Thib pilier
Nombre de messages : 46 Localisation : La Romancie. Date d'inscription : 18/07/2010
| Sujet: Xavier Hanotte (Belgique) Mar 12 Avr 2011, 09:34 | |
| Xavier Hanotte, Des feux fragiles dans la nuit qui vient (Belfond, 2010) C'est un monde en décomposition que celui de cette île en guerre, une île qui n'a rien d'utopique, au contraire. On semble y tuer le temps et y faire durer, dans un esprit "vieux monde" (à la manière britannique si l'on veut, d'où l'idée de l'île), la survie d'une civilisation à l'image d'un ordre traditionnel, auquel personne ne croit plus guère, car ce n'est plus qu'une question de principe. En face, les fanatiques nous rappelent quelques réalités très contemporaines, telle celle des attentats. Mais ces "autres" qui combattent si déloyalement ne sont pas stigmatisés. Des résistants? Mais ils présentent des symptômes mystiques, juste assez pour soutenir la connotation avec l'actualité (faut-il préciser laquelle?). Ce roman s'ancre dans la tradition du roman d'anticipation. Y règnent l'action et la psychologie, bien dosées, mais sans prétention philosophique avouée. Certes, la trame du récit est fine, le point de vue du héros, Berthier, et accessoirement celui d'autres personnages, sont finement travaillés, parfois tout de même passablement obscurs à force de laconisme ou de sous-entendu, mais le cadre traditionnel de la psychologie du roman d'aventures n'est pas dépassé. Un peu comme si son auteur avait pris le parti de ne pas s'en détacher, alors qu'il semble évident qu'il vise à travers une écriture aux codes classiques, voire usés, un but allégorique. D'où l'étrange impression de lire quelque chose qui tient à la fois de "La Peste" de Camus et d'un "Bob Morane" d'excellente qualité! Ne manque que la prétention explicite du roman à thèse qui permettrait de s'affranchir des règles d'écriture d'une certaine "paralittérature" (sans rien de péjoratif). Sans doute cela tient-il au fait même que le sujet tourne autour de l'idée de la défense désespérée d'un certain esprit de tradition. On écrit ici comme fume l'amateur de cigares ou comme le collectionneur thésaurise ses boutons d'uniformes: par tradition, en sachant qu'il n'en restera rien. Dans cet univers très viril mais dans le bon sens du terme, la présence du lieutenant Frédérique Jeunehomme catalyse tout ce que ce monde mourant, dans son artificialité et sa cruauté distinguées, laisse de côté: la réalité des êtres et cette valeur passée (j'allais dire par les armes!) par pertes et profits: l'amour... | |
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rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
| Sujet: Re: Xavier Hanotte (Belgique) Mer 20 Avr 2011, 09:47 | |
| il a aussi écrit
- De secrètes injustices aux éditions Labor.
- Et chaque lent crépuscule au Castor Astral.
le personnage principal est un inspecteur de police que passionne l'oeuvre du grand poète anglais Wilfred Owen.
Celui-ci s'engage dans l'armée britannique et rejoint le front de la Somme en 1917. L'enfer est au rendez-vous. Le poète joint alors à la dénonciation tragique de l'absurdité une profonde compassion pour l'homme désarmé, meurtri, nié jusque dans son humanité même. Le lieutenant Owen tombe à Ors (Nord), le 4 novembre 1918, sept jours avant l'Armistice.
Mise à l'honneur par Benjamin Britten dans son célèbre War Requiem, aujourd'hui traduite par Barthélemy Dussert et Xavier Hanotte, son oeuvre aussi poignante que brève est enfin rendue accessible au public français par le biais d'un choix de poèmes et de lettres.
Intéressant, ce titre ! | |
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