dans l'Education Nationale ...

Comme je vous l'ai déjà dit, la consigne pour les professeurs est "ne faites pas de vagues, soyez avant tout obéissants". Si cette consigne est respectée, l'enseignant sera toujours bien vu par sa hiérarchie, même s'il n'est pas compétent dans son métier.

Donc un bon professeur pour les élèves peut être un mauvais professeur pour l'Education Nationale, inversement, un mauvais professeur pour les élèves peut être un bon professeur pour l'Education Nationale.

J'ai vu quelques collègues progresser à une allure fulgurante au niveau des échelons alors que les élèves ne comprenaient pas le cours et qu'eux-mêmes ne maîtrisaient les savoirs de base.

Citation :

A inclure aussi dans la définition du ''mauvais prof'' ceux qui se contentent de faire du copier-coller, et de récupérer des sujets d'interrogation ''prêts à l'emploi'' sur l'intranet de l'académie.

C'est justement ce qu'on nous demande de faire...

Plus exactement lors de l'année de formation des nouveaux professeurs titulaires (supprimée par le précédant gouvernement qui va être remise par le nouveau) la consigne des formateurs et inspecteurs était " ne perdez pas de temps à faire des cours ou des évaluations, l'Intranet (ENT : Espace Numérique de Travail) est fait pour ça, utilisez ce temps gagné pour le suivi des élèves ".

Moi qui aie l'habitude de faire mes cours de A à Z, qu'est ce qu'on pouvait m'embêter avec ça... Une séquence est une pensée propre qui tient compte de la classe et de la façon dont l'enseignant veut transmettre des savoirs et méthodes, il ne se pioche pas mais se construit tout d'abord dans sa globalité puis pas à pas selon la réceptivité de la classe.

il faut lire Mammifères de Pierre Merot. Il déduit tout du terrain, c'est amusant et instructif.

je rapatrie ces posts sur le fil de l'education nationale.

Merwyn,
Ton post souligne en partie les raisons pour lesquelles je ne me suis pas résignée décidée à passer le capes et autres réjouissances.

Quant aux consignes au sujet du copier/coller sur l'intranet, je trouve que beaucoup se cachent derrière ça, car tout le monde sait très bien que cette politique est irréalisable et les professeurs consciencieux ne la pratiquent pas. Il est absolument nécessaire de faire des cours sur mesure à chaque classe, en fonction de ce qui est assimilé (ou pas) et aussi en fonction de ce qui est assimilable, sans quoi enseigner devient l'équivalent de "brasser de l'air''.

Concentrez-vous sur le suivi des élèves, voilà les directives? C'est précisément un suivi sérieux des élèves qui montre la nécessité de ne pas faire des cours à la carte!

A l'EN, c'est vraiment le serpent qui se mord la queue.

Débat sur le "bon prof "

La polémique entre "républicains" et "pédagogues" est lancée. Schématiquement, les premiers réaffirment l'importance d'un professeur expert en sa matière. Il élève l'enfant grâce à l'instruction en l'aidant à se construire par la connaissance raisonnée et l'exploration de la culture. Pour les pédagogues, un bon professeur est d'abord un éducateur, qui privilégie l'accompagnement des élèves vers leur émancipation. Il s'appuie notamment sur des pédagogies "actives ", où l'enfant, en prenant l'initiative, développe sa capacité à agir, ses "compétences ", en mobilisant plusieurs types de savoir.

tout l'article du Monde qui renvoie notamment à


220 p. Fayard/Mille et une nuits.

ça fait joli, dit comme ça, sur le papier...et puis à côté, il y a la réalité : les stylos qui volent, les gosses insolents...et on se débrouille. Les pédagogies actives avec 28 élèves, ça me fait doucement rigoler

Alors, comment se passent tes premiers pas? Ton tutorat se déroule sous de bons auspices?

Tu as été envoyée en ZEP ?

Non, mais pas besoin d'aller en Zep pour se rendre compte que les élèves sont insolents

ça se passe bien dans l'ensemble, mais j'ai encore quelques soucis avec la gestion de classe.

Oui, et quand on est une prof femme et jeune, c'est encore plus compliqué!

N'as-tu pas eu droit à "M'dame charries pas, on vas pas te vouvoyer, t'es à peine plus vieille que nous!''

En tout cas, courage et n'hésite pas à nous tenir au courant. Les anecdotes des nouveaux profs sont souvent savoureuses.

Pas forcément dans ces termes, mais disons que de toute façon, je fais jeune, donc ils doivent le sentir. Mais j'ai été effarée par leur insolence, leur aisance à tenir tête, à se lever en cours...j'ai vraiment l'impression que leurs parents ont laissé tomber leur éducation ou en tout cas qu'il y a un manque quelque part

Marie kiss la joue a écrit:

Pas forcément dans ces termes, mais disons que de toute façon, je fais jeune, donc ils doivent le sentir. Mais j'ai été effarée par leur insolence, leur aisance à tenir tête, à se lever en cours...j'ai vraiment l'impression que leurs parents ont laissé tomber leur éducation ou en tout cas qu'il y a un manque quelque part

De père ? De son autorité ? de sa présence surtout...
Expérience dans une classe quelconque : qui a son père à la maison ? levez le doigt...

Helios, à supposer que le père soit la seule figure autoritaire... Il est vrai que dans un foyer monoparental, le garçon est souvent très (trop) écouté par sa mère.

P.15 de ce fil , j'évoquais le cas d'un prof licencié, semble-t-il abusivement, selon les tuyaux qui m'ont été donnés ; Un autre cas dans Rue 89.

Il est vrai qu'avoir un "mauvais prof" pour éduquer et instruire ses enfants ne fait pas plaisir, mais le jugement est vite porté, et le sujet fragile ou timide, rapidement victime d'une coalition (élèves, parents, administration à tous les niveaux) qui a rapidement sa peau, au nom du calme dans la classe, de la réputation, etc.

le licenciement paraît plus expéditif qu'un encadrement sous diverses formes.

Pendant toute notre vie, nous avons mon mari et moi fait de l'enseignement actif (parfois avec des classes de 29 enfants ou dans des classes d'enfants caractériels ).
L'enseignement, ce n'est pas un métier, c'est un sacerdoce. Il ne faut compter ni son temps, ni ses recherches.

Nous avons beaucoup appris des enfants eux-mêmes et aussi d'un philosophe indien : Krishnamurti.

Je vous conseille à tous de lire ce livre : De L'éducation

Helios a écrit:

Marie kiss la joue a écrit:

Pas forcément dans ces termes, mais disons que de toute façon, je fais jeune, donc ils doivent le sentir. Mais j'ai été effarée par leur insolence, leur aisance à tenir tête, à se lever en cours...j'ai vraiment l'impression que leurs parents ont laissé tomber leur éducation ou en tout cas qu'il y a un manque quelque part

De père ? De son autorité ? de sa présence surtout...
Expérience dans une classe quelconque : qui a son père à la maison ? levez le doigt...

ça n'excuse pas tout. Certains ont leurs deux parents et sont très pénibles.

Et Sapho, je suis d'accord avec ce que tu dis, mais à condition de pouvoir travailler dans de bonnes conditions; si ton cours est systématiquement perturbé, il y a un problème.

J'ouvre juste une parenthèse pour Sapho : inutile d'aller faire un scan de livre pour mettre la couverture ou son résumé sur GDS* : prends les deux sur un site de vente en ligne, c'est plus rapide et aux dimensions voulues.

J'avais écrit un long message pour te répondre Marie mais il y a eu un bug et je l'ai perdu...

Donc je finirai pas le seul conseil que je peux te donner, ne pas sourire pendant les premiers mois avec une nouvelle classe ni s'énerver (mais cela coule sous le sens), ce n'est pas toujours facile mais c'est souvent à ce prix que le respect des élèves s’acquiert et que l'autorité du professeur s'installe.
Sauf à être un ancien professeur connu dans l'établissement, le respect des élèves et ton autorité ne sont pas innés, ils doivent être posés au fil des premiers mois.

Impossible de ne pas s'énerver^^^quant à ne pas rire, si tu ne le fais pas de temps en temps, ils te prennent pour une psycho-rigide (et puis de toute façon, parfois, je ne peux pas m'en empêcher, ils me répondent des trucs drôles parfois durant le cours, et ça permet aussi de ne pas créer des tensions, ça fait du bien. Ils sont bruts de décoffrage, alors il faut aussi composer avec ça). Mais pour l'instant, ils remettent tout en cause, et ça devient très pénible...

le rire introduit une communauté, c'est donc un lien interessant, à condition qu'il ne s'éternise pas.

Voilà, et qu'il soit utilisé à bon escient et non pour se moquer ou tout tourner en dérision.

Je rejoindrais volontiers Merwyn dans son conseil surtout quand on est un jeune prof qui "fait" jeune ! Ce fut mon cas : pour mon deuxième poste j'ai eu une classe de terminale dans laquelle une des élèves avait le même âge que moi, cas extrême certes mais !... Pour le premier, j'étais dans un collège en milieu populaire avec des classes surchargées et disparates, j'ai suivi le conseil de mon père (lui-même dans l'enseignement) : "sois sévère jusqu'à la Toussaint, ne laisse rien passer, cela te permettra ensuite de relâcher un peu et tu passeras pour un prof ferme mais super gentil" !!! Je ne l'ai jamais oublié et ai même transmis le "truc" quand, beaucoup plus tard, j'ai eu des stagiaires

Je suis d'accord avec toi, nicyrle, mais c'est assez difficile quand tu es d'un naturel peu autoritaire, quand tu n'en imposes pas au premier abord...avec les 6è ça marche bien, mais avec des 4è c'est nettement plus difficile. Tu te retrouves désemparé quand malgré les mots (j'en ai mis un paquet) ou les exclusions, ils ne changent pas et continuent à agir comme ils le veulent

Je comprends parfaitement ta situation MKLJ.

N'ayant jamais fait que des remplacements, j'ai peu de légitimité pour donner mon avis sur la question, mais je dois dire qu'il faut savoir trouver l'équilibre entre ne pas être trop autoritaire (personne n'y croit et on se fait détester, ce qui n'est pas le but) et ne pas être trop souple. En somme, il faut savoir exactement quand sévir. Si on a la sanction facile, elle n'a plus aucune valeur à mon sens.

Je rejoins l'avis de Rotko; pour avoir fait plusieurs remplacements notamment dans des quartiers très ''difficiles'', l'humour a été une arme quelques fois. En tout cas, ça m'a permis de désarmorcer des situations compliquées, et après d'instaurer un climat de confiance. Le dialogue, ainsi que la capacité à se faire respecter, devenaient beaucoup plus faciles.

Si on communique aux élèves le sentiment ''vous n'êtes que des sauvages, j'en peux plus'', je crois que ça ne fait qu'aggraver les choses.

Des 4e, c'est particulièrement délicat, encore proches de l'enfance et pas tout à fait des ados mais se considérant comme tels ! Cela dit, on peut ne pas en imposer par l'apparence et impressionner autrement, d'abord par la parole, le savoir que l'on apporte. Je me rappelle aussi qu'il y a tout un art à mettre en oeuvre en usant tantôt d'un discours en continu (pas trop long !) tantôt d'un silence prolongé. En tout cas, même quand on se sent désemparé, il ne faut surtout pas que les élèves s'en aperçoivent, ils s'engouffreraient dans la brèche avec l'inconscience et la cruauté de la jeunesse !
Je comprends tes interrogations et ton sentiment d'impuissance parfois mais tu verras aussi que les choses évoluent d'elles-mêmes au fil des semaines. On sent en toi un tel désir de bien faire ton métier que tu y parviendras nécessairement. Courage !

je n'étais pas prof nir ien de tout ça juste assistante doc dans un collège de ZEP. Le documentaliste m'avait pris en grippe car il estimait que j'étais trop proche des élèves. Alors cet andouille ( pour être poli ) était allé gémir auprès de l'administration. Le midi j'étais seule au CDI et il m'a fait envoyé une inspection de l'admin...ils sont venus et j'ai reçu des félicitations parce que contrairement à ce qu'il s'imaginait il y avait énormément de respect entre les élèves et moi, le silence régnait et chacun bossait ou lisait
y a des c** partout même dans l'EN
D'ailleurs l'équipe de français m'a demandé d'aider leurs élèves et le samedi matin j'étais seule et il y avait abondance d'élèves et d'enseignants

les diplômes ?

Citation :

Si on a la sanction facile, elle n'a plus aucune valeur à mon sens.

oui, ça devient une banalité dont chacun voudra avoir un exemplaire.

Et d'expliquer aux parents : "mais Maman, tout le monde a eu un mot sur son carnet, t'as qu'à demander à Arthur, même qu'il avait rien fait, cette fois-là"

Pour le sourire Marie, c'est vrai que ce n'est pas facile, ils sont souvent drôles sans le vouloir mais, au final, sans sourire tout en restant humain et juste, ça c'est toujours mieux passé dans mon cas que s'il y avait du sourire dès le début.
Faut bien poser la frontière professeur/élève, autorité/acceptation de l'autorité. Après, une fois que cela est bien clair pour tous, tu passes une très bonne année.

Mais au début, surtout quand tu arrives dans un nouvel établissement, ce n'est pas facile, tu ne connais les élèves, ni leur situation de famille, ni les leviers que tu peux utiliser, ni les modalités du règlement intérieur (entre l'officiel et tout ce qui se passe autour, il y a parfois bien des aspects clefs officieux)...

En fait, tu es désavantagée sur entièrement tout SAUF que contrairement aux anciens, tu vas forger toi-même ta réputation et, si dès le début, tu t'y prends bien et que tu restes dans l'établissement, plus les années vont passer et plus tu prendras plaisir à enseigner et plus les élèves prendront plaisir à assister à tes cours.

Ps: 5ème et 4ème sont les classes qu'on essaye généralement de donner aux nouveaux car ce sont les plus difficiles... En 6ème, ils sont encore timides (les premières semaines) et ont encore en tête le règlement de l'école primaire et puis, ils sont encore très curieux.
Les 3ème ont le brevet en fin d'année... tu peux jouer là-dessus pour une partie des élèves.

Le niveau que je préfère sont les 1ers, il n'y a pas le stress du bac (sauf épreuve anticipée) et la fin de la seconde a permis d'orienter vers les filières voulues donc en général, ils sont assez motivés.