indignez-vous ! Stephane Hessel

Citation :

Attac, la FIDH, Amnesty, j’ajouterais volontiers la Cimade et la liste pourrait être allongée…

parfaitement, avec le Gisti, notamment.

je crois qu'il y a deux lectures, celle de l'ouvrage, dont vous avez parlé, et celle du retentissement de cet ouvrage et de son titre.

Avec Troglo, je suis d'accord pour protester par tous les moyens possibles contre toutes les arnaques et les abus de pouvoir qui sont notre quotidien : je râle quand on me refuse la priorité parce que je suis un cycliste, et je le fais savoir. Je refuse de passer pour la quatrième fois à un portail de sécurité qui sonne pour entrer dans un musée, et je le fais publiquement. Je prends la défense d'une vieille personne dont la caissière voulait faire vider le sac et qui en avait les larmes aux yeux.

Le scandale public est un mode d'expression dans le quotidien qui ne doit pas être prisonnier des "bonnes manières", sorte de soumission et d'acquiescement aux abus.

Oui, Nicyrle, pour les grandes causes, au sein d'associations de protestation et d'entraide (le côté positif). Ces associations pratiquent aussi les interpellations publiques, par les courriers, les articles, et les manifestations.

La liberté d'expression est une force, et faire état des censures, des répressions etc. c'est aussi agir.

Rien n'empêche ensuite chacun de s'engager dans des mouvements où l'obedience confessionnelle n'est pas un obstacle à l'action. Nous en connaissons, elles visent des objectifs précis et non à convertir leurs adhérents, c'est du moins mon expérience.

Ceux qui ne peuvent s'indigner par la parole publique, acceptée et entendue, que font-ils ? du vandalisme, et je crois que, souvent - je n'ai pas dit tout le temps, c'est l'expression d'un malaise et d'un mal-être à prendre en compte.

Un entretien avec Stephane Hessel : il situe bien le succès de son livre, non sur le contenu, mais sur le contexte qui donne au titre lui-même son actuel retentissement :

Ce succès, je l'explique d'abord par son titre. Il y a beaucoup de gens en France, et c'est largement la responsabilité de M. Sarkozy qui trouvent qu'on ne respecte pas quelque chose qui touche à la dignité de la France - y compris sur le plan de la langue, preuve par «Casse-toi pauvre con !». Et donc, quand quelqu'un s'avance et dit : «Indignez- vous !», on l'écoute.

D'autant plus s'il est très vieux et ne prétend pas se faire élire président de la République. Les partis politiques traditionnels inspirent désormais de la méfiance. Je le regrette, moi qui suis encore membre du PS, tout en ayant figuré sur une liste Europe Ecologie aux dernières régionales. Mais il est certain que, pour un jeune Français qui voudrait s'engager aujourd'hui, il manque une figure inspirante comme celle de Pierre Mendès France.

N. O. - «C'est tout le socle des conquêtes sociales de la Résistance qui est aujourd'hui remis en cause», écrivez-vous. A quel moment avez-vous commencé à vous sentir mal à l'aise sous ce pouvoir?

CF. la suite de l' entretien avec la philosophe Aude Ancelin

Là, je me sens mieux avec l'auteur. Oui, il y a dérive du pouvoir quant au respect auquel chacun à le droit. Oui, c'est indigne d'un pays qui se voulait, jusque-là, être le pays des lumières et de la Liberté. Oui, c'est indigne d'un chef de l'état, élu démocratiquement et représentant tout un peuple.

Malheureusement, Sarko ne fait que traduire le langage actuel. Il est devenu banal d'insulter tout un chacun qui ne pense pas et n'agit pas comme soi, pire qui ne fait pas ce qu'on attend de lui. Oui, l'insulte est devenue banale et la parole est en pleine paupérisation. Quant à l'écrit, je n'en parle même pas. Même les réputés élites (celles formées dans les grandes écoles de la République) font des fautes d'orthographe du niveau d'un élève de 6é. Et les cours d'orthographe pour adultes font flores.

Oui, il faut s'indigner de cette dérive car elle va dans le sens du non respect d'autrui, de notre langue et de notre culture. Chacun préférant se rejeter la balle que de traiter le problème. Il faut savoir, par exemple qu'au nom de l'égalité des chances dans les écoles, les ministres de l'éducation nationale passés ont supprimé 700H de cours de français sur tout le cycle du primaire. Je précise que je ne suis pas prof. mais que j'ai tenté de comprendre le phénomène. Et je ne parle là que de la dérive par rapport à notre langue. Quant au respect du à chacun, c'est la société tout entière qui est impliquée. Mais quand on parle de respect, je me pose une limite qui est celle des "intégrismes religieux de tout poil" qui en font une sorte de mot d'ordre alors qu'ils sont dans l'hypocrisie la plus totale (Ils demandent aux autres de les respecter, et oublient qu'ils ne respectent rien et en viennent à tuer tous ceux qui s'y opposent).

je suis d'accord avec tout ce que tu dis.

Citation :

Il est devenu banal d'insulter tout un chacun qui ne pense pas et n'agit pas comme soi, pire qui ne fait pas ce qu'on attend de lui. Oui, l'insulte est devenue banale

Elle n'est pas admise sur GDS* qui, même dans les turbulences inhérentes à tout forum ouvert, garde, je crois, une bonne tenue.

rotko a écrit:

je suis d'accord avec tout ce que tu dis.

Citation :

Il est devenu banal d'insulter tout un chacun qui ne pense pas et n'agit pas comme soi, pire qui ne fait pas ce qu'on attend de lui. Oui, l'insulte est devenue banale

Elle n'est pas admise sur GDS* qui, même dans les turbulences inhérentes à tout forum ouvert, garde, je crois, une bonne tenue.

Entièrement d'accord avec les propos d'Iris et les tiens, Rotko.
J'apprécie énormément la "bonne tenue" de GDS* tout en sachant que ce n'est pas facile à maintenirr sur un forum quel qu'il soit et qu'il faut parfois plus que du doigté !

Citation :

Des gendarmes sont venus chercher un enfant de six ans dans son école à Langeac, en Haute-Loire, pour le conduire dans un centre de rétention avec son père en situation irrégulière. Trois gendarmes, accompagnés du père de l'enfant, se sont rendus, vendredi 7 janvier en milieu d'après-midi, dans l'école de Vazgen Asryan, six ans, pour qu'il soit conduit avec son père dans le centre de rétention de Nîmes, a expliqué à l'AFP une porte-parole du Réseau éducation sans frontières (RESF).

"Habillés en civil, ils ont récupéré l'enfant dans un couloir de l'école, la direction avait été avertie", a-t-elle précisé, faisant part de "l'émotion des parents d'élèves" de ce bourg d'environ 4 000 habitants, où l'enfant était scolarisé depuis 2007

l'article dans le Monde

Sur ce coup-là je ne sais pas quoi penser. Il parait que c'est le père qui voulait que son fils reste avec lui.
Ce qui est possible, voire probable.
La police a oeuvré en civil, ce qui est un début de prise de conscience.

Je ne suis jamais prompte à suivre les sirènes médiatiques, surtout celles qui usent et abusent de l'émotion au détriment de la réalité des faits.
Il faut être d'autant plus vigilant que l'info est envahissante. Enfin, c'est mon avis.

Petite question subsidiaire : quel est le nom du pays qui accueille les sans papiers en toute légalité ?

IRIS a écrit:

Il parait que c'est le père qui voulait que son fils reste avec lui.
Ce qui est possible, voire probable.
La police a oeuvré en civil, ce qui est un début de prise de conscience.

Petite question subsidiaire : quel est le nom du pays qui accueille les sans papiers en toute légalité ?

Qu'une famille ne souhaite pas être désunie me paraît naturel, par contre que l'on procède à "l'arrestation" du gosse au sein de l'école me met en colère.
IRIS, je ne comprends pas la phrase au sujet de la police en civil où est le début de prise de conscience là-dedans?

Quant à ta question je n'en ai aucune idée.

J'ai lu hier Indignez-vous ! je l'ai lu comme une piqûre de rappel nécessaire pour certain(e)s.

Le milieu de la politique actuellement ne suscite plus la mobilisation d'antan, j'ai le sentiment que les associations et réseaux divers répondent plus aux souhaits des personnes. Cependant aujourd'hui beaucoup de subventions aux assos vont à la baisse.

Je suis d'accord avec toi. La police aurait du laisser faire les assistances sociales ou les responsables civils de l'enfance.
Ma remarque sur le fait qu'ils soient venus en civil est une boutade. La plupart du temps ils interviennent en tenue, ce qui accroît le traumatisme de l'enfant.
Dans ces circonstances il est clair que l'endroit où l'enfant est le mieux, c'est avec ses parents. A cet âge surtout.

Quant au pays en question, je n'en connais pas.

Pour moi, la question subsidiaire n'a pas lieu d'être : les valeurs ont une portée universelle, et on ne se pose pas la question des applications locales. Quels sont ces principes ? sanctuarisation de l'ecole, respect et de l'enfant et de l'être humain.

Pour moi, les policiers en civil sont une circonstance aggravante ; on n'admet plus les policiers en tenue dans ce genre d'opération, non pour éviter le traumatisme de l'enfant, mais par crainte des troubles publics. Cette affaire est une parmi tant d'autres. La pensée d'extrème-droite selon un sondage de ces jours-ci : 35% des députés UMP sont proches du FN.

Prenons un peu de hauteur de vue : cette étude, menée avec des contre épreuves, donc fiable, parce que vérifiée, montre les soumissions ordinaires. Je les trouve graves, et quand la préfecture annonce qu'elle n'a pas voulu séparer l'enfant des parents, ou attribue ce choix au père, je suis plus que méfiant, défiant ! On l'a dit aussi à certaines époques pour des opérations de départs groupés.

Grande "tolérance" dans certaines affaires, ( l'affaire Bettencourt en recouvre plusieurs), libre circulation des capitaux, mais pas des êtres humains. Le ministre Hortefeux est toujours sous le coup d'une condamnation pour injure raciale, ce qui à mes yeux n'est pas anodin. Il n'aurait pas dû rester à son poste tant que cette condamnation n'est pas levée. Encore une question de principe, l'usage les oublie trop.

Que proposez qui soit humainement défendable ? Je ne parle pas de solutions "prêt à penser", mais de solutions concrètes. Est ce que chacun est prêt à se pousser pour faire la place à ces milliers de sans papiers qui se pressent à nos frontières ?

Cela me rappelle une histoire vécue par des relations très investies dans le soutien aux afghans. Résultat : ils ont hébergé chez eux deux afghans, propre sur eux, de véritables héros compte tenu de ce qu'ils ont vécu...résultat des courses : au bout de 10 jours ils ne songeaient plus qu'à s'en débarrasser. Non, que les afghans en question soient insupportables (ils étaient adorables) mais ils "occupaient" leur maison. Et oui, c'est toujours plus simple de demander aux autres etc... j'étais si outrée de leur attitude en totale contradiction avec leur soi disant engagement que je me suis éloignée d'eux.

Le problème est que la responsabilité individuelle se décharge souvent sur la responsabilité collective.

Je trouve très grave qu'on vienne chercher en classe pour l'emmener dans un camp de rétention un enfant de six ans, même avec son père, même avec l'accord de ce dernier (avait-il le choix, ce malheureux ?). Non seulement cela m'"indigne" mais j'ai honte, honte qu'une chose pareille se passe en France, dans mon pays. J'ai lu avec beaucoup d'intérêt l'inrerview de S. Hessel que tu nous as indiqué, Rotko (merci) : j'ai trouvé ce vieil homme plus percutant que dans Indignez-vous !. Ses prises de position sont claires et courageuses. A propos de l'immigration, il dit ceci :

Citation :

Je considère que la France a un rôle très important à jouer à ce propos de par la multiplicité des cultures présentes sur son territoire. La France devrait être un exemple pour l'Europe entière dans sa façon d'intégrer les immigrés. Ma première colère contre la période Sarkozy c'est donc ça. Hortefeux et Besson, c'est ce qu'on peut faire de pire. Une politique scandaleuse d'expulsions massives, basée sur des quotas à respecter, et ce bien avant le problème des Roms. Je suis d'accord avec Michel Rocard : «La France ne peut accueillir toute la misère du monde, mais elle doit savoir en prendre fidèlement sa part.» Le problème, c'est qu'on a laissé tomber la seconde partie de sa phrase ! Pour le reste, je ne peux que constater le triomphe de l'argent. Depuis 2007, tout a été fait pour complaire aux grandes fortunes françaises. Une politique fiscale plus solidaire, voilà une autre chose pour laquelle je suis prêt à me battre.

IRIS a écrit:

Que proposez qui soit humainement défendable ? Je ne parle pas de solutions "prêt à penser", mais de solutions concrètes. Est ce que chacun est prêt à se pousser pour faire la place à ces milliers de sans papiers qui se pressent à nos frontières ?
.. j'étais si outrée de leur attitude en totale contradiction avec leur soi disant engagement que je me suis éloignée d'eux.

Le problème est que la responsabilité individuelle se décharge souvent sur la responsabilité collective.

Excuse-moi mais là non plus je ne comprends pas ? Ils ont fait leur possible à leur échelle et n'est-ce pas là l'important?Que s'est-il passé ensuite? Suite à ton retournement vis à vis d'eux. Nicyrle comme toi je me dis que çà soit en uniforme ou en civil peut importe.
Merci Rotko pour ce lien.

Pour comprendre tout à fait il aurait fallu que j'explique qu'ils n'ont rien fait pour les intégrer alors qu'ils en avaient les moyens. C'est aussi simple que cela.
Mais bon, tout ceci est une autre histoire.

Pour ce qui est de l'enfant, je n'ai pas saisi ce que vous proposez pratiquement de faire sachant que les parents sont sans papiers.

Je me permets de vous proposer ici l'opinion d'Eric Zemmour. Vous en ferez ce que vous voulez:

je connais mal le personnage, mais tout ce que j'ai entendu de lui m'a déplu.
En revanche qu'il se fasse moucher par patrick leconte m'a ravi.

Drôle d'époque où un Zemmour s'exprime sur les antennes. Je n'aime pas du tout. S'il accuse les autres de se tromper d'époque j'ai une idée assez claire de celle qui lui convient : Vichy.

Son avis sur le livre, tel qu'exprimé sur cette vidéo, est polémique. Il n'apporte rien sur le sujet sinon une tentative de renverser le propos à son avantage. Pas terrible et historiquement faux. C'est fou le nombre de gens qui ignorent presque tout de l'histoire de France.

Pour ce qui est de l'accusation dont il fait l'objet, par ailleurs, j'ai pas suivi du tout le sujet. Me parait être l'arbre qui cache la forêt.

C'est méprisable. On ne jette pas le discrédit sur un écrit en parlant des origines d'un auteur, de son nom, et de son âge, en termes dégradants.

A ignorer complètement.

Et ce d'autant que son but, à mon avis, est surtout d'attirer l'attention sur lui.

Il y a aujourd'hui une indignation réelle qui circule : les gamins qui ont "maltraité" ces enfants autistes et qui ont projeté leurs exploits en vidéo sur la toile. (hier, c'était le viol d'une ado par trois ados de son quartier)

Je vois dans le traitement médiatique de ce fait, malheureusement pas rare dans les cours d'école (la cruauté de certaines têtes blondes est récurrente à travers les âges), la mise en oeuvre d'une sorte de justice publique "mondialisée" qui, si les faits n'étaient pas aussi avérés, pourraient se transformer en " lynchage public" façon " Il mérite la mort car ce qu'il a fait nous est insupportable".
Cela renforce notre responsabilité je trouve quant au jugement que l'on peut porter.

Pour ma part je trouve assez indigne de renvoyer des gens en grande détresse sous prétexte qu'ils sont sans papiers et qu'on ne pourrait les accueillir.
C'est à l'individu d'assumer ? Ah bon ? Alors mes parents âgés aussi, je dois les avoir chez moi parce que la collectivité ne peut pas s'unir pour des solutions communes ? Nous ne sommes pas plus forts ensemble que séparément ?
Quant à Zemmour... il pense ce qu'il veut, il dit ce qu'il veut. Il suffit de mettre en face de lui des interlocuteurs assez intelligents et compétents pour répondre à sa bêtise et montrer la limite logique de ses propos. Mais je ne suis pas pour le diaboliser. Ça ne fait que le rendre sympathique, quand il est juste inintéressant. Seulement, ça fait de l'audience.

L'actualité m'a ppris deux choses :

- La revolte d'un jeune privée de sa charrette de légumes a provoqué quelques jours plus tard la chute d'un président, prétendument élu en 2009 pour son 5e mandat avec 86, 2 % des voix. " je me révolte donc nous sommes !" écrivait Camus.

- Laurent Delahousse a tout fait pour esquiver, puis détourner l'intervention de Serge Moatti parlant de la déclaration de Michèle Alliot Marie, ministre des affaires étrangères, qui apparaît en 1ère partie de cette video. Si ce n'est pas de l'auto-censure ou de la censure...

ça fait quand même bizarre de lire l'actualité à quelques jours de distance, ici par exemple.

Avez-vous eu connaissance de l'annulation de la conférence-débat sur le Proche-Orient à laquelle devait participer S. Hessel, hier soir à l'E.N.S. ? Belle occasion de s’indigner contre cette atteinte inquiétante à la liberté d’expression !

Trouvé sur le site de Livres hebdo :

Fayard avance la réédition de Citoyen sans frontières de Stéphane Hessel
Prévu pour mars, ce livre d’entretiens avec Jean-Michel Helvig reparaît en «Pluriel» le 26 janvier.
Suite au succès exponentiel d’Indignez-vous! de Stéphane Hessel (Indigènes), Fayard a décidé d’avancer au 26 janvier la réédition dans la collection de poche «Pluriel» de Citoyen sans frontières, des «conversations» de Stéphane Hessel avec le journaliste Jean-Michel Helvig, intialement prévue pour mars.
Un tirage de 20 000 exemplaires a été réalisé, et une réimpression est envisagée car 18 500 exemplaires ont été commandés par les libraires.
Dans ce livre paru en grand format chez Fayard en 2008, Stéphane Hessel, normalien et diplomate né en 1917 à Berlin, raconte sa vie faite d’engagements: dans la résistance pendant la Seconde guerre mondiale, pour les droits de l’homme à l’ONU, pour la décolonisation, en faveur de la Palestine, de la Birmanie ou des sans-papiers en France.