Ariëlla Kornmehl (hollande)

Joni, la narratrice de ce roman, est médecin. Après un grave traumatisme affectif, elle quitte l'Europe et choisit l'Afrique du Sud pour s'éloigner à jamais des siens. Là, elle trouve un poste aux urgences d'un hôpital de Johannesburg et s'installe dans une villa à l'extérieur de la ville. Dès son arrivée dans cette maison, Zanele, une femme zouloue, s'impose auprès d'elle en tant que gouvernante.

Ce livre m'a été conseillé, et je dirais même remis de la main à la main ! un bon début !

Citation :

- Il y a quoi dans le livre ?

[...] Zanele voulait que je lui fasse le récit de mes lectures. Je lisais pour deux. Ma proposiiton de lui apprendre à lire s'était heurtée à un refus catégorique, trois ans auparavant. Elle avait pointé son index vers moi :

- "toi lire pour moi !"

Ariëlla Kornmehl, Le mois des papillons, chez Actes Sud.

Joni est médecin. Elle est venue en Afrique du sud après l’apartheid, sur un coup de tête, après une rupture amoureuse et familiale. Elle se trouverait donc isolée si elle n’avait pas conclu un marché avec Zanele, mi-servante, mi-amie, dont elle héberge la famille, et avec laquelle elle partage souvenirs, regrets, et désirs.

Il n’est pas facile de vivre avec quelqu'un d’une autre culture ; Ariëlla Kornmehl le montre au quotidien, avec ces deux femmes que lient une bonne amitié, mais avec des principes, des mentalités et des pratiques différentes. Elles échangent sur leurs vies, prennent soin aussi l’une de l’autre. Joni a aussi besoin d’une autre vie que celle de l’hôpital.

En arrière-fond, mais toujours présente, la pesanteur due l’atmosphère sociale, silencieuse mais menaçante, avec une insécurité permanente dans tous les secteurs. Joni hérite d’une situation d’apartheid qu’elle n’a pas connue, et elle en subit les frais.

Le mois des papillons est un récit très bien écrit, qui sonne juste, avec des personnages féminins attachants, et d’autres, comme des ombres, silencieuses, souvent invisibles…

Ils rappellent que la terre maintenant appartient aux Noirs.

Le mois des papillons, chez Actes Sud.

« Il y avait enfin des toilettes écologiques autour des townships et les Noirs pouvaient enfin faire des études.

Mais ils s’en fichaient pas mal … un jour ils se rendraient compte, un jour ils comprendraient qu’il leur faudrait se lever contre les blancs. Et ils découvriraient combien c’est facile. Il leur suffirait de nous taper la tête contre les murs jusqu’à ce que du sang en gicle de tous les côtés. Le sang rouge de notre peau blanche… Ils nous chasseraient, ils récupèreraient leur terre, ils expulseraient les Blancs de leur pays avec leurs chiens,(1) leur maïs jaune et leur pain gris. Ils les pousseraient dans l’océan. »

Un livre à rapprocher pour le thème de disgrâce de de J.M. Coetzee

(1) la mention des chiens, amenés par les Blancs en Afrique, et qui n'y auraient plus leur place, selon certains, confirme le malaise que créait, dans Disgrâce, Lucy, la fille de David : elle passait ses journées à euthanasier les chiens !