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 William Golding

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MessageSujet: William Golding   William Golding EmptySam 06 Nov 2010, 16:42

Sir William Golding ( 1911 - 1993), écrivain britannique appartenant au courant postmoderniste.

La plupart de ses romans ont souvent traité du mal, de l'opposition entre la barbarie instinctive de l'homme et l'influence civilisatrice de la raison.

Ces thèmes sont particulièrement marquants dans son premier roman Sa Majesté des mouches (1954) qui reste son livre le plus connu.

Il a obtenu le Prix Nobel de littérature en 1983.

Autres titres :

Spoiler:

Source : Wikipedia
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MessageSujet: Re: William Golding   William Golding EmptyDim 07 Nov 2010, 08:17

C'est un livre génial, à lire absolument ! si vous maîtrisez bien l'anglais, en version originale de préférence car l'écriture elle-même et les métaphores sont d'une remarquable beauté.
Mais surtout, c'est l'argument qui est frappant.
Pendant la Seconde Guerre Mondiale, un collège anglais (non mixte, que des garçons) est transporté par avion au-dessus du Pacifique, mais l'avion est mitraillé par des Zéro et doit se poser en catastrophe sur une île, totalement déserte. Les pilotes adultes meurent dans le crash. Restent les enfants (environ 12-15 ans). Ils vont tenter de survivre, de s'organiser, et très vite apparaît un "chef", par le mystérieux effet de cette 3ème "source du pouvoir" étudiée par Max Weber, le charisme (les deux autres sources sont la sacrée/traditionnelle et la rationnelle/légale). Ce garçon, Ralph, a pour auxiliaire de son sens organisateur un petit obèse persécuté pour sa différence, Piggy, lequel compense évidemment pourrait-on dire par des connaissances intellectuelles remarquables pour son âge. Au début, tout va bien, un village de mangeurs de coquillages se crée. Mais voilà qu'un autre garçon, Jack, émerge du lot par son charisme également puissant, et lui choisit la chasse et recrute un clan de chasseurs, ho, ho, ça va se gâter bien entendu....
Je signale que Peter Brooks en a tiré un film aussi magnifique que le livre (c'est rare, ce phénomène), et qu'il est disponible aisément en DVD depuis peu (moi qui était tout fier d'avoir l'introuvable vieille VHS ramenée de Londres pale ).
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MessageSujet: Re: William Golding   William Golding EmptyDim 07 Nov 2010, 16:53

je l'attends, je l'ai reservé à ma mediathèque. J'avais essayé de le lire en anglais, mais j'avais la tête ailleurs Smile
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MessageSujet: Re: William Golding   William Golding EmptyDim 07 Nov 2010, 17:33

Sa Majesté des Mouches fait forcément penser à la série télé LOST, qui s'en est certainement inspirée.

Une micro-société sur un territoire restreint et qui doit se débrouiller avec les moyens du bord.

On est tout de suite plongé dans le contexte, dès le début du livre. Le crash de l'avion a eu lieu et deux des survivants, Ralph et Piggy se demandent où sont les autres. Ils se demandent même s'il y a d'autres survivants. Et comme c'est injuste: Piggy est le seul à avoir quelque chose dans le crâne, mais comme c'est le petit gros à lunettes, il n'a - justement - aucun charisme, donc aucun pouvoir.

Cette micro-société se divise ensuite entre la caste des grands, les quasi-adultes, et les petits, une sorte de plèbe bienheureuse, insouciante, qui ne s'occupe ni de l'organisation ni des décisions importantes à prendre. Puis deux tribus ennemies se formeront, car: pourquoi bâtir quelque chose ensemble, essayer d'attirer des secours ensemble, alors qu'on peut se faire la guerre?

Dès le deuxième chapitre, les garçons sont bronzés, brûlés par le soleil, les cheveux hirsutes... un début de retour à l'état sauvage pour ces pensionnaires anglais hautement "civilisés". Les uns travaillent pour essayer de bâtir des abris pendant que d'autres ne pensent qu'à se baigner et à s'amuser. Le conflit ne va pas tarder à éclater...

(.... à suivre study )
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MessageSujet: Re: William Golding   William Golding EmptyDim 07 Nov 2010, 18:17

Il se peut bien en effet que la célèbre série "Lost" s'en inspire, mais je ne l'ai pas du tout suivie.
On pense aussi aux nombreuses "Robinsonnades", indirectement, même si la collectivité introduit une donne radicalement différente. Bien sûr William Golding a écrit cela comme paradigme de l'évolution humaine, et il est clair que sa vision de l'être humain dans la nature n'a rien à voir avec l'optimisme de Rousseau (et de Marx) à ce sujet. Mais ne révélons pas trop vite qui est Sa Majesté des Mouches, puisque je crois que ce roman est la lecture de Novembre et que certains grains aimeraient le lire, je crains même d'en avoir trop dit.
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MessageSujet: Re: William Golding   William Golding EmptyMer 10 Nov 2010, 10:33

Il est fait allusion effectivement à Robinson Crusoë et aux Robinsons suisses.

Le début raconté par Ernst doit faire appel au film, car c’est précisément cette incertitude sur le passé qui m’avait désarçonné à la première lecture : accident d’avion ou affaire atomique, on nage dans le brouillard. Peu de choses sur le passé, sauf le souvenir personnel de quelques uns (« mon papa a un bateau ») et quelque principes de bonne éducation, sur la vie en société, qu’on devine fragiles.

Ernst note justement l’émergence des chefs selon certains critères : j’ai relevé la prestance physique et la sacralisation de certains objets de pouvoir, ainsi que la volonté de faire taire autrui ! C’est un comble que ce soit un des attributs du chef !

Le récit se lit facilement et on prévoit aisément la suite, petit à petit : des actes qui mettent les autres en danger (le rocher balancé du sommet, le feu), des conduites négatives telles que nuire à autrui, par jeu ou par calcul, des actes collectifs prémonitoires (la mort du cochon) etc.

Je crois aussi que, derrière cette histoire que Bridget nous a judicieusement recommandée, on trouve des idées philosophiques sous-jacentes, comme les fondements d’une société (on pense aussi à Robert Merle dans l’Île, notamment), ses strates, ses pratiques, et une conception de l'homme :

Citation :
« deux mondes s’affrontaient : celui de la chasse; avec ses tactiques, son exaltation farouche, son adresse ; celui de l’attente et du bon sens confondus »;

Primauté de l’action sur la réflexion…
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MessageSujet: Re: William Golding   William Golding EmptyLun 15 Nov 2010, 10:34



Continuons l’examen de ce livre avec ceux qui l’ont lu.

William Golding sait mener son histoire avec une certaine rouerie : de l’arrivée des adolescents sur cette île, nous n’avons que des bribes de renseignements, ainsi que de l’arrivée des adultes par la suite. Ce qui renforce l’idée d’ une parabole qui se moque pas mal des circonstances rationnelles. Pourquoi pas ?

L’auteur annonce des scènes par des indices : l danse autour du cochon sacrifié nous laisse imaginer une autre victime prochainement, ce qui se vérifie, mais pas de la manière dont on l’attendait. Un autre partenaire étit attendu, dont le nom - Porcinet, convenait bien au cérémonial. On a droit à un pied de nez de William Golding.

Il arrive aussi à l’auteur de jouer les naïfs. Il évoque un moment une sorte de pantin volant qui surprend : on voit ensuite qu’il ne pouvait en dévoiler la nature pour que le lecteur comprenne l’effroi des enfants devant un monstre qui enfle à vue d’œil…, On saura ensuite ce dont il s‘agit. Tout s’explique, bien joué; Les enfants sont excusés de leurs méprises, et le lecteur content de l ‘« explication ». Plus subtile était la description du rocher et des algues recouverts par les vagues comme dans une respiration régulière.

Car les effets visuels apparaissent singulièrement bien traités : les peintures sur les visages, les vues de l’île, de la jungle ou du fort, avec déjà pour le cinéaste, les gros plans qu’il souhaitait : la vision d’un pied qui approche ou le gros plan d’un visage hostile. Quant à la tête de cochon, rien qu’à l’imaginer on frissonne dans le regard de Simon.

Je reviendrai sur quelques autres points, mais...

Citation :
ne révélons pas trop vite qui est Sa Majesté des Mouches,

Oui, qu'avez vous avez pensé de « Sa Majesté des mouches » qui donne son titre au récit ?

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MessageSujet: Re: William Golding   William Golding EmptyMar 16 Nov 2010, 10:32


Citation :
ne révélons pas trop vite qui est Sa Majesté des Mouches,

Citation :

Oui, qu'avez vous avez pensé de « Sa Majesté des mouches » qui donne son titre au récit ?

« Le tas d’entrailles formait une masse grouillante de mouches qui bourdonnaient avec un bruit de scie […] elles se précipitèrent sur Simon […] Devant Simon, pendue à son bâton, Sa-Majesté-des mouches ricanait. Simon céda enfin et lui rendit son regard. Il vit les dents blanches, les yeux ternes, le sang… Du fond des âges, une certitude de déjà vu, inexorable, enchaînait le regard de Simon. Sans sa tempe droite, une pulsation s’enflait, frappait le cerveau. »
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MessageSujet: Re: William Golding   William Golding EmptyMer 17 Nov 2010, 17:38

Ma lecture est en cours ou plutôt ma relecture, en français, car je ne me sens pas capable de lire dans le texte, ce qui est sûrement dommage. Ma première impression, déjà éprouvée par le passé, c'est que ce n'est pas du tout un livre pour enfants alors que justement, sa lecture est souvent "imposée" en collège et même assortie du calvaire de la fiche de lecture !
Rotko note que le récit est prévisible à plusieurs reprises. C'est vrai et il me semble que cette habileté permet de mieux mettre en valeur le côté implacable de ce qui se passe et surtout de ce qui va se passer. On penserait presque au fatum des anciens si ce qui se passe dans cette société d'enfants n'était pas à l'image même de ce que les hommes adultes mettent en place dans leurs sociétés, de toute éternité.
J'avais également oublié à quel point le livre est noir. Je crois bien qu'il le reste de bout en bout !
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MessageSujet: Re: William Golding   William Golding EmptyJeu 18 Nov 2010, 09:12

Ce n'est certainement pas un livre pour enfants - beaucoup trop violent - mais pour lycéens, certainement.

Plus qu'un roman, c'est une fable ou une allégorie, qui ouvre toute une réflexion sur la vie en société, les rapports de force, l'autorité naturelle des personnalités de chef ou de leader; l'agressivité inéluctable au sein d'un groupe; l'intelligence vs la force brute. Le pouvoir de celui qui détient la capacité de nourrir les autres. La nécessité d'instaurer des rites (le coquillage qui donne le droit à la parole, les peintures tribales). La peur de La Bête qui consolide le pouvoir de celui qui détient l'autorité (comme la criminalité, le terrorisme, l'islam, etc...). La nécessité également pour une société humaine de créer un diable (la Bête effroyable), quelque chose de forcément méchant et de terrifiant.

Mon kindle m'informe que j'en suis à 75% cheese

PS: la lecture en anglais est ardue, le style est parfois assez bizarre. Je trouve aussi qu'il y a des longueurs et des répétitions... Suspect
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MessageSujet: Re: William Golding   William Golding EmptyJeu 18 Nov 2010, 10:06

Bridget Jones a écrit:
Ce n'est certainement pas un livre pour enfants - beaucoup trop violent - mais pour lycéens, certainement.

Plus qu'un roman, c'est une fable ou une allégorie, qui ouvre toute une réflexion sur la vie en société, les rapports de force, l'autorité naturelle des personnalités de chef ou de leader; l'aggressivité inéluctable au sein d'un groupe; l'intelligence vs la force brute. Le pouvoir de celui qui détient la capacité de nourrir les autres. La nécessité d'instaurer des rites (le coquillage qui donne le droit à la parole, les peintures tribales). La peur de La Bête qui consolide le pouvoir de celui qui détient l'autorité (comme la criminalité, le terrorisme, l'islam, etc...). La nécessité également pour une société humaine de créer un diable (la Bête effroyable), quelque chose de forcément méchant et de terrifiant.


C'est tout à fait cela, Bridget !
Et Ralph symbolise le côté rationnel et équilibré de l'humanité... Mais se retrouve tout seul contre l'ensemble de la tribu, ce qui donne bien la mesure du pessimisme (lucide ! ) de Golding...

J'en ai lu un autre, de Golding, une nouvelle, mais je ne l'ai pas gardé (encore prêté à quelqu'un qui ne me l'a pas rendu, plus exactement. Le monde est plein de cupides instinctifs, dont l'"oubli de rendre" est peut-être sincère mais très révélateur, comme dit le père Freud dans la "Psychopathologie de la vie quotidienne"). Je ne puis donc garantir le titre (L'Inventeur?). Cela se déroule à la fin de l'Antiquité romaine, et un des derniers empereurs reçoit un inventeur génial, sale, négligé, une sorte de Fulton qui lui propose d'équiper sa flotte avec des machines à vapeur et des roues à aubes. Brillant petit récit ! c'est en collection Librio.
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MessageSujet: Re: William Golding   William Golding EmptyJeu 18 Nov 2010, 15:04


- Sur "la majesté des mouches" qui apparait dans le texte cité au-dessus, j’aurais tendance à y voir la mauvaise part ancestrale de l’homme, la sauvagerie qui rôde autour des têtes coupées. Simon en aurait la révélation, dans une vison ultime, ante mortem.

- La présence ressentie d'un élément extérieur est bien suggérée à mon avis dans les passages suivants

Citation :
« Le Léviathan endormi exhalait son souffle…l’eau remontait, les algues surnageaient et l’eau bouillonnait sur la table rocheuse avec un grondement. On ne voyait pas le flux et le reflux des vagues, mais seulement cette baisse et cette remontée régulières. »

Citation :
« L’eau baissait dans un bruit de succion, laissant derrière elle chutes et cascatelles, découvrant les rochers et y collant les algues comme de luisantes chevelures ;puis, après une pause, elle se ramassait et s’enflait mugissant, pour prendre d’un assaut irrésistible toutes les pointes et les saillies, et même la petite falaise où elle envoyait enfin dans la fente rocheuse un bras d’écume dont les doigts d’embruns frôlaient Ralph »
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MessageSujet: Re: William Golding   William Golding EmptyDim 21 Nov 2010, 10:25


Citation :
Plus qu'un roman, c'est une fable ou une allégorie, qui ouvre toute une réflexion sur la vie en société, les rapports de force, l'autorité naturelle des personnalités de chef ou de leader; l'agressivité inéluctable au sein d'un groupe; l'intelligence vs la force brute


Bridget a raison et dit fort bien ce qui constitue une société et ce qui peut manipuler une opinion. En fait, le monstre extérieur dont il faut se méfier, c’est l' objectivation du monstre intérieur inhérent à l’homme et dont cette histoire se ferait l’illustration.

Ce n’est pas un hasard si ce sont les choristes qui deviennent chasseurs. Le paradoxe n’est qu’apparent et démontrerait que les plus soucieux de beauté et d’harmonie sont aussi guettés que les autres par les instincts sauvages.

La culture serait un masque vain, plaqué extérieurement, mais non intégré à la personnalité profonde.

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MessageSujet: Re: William Golding   William Golding EmptyDim 21 Nov 2010, 11:28

Tout à fait d'accord avec qui précède. Quelle vision noire, pessimiste de la nature humaine ! D'aucuns diront qu'elle est réaliste... Je n'ai pas encore terminé ma relecture, très instructive, mais presque. J'ai noté au passage l'habileté qui consiste à révéler d'emblée en quoi consiste la Bête au lecteur : ce dernier est dans le secret et ressent une forme d'impuissance qui est aussi celle de Simon ou de Piggy, les seuls à entrevoir la vérité mais dans l'incapacité totale de transmettre le message. Le pathétique n'en devient que plus fort.
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MessageSujet: Re: William Golding   William Golding EmptyDim 21 Nov 2010, 14:40

Il me semble que les choristes sont trop jeunes pour agir de façon réellement délibérée. L'auteur a sans doute voulu mettre en exergue le contraste entre l'éducation et le vernis de civilisation qu'ont tous ces garçons et la sauvagerie dans laquelle ils retombent tous. Il n'y a que Ralph et Piggy / Porcinet qui résistent, qui lancent un appel à la raison, à la nécessité de préserver l'ordre, de s'organiser pour maintenir le feu et le signal de fumée.

C'est aussi ce qu'on ressent quand
Spoiler:

Juste avant la débâcle finale,
Spoiler:

N'est-il pas paradoxal que,
Spoiler:

Et jusqu'au bout, le suspens dure... dure... toutes les fins sont possibles study study study
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MessageSujet: Re: William Golding   William Golding EmptyLun 22 Nov 2010, 11:06


J'approuve tout à fait ce que vous dîtes, et comme vous j'insiste sur le rôle de Porcinet.

Je n'ai pas retrouvé la citation où Golding regrettait que son physique l'ait empêché de devenir un chef, car on, voit bien qu'il conseille judicieusement Ralph. Sans Porcinet, Ralph prendrait des initiatives désastreuses.

Or c'est précisément cet individu qui devient le bouc émissaire, celui qu'on ridiculise, et dont on veut la peau. Les ressemblances sémantiques entre "à mort le cochon", la chasse aux cochons et le nom même de Porcinet témoignent de la bêtise ambiante qui veut annihiler le plus pertinent.

Au passage on remarquera que Porcinet raisonne dans un monde idéal comme un kantien avec des impératifs moraux :

pour réclamer ses lunettes à Jack, il joue de l'éthique : c'est juste, donc tu le dois.

Évidemment, dans un milieu qui privilégie la force et l'abêtissement, la mort du Juste est programmée.
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MessageSujet: Re: William Golding   William Golding EmptyLun 22 Nov 2010, 11:32

J'ai terminé ma lecture tard dans la nuit. Quand j'aurai un peu plus de temps, je reviendrai sur les personnages de Simon et Piggy, particulièrement intéressants à mes yeux. Je suis évidemment d'accord avec tout ce qui a été dit précédemment. Je trouve aussi très significative la symbolique des lieux (la plage, les rochers, la montagne et la jungle, je pense également à la caverne).
A bientôt !
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MessageSujet: Re: William Golding   William Golding EmptyLun 22 Nov 2010, 23:39

A propos de Porcinet :
Il est laid, petit, gauche et surtout gros. En outre il est couard, handicapé par sa myopie et son asthme. Pourtant, il a l’intelligence, il est l'indispensable conseiller de Ralph et ses lunettes sont précieuses puisqu’elles permettent d’allumer le feu, seul capable de faire découvrir les enfants par des adultes qui ainsi les sauveront.
Sa mort tragique - il n’est pour son tueur qui le voit de loin qu’ « une masse bouffie » -, semble prouver que, loin de la civilisation qui le protègerait, trop faible, il ne peut survivre que s’il se rallie au plus fort, ce qu’il ne fait pas.
Il trouve pourtant des mots d’adulte, des mots justes pour tenter de ramener à la raison les chasseurs enragés : « Qu’est-ce qui vaut mieux : avoir des lois et leur obéir, ou chasser et tuer ? » Ralph reprend en écho : « Qu’est-ce qui vaut mieux : la discipline et le salut, ou la chasse et le désordre ? » Mais il est trop tard, le groupe est dominé par la violence et la haine : la scène s’achève sur le meurtre prévisible de Porcinet écrasé par le rocher que fait basculer Roger, brute cruelle grisée par son statut de second du chef guerrier.

A propos de Simon (pour qui j'ai un faible !) :
« Simon est toujours prêt à aider », mais « il est bizarre, un peu marteau ». Physiquement il est maigre avec un menton pointu et des yeux brillants, il a une abondante chevelure noire dont le désordre reflète peut-être l’agitation intérieure du « petit garçon », un teint « naturellement bronzé » basané par le soleil.
Il n’hésite pas à pénétrer dans la forêt, cueille de beaux fruits qu’il offre généreusement aux plus petits. Il semble entretenir une sorte de complicité avec la nature qu’il explore seul. Par deux fois, il dialogue avec la tête fichée sur son pieu : elle est sa voix intérieure qui lui confirme que « la vie ne [vaut] pas grand-chose », et paradoxalement qu’il ne doit pas s’en faire, rester un enfant en somme et retourner avec les autres pour ce qui n’est qu’un jeu.
Plus tard, dans une scène extraordinaire, Simon dialogue à nouveau avec la tête : « Je suis ce qui fait que rien ne va, tu le sais ?» interroge cette dernière ; la suite devient pathétique car elle est la prise de conscience par Simon qu’il est d’avance condamné par les autres, qu’il est seul, définitivement seul et ne pourra échapper à ses bourreaux.
Trop subtil, il analyse les problèmes, le premier il « doute » à propos de la Bête dont il note qu’elle reste assise sur un sommet, ne laisse pas de traces et n’est pas assez rapide pour attraper les jumeaux ; il imagine « un être humain héroïque mais malade ». Sa timidité, son incapacité à verbaliser ou à se faire entendre le condamnent irrémédiablement aux yeux des autres comme aux siens. Mais sa grandeur tient au fait qu’il va jusqu’au bout de ses convictions, jusqu’à la mort : et en effet, il meurt en criant la vérité qu’il a découverte. Il représente la connaissance, celle qui n’existe qu’à condition de braver l’inconnu et la force aveugle du groupe pétri de violence.

Je note au passage qu’il y aurait beaucoup à dire sur le choix fait par l’auteur pour la couleur de cheveux de ses personnages avec, je pense, une volonté de tourner en dérision des clichés à ce sujet : Simon est brun, Ralph blond et Jack est roux...
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MessageSujet: Re: William Golding   William Golding EmptyMar 23 Nov 2010, 10:07

Bravo nycirle, excellente analyse cheers chapeau

En effet, Simon est un peu l'outsider, l'hypersensible qui devient la victime idéale de la masse enragée, parce qu'il n'entre pas dans le moule. Il est le seul à dialoguer avec la "divinité", sa Majesté des Mouches, il semble même être le seul à savoir que cette tête putride est là. Une société idéale serait composée de personnages comme Ralph, Porcinet et Simon, mais voilà... ce n'est pas comme ça que ça marche.

Et Roger est tout à fait le personnage du bourreau idiot, galvanisé par son statut de bras droit du chef.

Intéressante, ton observation concernant la couleur des cheveux Smile
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MessageSujet: Re: William Golding   William Golding EmptyMar 23 Nov 2010, 10:54

Voilà de beaux échanges qui jettent des lumières sur ce livre bien choisi. cheers

Je pense aussi à l'importance des lunettes de Porcinet, le plus clairvoyant, qu'on veut rendre aveugle.
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MessageSujet: Re: William Golding   William Golding EmptyMar 23 Nov 2010, 11:47

rotko a écrit:
Voilà de beaux échanges qui jettent des lumières sur ce livre bien choisi. cheers

Je pense aussi à l'importance des lunettes de Porcinet, le plus clairvoyant, qu'on veut rendre aveugle.

Ces lunettes ont en effet une importance capitale d'abord pour le pauvre Porcinet qui ne voit rien sans elles, ensuite pour le groupe qui a besoin de feu. Je ne crois pas cependant qu'on veuille le rendre aveugle, son sort importe peu à ceux qui les lui volent. Alors qu'il est d'une intelligence et d'une maturité remarquables, qui pourraient être utiles à tous, il est perçu comme un faible, un être ridicule, donc une quatité négligeable ; son seul intérêt, ce sont ses lunettes, le plus simple est donc de s'en emparer par la force, d'autant que c'est facile et qu'on ne va pas s'embarrasser à demander poliment du feu à ceux qui le possèdent. "On vous aurait donné du feu si vous nous l'aviez demandé" argumente Ralph dans un premier temps. Face à Jack, il insiste : "Du feu, tu aurais pu en avoir quand tu voulais. Mais tu ne l'as pas demandé." Jack répond par l'agression meurtrière : "Jack se rua sur Ralph, le visant à la poitrine avec son javelot."
A plusieurs reprises, dans ce roman cruel, le tragique est lié au fait que la violence est préférée à une solution autre, fondée sur la solidarité entre gens qui devraient être civilisés mais retournent inexorablement à l'état sauvage comme si l'homme était foncièrement mauvais et n'avait qu'un vernis qui s'écaille vite.
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William Golding Empty
MessageSujet: Re: William Golding   William Golding EmptyLun 29 Nov 2010, 15:52

Je voudrais ajouter quelques remarques concernant les lieux. Tout se passe sur une île dans ce livre ; mais je trouve que l’organisation de l’espace, qui d’ailleurs structure le roman, est intéressante.

Sans trop entrer dans le détail, on peut ainsi observer que :
La plage est présentée comme un espace ouvert et rassurant, avec sa bande de sable et son environnement immédiat dont une sorte de plateau avec de l’herbe et des troncs couchés qui servent de sièges pour les meetings ; les cabanes sont également montées sur cet espace. C’est le lieu de vie civilisée de la petite société dont Ralph est le chef, c’est là aussi qu’arrivent les adultes à la fin.
La montagne et la jungle constituent un monde mystérieux, menaçant où se trouve la Bête, où est fichée la tête de truie au bout d’un pieu, où les chasseurs se déploient, les armes à la main ; c’est là aussi qu’à la fin, les enfants devenus sauvages poursuivent Ralph pour le tuer.
La zone de rochers en bordure de la plage, avant la montagne proprement dite, plus abrupte encore, représente un espace intermédiaire, malsain, chaotique, où les chasseurs s’installent avec Ralph leur chef, quand le groupe initial éclate ; là vont régner la violence et la mort. C’est dans cet espace que se déroulent les meurtres.
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