Horacio Castellanos Moya - [Salvador]

Bonjour Rotko , tu t’empares de mes pensées : j’avais bien pensé à Abelardo Castillo.
Dans ses nouvelles il y a de la violence. Le héros sent une fascination pour le vieux Tchécoslovaque, parce qu’il comprend son rêve d’un autre ciel et d’une autre vie, il sera écrasé par le candélabre, mais mourra heureux. Il y a de l’émotion dans ce conte.
Dans Patron il y a la violence de l’Argentine des provinces, presque féodale où le patron a droit sur femmes, péons et bétail. Il n’y a pas d’humour, c’est vrai mais combien ces contes resteront dans ma mémoire, Laissons Castillo nous avons Fernando Vallejo avec « la Vierge des tueurs » Un autre Colombien Jorge Franco Ramos avec « la fille à ciseaux » et d’autres, qui nous font un portrait de la violence de leurs pays.
Je ne cherche pas à me justifier de mon avis presque négatif, je dis presque car l’histoire a son charme, il y a comme tu dis un désir de voir un justicier dans ce faux Bustillo. Je l’ai dit moi aussi, mais Castellanos Moya,ne m’a pas convaincue.
C’est une faute à moi, trop bête pour certaines lectures
Peut-être que « Déraison » soit plus potable pour moi, tu racontera.
Pour Ysandre : chère amie Je crois qu’avoir des points de vue différents rend plus riches les commentaires, moi je lis tous. Si nous étions tous du même avis ne serait-ce pas un peu ennuyeux ?
Il fait chaud, chez vous, à l'eau!!

ha ! Luba, tu me scotches ! tu as une façon personnelle de défendre tes opinions qui me plait vraiment ! 
je n'ai pas encore donné mes impressions aujourd'hui, comme j'avais pensé le faire. J'ai eu trop de choses à faire, trop de soucis aussi. Pas grave tout ça. Je vais le faire dans les jours qui viennent, et puis, mon opinion n'est pas si importante, que je sache.

Oui, à chacun de dire franchement son opinion, c'est tonique. A première vue Déraison a du souffle. Les Phrases y sont longues, le traducteur a dû souffrir. Sujet : un écrivain est chargé de vérifier la bonne tenue d'un rapport accablant sur des massacres d'Indiens.

Ayant fui son pays, un journaliste paranoïaque échoue au Guatemala où il révise les mille cent feuillets d'un rapport sur le génocide perpétré par l'armée contre les Indiens. Au fur et à mesure que défilent les pages qui voient se succéder tortures, viols et massacres abominables, l'homme perd peu à peu la raison, emporté dans une spirale de démence horrifique. Et ce ne sont pas ses beuveries à la cantina locale, ni ses séances de sexe, surréalistes et dérisoires, qui amélioreront la situation

Il semble y avoir aussi une verve caustique sur les personnages dont l'un s'appelle "rase-mottes" et travaille avec le journaliste dans un bureau de l'éveché. C'est le tout début. 140 pages chez 10/18

ton Excellence ! tu ne te rends pas compte que, compte tenu que ma médiathèque n'a pas tous les livres intéressants que tu présentes et qu'il me plairait de lire, tu vas être responsable de ma ruine !!!  

Citation :

mon opinion n'est pas si importante, que je sache.

 
si, justement ! mais on attendra.  
 
  Déraison est très impressionnant : on y trouve des moments très durs, et dans la même phrase, parcourue d'incises et d'apartés, des gros éclats de rire. Ah ! ce Castellanos Moya ! il se préterait bien à un solioque théâtral pour comedien habitué du marathon ! il faudra que je vous donne un exemple de phrase. Je choisirai quelque chose de comique, pour ne pas vous effrayer.

Ah ! "Déraison", je sens que cela pourrait me plaire !

bon, bah alors, allons-y.
Ce bal des vipères est complètement déjanté ! surréaliste ! la cruauté sans états d'âme, une sensualité torride vers la fin... bien que cette zoophilie complaisamment décrite m'ait un peu.. pas choquée, mais mis mal à l'aise. Sur que ça ne va pas améliorer mes relations avec la gent ophidienne ! j'avais les poils des bras au garde à vous !
La fascination du héros pour le clochard à la voiture jaune est curieuse... j'ai eu l'impression qu'il "transposait" sa vie dans celle de cet homme, qu'il était poussé dès le départ à habiter cette peau sale. La vacuité de son existence le faisait se chercher, mais ses raisons profondes m'ont un peu échappé.
La rencontre avec les vipères-qui-parlent sonne vrai : il est terrifié, puis intéressé, curieux même. Et puis s'enchainent sa lecture des lettres qui expliquent la vie de l'homme qu'il a tué pour prendre sa place, son épopée échevelée dans la ville. Curieuse aussi, cette idée de se poser en vengeur avec l'aide des bestioles. Elles mordent à tout va, dans le désordre et dans la joie, les dégats collatéraux sont légion, la ville est à feu et à sang.
L'auteur n'y va pas de main morte en égratignant un gouvernement inepte, froussard ! une presse avide de sensationnel, prête à tout pour avoir le scoop et marcher sur les collègues des autres journaux, les crocs en avant, elle aussi. Elle est déshabillée, la presse, nous la voyons nue, et c'est très moche. Tous les détails y sont, personne n'échappe à un regard incisif, sans complaisance. A croire qu'en écrivant ce livre, il a laissé à la porte tout ce que l'homme pouvait avoir de beau, de bon. Il est vraiment sans états d'âme ! c'est ce qui rend ce livre atypique et drôle finalement ! J'ai souvent souri et parfois ri.... il peut être amusant de jeter à bas toute morale pour flairer, d'un museau prudent, des choses qui vous sont étrangères.....
Mais bien sûr, après avoir refermé le livre, j'ai remis ma jupe plissée et mes petites chaussettes blanches.

Déraison me plairait bien aussi. C'est mon espace de vie.... la déraison. 

Au départ, je l'avoue j'ai été fort choquée par la violence et la brutalité qui s'en dégageait. L'histoire se passe au Salvador, en Amérique latine donc où la société et le rôle des médias reste souvent douloureux comme les responsables gouvernementaux craignant pour leur vie et la stabilité du pays.  

Puis, j'ai changé d'avis au cours de ma lecture.  J'étais même fascinée je dois dire et je le répète. Je l'ai lu avec  mon ressenti. Par exemple, les métaphores concernant l'apparence des vipères m'ont beaucoup plues et surtout amusées ! En dépit de toute cette folie, j'ai apprécié !

Comme dit Amadak, on aime ou on aime pas.  Notre manière d'être, notre vécu , notre sensibilité, notre culture restent des facteurs déterminants dans notre façon d'aborder un récit.

Déraison

Citation :

on y trouve des moments très durs, et dans la même phrase, parcourue d'incises et d'apartés, des gros éclats de rire. [...]Je choisis quelque chose de comique, pour ne pas vous effrayer.

Petite mésaventure amoureuse

[…] pendant que j’attendais que Pilar sorte avec son baby doll court et transparent, tout ce qu’il y a de plus sexy, je me suis occupé à jeter un coup d’oeil dans ses affaires, très superficiel, mais en vérité me préparant au spectacle délectable dont la Tolédane allait me gratifier, c’est pourquoi lorsque je l’ai vue sortir avec ce pyjama franquiste utilisé dans les couvents d’une ère révolue pour que les novices ne puissent même pas toucher de leurs mains leurs parties honteuses, ma surprise a été absolue, je n’ai pu que m’exclamer, c’est quoi, ça ?

Parce que je n’avais jamais vu pareil accoutrement certainement hérité de sa mère et remis à celle-ci par une stricte mère supérieure, un pyjama qui en vérité était une combinaison de spationaute, il ne manquait plus que le scaphandre, ai-je pensé, encore sous le coup, je lui ai même demandé si dessous cette combinaison de spationaute elle ne s’était pas mis une ceinture de chasteté, qu’elle me la fasse voir, car je n’en avais vu aucune de toute ma vie, l’ai-je priée, mais au lieu de me répondre quoi que ce soit, elle s’est glissée sous les couvertures, a dit qu’elle était morte de fatigue et m’a demandé de bien vouloir éteindre la lumière.

 

Chers amis, Ysandre, Arundahati,et Rotko

D’abord, un heureux 14 Juillet, vous célébrez sûrement!!.
Je suis ravie que « bal avec vipères » vous ait plu.
Je lis attentivement vos comptes-rendus et je vois comme vous décortiquez un récit, vraiment bien structuré, et que moi je le répète, je n’ai pas compris.
Ce livre ne peut être soumis à une interprétation logique, il faut avoir de l’imagination et aimer ce genre de lecture. Ce qui me manque, dommage.
Il y a un cri d’indignation sur la situation politique du Salvador et sa corruption.
Je vois déjà Rotko que « Déraison » va me plaire, ces courtes citations m’ont fait rire. Je vais voir comment s’appelle ce livre en espagnol et si je le trouve.

Insensatez, mais son socle est violent, aussi.

cet auteur apparait comme un révolté, violent par ses propos. On ressent, en le lisant, une fureur à peine contenue, le gouvernement de son pays ? il l'a en horreur   ses écrits lui servent d'exutoire, il dépeint parfaitement le joug d'un état policier dirigé par un fantoche. Il met la presse en pièces ! mais ses remarques acerbes sont valable pour les Etats démocratiques, quand je regarde Pujada à la tv, il me donne l'impression d'une bête sournoise et malfaisante, ses yeux pétillants de satisfaction et de méchanceté, lorsqu'il a fait état des mensonges de Tapie, le lendemain de leur face à face au 20 heures, m'ont donné envie de vomir. On pourrait écrire une fable .... "le mariole et le serpent"  

Chère Ysandre, tu as raison d'être révoltée. Mais malheureusement, c'est partout la même chose. J'avais l'idée moi que la France était un exemple pour le monde. C'est de votre histoire que nous avons appris, liberté, égalité et fraternité.

oui, ma Lointaine, elle le fut. Ce n'est plus guère le cas maintenant... Si je lis la presse étrangère.... je dirais que .... nous n'avons guère "bonne presse" auprès des autres pays. Et c'est bien triste.

Amadak a écrit:

Je vois déjà que «  Déraison » va me plaire, ces courtes citations m’ont fait rire.

L'extrait que j'ai mis est effectivement drôle, ce n'est pas le seul ;

d'autres, plus explicites, mènent de front le torrent érotique et la veine comique ! si vous appréciez les deux en même temps, vous êtes un bon lecteur !

le lire à voix haute en public, comme cela pourrait se faire en raison d'un style ample, déclamatoire - avec allée de la nef centrale et chapelles latérales, donnerait sans doute des poussées d'acné aux collégiens...

Oui Rotko, je vais chercher et peut-être trouver ce livre à l'Ateneo, une tres importante librairie. Salem, il n'existe nulle part, combien il était amusant ce Salem.

J'ajoute Rotko, que l'acné n'existe plus chez les adolecents de notre pays car la vie sexuelle commence très tôt.
Personne n'est contre.

rotko a écrit:

Déraison

Citation :

on y trouve des moments très durs, et dans la même phrase, parcourue d'incises et d'apartés, des gros éclats de rire. [...]Je choisis quelque chose de comique, pour ne pas vous effrayer.

Petite mésaventure amoureuse

[…] pendant que j’attendais que Pilar sorte avec son baby doll court et transparent, tout ce qu’il y a de plus sexy, je me suis occupé à jeter un coup d’oeil dans ses affaires, très superficiel, mais en vérité me préparant au spectacle délectable dont la Tolédane allait me gratifier, c’est pourquoi lorsque je l’ai vue sortir avec ce pyjama franquiste utilisé dans les couvents d’une ère révolue pour que les novices ne puissent même pas toucher de leurs mains leurs parties honteuses, ma surprise a été absolue, je n’ai pu que m’exclamer, c’est quoi, ça ?

Parce que je n’avais jamais vu pareil accoutrement certainement hérité de sa mère et remis à celle-ci par une stricte mère supérieure, un pyjama qui en vérité était une combinaison de spationaute, il ne manquait plus que le scaphandre, ai-je pensé, encore sous le coup, je lui ai même demandé si dessous cette combinaison de spationaute elle ne s’était pas mis une ceinture de chasteté, qu’elle me la fasse voir, car je n’en avais vu aucune de toute ma vie, l’ai-je priée, mais au lieu de me répondre quoi que ce soit, elle s’est glissée sous les couvertures, a dit qu’elle était morte de fatigue et m’a demandé de bien vouloir éteindre la lumière.

  je sens vraiment que cela me plairait ! il faudra que je trouve le temps de le trouver, ensuite de le lire !

Je l'ai trouvé et reservé pour cette semaine.
Je souhaite et espère me reconcilier avec l'auteur

j'ai fini déraison, et je suis admiratif !

des phrases aussi bien construites pour exprimer ce que vit le superviseur du rapport sur les massacres, on comprend qu'il compense par des épisodes érotiques, très drôles, l'accablement de sa lecture.

Celle-ci devient obsédante, au point que certaines formulations, répétées dans le texte, donnent le vertige, générant une paranoia qu'on serait tenté de ne pas croire, tellement elle induit des conduites excessives, et que pourtant, la fin lapidaire excuse, voire justifie.

je n'en dis pas plus pour laisser le champ libre à vos impressions.

C'est décidé, je poursuivrai la lecture de Castellanos Moya, j'ai déja un 4e titre sous la main. le voici :

La Servante et le Catcheur (La Sirvienta y el Luchador), d'Horacio Castellanos Moya, traduit de l'espagnol (Salvador) par René Solis, Métailié, 240 p

Il faut que je me procure "déraison" au plus vite !

J'ai déjà le livre ,commencé le début et je vois déjà un sujet électrisant,connu et étouffé de notre Amérique du Sud. Je dis du Sud parce que encore de nos jours ses massacres se poursuivent dans notre Continent.

Déraison
Merci Rotko d’avoir mis cet auteur dans nos lectures, je vois déjà la main d’un maître. J’en suis aux premières pages et c’est l’image de l’enfer.
Sa manière de raconter des événements vécus par les indigènes, donne le frisson. ( si la migraine que j’ai aujourd’hui, me quitte je le finirai très vite)