Michel Houellebecq

Cornichon a écrit:

Eh bien voilà, foutez moi la paix et laissez moi libre de ne pas aimer Houellebecq et ses vers de mirliton^^

C'est que justement j'aurais trouvé passionnant que vous nous expliquiez plus avant ce qui vous déplaît tant dans la poésie de Houellebecq

( qui n'écrit certes pas des vers de mirliton )

Vous croyez vraiment que j'ai envie de m'étendre sur un auteur qui humainement ne m'inspire que du mépris et artistiquement au mieux de l'ennui ?
Et puis ma brave grand-mère disait toujours "Si tu n'aimes pas, n'en dégoute pas les autres..." Je suis fidèle à ce précepte En revanche si vous avez envie de faire un topic sur ce que vous aimez dans sa poésie, je vous promet de le lire et de ne point ironiser dessus

La condescendance est de mise , le silence à plus forte raison est de loin la meilleure des solutions .

socca bende : a toi de faire l'eloge argumenté de la poésie de houellebecq ou de mettre seulement un ou plusieurs poèmes, c'est leplus simple et le plus convaincant (au rayon poésie, stp)

Cornichon a écrit:

Vous croyez vraiment que j'ai envie de m'étendre sur un auteur qui humainement ne m'inspire que du mépris et artistiquement au mieux de l'ennui ?
Et puis ma brave grand-mère disait toujours "Si tu n'aimes pas, n'en dégoute pas les autres..." Je suis fidèle à ce précepte En revanche si vous avez envie de faire un topic sur ce que vous aimez dans sa poésie, je vous promet de le lire et de ne point ironiser dessus

Eh bien merci pour la proposition, je ferai ça peut-être demain, le temps de récupérer ce recueil, espérant ne point trop choquer les âmes sensibles et potentiellement condescendantes

Cornichon, je te parle gravement. Houellebecq a fait quelque chose en poésie dont peu peuvent se vanter: du neuf, et dans une forme classique. A ton âge (oui ça fait vieux con) je n'aimais pas sa poésie, je la trouvais glaciale et dénuée de poésie justement. J'aimais bien ses romans (enfin surtout "Extension") et puis je les ai relus (ses poèmes), je me suis habitués à son écriture -un peu dérangeante. Il y a beaucoup de Baudelaire dans les alexandrins de Houellebecq, ce qui en soi n'est pas un argument d'autorité, je l'admets, mais surtout il y a de l'homme, de l'émotion et un regard sur le monde, après ce n'est pas du Llorca, certainement pas du Rimbaud, et ce n'est pas vif comme du Bukowski, pourtant "Le sens du combat" regorge d'excellents poèmes, de très bons sonnets et de quelques vers, je l'ai dit, que n'aurait pas reniés ce vieux Charles. Enfin bref, là je suis pressé, mais il me semble que tu changeras d'avis sur cette poésie, dont le mérite premier est de ne pas laisser indifférent -ce qui est déjà un signe de quelque chose.

Igniatius, je prend en compte ta grave intervention, mais ça me fait un peul mal au colon quand tu mets Bukowski, Baudelaire et machin dans le même panier... Mais la poésie étant une chose si personnelle, si intime en fait, que je vais faire mon possible pour comprendre ce qu'aura à nous dire Socca bende sur le sujet (Si d'aventure ça me provoque un catharsis, je ferai le tour de la Concorde à poil au heures de pointe...)

J'ai entamé LA CARTE ET LE TERRITOIRE, pour l'instant ce n'est pas franchement désagréable ou insupportable, mais j'en suis encore à me demander si c'est intéressant. Par moments, ça me fait penser à LA VIE MODE D'EMPLOI de Georges Perec, avec la façon qu'a l'auteur de donner les moindres détails techniques d'un appareil photo, par exemple.

Mais ce qui m'a frappée dès la page 13, étant donné surtout qu'il s'agit, tout de même, d'un lauréat du Prix Goncourt, c'est une énorme faute de syntaxe:
(Jed est peintre et il s'agit de la première phrase d'un nouveau paragraphe)

Citation :

Sur le tableau qu'il avait fait de lui, le père de Jed, debout sur une estrade au milieu du groupe d'une cinquantaine d'employés que comptait son entreprise, levait son verre avec un sourire douloureux.

Alors on comprend, bien sûr, que "il" renvoie à Jed (mentionné dans les paragraphes précédents) et que le "père de Jed" est un personnage dans le tableau, mais grammaticalement, c'est le père de Jed qui a peint le tableau.

Qu'en pensez-vous (à part que je suis une insupportable pédante, remarques sarcastiques: veuillez passer votre chemin )

on ne va certainement pas te reprocher de poser un pb de langue;

Sur le tableau qu'il avait fait de lui, le père de Jed, debout sur une estrade au milieu du groupe d'une cinquantaine d'employés que comptait son entreprise, levait son verre avec un sourire douloureux.

il ne peut être que le père de Jed

en revanche le melange de il et de lui est très maladroit puisque genérateur de confusion; Il fallait remplacer lui par le nom qu'il représente

on aurait eu par exemple sur le tableau qu'il avait fait de son fils, ou sur le tableau qu'il avait fait de lui-même, mais tout cela est encore maladroit. Fallait-il parler de portrait en groupe ?

Justement: il = Jed

Sur le tableau que Jed avait peint de son père, celui-ci était représenté debout etc... levait son verre

Voilà ce que l'auteur a voulu dire (aurait dû écrire) - maladroitement

tu as raison, donc un mauvais point pour houellebecque, c'est une faute de syntaxe, bon diagnostecque

On se plaint des djeuns d'aujourd'hui qui ne savent plus écrire qu'en texto, mais que faut-il penser des auteurs branchouille-parigots-goncourts?

J'ai beau relire cette phrase.... elle a comme un goût d'incomplétitude

Citation :

Certains être humains,pendant la période la plus active de leur vie, tentaient en outre de s'associer dans des micro-regroupements, qualifiés de familles, ayant pour but la reproduction de l'espèce [jusque là, ça va] ; mais ces tentatives, le plus souvent, tournaient court, pour des raisons liées à la "nature des temps", se disait-il vaguement en partageant un expresso avec son amante (ils étaient seuls au comptoir du bar Segafredo, et plus généralement l'animation dans l'aéroport était faible, le brouhaha des inévitables conversations ouaté par un silence qui semblait consubstantiel à l'endroit, comme dans certaines cliniques privées).

p. 105, éd Flammarion 2010

Est-il tellement ébloui d'avoir placé consubstantiel qu'il en oublie ce qu'il était en train d'écrire?
On comprend le sens de la phrase et tout, mais c'est juste complètement bancal. Ça fait un peu penser à L'aube, le jour et la nuit (ou qqch du genre) de Yasmina Reza, écrit avec les pieds et un petit coup dans le nez, sans doute (ça aide!)

Alors si c'était un roman écrit par ma cousine, je trouverais ça sans doute sympa, mais Houellebecq

Il aime beaucoup faire des phrases très très très longues, contenant environ 25 informations. Est-ce ce qu'on appelle avoir du style?

je m'excuse, je ne lis pas Houellebecq, et sur les fautes de syntaxe, pour moi ,c'est mieux de me taire, je n'ai que de "maigres compétences"

chez librio, en moins de 100 pages.

Celui-là, personne n'en parle !

Et pourtant avec des textes courts on aurait le loisir de les regarder de près. Si je passe à côté ...

Rester vivant: c'est vrai, un petit texte, mais pour moi je crains toujours de trouver ses concepts déroutants sur le monde. Après avoir lu "les particules élémentaires" j'avais décidé qu'il n'écrivait pas pour moi.

Au contraire, "Rester vivant" je ne fais que ça d'en parler. Je le recommande à tout écrivain en herbe, c'est une sorte de "lettre à un jeune poète". Ses conseils sont judicieux: faire fonctionner toutes les aides de l'état, ne pas avoir de voisins trop bruyants, ne pas chercher systématiquement à inventer des formes neuves, faire confiance à la métrique classique etc etc. Et en plus c'est souvent drôle. Et puis il y a le texte "Prévert est un con"...

Oui, mais vite fait, lors d'une de mes premières interventions sur Houellebecq. Je te remercie de me donner l'occasion d'en reparler, cet opuscule m'avait fait du bien lorsque je l'avais lu.

Amadak a écrit:

pour IgnatiusL: c'est peut-être vrai ce que tu dis, mais il ne peut quitter son côté ridicule: Prévert est un con !!

Difficile de juger de la pertinence d'un texte sur son seul titre.

Ignatuis: tu n'aimes pas Prévert? Chacun a le droit de s'exprimer, mais voyant que tu aimes la poésie, je me demande si tu peux être d'accord avec l'avis de Houellebecq. Je te fais part qu'en Argentine il a un succès fou.

Amadak: je ne fais que relater le contenu d'un livre, ceci n'indique en rien mes goûts à moi. D'ailleurs je peux aimer une partie de l'oeuvre de Prévert et m'amuser quand je lis Houellebecq qui écrit (je cite de mémoire): en lisant Prévert on apprend que c'est un monsieur qui aimait les oiseaux et le ciel bleu...

Je trouve qu'on est trop souvent jugé (mal à propos) sur ses lectures, c'est assez idiot. On peut avoir des avis contradictoires et pour autant ne pas être un crétin. Pessoa disait "je change d'avis plusieurs fois par jour, et ceux qui ne le font pas me semblent malhonnêtes" (là aussi je cite de mémoire, je suis certain du début de l'assertion, moins de la fin). Bref, on peut adorer un auteur et rire lorsque un autre l'attaque de bonne ou mauvaise foi. La contradiction est une obole faite à l'esprit.

Le texte de Houellebecq "Prévert est un con" est un texte important si on veut comprendre Houellebecq (pas crucial, pas majeur, mais important). Comment un pessimiste convaincu pourrait souscrire à l'oeuvre d'un type comme Prévert? c'est évident que pour Houellebecq "ça" ne suffit pas...

Bref, disserter d'un texte qu'on a pas lu, de toutes manières, est un peu pernicieux.

Je te souhaite une belle soirée Amadak, ainsi qu'à tous les "grains"
ig.

bon je crois que je vais m'essayer à la lecture de Houellebecq

Ha ben là je n'ai pas l'impression d'avoir guerroyé dans le vent.

Natalia je te conseille donc plutôt les poèmes: A la poursuite du bonheur ou Le sens du combat ou bien l'essai Rester vivant, sinon dans les romans, mon préféré et le seul qui vaille à mon avis (d'un point de vu littéraire j'entends) est Extension du domaine de la lutte. Après si tu aimes Huxley, tu peux essayer Les particules élémentaires. Si tu veux un peu plus de conseils je suis prêt à te donner les miens.

pour Ignatius: Certes dans ce point tu as raison, un pessimiste doit se moquer de celui qui passe sontemps à regarder les oiseaux ,les fleurs et le ciel bleu. Je pense qu'ils y en sont beaucoup, sans être écrivains aves la même sensation; plus matérialistes et désanchantés de la vie. Je prends en compte tes observations, on apprend toujours, et moi qui n'ai lu qu'un seul livre de cet auteur ,je devrais me taire.

@ignatius : merci je prends note de tes conseils. Auprès de ma bibliothèque je peux avoir Les particules élémentaires mais pas les recueils de poésie ou l'essai. Je vais voir avec eux s'il est possible d'avoir la poésie

Natalia a écrit:

@ignatius : merci je prends note de tes conseils. Auprès de ma bibliothèque je peux avoir Les particules élémentaires mais pas les recueils de poésie ou l'essai. Je vais voir avec eux s'il est possible d'avoir la poésie

Je suis partagé sur Les particules, à mon sens un des moins mauvais romans de Houellebecq (meilleur que Plateforme disons, après j'ai pas réussi à lire La possibilité d'une île pour une raison perso, et pas encore testé La carte et le territoire). Cependant je ne lui trouve que peu d'intérêt purement littéraire -stylistique disons- mais le scénario est plutôt accrocheur, ce que je déplore c'est qu'après l'avoir lu il ne m'en reste aucune phrase, aucun souvenir de scène particulièrement bien écrite; c'est en cela que je le compare au Meilleur des mondes qui n'est pas non plus un monument littéraire mais dont l'intrigue ou le thème sont intéressants.