Katharina Hagena (Allemagne) - Le goût des pépins de pomme

Quelle merveilleuse surprise que ce roman, découvert un peu par hasard. Un best-seller qui mérite bien son succès. Un roman d’une écriture très originale, avec des images surprenantes, des jeux autour des mots, qui me font avoir une pensée toute particulière pour toutes les personnes qui ont eu à le traduire. Le livre est sorti en français et a été traduit en d’autres langues également.

Un livre de femmes, dans le bon sens du terme ; beaucoup de personnages féminins, la grand-mère Bertha, ses trois filles Christa, Inga et Harriet, ses petites-filles Rosemarie et Iris (la narratrice) et leur copine Mira. Les hommes ne sont mentionnés qu’en passant. Iris hérite de la maison de sa grand-mère et c’est l’occasion pour elle de démêler tout un écheveau de souvenirs, dont certains étaient bien cachés. Le tout dans le décor du nord de l’Allemagne, dans une petite bourgade si tranquille qu’il faut aller boire du vin au cimetière si on veut qu’il s’y passe quelque chose.

Un roman plein de mélancolie, où il est beaucoup question de la vie, de la mort, de l’amour, mais surtout de la mémoire. Une citation de Paul Valéry figure en exergue : La mémoire ne nous servirait à rien si elle fût rigoureusement fidèle. C’est une idée qui revient souvent, se souvenir est une façon d’oublier et vice-versa. La grand-mère souffre d’Alzheimer et l’auteur écrit : Celui qui oublie le temps arrête de vieillir. L’oubli vainc le temps, ennemi de la mémoire. Car après tout, le temps guérit toutes les blessures, mais uniquement parce qu’il s’allie à l’oubli.

Selon le Nouvel Obs : "Masqué en aimable bluette, enraciné au pommier patrimonial où trois générations s'affairent à leur compote, voici un pur chef-d'oeuvre, pépins compris."

Le Goût des pépins de pomme, par Katharina Hagena, traduction de Bernard Kreiss, Anne Carrière, 268 p., 19,50 euros.

excellente critique du Nouvel Obs

Merci Bridget, On aura l'occasion d'en reparler car je sais où le trouver

traduit par Bernard Kreiss chez Anne Carrière.

La présentation du livre avec sa reliure souple donne une idée du récit : une jeune femme, se souvient des fruits et saveurs de son enfance, dommage que ce soit à l'occasion d'un enterrement et d'un décès qui a fait d'elle l'héritière de la maison ancienne.

Le début est très seduisant, avec les senstions oubliées d'un bonheur domestique, le tout très sensuel, y compris avec les vêtements trouvés dans la garde-robe, qu'elle met avec plaisir. Bientôt avec les découvertes, viennent des secrets de famille, des amours cachées, interdites, alors même qu'elles étaient parfaitement avouables.

Je n'ai pas poursuivi la lecture. D'autres le feront peut-être, j'ai eu peur que cesse le plaisir d'une écriture agréable mais que je trouvais trop diluée.
J'avais l'impression d'écouter la conversation d'une femme sensible mais qui n'arrivait pas à dire l'essentiel.

Citation :

la conversation d'une femme sensible mais qui n'arrivait pas à dire l'essentiel.

J'ai sans doute eu tort, et la journaliste (1) du Point s'est montré plus avisé :

Citation :

Ce n'était donc que cela, Le goût des pépins de pomme , premier roman d'une Hambourgeoise professeur de littérature anglaise, spécialiste de Joyce, Katharina Hagena ? Pourquoi alors un tel succès en Allemagne ? On le reprend.

On comprend alors que l'auteur, spécialiste de Joyce, nous a parlé de bien autre chose. Qu'elle nous raconte combien nos souvenirs sont commodes. Et que la famille est un corps qui choisit, pour continuer de vivre, d'oublier ensemble.

(1) je serais tenté de dire qu'une femme était sans doute une meilleure lectrice que moi pour ce livre "domestique".

Tout l'article.

Citation :

je serais tenté de dire qu'une femme était sans doute une meilleure lectrice que moi pour ce livre "domestique".

Ce que confirme le billet de Bridget.
Je l'avais oublié, ce billet, et j'ai donc fusionné les messages ; merci de m'avoir rappelé le fil !

Pfff je vais arrêter de fouiner comme çà sur ce forum...j'ai envie de lire trop trop de bouquins et celui-ci en prime !!! N'avez-vous pas de pitié ?
En plus il est tellement beau ce livre

Voila qui me dispense (feignasse que je suis) d'en mettre plus sur ce livre, que j'ai bien aimé;

lLécriture est simple, limpide, agréable;

Les sujets graves mais traités sans pathos, avec légèreté.

Je dirais que le titre est bien choisi : c'est aussi rafraîchissant qu'une pomme cueillie sur l'arbre et croquée un bel après midi d'été