William Kotzwinkle

Le mirage, l’illusion, la fata morgana, les faux-semblants habitent ce roman de William Kotzwinkle. L’inspecteur Picard et sa recherche de la vérité sur le mystérieux Lazare, fabuleux mage ou incroyable bonimenteur, ne sont pas sans rappeler l’ambiance de L’homme aux lèvres de saphir d’Hervé Le Corre, et les déplacements en terre inconnue d’Adamsberg dans Un lieu incertain de Fred Vargas. Quant à sa présentation en parties annoncées par des lames de tarot (le fou, le valet de deniers, le bateleur), elle rappelle le fameux Charlatan de W.L. Gresham.

La cinquantaine, amateur de tartes aux citrons et redoutant de se faire berner par les attraits féminins, Picard enquête dans le Paris de 1861. Sorte de policier mondain, il arpente les orgies de la noblesse, où opèrent escrocs et prostituées, pressé d’en découdre avec les bandits parisiens. Tout commence lors de sa traque du Baron Mantes (quelle proximité avec Edmond Dantès !), tueur de jeunes demoiselles et habile manieur d’une canne qui mettra KO notre inspecteur. Sa mission suivante lui fera croiser le monde du cirque, des bohémiens et artisans marionnettistes. Cette enquête tout à fait étrange met Picard face à des jeux de miroirs dans lesquels il manque de se perdre. Les identités se brouillent, le temps devient flou ; et si l’inexplicable existait vraiment ?

Après Midnight Examiner, Book of Love, Le nageur dans la mer secrète et Le jeu des Trente, je recommande vivement cet auteur !

Connais-tu ces titres ?

je peux me les procurer ainsi que Fata morgana.

que me conseillerais-tu ?

Le Nageur dans la mer secrète ; trad. de l'américain par Jean Paul Gratias
par Kotzwinkle , William
1998 Actes Sud

Midnight examiner ; trad. de l'américain par Philippe R. Hupp
par Kotzwinkle , William
1990 Rivages

Les contes du cahier vierge -- trad. de l'américain par Jean-Paul Gratias
par Kotzwinkle , William
2000 J. Losfeld

Book of love ; trad. de l'américain Jean-Paul Gratias
par Kotzwinkle , William
1999 Rivages

Tu peux y rajouter Fan, son roman tout juste ressorti aux éditions Cambourakis. Un bijou d'écriture, d'histoire, de fantaisie.

Dans ta liste je ne connais pas les Contes du cahier vierge.
Pour le reste... ils sont tous à lire ! Préférence... dur dur. Book of love m'a beaucoup marquée, ramenée au stade de l'adolescence, c'est tendre et noir à la fois.

caroline a écrit:

Dans ta liste je ne connais pas les Contes du cahier vierge.

En voici un aperçu

Les contes du cahier vierge -- trad. de l'américain par Jean-Paul Gratias, chez J. Losfeld .

Un petit préambule explique les cahiers vierges de l’oncle Henry :

Citation :

« Au cours des dix dernières années de sa vie, c’est à peine si [ l’oncle Henry] est sorti [ de son bureau]. Il était censé écrire des histoires, vois-tu. Mais après sa mort, lorsque nous sommes entrés dans la pièce pour y mettre de l’ordre, nous avons découvert que tous ses cahiers étaient vierges. Il n’avait pas écrit une seule ligne ».

Pourtant, par magie, on lira ses contes qui sont une sorte de voyage au pays de l’écriture.

Le personnage principal en est le Calligraphe qui, assisté de son chat, découvre que les personnages dépendent de sa plume.

Ce sont les pouvoirs de la plume qui les font vivre, malgré les assauts de la Gomme et du Grattoir.

Les contes du cahier vierge Illustrations de Joe Servello.

Les animaux fabuleux sont exigeants : pour exister pleinement, il leur faut passer par le labyrinthe de la Belle Plume pour atteindre le Paradis des Calligraphes.

Ils dialoguent avec leur créateur qu’ils assaillent d’exigences.

Citation :

« Nous allons franchir l’obstacle d’un coup d’ailes, proposa le dragon. Montez sur mon dos ».

Le Calligraphe sortit sa plume, la trempa dans le fleuve d’encre, et dessina un petit bateau avec une voile blanche

- j’ai envie de faire une promenade en bateau, dit-il timidement. Cela ne vous tente-t-il pas, vous aussi ?

- Quel joli navire s’extasia le dragon. Donnons-lui un nom plein de raffinement et de distinction

Naissance de tout un univers :

Citation :

Surgies des profondeurs, des créatures d’un noir d’encre firent surface pour les regarder, puis plongèrent à nouveau. Des oiseaux aquatiques frôlaient les flots et tournaient autour du navire, lançant des cris qui faisaient se dissoudre comme l’écume des rivières les pensées du Calligraphe.

Moralité : Les aventures naissent au fil de la plume.