John Irving

John Irving, Dernière nuit à Twisted river (Seuil),

nous plonge dans l’histoire d’un père et de son fils dans un petit village du New Hampshire, sur trois générations.

On y retrouve les ours, animaux favoris de l’auteur !.

1954, au nord du New Hampshire, à Twisted River, pays sauvage des bûcherons et des flotteurs de bois, les draveurs, Dominic Baciagalupo, 30 ans, veuf et père de Danny, 11 ans, travaille comme cuisinier avec, pour garde du corps Ketchum, l’ogre anarchiste au grand coeur, l’ami de toute une vie.

Suite à la mort malencontreuse de Jane, sa maîtresse, causée par Danny qui l’a prise pour un ours, père et fils fuient le courroux revanchard du shérif Carl, l’« officiel » de la dame.

un extrait

Le jeune Canadien - quinze ans, tout au plus - avait eu un instant d'hésitation fatal. Il avait cessé de danser sur le bois flotté du bassin, au-dessus du méandre, et en un clin d'oeil il avait glissé sous l'eau corps et biens sans qu'on ait pu saisir sa main tendue. L'un des bûcherons, adulte celui-là, avait tenté de l'attraper par les cheveux, qu'il portait longs.

A peine le sauveteur en puissance avait-il plongé la main à l'aveuglette dans l'eau trouble et dense, un vrai bouillon de culture avec ses plaques d'écorce à la dérive, que deux troncs s'étaient heurtés violemment sur son bras, lui brisant le poignet. Le tapis mouvant des grumes s'était déjà refermé sur le jeune Canadien ; on n'avait même pas vu resurgir de l'eau brune une de ses mains, une de ses bottes cloutées.

petite suite sur l'Express.

Dernière nuit à Twisted River , au Seuil.

Spéciale John Irving
La grande libraire, sur France 5

Oui, je vais essayer de voir l'émission. J'ai bien aimé les bouquins que j'ai lu de lui (le monde selon Garp, Un enfant de la balle).
C'est un auteur typiquement américain, formé je crois dans ces écoles d'écriture dont ils ont le secret (et malheureusement pas nous). C'est un auteur à l'imagination fertile, au style faussement léger, ce qui rend ses "pavés" totalement lisibles du début jusqu'à la fin. On suit ses personnages, on les aime, on les déteste avec lui. C'est un type, oui, que j'aurai eu plaisir à rencontrer. Alors, maintenant, qu'il arrive dans ma salle à manger....j'vais point priver !

L'émission, Spéciale John Irving
La grande libraire sur France 5, que j'ai vue en intégralité, était de mon point de vue très intéressante.

J.Irving a expliqué, parfaitement, comment il a puisé la matière de ses romans, dés son plus jeune âge, moins dans sa vie que dans ses peurs les plus intimes. Il se nourrit de ses peurs, les fait remonter en surface, tentant par l'écriture de les neutraliser, à défaut de pouvoir les supprimer totalement.

Quant à sa méthode d'écriture, elle est assez classique bien que pas toujours pratiquée (notamment par ceux qui font plus confiance à leurs personnages) : il connait la fin de l'histoire qu'il veut écrire, avant de commencer à l'écrire. C'est effectivement mieux, mais cela suppose un esprit très organisé, méthodique. Il explique, à ce propos, parfaitement, comment cette façon de procéder lui permet de se concentrer sur les mots, leur rythme, la nécessité de tenir le lecteur en haleine, la mise en situation des personnages, des dialogues etc...

Hé hé je regrettais de ne pas l'avoir vu mais en allant sur le site de France 5 j'ai l'occasion de la voir cette émission

Le lien vers la Grande librairie

Génial ! Je trouve que si le début est un peu long, la suite est très éclairante.
Qu'en as-tu pensé Natalia ?

Je l'écoute dans l'après-midi et je reviens ici raconter ce que j'en pense

Alors j'y viens ! je n'ai pas grand chose à rajouter à ce que tu en dis IRIS hormis que j'ai appris que Dickens l'a beaucoup inspiré. Tout çà m'a donné fortement envie d'aller farfouiller dans mes cartons et d'en sortir ses livres pour une nouvelle lecture, c'est grave
J'ai bien aimé quand il parle des femmes qui l'ont inspiré parce qu'il a grandi dans un univers féminin. J'avais beaucoup aimé Une veuve de papier pour çà.
La dimension tragique de la création de ses oeuvres en partant de la fin qu'il visualise donne plus d'étoffe, et en parlant d'étoffe il dit tout de même qu'il pense raccourcir la longueur de ses romans à l'avenir ( que l'on lui souhaite très long encore à 68 ans )
J'aime son regard sur les femmes et l'adolescence.

Oui, ce que j'ai senti c'est aussi sa grande sincérité. Il n'est pas dans la posture que certains croient bon d'adopter.
Oui, son regard sur les femmes, les femmes fortes notamment, est rempli de pudeur et d'une extrême reconnaissance. On le sent aussi très bien dans ses livres. Ils aiment ces femmes qui tiennent la barre tandis que le marin a foutu le camp vers des horizons réputés plus verdoyants. On est pas dans la douleur, mais dans une forme de résistance.

J'ai fini il y a quelques semaines Dernière nuit à Twisted River.
Je me suis attachée à l'histoire de Danny, adolescent élevé par un père protecteur au début du roman, homme d'âge mûr à la fin.
On le voit devenir écrivain, on comprend sa démarche d'écriture, l'influence de sa vie- jalonnée de drames - sur son oeuvre, ou au contraire, comment son métier influence son regard sur la vie.
Les personnages féminins ne laissent pas indifférents non plus : de Jane L'indienne , à Carmella sans oublier Katie, Pack de six et "Tombe du ciel"...Toutes sont fortes ( physiquement ou de caractère) et généreuses, chacune à leur manière.
Au fil des 562 pages, l'intrigue nous trimbale dans différents lieux de l'Amérique, déterminés par la fuite des protagonistes, et à différents moments de leur vie avec des bonds en avant et des retours en arrière, au gré de l'écriture de Danny.
J'ai particulièrement aimé le dernier chapitre qui vous fait revenir aux premières pages. La boucle est bouclée.
Enfin j'en suis sortie avec de nouveau jurons et des expressions savoureuses empruntés à Ketchum, personnage haut en couleurs de l'histoire.
Je laisse à ceux qui vont lire le plaisir de les découvrir!

C'est le premier roman que je lis de John Irving. Au vu des commentaires des grains, j'envisage de lire prochainement L'oeuvre de Dieu, la part du Diable.
Il sera l'objet des mes prochaines recherches en bibliothèque ou vide-grenier !

lilire a écrit:

Dernière nuit à Twisted River de John Irving :

un peu décue par ses derniers je retrouve le plaisir de plonger dans son univers malgré un début un peu lent : un cuisinier élève seul son fils parmi les bûcherons jusqu au moment où ils doivent fuir , refaire leur vie, s'enfuir encore et encore. Un livre sur plusieurs générations où on retrouve les ingrédients chers à Irving : humour, tendresse, personnages atypiques et attachants

En général, les premiers sont plus appréciés, a moins que ce soit le plaisir de la découverte.

oui c est sûr rotko, le plaisir de la découverte y est pour beaucoup mais je dirais surtout que certains livres ont plus de souffle, la quatrième main par exemple je m en souviens même plus alors qu une veuve de papier ou surtout une prière pour owen ...ahhh le bonheur de les lire et le dernier est dans cette veine , enfin à mon humble avis

Une prière pour Owen ( lecture commune de juin )

Alors je suis un peu hésitante pour parler de ce roman car il m'a énormément touchée tant par l'histoire que par l'humanisme des personnages.

Les premiers mots du roman sont ceux-ci : "Si je suis condamné à me souvenir d’un garcon a la voix déglinguée, ce n’est ni à cause de sa voix, ni parce qu’il fut l’être le plus petit que j’ai jamais connu, ni meme parce qu’il fut l’instrument de la mort de ma mère. C’est à lui que je dois de croire en Dieu; si je suis chrétien, c’est grace a Owen Meany… "

C'est un livre sur l'amitié, la famille, et la foi ( pas de prosélytisme ) Irving fait vivre une extraordinaire histoire d'amitié à deux enfants durant les années 50 jusqu'à la guerre du Vietnam. Il y a John Wheelwright qui ne connaît pas son géniteur. Sa mère meurt de façon quasiment absurde après s'être mariée à Dan Needham. Et puis il y a Owen Meany, qui a 10 ans en paraît 4 de moins, et a une voix de fausset ( d'où l'emploi de majuscules lorsqu'il s'exprime ).

Owen est persuadé qu'il est un instrument de Dieu, que son apparence, sa grande capacité à apprendre, son entrainement constant avec John au basket ont une utilité, un dessein spécifique....il est prédestiné.

Mais il y a aussi en fond du roman la guerre du Vietnam avec les pacifistes, la perte de repère des américains, l'intrusion de plus en plus constante de la télévision, le traitement médiatique de l'actualité et des politiques. John lui partira au Canada pour laisser derrière lui l'hypocrisie américaine.

Tous les personnages sont encore une fois superbement dépeints, c'est un vrai délice à lire. On sait depuis le début du roman que quelque chose de grave va arriver mais quand, comment reste un secret dont je ne vous parlerais pas. John raconte le destin de cet Owen Meany, son meilleur ami, celui qui lui manque tant qu'il demande à Dieu de le lui rendre.

J'ai adoré Owen et sa VOIX, son inflexibilité face à son destin , sa grande générosité, sa bravoure

Je suis vraiment très heureuse d'avoir relu du Irving avec ce roman qu eje n'avais pas encore découvert

Une prière pour Owen

J’ai retrouvé le malaise dont je me souvenais dans les 100 premières pages, lorsque le personnage d’Owen se construit peu à peu, enfant étrange et imprévisible, à la fois objet manipulé par les autres qui le traitent comme une poupée du fait de sa petite taille, et manipulateur grâce à sa voix surprenante, son intelligence et sa personnalité.

La suite me plaît plus, l’amitié se construit entre les deux garçons, ils élaborent des jeux étranges : smasher dans un panier de basket en moins de 4 secondes, aller déposer la voiture d’un prof sur une scène d’amphithéâtre, mutiler une statue, puis l’idée d’Owen pour que son ami ne soit pas mobilisé.
Et derrière tous ces récits, plusieurs interrogations : Qui est le père de John ? Comment a été conçu Owen ? Pourquoi semble-t-il détester ses parents tout en étant très attentifs à eux ? Connaît-il vraiment l’heure et les circonstances de sa mort ?

Le récit du passé s’imbrique avec le récit du présent de John au Canada. Peu à peu, sur fond de guerre du Viet Nam, puis de la guerre au Nicaragua, la vie d’Owen et de John , leurs destins se construisent, ce qui a été préparé avant par l’auteur prend du sens, jusqu’à l’acmé, dans l’aéroport.

Il y a une part importante d’éléments autobiographiques dans ce livre, ce qui lui donne probablement sa force : Irving n’a connu son père que très tardivement, il a été élevé par son beau père, il était dyslexique mais il a suivi des études littéraires.
Une prière pour Owen a un personnage proche physiquement du personnage principal du Tambour de Günter Grass, influence reconnue et revendiquée par Irving.

C’est pour moi, le meilleur livre que j’ai lu d’Irving, mais certainement pas le plus facile, surtout en raison de son côté dérangeant du début, où les personnages ne sont pas encore construits, semblent peu cohérents, dans une histoire plutôt décousue.

j'aurais aimé vous rejoindre en lecture commune de juin avec une prière pour Owen mais j'étais déjà partie sur L'oeuvre de dieu, la part du diable et il m'était impossible d'abandonner Wilbur Larch et Homer Wells. Ceux qui l'ont lu - et je crois que vous êtes nombreux-me comprendront sans doute tant l'histoire de cet orphelinat est captivante.
Je ne connaissais pas John Irving avant d'avoir lu Twisted River ,que j'ai apprécié (je sais, j'ai commencé par la fin et j'ai beaucoup à apprendre!) mais alors, avec L'oeuvre de Dieu... c'est encore autre chose.! J'ai mis du temps à le lire (trop de travail par ailleurs) mais j'avais l'impression d'être accompagnée par cette histoire en permanence.
J'aime cette façon qu'a John Irving de rendre chacun de ses personnages - même si leur rôle est secondaire- inoubliables par un trait de leur personnalité, une aventure qui les caractérisent où même un " tic de langage" que l'on se surprend à utiliser soi- même " D'accord. " Dans d'autre partie du monde ... " " immaculée constipation ! " .Quelle imagination ! Même les détails ont leur importance. Quel régal ! J'ai fermé le livre avec regret, triste d'être arrivée au bout des 600 pages
( je crois) dont les dernières lignes sont magnifiques.
Voilà un livre que je n'oublierai pas de sitôt ! J'ai maintenant envie de voir le film, avec évidemment la crainte d'être déçue par l'adaptation.

mafalda que rien ne t'empêche de venir poster sur Une prière pour Owen lorsque tu auras eu l'occasion de le lire

J'avais tellement aimé L'oeuvre de Dieu la part du Diable que je l'ai offert à ma belle-mère

Je vais commencer par me l'offrir à moi-même ( je l'avais emprunté à la médiathèque) pour avoir le plaisir de le relire quand je voudrais et de le prêter à mes amis ! J'aimerai le trouver d'occasion mais cela risque d'être difficile. Je pense que L'oeuvre de Dieu, la part du diable est un livre que l'on garde.
Je reviendrai sans doute sur le fil de John Irving. J'espère passer encore de bons moments avec cet auteur !

mafalda a écrit:

J'aimerais le trouver d'occasion mais cela risque d'être difficile.

pas du tout !

mafalda tu peux essayer chez gibert je n'ai jamais été déçue par la qualité de leurs occasions ( je nepaye pas de frais de port mais j'en commande plusieurs à la fois...à toi de voir )
sinon neuf en poche j'ai du le payer 7 € 50 si je me souviens bien
et j'oubliais de dire que je suis comme toi, quand j'emprunte des livres en biblio et qu'ils me transportent je me débrouille pour les acheter ou d'occasion ou neufs ( Brothers de Yu Hua est ainsi sur ma liste ainsi que Craig Johnson )

Merci Nathalia, je ne connaissais pas cette "boutique" et je vais sans doute suivre ton conseil.
Habituellement, je trouve mes livres d'occasion soit en chinant dans les vide-grenier des alentours où les particuliers et les petites bibliothèques vendent les livres qui les encombrent soit dans les associations comme Amnesty ou Emmaüs ( à qui je donne les livres que je ne veux plus ). Voilà pourquoi je n'étais pas sûre de trouver facilement L'oeuvre de Dieu, la Part du diable.

De rien mafalda
Quand je ne trouve pas dans ma bouquinerie habituelle,cette boutique est ma roue de secours

J'ai beaucoup de mal à rentrer dans ma lecture de "Je te retrouverai"...
C'est pourtant mon deuxième essai.
je me traine...

Mais ayant adoré 3 livres de Irving , je m'accroche...Suite au prochain épisode.

Quetschup a écrit:

Mais ayant adoré 3 livres de Irving

Ce sont lesquels que tu as aimés ?

Je me souviens avoir lu The World according to Garp pour l'école, il y a plus de trente ans... j'avais bien aimé, mais pas tentée de reconduire l'expérience.

personnellement j'avais beaucoup aimé le Monde selon Garp et ensuite Une veuve de papier et puis d'autres titres que je n'ai plus en tête Je n'ai pas encore lu Dernière nuit à Twister river

edit : si j'ai adoré L'oeuvre de Dieu la part du Diable

J'ai lu "Le monde selon garp" magnifique !

"L'oeuvre de dieu la part du diable" ( j'ai adoré aussi Natalia ^^)

et "Dernière nuit à twisted river" , pas de déception non plus , un très bon moment de lecture.