Les nègres en écriture.

je crois, sans être mauvaise langue, que Montaillou village occitan, d'Emmanuel Leroy Ladurie, chez Folio Histoire, ou le carnaval de Romans, même collection, ont bénéficié du travail de déchiffrement d'étudiants en histoire.

Il suffit de voir le rythme des publications ICI pour bien le comprendre .

D'ailleurs, pour de tels ouvrages, la collaboration, mentionnée, est indispensable, et profitable à tous les acteurs.

La préparation d'une toile par les élèves pour un tableau qui sera réalisé ensuite par le Maître, ou la préparation de la pierre pour une sculpture, cela n'a rien à voir avec le soi-disant écrivain (fortuné et connu) qui utilise une autre personne (anonyme et souvent fauchée) pour écrire un roman que lui-même va signer en faisant croire aux lecteurs-pigeons qu'il en est l'auteur...et en augmentant sa renommée et le solde de ses comptes en banque sur le dos de vrais auteurs moins chanceux qui devront restermodestement et silencieusement dans l'ombre.

Prenons un cas précis

Dans la collection France-Loisirs on trouve un titre     nuits d’angoisse 50 histoires vraies. 

En Gros comme noms d’auteurs, Pierre Bellemare, avec sa photo, et en moins gros, sans photo, Jean-Francois Nahmias .
On sait qui est l’écrivain : nahmias , titres : La bague au lion, La bague au loup, le cyclamore. La Nuit mérovingienne, L'illusion cathare etc... La Prophétie de Jérusalem, Le voile de Bérénice, Titus Flaminius et la fontaine aux vestales, Titus Flaminius et la gladiatrice.

Vous pouvez contacter Pierre Bellemare, lui poser directement des questions ICI

et voir sa liste de livres... ou d’histoires compilées.

Et aussi sa « collaboratrice » Marie-Thérèse Cuny qui a beaucoup travaillé pour lui .

AuteurS, au pluriel...et leurs noms sont tout dev même cités...Ce n'est pas cela qu'on appelle des "nègres".

Il y a eu le passage clandestin, puis la régularisation, mais hierarchisée.

On observe des stades.

Rappelle toi dans Bel-ami de Maupassant. Madeleine Forestier ecrit les premiers articles d'Eugène duroy comme francoise Verny écrivit , dit-on, les premières pages de Yann Quefellec.

Ensuite chacun prend son essor, et le cycle recommence avec un nouveau débutant.

rotko a écrit:

Ensuite chacun prend son essor, et le cycle recommence avec un nouveau débutant.

Tout va bien alors? Le système est parfait!

coline a écrit:

rotko a écrit:

Ensuite chacun prend son essor, et le cycle recommence avec un nouveau débutant.

Tout va bien alors ? Le système est parfait !

Je ne brandis pas l'anathème, je constate un état de faits, et tu remarqueras que je donne des exemples précis. On peut effectivement regretter que la machine continue à tourner avec de nouveaux partenaires. Tel est le sens de ma remarque sur "le cycle qui recommence".

Et maintenant une petite anecdote

marie therese des brosses journaliste s'était enflammée contre un auteur de "recits ufologiques" Eric Julien L'histoire ne merite pas qu'on la lise mais je donne le site pour ce qu'il vaut

http://www.ufocom.org/pages/v_fr/m_news/imposture.htm

Or elle est convaincue de plagiat pour "son" oeuvre asunrath

.

Citation :

Le manuscrit lui avait été “donné” par un ami éditeur peu scrupuleux (de Roux ?) et elle l'avait proposé à Éric Losfeld qui, en toute bonne foi, l'avait accepté. Le véritable auteur qui était un homme âgé porta plainte et M. T. de Brosses fut condamnée.

Citation :

les vraies victimes de cette malhonnêteté furent Claude Serre et Éric Losfeld puisque le livre dut être retiré de la vente et les exemplaires détruits. C'est donc devenu un rarissime objet de collection

.

http://www.noosfere.org/Icarus/Livres/niourf.asp?numlivre=3763

Et qui l'a ce livre ? moi

rotko a écrit:

Et qui l'a ce livre ? moi

Vends-le aux enchères si tu n'y pas trop!...

Faudra que je le lise d'abord ! je l'avais trouvé dans une brocante.

Parmi les nègres, on cite souvent yves Salgues ancien journaliste à Paris Match, qui fut l'auteur déclaré de biographies dans le monde musical : Django Reinhard, Aznavour, Gainsbourg, mais aussi james Dean. Je crois me rappeler que quelqu'un, ici ou plutôt ailleurs, avait parlé d'un roman d' Yves Salgues très interessant, mais quel titre ?

coline a écrit:

AuteurS, au pluriel...et leurs noms sont tout dev même cités...Ce n'est pas cela qu'on appelle des "nègres".

Le "nègre" reste dans le noir

Voyons un peu ces fiches d'écrivains :

Thierry BRETON :

Ministre de l'économie du gouvernement français de Villepin, ancien PDG de FRANCE TÉLÉCOM. Né le 15 janvier 1955 à Paris - Marié - 3 enfants.
Homme d'affaires avant toute chose (son parcours l'a mené des fonctions d'administrateur de Thomson, Schneider, Dexia, Axa, Bull, Orange à la direction de France Télécom, en passant par des ministères et par la réalisation du projet Futuroscope), Thierry Breton ne taquine le verbe et la lettre qu'en activité secondaire, par hobby et non par vocation ou profession.

Denis BENEICH :
Ecrivain français établi aux Etats-Unis, il n'est guère connu que pour son association avec Breton lors de la rédaction de Softwar.

la source est
ICI

et une précision importante :

Citation :

Denis Beneich, l'autre auteur de cet ouvrage, est catégorique: «Thierry n'a pas écrit une seule ligne de ce roman. Il en a eu l'idée, mais ni le scénario ni l'écriture ne sont de lui.» De quoi douter pour les deux romans qui suivront, signés ceux-là par le seul Thierry Breton, à savoir Vatican III, marketing poussé à l'extrême au service d'une religion, et Netwar, la suite du Softwar.

Cette fois ma source est
LA

Rotko a écrit:

Et ce que certains enseignants du superieur font en compilant les memoires de leurs etudiants ?

Il ne faut pas aller si loin, comme travail en histoire (1ère année), j'ai été recopier des archives de patentes... Rien que des listes de noms... Très intéressant comme "exercices d'histoire contemporaine" (ou quelque chose comme ça, je ne me souviens plus du titre exact). Le prof disait lui-même que c'était pour lui que nous travaillions
Enfin, ceci dit, les fonctionnaires avaient de très belles écritures au XIXe siècle

Beatrice Sparks, psychologue pour ados en difficulté aurait ecrit une serie de livres pour les tirer des mauvais pas où il s'étaient fourrés : violence, delinquance, drogue etc...

le moyen : une confession anonyme, sorte de journal intime dont l'itineraire est moral. Pour l'herbe bleue plusieurs sollaborateurs auraient réponsu à une commande d'Etat selon la presse americaine de 1998.

L'epilogue de l 'herbe bleue ne fait pas exception à la règle

Citation :

« L’auteur de ce journal est morte trois semaines après avoir pris la décision de ne plus en tenir un. Ses parents sont rentrés un soir du cinéma et l’ont trouvée morte. Ils ont appelé la police , une ambulance, mais il n’y avait plus rien à faire. Etait-ce une dose trop forte ? Accidentelle ? Préméditée ? Personne ne le sait et cela n’a que peu d’importance , dans le fond. Ce qui importe , c’est que cette enfant est morte.
Et qu’elle n’est qu’une des cinquante mille victimes de la drogue qui succombèrent cette année-là. »

A la lecture on se rend compte que des details restent bien vagues et que le public visé est juvénile.

Un livre de Philippe Di Folco vient de sortir portant ce titre.
A cette occasion, je vous livre l'extrait d'un article du magazine LIRE:


"L'adolescence à la dérive est un filon inépuisable. Dès 1971 paraît Go ask Alice, le journal d'une adolescente qui a connu tous les outrages: drogue, inceste, viol, etc...Vendu en France sous le titre L'herbe bleue, l'ouvrage connaît un succès vertigineux en Europe. Le principe est simple. Une préface fait le point. Les parents ont découvert le journal de leur fille de 17 ans, morte d'une overdose. Alice est le prénom de la jeune copine. Restée clean, elle aurait tout tenté pour remettre sa copine sur lesrails. Assez vite, un doute plane sur l'authenticité de la confession. C'est en 1998 que la presse révèle que Go Ask Alice serait le produit d'une éditrice, Beatrice Sparks. "

J'étais totalement passée à côté de cette information-là...
Comme tout le monde, j'ai lu ce livre à l'époque...

A propos des impostures possibles, probables ou avérées, un article universitaire propose quelques réflexions intéressantes à partir d'un cas d'espèce :

http://www.fabula.org/effet/interventions/10.php

on pourrait élargir ce fil aux mystifications littéraires, et on trouverait sans doute du "grain à moudre".

je renvoie aussi à Asunrath, ICI dont la provenance n'est pas élucidée, et que j'ai bien aimé lire.

Bien différent des nègres, il y a les plagiaires, qui, le nom l'indique, pratiquent le PLAGIAT

Pour éviter ces mesaventures du récit qu'on se fait piquer, il faut le déposer au SGDL : la Société des gens de lettres (SGDL), créee en 1838, par Balzac. Depuis le début elle a pour objet de protéger les auteurs contre les plagiats.

Marie Ndiaye s'est "inspirée" de Tolkien pour la sorcière,

vous connaissez des "plagiats présumés" ? ou des pages écrites qui montrent des "souvenirs précis de la lecture d'autrui"

On trouve même un site consacré au plagiat

trois romans ou trois confessions ?

«Roman nègre», de Dan Franck. Grasset,

Dan Franck, l'homme aux 62 livres non signés, se délecte à raconter sa vie de « nègre professionnel » sans, hélas, lâcher un seul nom. La discrétion est un code du métier. Dans ce roman vrai, l'écrivain cache sous le polar des anecdotes authentiques.

«Politiquement nègre», d'Éric Dumoulin. Robert Laffont,C'est Il a prêté sa plume et son énergie à de nombreux dirigeants politiques, mais aussi ses lumières sur des sujets d'une grande diversité. Lui aussi brise l'omerta sans dénoncer ses clients.
Il lui arrivait de sous-traiter !

«Enfin nue. Confessions d'un nègre littéraire», de Catherine Siguret. Intervista

Catherine Siguret a trouvé la bonne distance pour raconter son extraordinaire vie de nègre : 35 livres (sans compter les siens) en quatorze ans.
Pour la romancière, épouser la personnalité de son « négrisé » n'est pas qu'un mot... c'est un acte, qui peut aller très loin. Du syndrome de Stockholm en littérature...

source le figaro.

rotko a écrit:

vous connaissez des "plagiats présumés" ?

Dans l'actualité littéraire récente, il y a eu la fameuse affaire Camille Laurens contre Marie Darrieussecq, la première accusant la seconde d'avoir puisé dans son roman "Philippe" pour écrire le sien, "Tom est mort". L'affaire est d'autant plus curieuse que Marie Darrieussecq avait toujours déclaré que, si elle avait rejoint les éditions POL, c'est par admiration pour l'oeuvre de Camille Laurens qui y publiait, et notamment pour son roman "Philippe"...

Camille Laurens reproche essentiellement à son adversaire :
*d'une part, de l'avoir "psychiquement plagiée" - notion bâtie pour la circonstance et bien sûr irrecevable juridiquement (ce ne sont pas les idées ou la psychologie de l'auteur qui sont protégées, mais uniquement leur formulation littérale).
* et d'autre part d'avoir écrit sur un sujet (la mort d'un enfant) que, contrairement à elle, elle n'avait pas vécu dans sa chair - notion elle aussi inédite et bien sûr inacceptable littérairement (depuis quand les écrivains devraient-ils avoir vécu une situation pour en parler?)

Ses arguments, développés dans un texte très violent que Camille Laurens a fait paraître dans la NRF sous le titre "Le syndrome du coucou", paraissent donc très faibles, sauf sur un point: elle fait état de la gêne ressentie à la fois par Marie Darrieussecq (qui aurait, à un moment donné, exprimé le souhait de parler de son livre à Camille Laurens avant de le publier mais qui ne l'a finalement pas fait), et par leur éditeur commun qui, après avoir fait mine d'être embarrassé lui aussi, a fini par prendre intégralement le parti de Marie Darrieussecq. Or pourquoi y aurait-il gêne, s'il n'y a pas culpabilité? La démarche de Camille Laurens peut donc être disqualifiée juridiquement et littérairement, mais la question de la morale reste entière...

Votre avis???

Rue 89 parle et fait parler des "negres en littérature"

Dans « Roman nègre », chez Grasset, Dan Franck mettait en fiction et en poupée gigogne sa propre « négrité ».

Voici Enfin nue – Confessions d’un nègre littéraire de Catherine Siguret – Intervista –

Citation :

Je gagne avec mes livres entre 10 000 €, plancher le plus fréquent mais en deçà duquel « je ne me lève pas » (pour paraphraser une célèbre top-model qui, elle, évoquait 100 000 €), et 15 000 € pour l’avance. A terme, soit les ventes médiocres font qu’on en reste là, cas le plus fréquent hélas, soit on atteint des sommets. Le record étant de 50 000 € pour Claudia Schiffer (traduction mondiale, et malgré mon pourcentage de 1%, ce fut d’un excellent rapport). Le nègre établit des statistiques : je fais un carton tous les dix ans !

J'ai cru que c'était un sujet sur la littérature africaine

ouais

c'est bien pourquoi on a précisé "en écriture"

UN article à lire dans Télérama cette semaine sur le sujet : Vols de plumes

Dans les nègres, compte-t-on les écrivains en bâtiment, ceux qui enchainent roman sur roman de commande dans une collection donnée ( SAS, Harlequin, etc)?

Savez vous qu'une grande partie des Brigade Mondaine avait été écrite par le philosophe Philippe Muray sous le pseudonyme de Michel Brice ?


Anna Gavalda, dans un entretien, disait que si c'était à refaire, elle serait nègre, pour avoir le plaisir de l'écriture et celui de l'anonymat.



Seb, je suis d'accord avec ce que tu écris plus haut.

J'ajouterais que ces écrivain (Es?) ont manqué de style, de classe, en se disputant ainsi, avec les arguments qu'on a vus. Et manquer de style, c'est grave pour un écrivain. Le style, c'est l'homme :-).

Sur les identités cachées et les masques de l'écrivain,

voir l'article de Rue 89, toujours très intrigué par l'écrivain Casas Ros.