Juan Gabriel Vásquez et le Costaguana

Histoire secrète du Costaguana de Juan Gabriel Vásquez, 310 pages, au Seuil

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Rappel :

Londres, 1903. José Altamirano, colombien de naissance, fraîchement arrivé de la toute nouvelle république du Panamà, fait la connaissance de Joseph Conrad, alors en pleine écriture d'un roman qui a pour cadre la Colombie. Mais les souvenirs de l'écrivain sont trop anciens et trop vagues pour qu'il puisse recréer le pays dont il a besoin. Il interroge alors le nouvel arrivant. De cette rencontre naîtra Nostromo, chef-d'oeuvre de Joseph Conrad

Il s'agit d'une confession nécessaire, vitale pour le narrateur, José Altamirano, ce qui donne de la force au récit remanié.

Les premières pages de l'histoire secrète du Costaguana intriguent et interessent : le narrateur prétend à la fois s'adresser à une femme ("ma chère Eloisa") dont il ne dit rien, et à des juges, mais on ne sait pas dans quel contexte.

Le narrateur est le fils de Miguel Altamirano, un personnage remuant qui a maille à partir avec le clergé et s'embarque dans des activités politiques et sentimentales complexes et imprévisibles.

La "bienveillance du lecteur" ("captatio benevolentiae" dirait Prince d'A) est assurée dès le début !

Histoire secrète du Costaguana de Juan Gabriel Vásquez.

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Nous voilà embarqués dans une sorte de roman feuilleton, en marge de ce qu’on sait de la vie de Conrad, et surtout de ce qu’il n’a pas voulu dire.

Le père du narrateur, José Altamirano, exerce ses talents où il peut, tant comme médecin officieux que comme reporter enthousiaste du canal de Panama, une entreprise qui sert à merveille sa croisade lyrique en faveur du Progrès.

Le fils relate donc les différentes expéditions nécessaires pour cette grande aventure technologique, et il fait quelques pauses pour son lecteur :

soit qu’il lui demande des permissions d’inventer, soit qu’il le prenne comme complice de péripéties loufoques, manifestement inventées.

On a même droit à des résurrections de personnages liés à l’aventure panaméenne, sans quitter des yeux l’écrivain Conrad dont Altamirano-fils semble se réjouir des mésaventures.

Histoire secrète du Costaguana de Juan Gabriel Vásquez.

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Après beaucoup de digressions, comme si le narateur appréhendait d'en venir à son propos, le récit se resserre autour du canal de panama d'abord puis de la sécession Panama/Colombie agencée par les Americains.

Le récit se suit bien mais pourrait se heurter à deux difficultés :

- L'histoire de la Colombie, fertile en rebondissements militaires,

- la référence à Nostromo de Conrad dont on voit par le résumé que l' intrigue a des points de convergence avec le récit d'Altamirano. On saura pourquoi.

L'ensemble est intéressant, et je trouve que certains romanciers contemporains aiment à faire intervenir des écrivains qui les ont précédés pour en donner, d'eux et de leurs récits, une image nouvelle.

prix Roger-Caillois pour Le Bruit des choses qui tombent, par Juan Gabriel Vásquez,
traduit de l'espagnol par Isabelle Guignon, Seuil, 286 p

Citation :

J'ai écrit ce livre deux ans après avoir quitté la Colombie, en 1996. Je n'imaginais pas, à ce moment-là, que j'allais aborder ce sujet. Le trafic de la drogue était le thème de tous les romans à sensation. Mais l'histoire intime de ces années terribles, on ne pouvait la trouver nulle part. J'ai donc commencé à raconter le parcours d'un pilote d'avion qui, dans les premières années des cartels, acheminait de la drogue

un entretien sur Bibliobs.