Edgar Poe

J'ai lu "Le chat noir " dans le cadre des nouvelles de Edgar Poe!
j'avais lu étant beaucoup plus jeune mais ne me souvenais plus à quel point, ses nouvelles pouvaient nous laisser en haleine, nous effrayer, nous faire presque peur!
J'ai beaucoup aimé et ma préférée est HOP-FROG. Un tant soit peu morbide mais tellement bien décrit qu'on se laisse emporter vers l'absurde et l'horreur. J'en redemande!

Le cœur révélateur illustre bien la méthode d’Edgar Poe. Il donne la parole au protagoniste qui pose tout de suite la question :

Citation :

pourquoi prétendez-vous que je suis fou ?

Malgré l’argumentation de l’intéressé, et le sang froid qu’il entend afficher, on hésite devant certains indices : pourquoi cette exaltation dans les paroles, pourquoi ces hallucinations et ce vertige des sens ?

Nous ne sommes décidément pas au bout de nos surprises, car ce récit s’achève sur un impressionnant crescendo.

Une lecture publique donnerait à ces pages tout leur relief, entre les interprétations d’une fatalité extérieure et les fantasmes du personnage.

Certaines images deviennent obsédantes - l’œil du vautour, la montre enveloppée dans du coton, et une habile mise en scène tiendrait le spectateur-auditeur sur l’étroite ligne de crête de la folie.et du fantastique.

on trouve le demon de la perversité

Citation :

Sous son influence, nous agissons sans but intelligible;[...] nous agissons par la raison que nous ne le devrions pas

C'est une analyse qui explique beaucoup des comportements dans les histoires extraordinaires

Citation :

Pluton, - c’était le nom du chat, était mon préféré, mon camarade.

Moi seul, je le nourrissais, et il me suivait dans la maison partout où j’allais. Ce n’était même pas sans peine que je parvenais
à l’empêcher de me suivre dans les rues.

Notre amitié subsista ainsi plusieurs années,
durant lesquelles l’ensemble de mon caractère et de mon tempérament,
- par l’opération du Démon Intempérance, je rougis de le confesser-
subit une altération radicalement mauvaise.

Edgar Poe, le chat noir.

Après lecture du Chat Noir & autres nouvelles, je trouve que les contes d'Edgar Poe tournent plus autour de l'absurde que de l'horreur. J'y ai particulièrement apprécié L'homme des foules, le narrateur, qui regarde passer la foule d'une grande artère londonienne, est intrigué par un drôle de personnage qu'il commence à suivre en filature. Ce dernier passe en fait son temps à hanter les foules, mais le plus absurde est peut-être le comportement du narrateur (dont l'écriture paraît si saine) ?

Cet homme des foules est bien moderne, qui se plaît seulement dans les lieux fréquentés.
C'est le précurseur de l'homme des forums qui clique et zappe jetant de ci de là un regard consommateur

la chute de la maison Usher de jean Epstein '1928) à l'auditorium du louvre le dimanche 10 fevrier à 16 h

Citation :

La Chute de la maison Usher est la quatrième adaptation cinématographique du roman éponyme d'Edgar Allan Poe, après celles de Jean Epstein (La Chute de la maison Usher, 1928), de James Sibley Watson et Melville Webber (The Fall of the House of Husher, 1928) et d'Ivan Barnett (La Chute de la maison Usher, 1948).

Après le film de Roger Corman, le roman sera encore porté de nombreuses fois à l'écran : par Jan Svankmajer sous la forme d'un court-métrage animé en 1981 (La Chute de la maison Usher) et par Jesus Franco - (Névrose (La chute de la maison Usher) en 1982). Alan Birkinshaw et Ken Russell signèrent également leurs versions, respectivement en 1998 et 2001.

un article de philippe Sollers sur Edgar Poe

Citation :

Vous ouvrez «Double Assassinat dans la rue Morgue», «le Scarabée d'or», «le Cœur révélateur», «le Chat noir», «le Démon de la perversité», et tant d'autres contes, et vous êtes aussitôt saisi, mis sous hypnose, branché sur vos contradictions secrètes, par un narrateur qui, en première personne, vous impose ses passions et ses déductions. Vous êtes détective, mais aussi assassin

.

un poéme
"seul"
Depuis l'heure de l'enfance, je ne suis pas
Semblable aux autres ; je ne vois pas
Comme les autres ; je ne sais pas tirer
Mes passions à la fontaine commune
D'une autre source provient
Ma douleur, jamais je n'ai pu éveiller
Mon coeur au ton de joie des autres
Et tout ce que j'aimai, je l'aimai seul
C'est alors -- dans mon enfance -- à l'aube
D'une vie de tumulte que fut puisé
A chaque abîme du bien et du mal,
Ce mystère qui toujours me retient --
Au torrent et à la fontaine
Dans la falaise rouge de la montagne --
Dans le soleil qui roule autour de moi
En son or automnal
Dans l'éclair qui volait au ciel et passait
Près de moi pour s'enfuir,
Dans le tonnerre et dans l'orage
Et dans la nuage qui prenait la forme
(Alors que le reste du ciel était bleu)
D'un démon à mes yeux.

Edgar Alan Poe
« Seul »

J'adore ! Je l'ai étudié à la fac et cela m'a enchantée ! Ces histoires sont si sombres et tortueuses.

Citation :

Cet homme des foules est bien moderne, qui se plaît seulement dans les lieux fréquentés.

J’ai lu et relu L’Homme des foules plusieurs fois…mais quelle mystère ! Tellement étrange, que je suis restée après, plongée dans les rêves en essayant de me figurer un tel homme, avec une attitude aussi bizarre… mais j’ai pas pu ; il prenait un aspect effrayant, un genre de malade…

Sinon, je terminerai bientôt son recueil « Nouvelles histoires extraordinaires », et j’adore son style, les histoires ont un aspect fantastique, mais prennent en même temps une touche du réel, alors on ne peut se dire que c’est de la pure fiction, et c’est ce qui me charme. Parmi celles que j’ai beaucoup apprécié : William Wilson, Le Chat noir, La Chute de la maison Usher, Bérénice. Edgar Poe fait vraiment rêver, même si c’est d’une manière sinistre, perverse, qui devient cauchemar…

l'homme des foule est la nouvelle de Poe qui m'a le plus marqué, mystérieuse, énigmatique...
J'ai repensé à cette nouvelle en voyant un reportage dans une émission du genre Zone Interdite. Dans une petite ville des Etats-Unis on y voyait un type qui passait sa journée à se balader en voiture de restos en restos.

j'adore Poe, l'ambiance de ses histoires, la noirceur et l'ironie et la bizarrerie.
je me rappelle d'une nouvelle excellente, je livre le titre de mémoire; Docteur goudron et Monsieur Plume, où les malades d'un hopital psy avaient enfermé leurs gardiens. ça c'est de l'ironie...
A lire aussi ses poésies, dont Le Corbeau, dont il explique la genèse (c'est un des rares à avoir décrypté un de ses écrits de cette manière)
Quelqu' un évoquait sur ce fil son seul roman, Les aventures de Gordon Pym, mais avez vous lu la suite que fit Jules Verne? C'est une suite qui détruit complètement le mystère du premier livre puisque Verne y introduit une explication purement scientifique. Son livre est d'ailleurs moins bon que celui de Poe, mais il vaut le détour rien que parce qu'il une suite.
J'ai aussi retrouvé l'esprit Poe dans les petits poèmes en prose de Baudelaire (celui qui l'a traduit en français) qui sont incontournables aussi si on aime l'univers de l'écrivain américain.
Et je ne vous parle pas de Julien Gracq (Les eaux étroites).

Faut-il prendre au pied de la lettre la Petite discussion avec une momie ? in histoires Extraordinaires.

Cette Momie « vieille de trois à quatre mille ans » est l’objet d’une expérience dans laquelle « il entrait un dixième de sérieux et neuf bons dixièmes de plaisanterie », et elle accepte de dialoguer avec ceux qui l’ont ranimée - grâce à la Pile de Volta !.

- Que voilà une momie courtoise au langage châtié, et qui défend brillamment la civilisation égyptienne contre les partisans d’un progrès européen et continu ?

- d’un autre côté, cette momie détend son pied comme une catapulte et défenestre le savant docteur qui lui titillait « le gros orteil du pied droit » !

Cette histoire nous est racontée par un amateur immodéré de rôties au fromage, très friand aussi de Brown Stout…

Le nom de la momie en hiéroglyphes est Allamistakeo, ce qui autorise à lire cette histoire extraordinaire - au demeurant passionnante, comme une fantaisie égyptienne à la sauce américaine…

Fulcanelli a écrit:

je ne vous parle pas de Julien Gracq (Les eaux étroites).

justement, ça nous interesserait ! je t'indique même le fil de Julien Gracq

Cher Rotko, si je pensais aux Eaux etroites de Gracq au sujet de Poe, c'était pour la référence à une nouvelle dont j'ai oublié le nom (le bouquin est quelque part dans ma bibliothèque mais comme j'ai un sens du rangement assez peu "scientifique" ...)
Poe nous y promène dans une vallée modelée entièrement par le caprice d'un riche désoeuvré, comme un paysage intérieur devenu réalité. La nouvelle m'avait à l'époque quelque peu fasciné (j'écris un peu moi même et c'est justement le type de récit que je tente de mettre en scène )
Dans Les eaux étroites, Gracq nous plonge dans une balade dans le décor de son enfance, dans une ambiance qui mêle contes de Grimm, celtitude et quête du Graal (tout ce que j'aime en fait).
Merci pou le lien Gracq, j'y ferai un saut.

J'ai fait des fouilles chez moi et finalement j'ai retrouvé le titre de la nouvelle dont je parlais; il s'agit du domaine d'Arnheim.
Rien que le titre laisse rêveur (je sais il m'en faut peu)...

merci, je ne connais pas,(malgré 3 anthologies de POE !) mais grâce à toi, je trouve le texte en exergue,

Citation :

Le jardin était taillé comme une belle dame,
 Étendue et sommeillant voluptueusement,
Et fermant ses paupières aux cieux ouverts.
 Les champs d'azur du ciel étaient rassemblés correctement
 Dans un vaste cercle orné des fleurs de la lumière.
Les iris et les rondes étincelles de rosée,
Qui pendaient à leurs feuilles azurées, apparaissaient
Comme des étoiles clignotantes qui pétillent dans le bleu du soir.

GILLES FLETCHER

et toute l'histoire ici.

Dans la Petite discussion avec une momie, je traduirais le patronyme de la momie, allemistakeo, par erreur totale ou totale tromperie, ce qui montre une forte pincée d'humour, pas toujours sensible chez Edgar POE.

C'est vrai que Le domaine d'Arnheim n'est peut-être pas sa nouvelle la plus spectaculaire, et donc pas la plus souvent présente dans les anthologies.
Mais....!!!
On ne lit pas notre cher Edgar dans des anthologies!
Sacrilège!
Ou alors des anthologies exhaustives...
Ca s'appelle des oeuvres complètes? Ah peut-être...

j'ai des volumes dépareillés :
le 1er tome des histoires extraordinaires chez Folio, un volume relié de chez l'érable, et un autre volume bleu passé de chez Nord-Sud, hérité, qui comporte notamment le mystère de Marie Roget, une histoire bien interessante que j'ai lue, et qui est inachevée !! ah ! la déception

c'est ce que j'ai appelé à tort des anthologies, puisqu'on y trouve des nouvelles compilées au pif de l'editeur.

Rotko, tu as manqué quelque chose!
Mais tu as de la chance, il n'a pas écrit beaucoup, 4 livres si on compte Gordon Pym, ce n'est pas très gros et facile à lire.
J'aime bien ses enquêtes (dans un Paris qu'il n'a jamais vu mais qui est très crédible), notamment avec le thème des associations d'idées qui permettent aux héros de résoudre les affaires.

Peter Ackroyd (Angleterre).

Edgar Allan Poe, une vie coupée court

Pauvre Poe dont la vie a été si dure, et si courte, et dont l'oeuvre est passée à la postérité après sa mort. Pas très loin du poète maudit, Poe est allé chercher au fond de nous nos peurs les plus secrètes pour les scénariser habilement.

Double assassinat dans la Rue Morgue, Le Mystère de Marie Roget La Lettre volée, Le Scarabée d'or, Mystification, Le Sphinx ou L'Enterrement prématuré ... autant de bijoux intacts sur lequel le temps n'a pas de prise.

On est toujours séduit par l'élégance de l'écriture de Poe, son goût du macabre, ses raisonnements subtils.

Il est temps de lire une biographie aussi brillante que celle d'Acroyd pour découvrir qui se cache derrière ce grand écrivain au teint blafard et aux idées sombres.

Nestor, qui a une âme de ménagère, rattache le fil à Edgar Poe

J'ai aimé Poe avec "Double assassinat dans la rue Morgue", une nouvelle de moins de 100 pages. Cela dit, je ne pense pas être tombée sur son meilleur cru et poursuivrai avec un autre livre de lui pour me faire une opinion plus approfondie.

Présentation de l'auteur : rien n'est plus frappant en réalité que le contraste entre la vie et l'oeuvre d'Edgar Poe, souvent considéré comme l'inventeur du roman policier. Comme le résume très bien l'écrivain argentin Jorge Luis Borges : "C'est un homme qui eut, comme on sait, une vie malheureuse. Il mourut à quarante ans, rongé par l'alcool, la mélancolie et la névrose. Nous n'avons pas à entrer dans les détails de cette névrose; qu'il nous suffise de savoir que Poe fut très malheureux et qu'il vécut prédestiné au malheur. Pour s'en libérer, il se mit à exercer, sans doute exagérément, ses facultés intellectuelles. Borges met le doigt sur l'un des plus grand paradoxes de la littérature : cet homme tourmenté dont la vie s'apparente à un calvaire, faite de privations affectives, de déchéances multiples qui le conduisent à mourir en solitaire dans une rue de Baltimore, créa sans le savoir, dans les années 1841-1844, un genre littéraire nouveau, sans doute en partie pour se libérer de ses obsessions et de ses angoisses.

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Ce livre est une enquête policière sur un crime

Ce qui m'a le plus déplu, c'est une écriture que je trouvais trop "scientifique", analytique". On dirait que Poe met tout à distance. Cela rend le roman assez froid je trouve.
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Ce qui m'a le plus déplu,

les "nouvelles extraordinaires", sont ce que dit le titre, l'une plus magistrale que la suivante, une oeuvre fascinante, ces petites nouvelles donnent le frisson et on ne les oublie jamais. J'ai lu ce livre plusieurs fois, il y a longtemps, et toujours avec effroi et plaisir.

La chute de la maison Usher tente à juste titre des metteurs en scène de talent qui mettent tous les arts à son service.

j'aime bien aussi les illustrations de Lorenzo Mattotti



pour le poème le Corbeau.

Il a bien compris l'imaginaire de POE avec ces images splendides et effrayantes : ne les ratez pas !

Panta a écrit:

J'ai aimé Poe avec "Double assassinat dans la rue Morgue", une nouvelle de moins de 100 pages. Cela dit, je ne pense pas être tombée sur son meilleur cru

c'est une des facettes de Poe, cette déduction logique si bien illustrée par le Chevalier Dupin, et dont se réclame Sherlock Holmes. J'en ai gardé l'idée qu'une en quête et la résolution d'une énigme ne devait pas flouer le lecteur, mais expliquer rationnellement l'invraisemblable, comme dans la lettre volée, ou le Scarabée d'or, un chef d'oeuvre de méthodologie.

Une autre facette serait le puits et le pendule avec des visions oniriques, et une exploration du rêve : j'y trouve l'absence de son, l'impuissance du dormeur, l'impression qu'il rêve dans son rêve et se réveille - ce qu'il ne fait pas !, l'intrusion d'éléments extérieurs, de rumeurs transformées en fantasmes, et une chute qui donnerait une clé.

Cette nouvelle crée en nous les états émotifs extrêmes que nous avons dans les cauchemars, et en même temps une sorte d'aperçu de notre condition : le pendule est le symbole du Temps, comme explicité dans cette nouvelle.

je me demande ce qu'en ont pensé les surréalistes. Si vous avez des idées sur le sujet, parlez-en.

J'ai vu que Marie Bonaparte avait écrit en Edgar Poe (1) en 1933, elle avait traduit des nouvelles. Le livre n' est pas réédité, on le trouve d'occasion pour 150€.

J'aurais aimé le parcourir car ses analyses sur Hugo étaient remarquables. Il faut avouer aussi qu'Edgar Poe est un sujet de premier choix.

(1) Edgar Poe : Sa vie, son oeuvre, étude analytique par Marie Bonaparte. Avant-propos de Sigmund Freud

Je suppose que l'édition en Pleiade fait le point de ces lectures.