Dubillard, Les nouveaux diablogues.

Bien franchement, je ne suis pas fan de Roland Dubillard, l'auteur des "Diablogues"...mais là, je tire mon chapeau aux comédiens et au metteur en scène.
A ne pas rater si cette pièce passe près de chez vous!...

Les nouveaux diablogues de Roland Dubillard, L’arbalète

Deux pages environ, rarement plus, pour ce petits échanges entre deux personnages.
On y trouve un esprit à la Raymond Devos, côtoyant l’absurde et étreignant chaleureusement la drôlerie.

Peinture flamande ;

[…]

- Et sur l’autre mur ? Ça, qu’est -ce que c’est ?
- Ça ? Ce n’est pas un tableau. C’est une pendule.
- Et qu’est-ce que ça représente ?
- Ça représente un e pendule
- oui, mais quelle sorte de pendule.
- Eh bien cette pendule là précisément.
- Alors elle ne sert à rien. Elle devrait représenter quelque chose. Par exemple une autre pendule.
- oui mais alors ce ne serait plus une pendule.
- Ce serait quoi ?
- Un tableau. Un portrait de pendule.
- De toute façon, il serait midi vingt ?
- non ça dépendrait de l’heure
- qu’est-ce que c’est qu’un portrait de pendule qui dépend de l’heure ?
- C’est une pendule.

Réponse à une enquête sur le langage

Le langage n'est pas un insecte ; n'est rien de bien précis ; on ne peut le montrer du doigt [...]

Tel est le langage. Toute différente est la Langouste.

la langouste est peu communicative ; ce que son mutisme suffit peut-être à expliquer. Pas même capable de se nommer toute seule, son nom vient d'un insecte : la locusta des latins, qui est notre sauterelle, dite aussi locuste.

Par sa nature, donc, la langouste plutôt qu'avec le langage, voisinerait avec l'angoisse, que les Italiens appellent l'angustia [...]


le délire continue avec langue, goût, langueur, langoureuse, loquace, locutions etc..

Voilà qui devrait plaire à Bertrand !

rotko a écrit:

Réponse à une enquête sur le langage

Le langage n'est pas un insecte ; n'est rien de bien précis ; on ne peut le montrer du doigt [...]

Si j'en ai l'occasion, j'irais bien voir jouer ces textes car je trouve que les Diablogles ou les Nouveaux Diablogues sont très "littéraires" et je me demande bien ce que cela peut donner sur scène (en dehors d'un mode "récitatif").
A la recherche de petits textes comiques en monologues ou duos, j'ai toujours finalement renoncé à choisir du Dubillard à cause de cela.
Les textes sont d'un comique absurde mais moins poétique qu'un Devos, à mon goût. De mémoire, je me souviens d'un texte sur un "compte-gouttes" désopilant.

Domi a écrit:

Si j'en ai l'occasion, j'irais bien voir jouer ces textes car je trouve que les Diablogles ou les Nouveaux Diablogues sont très "littéraires" et je me demande bien ce que cela peut donner sur scène (en dehors d'un mode "récitatif").

Alors pas récitatif pour deux sous, une version qui tourne actuellement des "Nouveaux diabloques". J'ai vu il y a peu et j'ai été scotchée. Voici ce que j'avais posté:

"Bien franchement, je ne suis pas fan de Roland Dubillard, l'auteur des "Diablogues"...mais là, je tire mon chapeau aux comédiens et au metteur en scène.
A ne pas rater si cette pièce passe près de chez vous!...

Mise en scène : Guy Pierre Couleau

Avec :

Olivier Dutilloy
Pierre Stéfan Montagnier

Sur scène une voiture. Une DS . Une obsession devenue un décor. Le décor de la vie pour abriter nos démons et nos fantasmes. La vie et la métaphysique des choses autour d’une DS !

Et deux autres initiales : Un et Deux. Ils parlent, dialoguent et leurs jeux de mots transforment les objets et le monde.

Un et Deux ont une cousine Paulette, un oncle Charles, un copain Georges, qui vont tous en vacances à Arcachon, et ils parlent une étrange musique – une musique de chambre devenant musique de placard – décortiquent les phrases banales, dissèquent les mots jusqu’au vertige.

Dubillard ou la magie du langage, avec autant d’insolence que de fantaisie. Et ses personnages en état permanent d’absence, occupés à résoudre de curieuses difficultés, comme ce machin qui ne marche pas, résiste à toute réflexion.

Alors on se jette à l’eau, en espérant qu’on sait nager. Le machin qui ne marche pas ressemble étrangement à la vie.

Présentation du spectacle "Les nouveaux diablogues" par Guy Pierre Couleau, le metteur en scène:


Sur scène une voiture. Oui, une automobile. Une DS jaune.
Je ne voudrais surtout pas dire pourquoi cette DS jaune m’obsède d’année en année. Cette obsession-là est venue un jour se loger quelque part, dans un coin obscur de mon crâne. Toute enfouie.
Elle se fait oublier puis elle revient. De temps à autre, elle revient, devant mes yeux, au premier plan de mon quotidien. Et il faut que j’en fasse un décor.
Le décor de toute une histoire : le dialogue que j’entretiens avec moi-même. Je suis deux et je dialogue avec moi. C’est simple. Et tout ça se passe dans une DS jaune. Et autour de la DS. Et je parle de la vie et de la métaphysique des choses. Et de la musique que j’invente dans mon placard. Et du vide que je remplis de mes idioties fondamentales. Et la boîte à gants de ma DS renferme des gants. C’est très rare qu’il y ait des gants dans une boîte à gants. Surtout de DS. Je mets ces gants et je conduis ma vie au fil des mots et des rythmes de ma DS.
Au fond de mes idées, il y a une couleur et du métal en forme de boîte à rêve, de boîte à mots, de boîte à paroles et de boîte à jeu.
Deux initiales et UN et DEUX qui, diable, parlent.

Le théâtre de Roland Dubillard est avant tout un théâtre d’acteurs, avec ce que cela suppose de liberté, d’inventions et d’audaces. Il appartient à ce nomadisme héréditaire des acteurs, qui fait que, de Molière et son Illustre théâtre à Dario Fo, Dubillard et ses « diablogues » trouvent leur place dans ce même mouvement : on prend la route pour s’en venir, de ville en ville, raconter des histoires à d’autres qui sont venus les écouter.
Ce théâtre-là ne se réduit pas à un discours théorique. Sans cesse il échappe à toute forme pré-établie : on le croit absurde et il apparaît aussitôt burlesque. On le prétend métaphysique, et hop ! il se grime en farce bouffonne. Ce théâtre-là est surtout très concret parce qu’il est très humain. Et comme tous les humains, il porte son propre regard sur le monde, les êtres et les choses. Il pense et respire son propre souffle, ses idées. Comme chacun d’entre nous.
Le théâtre de Roland Dubilllard est peut-être une personne... Il est en tous cas personnel et c’est en cela qu’il s’adresse à tout le monde.
Il nous fait rire, penser et nous transporte.
J’allais dire « nous transforme ».

Guy Pierre Couleau – novembre 2005

Domi a écrit:

De mémoire, je me souviens d'un texte sur un "compte-gouttes" désopilant.

il est là ton compte-gouttes

rotko a écrit:

il est là ton compte-gouttes

oui ! c'est bien ça, Rotko

et merci à Coline pour toutes ces infos

coline a écrit:

Bien franchement, je ne suis pas fan de Roland Dubillard, l'auteur des "Diablogues"..

Bien moi non plus....

J'ai relu le texte du compte-gouttes, j'aime bien l'idée, l'humour ... je trouve ça un poil long quand même...

Alors je voulais vous en parler un jour, ça viendra mais en parlant d'humour, souvent humour noir ou absurde il y a un auteur ... que j'affectionne particulièrement c'est Guy Foissy. Je ferai un blahblah et vous mettrai des extraits c'est que du bonheeeeeeeur enfin bon c'est mon goût

Roland Dubillard - extrait

Citation :

«Avec un caractère comme j'en ai un, on n'épouse pas n'importe qui. On épouse un cocu.C'est ce que j'ai fait.Il ne l'était pas encore quand je l'ai épousé, mais on voyait bien qu'il était fait pour ça. Et ça n'a pas tardé.C'est comme moi : je n'étais pas encore veuve. Mais il a bien vu tout de suite que j'étais faite pour être veuve. Et ça non plus, ça n'a pas tardé. De ce point de vue, il a été très bien. Ca lui plaisait, à cet homme d'épouser sa veuve. On peut même dire qu'on a été trop vite, tous les deux, ça marchait trop bien, parce que à peine il était devenu mon cocu, je suis devenue sa veuve.»

j'indique ma source : http://www.theatre-traduction.net/text2621.html mais y a rien de plus !

Idem pour moi Utopie, j´ai arrêté ma lecture du "Compte-gouttes"quand ils se demandaient si Maman etait aussi de Besançon.

Décès de l'auteur de Naïves hirondelles et Le Jardin aux betteraves,

Roland Dubillard a traversé le cinéma français avec une certaine inconstance, mais avec un charisme certain. C'est ainsi que Jean-Pierre Mocky fera appel à lui pour apparaître dans ses Compagnons de la marguerite, La grande lessive ou encore Le Témoin.

Patrice Leconte lui offrira un rôle dans Les vécés étaient fermés de l'intérieur et Roland Dubillard incarnera un psychiatre dans Peur sur la ville de Henri Verneuil.

Son complice Alain Robbe-Grillet fera aussi appel à ses talents d'acteur dans La Belle captive et c'est dans Lucifer et moi de Jean-Jacques Grand-Jouan que Roland Dubillard fera sa dernière apparition sur grand écran en 2009, soit plus de dix ans après Charlotte for Ever de Serge Gainsbourg.