Grain de sel - Forum littéraire et culturel
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.


Forum littérature, roman, polar, poésie, théâtre, BD, SF, auteurs et livres du monde entier sur le forum littéraire et tous les arts, cinéma, peinture ...

Une table conviviale pour parler des livres, des spectacles, et goûter aux plaisirs des mots.
 
AccueilPortail*Dernières imagesIndex auteursS'enregistrerConnexion
Le Deal du moment :
Display Star Wars Unlimited Ombres de la Galaxie : ...
Voir le deal

 

 Jean Anouilh

Aller en bas 
5 participants
AuteurMessage
Solweig
pilier
Solweig


Nombre de messages : 477
Date d'inscription : 14/07/2007

Jean Anouilh Empty
MessageSujet: Jean Anouilh   Jean Anouilh EmptyMar 11 Nov 2008, 12:09

Le Voyageur sans bagage comme La Vie et rien d'autre, le magnifique film de Bertrand Tavernier ou Quoi de neuf sur la guerre ? de Robert Bober ont pour particularité commune de ne pas évoquer la guerre mais l'après-guerre.

Alors que le texte de Bober parle des survivants juifs des camps de la mort, de leur résilience, de leur vie malgré tout, le film de Tavernier et la pièce d'Anouilh situent l'action après la première guerre mondiale, respectivement en 1920 et 1936.

Deux ans après la guerre, Irène de Courtil recherche son mari ; le commandant Dellaplane compte les morts et les disparus, tente de redonner leur nom aux soldats que la guerre a rendu fous ou amnésiques. Les dialogues sont ciselés, l'interprétation est magistrale, la reconstitution historique donne à ce film une valeur patrimoniale. Ce vibrant plaidoyer contre la guerre se termine par cette pensée du commandant : Par comparaison avec le temps mis par les troupes alliées à descendre les Champs Elysées lors du défilé de la Victoire, environ trois heures je crois, j'ai calculé que dans les mêmes conditions de vitesse de marche et de formation réglementaire, le défilé des pauvres morts de cette inexpiable folie n'aurait pas duré moins de onze jours et onze nuits.

Alors que dans La Vie et rien d'autre, le point de vue adopté est celui de l'épouse ou de l'amante d'un disparu, dans Le Voyageur sans bagage, nous suivons le cheminement d'un soldat français retrouvé amnésique en 1918. Voilà dix-huit ans qu'il vit sans savoir qui il est. Est-il Jacques Renaud, cet homme détestable en qui il ne se reconnaît absolument pas ? Peut-il se forger une nouvelle identité ? Tout reprendre à zéro ? Echapper à l'être humain qu'il est et qu'il refuse ? Cette lutte intérieure pour choisir son identité passe par des répliques qui interpellent avant la pirouette finale :

"Valentine

Il t'a suffi au contraire, de côtoyer une heure les personnages de ton passé pour reprendre inconsciemment avec eux tes anciennes attitudes"




"Gaston

Vous n'avez jamais tué quelqu'un ?

Le maître d'hôtel

Monsieur veut sans doute plaisanter. Monsieur pense bien que si j'avais tué quelqu'un je ne serais plus au service de Madame.

Gaston

Même pendant la guerre ? Un brusque tête-à-tête en sautant dans un abri pendant la seconde vague d'assaut ?

Le maître d'hôtel

J'ai fait la guerre comme caporal d'habillement, et je dois dire à Monsieur que dans l'intendance nous avions assez peu d'occasions.

Gaston, immobile, tout pâle et très doucement.

Vous avez de la chance, maître d'hôtel. Parce que c'est une épouvantable sensation d'être en train de tuer quelqu'un pour vivre.

Le maître d'hôtel se demande s'il doit rire ou non.

Monsieur le dit bien, épouvantable ! Surtout pour la victime.

Gaston

Vous vous trompez, maître d'hôtel. Tout est affaire d'imagination. Et la victime a souvent beaucoup moins d'imagination que l'assassin.

Un temps.
Parfois, elle n'est même qu'une ombre dans un songe de l'assassin.

Le maître d'hôtel

Dans ce cas, je comprends qu'elle souffre peu, Monsieur.

Gaston

Mais l'assassin, lui, en revanche, a le privilège des deux souffrances."




"Valentine

Tu te débarrasseras peut-être de nous, mais pas de l'habitude de faire passer tes pensées une à une dans tes yeux... Non, Jacques, même si tu me tuais pour gagner une heure de fuite, tu serais pris."
Revenir en haut Aller en bas
rotko
pilier
rotko


Nombre de messages : 69282
Date d'inscription : 26/12/2005

Jean Anouilh Empty
MessageSujet: Re: Jean Anouilh   Jean Anouilh EmptyMar 11 Nov 2008, 19:19

j'ai cherché sur le net pour voir si le voyageur sans bagage était joué au théatre : rarement, semble-t-il.

Par contre cette pièce de 1937 a donné lieu à un film réalisé par Anouilh en 1943, avec pierre fresnay et pierre Renoir.
Revenir en haut Aller en bas
https://grain-de-sel.1fr1.net/forum.htm
Solweig
pilier
Solweig


Nombre de messages : 477
Date d'inscription : 14/07/2007

Jean Anouilh Empty
MessageSujet: Re: Jean Anouilh   Jean Anouilh EmptyMar 11 Nov 2008, 19:57

Un téléfilm fort fidèle à la pièce a été réalisé il y a quelques années avec le beau Jacques Gamblin dans le rôle de Gaston.
Revenir en haut Aller en bas
Ephémère
habitué(e)
Ephémère


Nombre de messages : 22
Age : 30
Localisation : entre deux mondes
Date d'inscription : 16/03/2008

Jean Anouilh Empty
MessageSujet: Re: Jean Anouilh   Jean Anouilh EmptyJeu 13 Nov 2008, 08:42

j'ai lu le voyageur sans bagages, Cécile ou l'école des pères, antigone, le bal des voleurs,...

un auteur que j'aime beaucoup, parce que meme si on lit pas mal de ses écrits d'affilée, on n'y trouve jamais la meme chose. pour certains auteurs, on lit deux bouqins on se lasse. pour lui, je n'ai pas eu cette impression. ^^
Revenir en haut Aller en bas
Aède
pilier
Aède


Nombre de messages : 89
Age : 53
Date d'inscription : 27/09/2008

Jean Anouilh Empty
MessageSujet: Re: Jean Anouilh   Jean Anouilh EmptyDim 16 Nov 2008, 13:43

J'aime bien ce dramaturge, assez noir et désenchanté.

Cher Antoine, le rendez-vous de Senlis, Colombe... très souvent c'est la quête d'un amour absolu confronté à la réalité. D'où ce sentiment de déception, de trahison, de désenchantement.
Revenir en haut Aller en bas
http://cyril.carau.outremonde.fr/
Clertie
pilier
Clertie


Nombre de messages : 404
Age : 32
Date d'inscription : 11/08/2011

Jean Anouilh Empty
MessageSujet: Re: Jean Anouilh   Jean Anouilh EmptyVen 09 Sep 2011, 06:40

Saviez-vous qu'il a écrit des Fables ? Certaines empruntent et détournent les plus célèbres de La Fontaine ("Le chêne et le roseau", "Les deux pigeons") ; je trouve d'ailleurs que ce sont les plus réussies, en particulier "Le chêne et le roseau", qui met en avant le côté tragique du destin du chêne. Les autres sont pour la plupart des satires des mœurs bourgeoises : c'est amusant, assez cynique, et sans prétention d'après Anouilh, qui glisse dans son "Avertissement hypocrite" :

Ces fables ne sont que le plaisir d'un été. Je voudrais qu'on les lise aussi vite et aussi facilement que je les ai faites et, si on y prend un peu de plaisir — ajouté au mien — il justifiera amplement cette entreprise futile. Il y a tant de gens dont c'est le gagne-pain de penser, de nos jours, que ce petit livre refermé et oublié, les occasions d'être profond ne vous manqueront certainement pas.

lol!
Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé





Jean Anouilh Empty
MessageSujet: Re: Jean Anouilh   Jean Anouilh Empty

Revenir en haut Aller en bas
 
Jean Anouilh
Revenir en haut 
Page 1 sur 1
 Sujets similaires
-
» Jean Giono
» Jean Ray
» Lectrices et lecteurs.
»  Jean Colombier

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Grain de sel - Forum littéraire et culturel :: FICTION :: Auteurs français et d'expression française :: Les AUTEURS DU PATRIMOINE, de Chrétien de Troyes XIIe s à Proust XXe s.-
Sauter vers:  
Ne ratez plus aucun deal !
Abonnez-vous pour recevoir par notification une sélection des meilleurs deals chaque jour.
IgnorerAutoriser