d'une pièce de théâtre : chant, orchestre et costumes apportent plus au texte que la simple lecture de ses répliques.
Adriana Mater se passe dans un pays en guerre. Adriana se prélasse en chantant un vieux refrain nostalgique. Elle rêve du prince charmant. Lorsqu'elle veut rentrer chez elle, sa route est barrée par Tsargo, un jeune homme ivre. Elle se refuse à lui, 'elle le trouve grossier et bien trop porté sur la bouteille. Il s'en va, humilié.
Plus tard, les grondements de la guerre font écho à la fureur de Tsargo. Le jeune homme revient en habit de combat, une arme à la main. Il frappe à la porte d'Adriana. Sous prétexte de surveiller des troupes ennemies, il force sa porte… et l'on comprend que la jeune femme est violée. Tsargo disparaît.
Adriana est enceinte. Elle discute avec sa sœur, qui lui reproche d'avoir choisi de garder l'enfant. L'enfant à naître porte deux sangs, celui d'une victime et celui du bourreau. « Sera-t-il Caïn ou Abel? » se demande Adriana.
Pendant dix-sept ans, elle cache la vérité à son fils , Yonas. L'adolescent l'apprend par une tierce personne. Son père n'est pas du tout mort en héros en essayant de les protéger, comme Adriana le lui a toujours raconté. L'adolescent est ivre de rage.
« Ne crois-tu pas qu'il est encore plus lourd à porter, Le mensonge ? Quand tout le monde connaît la vérité sur toi, Et que toi tu l'ignores ? Quand tout le monde autour de toi chuchote, Avec pitié, avec mépris, Sans que tu en devines la raison ? »
« Yonas, De grâce, suspends ton interrogatoire ! Puisque tu es devenu soudain adulte, Viens te mettre un instant à ma place, Sur la chaise de l'accusée ! A toi de répondre maintenant ! A quel âge aurais-je dû dire à mon enfant que j'avais été violée ? Et que le violeur était son propre père ? A quel âge dis-moi ? A quatre ans ? A huit ans ? Ou dix ans ? Ou douze ? Le Ciel ne m'a pas envoyé mon fils emballé dans la soie, Avec un mode d'emploi ! J'ai dû lui inventer un avenir, un passé, et une vie quotidienne. … Je t'ai aimé comme j'ai pu, Yonas, A toi maintenant de m'aimer Autant que tu pourras. »
Apprenant le retour de Tsargo, Yonas crie vengeance et se met en quête de son père pour lui faire payer son crime. Adriana ne cherche pas à l'en dissuader.
Yonas va donc à sa rencontre. L'autre, de dos, ne fait pas trop de difficulté pour avouer qui il est et ce qu'il a commis. Yonas lui annonce qu'il a l'intention de le tuer. Mais il ne veut pas le frapper dans le dos ; il lui demande de se retourner, et de le regarder. Tsargo se retourne lentement, il est devenu aveugle…
La fin de l'opéra porte sur la question de savoir si Yonas mettra sa vengeance à exécution ou non . De cela dépend s'il est le fils spirituel de son père ( un criminel donc ) ou celui de sa mère Adriana.
« Cet homme méritait de mourir, mais toi, mon fils, tu ne méritais pas de le tuer », lui dit Adriana. | |
| | | Aristarque pilier
Nombre de messages : 1790 Localisation : Septimanie Date d'inscription : 28/12/2005
| Sujet: Re: Amin Maalouf I Mar 24 Oct 2006, 21:20 | |
| - annie a écrit:
- Les croisades vues par les Arabes, croisades vues de l'autre bord. Edifiant et cruel.
Les CROISADES vues par les ARABES Amin MAALOUF J'ai Lu n° 1916 L'auteur est reconnu comme un spécialiste du monde Arabe. A la lecture de cette étude historique nous ne pouvons qu'en être convaincus. Que sont les CROISADES, pour la majorité d'entre nous ? L'épopée d'une foule d'illuminés qui exhortés par le moine Pierre L'Hermite, puis au fil des décennies par divers papes, partirent en 8 expéditions étalées de 1106 à 1291 "délivrer" le tombeau du Christ, vers cette Palestine mythique et lointaine, et gagner ainsi le pardon de leurs péchés. Et s'enrichir à l'occasion, en s'appropriant les richesses des Infidèles après les avoir massacrés, ou réduits en esclavage. On ne nous a appris que ce que les "envahisseurs" ont bien voulu raconter. Mais qu'en pensaient les Arabes, leurs historiens et chroniqueurs ?...Maalouf tente de combler cette lacune. Et nous étonne par l'abondance de ses citations. A noter qu'il ne fait référence à des témoins "Franj" (francs) , que pour donner plus de vraisemblance aux faits qui pourraient nous sembler faux ou outranciers dans leur horreur macabre: des actes de cannibalisme, après la prise de Maara en janvier 1099. Une lettre des chefs croisés au pape l'informe :"qu'une terrible famine assaillit l'armée......et la mit dans la cruelle nécessité de se nourrir des cadavres des Sarrasins". Raoul de Caen chroniqueur rapporte :" à Maara, les nôtres faisaient bouillir des païens adultes dans des marmites; ils fixaient les enfants sur des broches et les dévoraient grillés"......Albert d'Aix, qui a participé personnellement à cette bataille écrit :" les nôtres ne répugnaient pas à manger non seulement les Turcs et les Sarrasins tués, mais aussi les chiens"....... Au fil du récit, nous retrouvons des personnages rendus immortels par cette insolite et tristement célèbre péripétie de notre histoire. Bohemond et Godefroi de Bouillon, Tancrède, Baudouin, Renaud de Châtillon "qui symbolisera, un jour, toute la malfaisance des Croisés", Louis IX qui n'a jamais vu Jérusalem, malgré sa sainteté, Richard Coeur de Lion "ce géant roux, prototype du chevalier belliqueux et frivole, dont la noblesse des idéaux cache mal la brutalité déroutante et la totale absence de scrupules" Coté musulman, le roi Nourredin et son successeur Saladin ont la vedette parmi la nuée d'émirs, de sultans, de vizirs qui se succèdent à la tête des nombreux royaumes victimes des Croisades, et qui ne vaincront que lorsqu'ils seront réunis sous la férule d'un seul: Saladin. Pendant près de 200 ans, tout ce petit monde, s'étripe, tue, viole, pille, renie ses promesses, et les accords passés (parfois contre nature), et, écrit dans le sang et la misère, une atroce page d'histoire qui aura des répercussions jusqu'à nos jours. Ainsi que le constate l'auteur "à la veille du 3ème millénaire, les responsables politiques et religieux du monde Arabe se réfèrent constamment à Saladin, à la chute de Jérusalem et à sa reprise. Israël est assimilé, dans l'acception populaire comme dans certains discours officiels, à un nouvel Etat Croisé". Et que dire des USA de Busch actuellement ?......... Notre spécialiste du monde Arabe conclut par cette phrase, prphétique: " à la fois fasciné et effrayé par ces Franj qu'il a connus barbares, qu'il a vaincus, mais qui depuis ont réussi à dominer la Terre, le monde Arabe ne peut se résoudre à considérer les Croisades comme un simple épisode d'un passé révolu" . A lire comme une curiosité, pour l’accepter peut-être comme un réquisitoire. | |
| | | rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
| Sujet: Re: Amin Maalouf I Mer 08 Aoû 2007, 19:42 | |
| clic ! - Citation :
- Au XIIe siècle, le troubadour Jaufré Rudel, lassé de sa vie de plaisirs, s'embarque pour l'Orient. Ne lui a-t-on pas dit qu'à Tripoli vit la femme qui incarne son idéal d'un amour pur ? Hélas, Jaufré, frappé par la maladie, n'arrivera que pour mourir dans les bras de celle qui, avertie de son entreprise, a senti toute la beauté de cet amour de loin…
Le texte est très court, et seulement deux courts passages sont en occitan. voir le texte d' anne-marie Garat | |
| | | JLNogaro pilier
Nombre de messages : 35 Date d'inscription : 16/05/2007
| Sujet: Re: Amin Maalouf I Mer 08 Aoû 2007, 20:07 | |
| - annie a écrit:
- Lire aussi Les Identités meurtrières
Sorry, je n'excelle pas dans la critique littéraire. Je recommande simplement le livre. Si je me souviens bien, cet excellent (De ça j'en suis sûr !) livre traite du phénomène de résilience. | |
| | | rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
| Sujet: Re: Amin Maalouf I Jeu 09 Aoû 2007, 04:23 | |
| Je ne crois pas qu'il s'agisse de la resilience, mais de l'antagonisme de cultures ou de sociétés. .Je n'ai pas lu ce livre. - Citation :
- Pourquoi faut-il, en cette fin de siècle, que l'affirmation de soi s'accompagne si souvent de la négation d'autrui ? Nos sociétés seront-elles indéfiniment soumises aux tensions, aux déchaînements de violence, pour la seule raison que les êtres qui s'y côtoient n'ont pas tous la même religion, la même couleur de peau, la même culture d'origine ?
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| | | JLNogaro pilier
Nombre de messages : 35 Date d'inscription : 16/05/2007
| Sujet: Re: Amin Maalouf I Jeu 09 Aoû 2007, 08:15 | |
| C'est bien possible, j'ai lu ce livre il y a plusieurs années. Comme je l'avais emprunté en bibli, je ne peux pas vérifier... Mais j'ai bien lu un bouquin de Maalouf dans lequel ce thème est abordé. Je confonds peut-être. Quelqu'un peut-il en parler ? | |
| | | rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
| Sujet: Re: Amin Maalouf I Sam 11 Aoû 2007, 08:59 | |
| Tu nous tiendras au courant. Je suis très en retard sur Amin Maalouf. Ses livrets d'opéra avec Kaija Saariaho, l'amour de loin et Adriana Mater ne semblent pas terribles. Mais qui jugerait un opéra sur le seul livret ? J'attends donc l'occasion de lire notamment le rocher de Tanios ... et les autres. | |
| | | zorg69 pilier
Nombre de messages : 113 Date d'inscription : 21/10/2007
| Sujet: Samarcande Lun 22 Oct 2007, 20:30 | |
| Et Samarcande, personne ne parle de Samarcande ? - Citation :
- « Quel homme n’a jamais transgressé Ta loi, dis ?[/color]
Une vie sans péché, quel goût a-t-elle, dis ? Si tu punis le mal que j’ai fait par le mal, quelle est la différence entre toi et moi, dis ? » Un robaïyat d’Omar Khayyam. Qui sait ce qu’est un Robaïyat ? …Un petit poème. Des quatrains, sans importance, sur l’amour, les femmes, le vin… - Citation :
- « Du vin ! Qu’il soit aussi rose que tes joues
Et que mes remords soient aussi légers que tes boucles » Ou parfois un peu plus mystique, comme celui proposé en introduction de cette chronique.Ce roman est l’histoire d’un manuscrit, le manuscrit des robaïyats d’Omar Khayyam, de sa naissance à sa disparition.Dans une première moitié, une biographie inspirée de la vie réelle de Khayyam, mathématicien, astronome, astrologue, météorologue, savant, humaniste, philosophe, … et poète à ses heures. De ses premiers ouvrages de mathématiques au traité d’algèbre (publié réellement en 1070), de ses travaux sur l’astronomie à la mise en place du calendrier persan introduisant les années bissextiles (connu sous le nom de réforme Jelaléenne plus précise que le calendrier grégorien créé 5 siècles plus tard). Maalouf imagine aussi sa vie d’homme, ses relations ambigües avec les différents pouvoirs, ses amours… Il nous décrit un personnage fascinant, philosophe, penseur libre, jouisseur de la vie et de ses plaisirs, empreint d’une immense sagesse, qui restera fidèle toute son existence à ses idéaux d’indépendance vis-à-vis du pouvoir et de la religion. Un agnostique avant l’heure ... C’est aussi le récit de la rencontre avec ses deux amis : Nizam el-Molk, le grand vizir de Perse qui lui assurera son quotidien pour lui permettre d’étudier à l’abri du besoin, et Hassan Sabbah qui fondera la « secte des assassins » et qui finira par éliminer le premier. Nizam lui avait proposé dans un premier temps, de créer un grand réseau d’espionnage au sein de l’empire. « Entre les secrets et ceux qui les dévoilent, je suis du coté des secrets » lui répondra Omar.Djamaleddine (un personnage secondaire de la deuxième partie du roman) dira d’eux : - Citation :
- « Ce sont des personnages forts différents mais qui représentent chacun un aspect éternel de l’âme persane. J’ai parfois l’impression d’être les trois à la fois. Comme Nizam el-Molk j’aspire à créer un grand état musulman …/… Comme Hassan Sabbah, je sème la subversion sur toutes les terres d’Islam, j’ai des disciples qui me suivraient jusqu’à la mort …/… Comme Khayyam, je guette les rares joies de l’instant présent et compose des vers sur le vin, l’échanson, la taverne, la bien-aimée »
C’est enfin une ode à la perse et à l’orient. Amin Maalouf, conteur de talent, truffe sa narration de description colorées. L’orient des senteurs, l’orient des couleurs. Et nous « déniaise » sur le reste… L’orient du savoir et de la connaissance, l’orient des philosophes et des érudits, l’orient des traditions.Une deuxième partie du livre qui met en scène M. lesage un américain qui cherche le manuscrit et suit sa trace dans l’histoire. On reste en perse, au début du 20ème, une Perse qui balbutie sa démocratie sous le joug combiné de la Russie et de l’Angleterre. Omar Khayyam reste en filigrane dans le récit. Cette deuxième partie, plus contemporaine, est tout aussi intéressante que la première.Le style d’Amin Maalouf, … chaud, soyeux et chatoyant. De belles phrases qu’on aime à relire plusieurs fois, tant leur musique est douce à l’oreille, pour savourer le choix des mots, pour en écouter le rythme, pour admirer la construction, pour en apprécier la véracité … - Citation :
- « Frais plaisir d’arpenter une ville inconnue, les yeux ouverts aux milles touches de la journée finissante »
« Ce n’est pas tant l’ivrognerie qu’il craint, il sait qu’il ne s’y abandonnera pas, le vin et lui ont appris à se respecter, jamais l’un d’eux ne répandrait l’autre sur le sol »« Le ton monte, la violence ne reste pas longtemps enfermée dans les mots »« Les voyageurs sont par trop pressés de nos jours, pressés d’arriver, d’arriver à tout prix, mais ce n’est pas seulement au bout du chemin que l’on arrive. A chaque étape on arrive quelque part, à chaque pas on peut découvrir une face cachée de notre planète, il suffit de regarder, de désirer, de croire, d’aimer » Un livre d’histoires et d’Histoire : Amin Maalouf nous promène sur près de deux siècles dans la perse des 11ème et 12ème siècles puis sur le début du 20ème. D’Omar Khayyam à Gengis Khan, l’auteur éclaire de sa plume géniale une période et une région du monde, sans doute peu connue en occident. Un livre riche sur l’époque, sur la perse, sur l’Islam, ses différentes sensibilités et composantes toujours un peu obscures pour nous autres Occidentaux.Un livre anecdotique aussi. Qui le savait ? - Citation :
- « Pour représenter l’inconnue dans ce traité d’Algèbre, Khayyam utilise le terme arabe Chay, qui signifie « chose » ; ce mot orthographié Xay dans les ouvrages scientifiques espagnols, a été progressivement remplacé par sa première lettre, x, devenue symbole universel de l’inconnue. »
Au final, un livre merveilleux et envoutant. J’y suis revenu après un premier essai infructueux. L’atmosphère du début du livre, ne convenant pas à mon humeur de l’époque. J’y suis revenu, et c’est un vrai bonheur. | |
| | | joce22 pilier
Nombre de messages : 667 Age : 73 Localisation : Paris Date d'inscription : 10/09/2007
| Sujet: Re: Amin Maalouf I Mar 23 Oct 2007, 08:45 | |
| Tout à fait d'accord avec toi sur ce que tu dis de Samarcande que j'ai aimé avec passion comme la plupart des ouvrages de Maalouf d'ailleurs. | |
| | | Cécile pilier
Nombre de messages : 467 Date d'inscription : 03/05/2007
| | | | Cécile pilier
Nombre de messages : 467 Date d'inscription : 03/05/2007
| Sujet: Les Echelles du Levant Lun 08 Sep 2008, 16:04 | |
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« Ma vie a commencé, dit-il, un demi-siècle avant ma naissance, dans une chambre que je n’ai jamais visitée, sur les rives du Bosphore. Un drame s’est produit, un cri a retenti, une onde de folie s’est propagée, qui ne devait plus s’interrompre. Si bien qu’à ma venue au monde, ma vie était déjà largement entamée. » … et Ossyane de se raconter. Pour échapper aux pressions étouffantes de son père qui le veut meneur charismatique et rebelle, Ossyane part en France peu avant la deuxième guerre mondiale suivre des études de médecine. Résistant impulsif il est accueilli tel un héro à son retour au pays. Il y retrouve une jeune fille, sœur d’arme et de clandestinité pendant la guerre en France, dont il tombe amoureux. Il l’épouse. Mais la guerre les séparent chacun d’un côté d’une frontière trop périlleuse à franchir. Puis la folie fait le reste de l’histoire … Pour situer le roman, voire l’œuvre d’Amin Maalouf, un petit précis pour les curieux : les « Echelles » sont un ensemble de comptoirs commerciaux établis en terre d’islam du XVIème siècle au XXème siècle par différentes puissances européennes, dont en premier lieu la France, sous le régime des « Capitulations » (sont désignés sous ce nom divers actes, contrats, conventions, signés par le souverain de certains pays. Des capitulations qui réglaient le statut des étrangers dans l'Empire Ottoman furent établies vers 1535-1536 entre le sultan Soliman le Magnifique et le roi de France François Ier). Les Echelles du Levant désignent les ports marchands de la Méditerranée orientale (Constantinople, Smyrne, Alexandrie) ainsi que des villes situées à l’intérieur des terres (Le Caire, Alep, Damas.) Né à Beyrouth en 1946, Amin Maalouf n’a de cesse de nous raconter cette région engluée dans les tourments guerriers, de nous conter ses légendes. Mais dans ce roman-ci, il s’agit plus de la folie des hommes dans les guerres, celle aussi de l’homme dans sa particularité à effectuer des actes héroïques, enfin de cette folie aliénante qui dérange et incite à engloutir un homme, lui voler sa vie. Il demeure de cette lecture, après celle de « Léon l’africain », « Samarcande », « Le Rocher de Tanios » ou même « La passion Béatrice » une déception toute chagrine à ne pas retrouver l’enchantement. Peut-être est-ce dû à la période plus contemporaine du livre, au tragique de l’histoire ? L’introspection du personnage racontée est par moment ennuyeuse et longue, les questions en suspend trop nombreuses. Les délicatesses de l’écriture sont cependant toujours présentes et séduisantes, seules épices insuffisantes à sauver le livre de la marinade.
je n'ai pas réussi à insérer la photo du livre | |
| | | Harelde pilier
Nombre de messages : 7283 Age : 49 Localisation : Yvelines Date d'inscription : 18/09/2008
| Sujet: Re: Amin Maalouf I Jeu 09 Avr 2009, 10:54 | |
| Je suis actuellement plongé dans le Rocher de Tanios. Cette lecture est extraordinaire. L'écriture d'Amin Maalouf est très agréable à lire : riche tout en étant fluide. Récit passionnant et vivant. Avec un brin de poésie.
Je ne connais pas encore le fin mot de l'histoire (j'en suis au 2/3)... mais je sais déjà que je recommanderai chaudement ce livre. | |
| | | Harelde pilier
Nombre de messages : 7283 Age : 49 Localisation : Yvelines Date d'inscription : 18/09/2008
| Sujet: Re: Amin Maalouf I Lun 20 Avr 2009, 09:15 | |
| J'achève le Rocher de Tanios. Un livre que je conseillerais vivement à qui me demanderait mon avis. Sous la forme d'une chronique historique et à partir d'un fait authentique, Amin Maalouf tisse un roman d'une poésie merveilleuse ayant pour centre son héros : Tanios. Ecriture particulièrement plaisante pour lecture passionnante. Nul doute que je vais approfondire ma connaissance des oeuvres d'Amin Maalouf ! | |
| | | Luce14 pilier
Nombre de messages : 56 Age : 36 Date d'inscription : 15/05/2009
| Sujet: Re: Amin Maalouf I Sam 16 Mai 2009, 12:31 | |
| Samarcande de Amin Maalouf est l'un de mes préférés. J'ai passé tout l'été dernier à essayer de lire et comprendre "Les Identités meurtrières" un peu philosophique quand même! | |
| | | Harelde pilier
Nombre de messages : 7283 Age : 49 Localisation : Yvelines Date d'inscription : 18/09/2008
| Sujet: Re: Amin Maalouf I Lun 18 Mai 2009, 07:30 | |
| J'ai beaucoup aimé Samarcande. Mais avec une petite préférence pour le Rocher de Tanios. | |
| | | tchekovine neophyte
Nombre de messages : 1 Date d'inscription : 26/08/2009
| Sujet: Re: Amin Maalouf I Mer 26 Aoû 2009, 11:09 | |
| tous les livres de Amin Maalouf sont magnifiques, trés agreables à lire. Celui que j'ai aimé le plus, c'est leon l'africain je l'ai lu à un trés jeune age et je l'ai repris plus tard pour moi c'est une oeuvre unique, les identités meurtrieres est tres bon aussi dans un monde ou règne l'intolérance | |
| | | Harelde pilier
Nombre de messages : 7283 Age : 49 Localisation : Yvelines Date d'inscription : 18/09/2008
| Sujet: Re: Amin Maalouf I Mer 26 Aoû 2009, 11:57 | |
| Durant les vacances, j'ai complété ma liste Maalouf avec les Echelles du levant. Un livre très sombre d'une intensité rare. La dernière page achevée, on reste quelque peu groggy. | |
| | | Rafikuss pilier
Nombre de messages : 64 Age : 38 Date d'inscription : 17/12/2007
| Sujet: Re: Amin Maalouf I Ven 28 Aoû 2009, 16:53 | |
| J'ai lu qq titres de Maalouf mais je n'ai jamais vraiment été fan. Néanmoins, je garde un très bon souvenir de "Les échelles du levant". Plus récemment, j'ai lu "Le rocher de Tanios" que je recommande vivement. Sinon, je n'ai jamais pu finir "Identités meurtrières". Trop philosophique à mon goût. | |
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| Sujet: Re: Amin Maalouf I | |
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| | | | Amin Maalouf I | |
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