Rosa Montero - [Espagne]

Pour Rotko et Nicyrle.
Je n’osais pas ouvrir l’ordinateur, j’étais désolée par la rudesse de mes termes : ce n’est pas habituel de m’exprimer ainsi. Je sais que si le livre ne me plaît pas, je dois le fermer. Mais cette fois comme j’aime Rosa Montero ,en son honneur je ne l’avait pas fait. Mea Culpa. Mon avis reste le même, une science-fiction qui n’est pas mon genre. Ce monde d’anticipation prochaine ? de robots et clones, de manipulations génétiques non plus.
Des lavages de cerveaux on en voit de nos temps, politique et dictature comprises.
Ce monde prochain ne sera différent au nôtre, avec les mêmes discriminations entre humains et réplicants ; Et la soif de pouvoir identique
Je pense que des lecteurs habitués à la science-fiction seront gratifiés par ce livre.

a Nicyrle je lui dis qu'elle a beaucoup de patience et qu'elle sait comment me rassurer de mesgaffes.
â vous deux merci

Venons-en au coeur du débat :

l'intrigue policiere ou politique comment on voudra, repose sur l'utilisation de faits divers où seraient impliqués des "réplicants", c'est-à dire des répliques d'humain, considérées comme inférieures par ceux-ci.

On soupçonne un complot qui ferait, en désignant des coupables, des boucs émissaires, le jeu d'un mouvement politique qui proclame partout la suprématie des "vrais humains".

L'horreur des crimes commis excite la haine de l'opinion publique des humains et sert à merveille les desseins de ce parti politique qui prêche la haine de l'autre, de celui est différent.

A lire ce récit dans une actualité où des mouvements de bien pensants organisaient des manifestations à grande échelle, avec pour corollaires des agressions homophobes et xénophobes, je croyais voir où Rosa Montero voulait en venir. Le désarroi des victimes m'en paraissait très compréhensible.

Une fois le roman achevé, je considère que Des larmes sous la pluie est un roman d’anticipation (et non un roman de science-fiction) doublé d’une intrigue policière qui ne manque pas d’intérêt.

Un roman d’anticipation car l’auteur invente une société dans un avenir lointain (2119) mais le monde dépeint ressemble beaucoup au nôtre avec des aspects actuels amplifiés et des conséquences plausibles de ce que nous avons sous les yeux aujourd’hui : réchauffement climatique, air à vendre et classes sociales pauvres reléguées dans des zones polluées, développement inquiétant de partis extrémistes, racisme et xénophobie, manipulation de l’opinion, chirurgie esthétique trompeuse, etc…

Une intrigue policière qui permet de soutenir l’intérêt sans sombrer dans le cliché de la lutte entre les humains et les robots ou les extraterrestres, puisque tous (humains, réplicants et bestioles) sont susceptibles d’être le ou les coupables recherchés, que d’autre part l’enquête est menée par une non-humaine troublante tant elle nous ressemble et devient attachante avec sa hantise de la mort, sa difficulté à faire le deuil de son compagnon, ses interrogations aussi sur le sens de la vie, le rôle de la mémoire et des souvenirs dans la construction d’une personnalité.

J’ai trouvé la construction du roman simple et habile : l’histoire s’interrompt parfois pour des explications indispensables au lecteur afin de faire comprendre ce qu’est devenu ce nouveau monde mais elles sont présentées sous forme d’extraits d’archives qui en même temps s’intègrent à l’action et parfois la font progresser. Le tout offre une cohérence certaine qui fait qu’on « marche ». Le seul détail qui m’a semblé un procédé un peu facile, voire un cliché, est la capacité de la bestiole à lire dans les pensées, mais c’est un reproche mineur.

Bref, j’ai mis un moment à entrer dans ce roman (au début un peu lent ?) mais je ne lis guère de livre appartenant à ce genre littéraire. Petit à petit, j’ai été accrochée par les rapprochements saisissants avec notre époque et, plus généralement, par les nombreux thèmes éternels se rapportant aux préoccupations humaines : la mort, l’amour, le sens de la vie, la solitude, le danger des extrémismes et des manipulations mentales quels qu’ils soient, les risques écologiques, les dangers des inventions scientifiques les plus fascinantes (chirurgie, clonage…)

Parfait, ton compte rendu Nicyrle. Bien décortique´le noyau de l’histoire.
Elle nous présente un monde pareil au nôtre avec les mêmes problèmes latents sous l’écorce. Elle parle sûrement des « indignés d’Espagne » et du monde qui commencent à se révolter contre les discriminations et la corruption. L’objectif est noble et bien décrit, Sur ce sujet il doit y avoir de nombreux livres ; elle a voulu le placer dans une sorte mi-policier mi science fiction ,et moi je l’ai trouvé bizarre. Un monde qui me fait peur, proche, une centaine d’années n’est rien dans l’espace. Beaucoup de lecteurs y seront attachés.

moi aussi, ma Nic, je suis "une bestiole" extra-terrestre : un lémurien tombé des étoiles ! c'est Rotko qui l'a dit ! même que !
et même que je suis télépathe : j'ai une amie qui m'envoit des e mails, hé bien, rien qu'en voyant que j'en ai reçu un, je sais que c'est Elle ! et quand je l'ouvre le message, hé bé, c'est Elle ! là, tu vois ?

Chère Amadak, ce n'est pas le livre de R. Montero que tu n'as pas aimé, c'est ce qu'il décrit, trop vrai, trop proche de ce que tu perçois toi-même et redoutes, je me trompe ?

Cher lémurien tombé des étoiles, je crois que, souvent, tu y retournes dans tes étoiles mais heureusement, tu as pitié des pauvres terriens que nous sommes et tu reviens nous voir

Amadak a écrit:

Après la mort de son mari en 2009 Rosa Montero a passé deux ans, sans écrire ; elle ne pouvait supporter ce manque.

Un jour on lui a demandé d’écrire le prologue d’une petite brochure. 28 pages de Marie Curie, après la mort de mari Pierre écrasé par une voiture.
Elle parle dans ces pages, de comment elle était devenue folle, elle ne pouvait plus vivre et petit à petit le temps qui tue peut guérir aussi ; la sérénité entre dans l’âme, et fait voir la lumière au bout du tunnel.

cette intervention reçue en cours de lecture m'a sensibilisé au climat d'angoisse présent dans le livre. Bruna pense que ses jours/années sont comptés, elle revoit son compagnon disparu, et la mort est diffuse dans le texte.

les passages sur les "bestioles" (le télépathe et l'insatiable gourmand) viennent aérer le texte. Je me suis demandé si le télépathe ne jouait pas un rôle dans le "complot", et finalement je trouve que dramatiquement il a été "sous employé". Il sert aussi à montrer la présence de préjugés chez Bruna, non exempte des conditionnements sociaux ou autres.

quant à la petite bête gourmande qui bouffe la moquette et les pullovers, c'est une belle trouvaille qui m'a amusé. On pense bien sûr à un être assoiffé d'affection, jolie métaphore.

Citation :

mais heureusement, tu as pitié des pauvres terriens que nous sommes et tu reviens nous voir

assoiffé d'affection que je suis ! planquez vos pullovers et retirez vos moquettes !

l'animal te plaira !

je vais aller à la médiathèque cet après midi, leur secouer les puces !!!

Nicyrle ce que tu dis est la vérité, je crains beaucoup aux avances de la science à venir,et je ne sais pas notre devenir, Imagine un dictateur avec ces moyens, ce qu'il pourrait arriver à faire!!
Rotko est très sensible, cette petite bestiole l'a amusé, moi je l'avais trouvée hors sujet.Tu as raison Rotko la mort est présente dans le livre.

Le redoutable est dans ce livre qu'une partie de la population, excitée par de faux-faits divers ou des machinations, en vienne à vouloir se débarrasser de l'autre !

"l'ennemi de l'intérieur"! une vieille crainte qu'on trouve à toutes les époques, bien pratique pour donner la chasse aux Juifs, au Communistes, aux Espions, aux étrangers, aux contre révolutionnaires etc.

oui, j'aime bien la petite bête gourmande ; elle ne fait des bêtises que lorsqu'on ne s'occupe pas d'elle

Ce que Rotko dit de la bestiole télépathe m’incite à revenir sur mon point de vue. Je trouvais l’idée de télépathie un peu « téléphonée » mais je crois que Rotko a raison quand il trouve ce personnage « sous-employé » sur le plan dramatique. Il sert aussi, c’est vrai, à mettre l’accent sur les faiblesses de Bruna, en butte aux préjugés comme tout un chacun, ce qui d’ailleurs, paradoxalement, la rend très humaine !
Pour moi aussi, la bestiole qui « bouffe » tout, en mal d’affection, est une jolie trouvaille : elle amuse, elle attendrit Bruna... et le lecteur, sa fonction métaphorique est très utile.

grrrrrrrrr ! j'ai hâte de l'avoir ce livre, ma Nic ! vous me donnez furieusement envie de le lire !

Ysandre a écrit:

grrrrrrrrr ! j'ai hâte de l'avoir ce livre, ma Nic ! vous me donnez furieusement envie de le lire !

Il va te plaire, je te dis !

Pour Ysandre:
chère amie ,ce conseil venant de qui il vient, te rassure
et que dire de la sensibilité de Rotko, je le croyais plutôt froide, une surprise!!

ah ! ma lointaine !!! Rotko cache bien son jeu. Ce menhir breton est tendre comme une motte de beurre que l'on aurait pas mise au frigo !

Tu lui fait un beau compliment, pas fayot, j'espère!! un menhir Breton qui lisant ça
comprendra que tu le connais bien. J'aime le côté sensible chez les hommes

oh ! non, pas fayot ! j'aurais plutôt tendance à le taquiner....

Est-ce une promesse technique sérieuse, une innovation qui tient de la SF, ou une prémisse à concretiser ? on verrait bien cette invention dans le récit de  Rosa Montero...

Des scientifiques israéliens ont mis au point une technologie qui pourrait permettre à des personnes aveugles de naissance de recouvrer la vue, avec l’aide d’une lentille de
contact bionique.
La technologie consiste en une minuscule caméra qui reçoit l’information visuelle de l’environnement et transmet des signaux à une lentille de contact bionique. La lentille de contact transmet les signaux à la cornée via les électrodes et de là vers les zones sensorielles du cerveau, générant un stimulus qui simule l’information visuelle.

Tout l'article

bonsoir Rotko, je lirai l'article plus tard. Ici il s'agit de vraie science, pas science fiction comme "larmes sous la pluie"
 Il me manque de raconter les deux dernière émissions de Montero sur Mussolini et Franco. N'attendez que du médiocre.

Arrête de te déprécier ,ma Lointaine ! je te lis toujours avec plaisir, et je suis admirative de lire tes commentaires intéressants, dans notre langue alors que ce n'est pas la tienne !

rotko a écrit:

Des scientifiques israéliens ont mis au point une technologie qui pourrait permettre à des personnes aveugles de naissance de recouvrer la vue, avec l’aide d’une lentille de
contact bionique.
La technologie consiste en une minuscule caméra qui reçoit l’information visuelle de l’environnement et transmet des signaux à une lentille de contact bionique. La lentille de contact transmet les signaux à la cornée via les électrodes et de là vers les zones sensorielles du cerveau, générant un stimulus qui simule l’information visuelle.

On a le vertige, à lire cet article... Quelle révolution ce sera pour les aveugles de naissance ! Voilà qui réconcilierait avec l'humanité, capable parfois d'innovations extraordinaires au service d'autrui.
Beau sujet, en outre, pour un romancier, c'est vrai, R. Montero ou un(e) autre !

Amadak a écrit:

Il me manque de raconter les deux dernière émissions de Montero sur Mussolini et Franco. N'attendez que du médiocre.

Comme Ysandre et nombre de Grains, j'attends avec impatience ton récit sur ces deux émissions, tu as l'art de faire vivre à ta façon ce que tu as éprouvé et c'est cela qui nous intéresse sur le forum Grain de sel* !