Stephen King II

Rotko à genoux devant moi !

Arrête ou je vais mal dormir...

Quant au style de King, facile ? Tu rigoles ?

Les traducteurs se prennent la tête sur ses jeux de mots et boutades.

Du reste, je ne parle qu'aux connaisseurs du grand homme !



(Et toc ! La Crevette bannie pour discourtoisie ! )

Avec regret j'ai pris plaisir à lire certains King.

Avec regret parce qu'en général il me faut un auteur qui écrit bien, il est la quintescence de l'américain moyen et s'en cache pas. Préférant une narration qui fait penser au cinéma qu'au roman son style évites la portée de l'imaginaire littéraire pour l'imagerie et un découpage scénique. Guére étonnant, après tout Creepshow et la scénarisation de films sont précurseur de sa vocation littéraire prolifique. en cela encore il est très américain, le nombre plutôt que la qualité.
Il utilise toujours les même ficelles dans ses romans(allant même jusqu'à écrire trois fois le même roman en changeant un seul élément): faire traîner l'histoire en appuyant sur le suspense, pas effrayant mais plutôt laissant le lecteur dans l'expectative C'est d'ailleurs là que je trouves son plus grand défaut : aucune finalité. Le suspens ne déouche rarement(jamais) sur une conclusion une explication et laisse souvent un grand vide à la connotation mystique.En cela il est très américain.
Une autre des chose que je recherche dans un livre c'est un sens.

Un paradoxe chez cet auteur ,qui peut conduire à du bon comme à du très mauvais c'est le manque cruel d'originalité. Ses idées, ses clichés devrait je dire, sortent pour la plupart de séries B ou Z avec leur aspect ringard et kitsch qui peuvent me toucher. Je me rappeles l'épouvantable(pas au niveau peur hein) Tommyknockers avec une tondeuse à gazon pilotée par extraterrestres qui vole en faisant de la lumière verte après un héros looser. Pire Christine que je n'ai pas pu lire plus loin que le tiers malgrè es efforts qui parle d'une voiture possédée qui écrases les gens. Meilleur Carrie qui parles d'une ado tourmenté par son entourage dont la frustation et la colère sortent en crise de sorcielleries(quoique encore pas de vrai explication à ce phénoméne). Mieux encore Shining qui n'est foncièrement qu'une histoire de maison hantée, abordes ses thémes familiers mais laisse comme toujours un fort goût d'inachevé. Needful Things(Bazaar il me sembles en français) démontres le point fort de King: Les rapports sociaux à travers de nombreux personnages, leur ressentis et ragots de citadins.

Les tomes de la tour sombre sont à l'image de toute son oeuvre(il le dit lui même), Un récit ponctué d'éléments sans queue ni tête dont on espère une grande justification finale sur l'imaginaire ou le multivers , Traînarde malgrès des personnages attachants et traumatisés à la limite de la démence mais investis d'une mission de plus en plus incompréhensible même pour eux. Le tout forme une masse hétéroclite, aux aspects caricaturaux dont l'ennui qui se dégages n'arrives pas à supplanter les vagues onnes parties.

Encore une fois best-seller(surtout avec production de masse) est l'opposé de qualité.
Mais bon je comprends qu'on puisses aimer, il y a pourtant tellement mieux et plus intéressant sur les thémes qu'il aborde.

Je te renvoie la balle ici magichit car j'ai lu tout ce que tu as écris sur King, hier, et ça m'a fait cogiter. J'explique sur un autre fil que Dôme m'est littéralement tombé des mains et que j'en suis fort déçue.

Même si j'aime beaucoup King, je reconnais que ton analyse est très vraie.
J'ai par exemple laissé tomber la Tour sombre car j'avais la sensation qu'il écrivait au jour le jour et ne débouchait sur rien. Pourtant, le premier épisode du pistolero, très énigmatique, très concis et atemporel, laissait espérer un sens métaphysique à la fable.

Ben, non. Il reste cet "américain moyen" que tu décris. Talentueux, doué, mais trop inscrit dans un système de rendement et de recettes éculées pour que ça brille vraiment.

Ceci étant dit, as-tu lu L'histoire de Lisey ? Duma Key ?

Si non, fais le car là, il possède vraiment tous ses moyens, avec plusieurs degrés de lecture.

Reste que l'homme me paraît très sympathique.

Quoique plutôt grave, globalement...

Merci pour les conseils de lecture Crevette, j'essairais si je tombe dessus.
Sait tu ce que valent ses romans sous le nom de Richard Bachman? Ils ont la réputation d'être plus sérieux.

J'ai peut être pu passer pour un anti-américain primaire(et je le suit parfois*) mais je suit pourtant aussi amateur et demandeur de cette culture, bien sûr vu la masse produite il faut savoir trier.

Sur le Pistolero le mieux c'est de pas aller jusqu'au bout. Je suit allé jusqu'à la fin parce que je suit têtu** même si bien avant les derniers tomes je me doutait bien de la vacuité de la conclusion et de ce qui aurait pu être une belle fable baroque sur l'imaginaire et l'inspiration se réduit à une simple ellipse dépourvue de signification.

Reste que pour ses thématiques il est à des lieues d'un Bradbury(l'enfance, le souvenir, le fantastique), la comparaison avec Lovecraft est inepte. Je ne me souvient plus d'autres auteurs qu'il cites comme ses modèles parce que je ne les connaît pas.

*Comme disait K. Dick: "les allemands n'existent pas, tous les allemands ne sont pas des nazis. " Il faut adapter au contexte et mon interprétation est que la masse n'est pas représentative et qu'il faut considérer les individualités plus que la globalité.
**Et aussi parce que j'ai des difficultés pour structurer un roman que j'écrit sur l'imaginaire collectif et individuel dans un récit onirique et autobiographique et que je cherche toutes les pistes.

Bonjour à toutes et tous,


J'ai beaucoup (énormément) lu King, que ce soit ses nouvelles fantastiques ou délirantes (Danse Macabre), ses romans de SF (Les Tommyknockers), d'anticipation à testostérone (Running Man, Marche ou Crève), son roman noir dans la pure tradition de Jim Thompson (Blaze) ou ses "classiques" de l'épouvante (Cujo, Ca etc).

J'ai également lu, puisque c'était congruent en la matière, ses essais (Anatomie de l'Horreur, Ecriture : un métier). Je lis ici ou là qu'il écrit mal. Un lecteur lambda issu d'études littéraires nous rétorquera, goguenard, qu'il n'écrit pas plus mal que Lovecraft. Lovecraft et ses amoncellements d'adjectifs cyclopéens, ses périphrases à rallonge et sa propension naturelle à évacuer les descriptions dérangeantes (c'était...indicible ! Sans blagues, coco ?).

D'ailleurs, le lecteur lambda, si l'on me suit, préfèrera une nouvelle telle que La couleur tombée du Ciel à L'Appel de Cthulhu. Or, j'abomine La couleur tombée du ciel en comparaison de, allez, Celui qui chuchotait dans les ténèbres. Pourquoi ? Parce que notre ami de Providence se retient dans La couleur tombée du Ciel. Il freine ses envies d'indicible et contrôle son lexique et sa syntaxe. On est à des lieux de l'acmé de Les Rats dans les murs, que j'idolâtre.

Notre ami (fictif, rassurez-vous) étudiant en lettres, fraichement normalien (d'ULM, sans dire) et à peine pubère, peut-être même à la gorge liliale pour paraphraser Bloy, préfèrera, à verser dans le Fantastique/Epouvante/Uncanny le style de Poe (ce en quoi il me serait difficile de le blâmer, Poe est un dieu et Ligeia est sa prophétesse). Bien.

King, quant à lui, puisque c'est de lui qu'il s'agit, n'est-ce-pas, ne nous perdons pas dans des prolégomènes verbeux (on me signale à l'oreillette que c'est déjà fait), n'écrit donc pas plus mal que Lovecraft aux yeux de notre ami normalien (enfin, je suis de mauvaise foi, car ce dernier nous dira qu'il a moins de mots à son vocabulaire). J'entends déjà crier à l'hallali dans la salle, du calme, je vous en saurais gré. Là où je rejoindrai un avis antécédemment donné (ce qui est logique), c'est dans l'espèce de sentiment de vacuité qui ressort de certaines de ses œuvres, citons la saga du Pistolero.

Là où mon avis diverge, c'est que King n'est peut-être pas un styliste à la Poe, mais qu'il amène suffisamment bien son sujet pour captiver le lectorat. Et d'une. Qu'il respecte les styles propres au genre (roman noir/fantastique) pour mieux les transcender, et de deux. Qu'il amène brillamment sur la table des sujets délicats (voir Carrie), et de trois. Qu'il est excellent dans les mises en abîme, ce qui n'est pas donné au premier venu (voir Misery). Et de quatre.

Dans un style à proprement parler assez simple, il parvient à faire tout cela. Et encore, Blaze m'a filé un gros coup sur la nuque. Là, y'a du style en veux-tu en voilà.

Tout ça pour vous dire que King, malgré tout, c'est bien. Ce n'est ni Poe, ni Bloy, ni Woolf, certes. Mais il faut quand même du génie pour amener tous les éléments sus-cités.
Bon, je relis mon post, et, comme d'habitude, cela n'a pas grand sens. Je ferai mieux la prochaine fois, promis.

Le Cygne.

Nestor : j'ai aéré ton texte pour le rendre plus facile à lire. Tu as le mérite d'aborder King sous plusieurs points de vue

Le-Cygne a écrit:

Lovecraft et ses amoncellements d'adjectifs cyclopéens, ses périphrases à rallonge et sa propension naturelle à évacuer les descriptions dérangeantes (c'était...indicible ! Sans blagues, coco ?). D'ailleurs, le lecteur lambda, si l'on me suit, préfèrera une nouvelle telle que La couleur tombée du Ciel à L'Appel de Cthulhu.

j'ai eu envie suite à une discussion de relire la couleur tombée du ciel. Je suis tombé de haut ! son style ronflant, emphatique m'est apparu insupportable

le fil de Lovecraft.

Stephen king un de mes auteurs préférés. Quand on pense King on pense tout de suite gore, fantastique etc.. Mais le plus intéressant dans ses livres c'est la psychologie des personnages. Si Stephen King écrit sur des situations extrêmes c'est pour pousser ses personnages à l’extrême et voir ce qu'il en résulte.

Stephen King écrit également pour exorciser ses phobies, ses démons. S'il écrit cujo c'est avant tout car il a peur de perdre ses enfants, s'il écrit misery c'est qu'il a peur qu'un fan l'agresse, s'il écrit Carrie c'est pour oublier sa propre adolescence difficile.

A cette question : "pourquoi écrivez-vous ?", il répondait parce que je ne sais rien faire d'autre. On trouverait certainement d'autres réponses qu'il a servies à ses lecteurs pour leur faire plaisir, car il sait communiquer.

Certains s'interessent plutôt à la question de la réception de ses histoires :

Elles parlent à l’enfant que nous avons été, à celui qui demeure en nous. Ses héros, souvent des enfants, s’interrogent : que signifie devenir adulte, être soi-même ?

Dans Le Talisman (1984), Jack Sayer, âgé de 12 ans, cherche le talisman qui guérira sa mère d’un cancer et finit par le trouver dans un univers chimérique, les Territoires. Dès lors, il devient le grand Tout : "Jack était le mâle, Jack était la femelle, il était l’œuf, il était le sperme. [...] Il était Dieu ou quelque chose de si approchant que ça ne faisait aucune différence."

On l’a compris, le talisman symbolise la toute-puissance. Or devenir homme implique justement de renoncer aux talismans de toute nature, à la croyance que l’on peut être tout, pour accepter enfin le réel. Ce renoncement nécessaire, les psychanalystes le nomment "castration symbolique". "Non, s’écria Jack, je refuse d’être Dieu ! […] Et il expérimenta la pureté renversante qui consiste à renoncer à l’objet de sa quête."

psychologies.

Toujours le sens de la formule, ces psys, et forcément sexuel !


M'énervent...

Très intéressant . En tout cas ça complète ce que je voulais dire soit que stephen King est trop catalogué comme écrivain de livre d'horreur divertissant alors qu'il y a toujours un double sens de lecture. C'est d'ailleurs ce que j'aime dans le fantastique

Sinon en effet freud était un obsédé lol

MehdiDaroux a écrit:

le plus intéressant dans les livres de S.King c'est la psychologie des personnages.

Freud rapportait tout au sexe. Je ne nie pas que c'est une énergie fantastique, puisque c'est celle de la vie, de la procréation.
De là à voir des phallus partout, faut se calmer, quand même...

L'être humain a d'autres (res)sources d'énergie : son intellect, son esprit, sa volonté...

King est un bonhomme très complexe. Très angoissé. Je viens de me casser les dents sur Dome, mais je garde beaucoup d'affection pour ce type, indispensable dans notre paysage littéraire.

Aie ne me dis rien je suis entrain de le lire

Je viens de lire Duma Key. J'ai eu ma période Stphen King, et puis j'ai cessé de le lire parce que je trouvais quelque chose de malsain dans sa recherche de l'épouvante pour l'épouvante, de certains de ses romans "alimentaires" (j'écris pour m'acheter de quoi manger !). Ce qui m'attirait aussi chez lui, c'était son côté analyse de ses personnages, très fouillée, sa psychologie de l'humain. C'est peut-être pour cela que j'ai choisi de prendre Duma Key à la médiathèque. Je l'ai dévoré (pas Stephen King, le bouquin). Je ne dirai pas que c'est son meilleur ... certains qui font référence à l'enfance, aux pouvoirs tels que la télékinésie (ça me facine) me font penser (la poésie géniale en moins) à Ray Bradbury, mon préféré dans le genre Fiction.
Et je ne ferai pas, comme il y a qq années, une consommation effrénée de ses livres. Mais j'ai compris, avec la distance, pourquoi j'étais tellement scotchée par ses récits.

Ysandre a écrit:

Je viens de lire Duma Key. [...]
Et je ne ferai pas, comme il y a qq années, une consommation effrénée de ses livres. Mais j'ai compris, avec la distance, pourquoi j'étais tellement scotchée par ses récits.

reflexion judicieuse, par les livres on en apprend sur soi. Duma Key.. j'ai lu.... le début

Oui Rotko, et ça fait un bout de temps que les livres m'apprennent "moi", ça peut faire du bien ou du mal, mais c'est toujours constructif.

Ah ! Vous êtes au coeur de la vérité. On part toujours à la recherche de soi quand on lit et on se retrouve à travers l'expérience de l'autre.
Combien de fois, je me suis dit "j'ai ressenti ça aussi" ,"j'ai vécu ça aussi", "ah, je n'avais pas bien compris ça mais là, je comprends mieux"...
A travers les milliers de personnages qui s'offrent à nous, il y a toujours une réponse à une situation, ou un questionnement, et parfois à un drame vécus.

Le livre n'est qu'un miroir.

J'ai beau essayer de me regarder dans le mien je n'y arrive pas, j'aurais dû en prendre un avec une couverture en papier glacé...

ou en papier ... tain

Il faut absolument que je me procure les deux volumes de Dôme !

J'ai été assez marqué par l'adaptation au cinéma de "Ça" il y'a une douzaine d'année
En lisant le livre (les 3 tomes), étrangement, je me suis rappeler de certaines scènes, de certains dialogues...
J'ai eu l'impression, peut-être à tord, que le livre s'attarde moins sur le "clown" et plus sur l'histoire des personnages, de leur peur, que dans le film.

ho là !

p.bateman a écrit:

J'ai été assez marqué par l'adaptation au cinéma de "Ça" il y'a une douzaine d'année
En lisant le livre (les 3 tomes), étrangement, je me suis rappeler de certaines scènes, de certains dialogues...
J'ai eu l'impression, peut-être à tord, que le livre s'attarde moins sur le "clown" et plus sur l'histoire des personnages, de leur peur, que dans le film.

ce n'est pas un film mais un téléfilm non ? je l'ai trouvé mal adapté personnellement. Le clown fait très peur en effet. Mais l'essentiel ce sont les peurs des gosses et leur vécu comme tu le soulignes p.bateman

Ah oui téléfilm, je ne savais pas !
Son principal intérêt est de faire peur aux enfants... Mais aucune envie de le revoir

Bag of Bones (Sac d'os en français), le roman de Stephen King sorti en 1998, sera prochainement adapté en mini-série avec Pierce Brosnan, Mellissa George et Annette Gish.

Ames sensibles ...

J'ai lu Sac d'os" au plus fort de "ma période S. King j'en frissonne encore...
Je viens de lire Cellulaire j'ai eu la flemme de faire mon rapport !
C'est l'histoire de gens qui reçoivent un appel de leur portable et deviennent fous : ils se jettent sur les gens qui sont près d'eux et les égorgent avec leurs dents. Ils se regroupent en bandes que "les normaux" fuient, dont ils se cachent en ne sortant plus que la nuit, alors que les dérangés profitent de ce moment pour se "recharger" avec des radios à pile et des musiques qu'ils écoutent, allongés, sans réactions, les yeux ouverts. Ils deviennent télépathes.
hou j'ai la flemme de tout raconter, il est tôt et.... suite plus tard !