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Une table conviviale pour parler des livres, des spectacles, et goûter aux plaisirs des mots.
Je suis assez d'accord avec le concept du professeur Christian Arnsperger (UCL) qui défend l’idée d’une “prospérité sans croissance”.( date de parution dans "La Libre" le 26/7/2010.)
Spoiler:
"Le mot décroissance est un non-sens. Ce qui compte, ce sont les valeurs sociales et morales qui se trouvent en dessous, et que le mot saisit assez mal. Une société de "plénitude" ou de "sobriété heureuse" verra son stock de capital social croître de façon exponentielle - et elle ne sera une société vraiment heureuse que si personne n’est exclu des réseaux de solidarité. Ce qui compte, avant tout, c’est l’accès pour tout le monde à une vraie convivialité qui permette de se décentrer des préoccupations d’accumulation et de consommation. Il faut donc une action publique résolument favorable à la convivialité, et donc en rupture avec le consumérisme et le productivisme : plus de liens, moins de biens - plus de tiens, moins de miens Et donc, il faut changer fondamentalement les règles du jeu, partager le temps de travail au fur et à mesure que les innovations se développent, remplacer les incitants à la consommation et à la dépense par des incitants au ralentissement et à la sobriété. Il faut donc aussi des citoyens moins angoissés, moins obsédés par eux-mêmes et plus désireux de beauté simple, plus ouverts à l’abondance naturelle (mais sobre) qui, dans une société plus juste, plus lente et plus égalitaire, se trouvera juste sous leurs yeux.
Je suis convaincu que la notion de relocalisation des activités économiques sera centrale à l’avenir. On ne va plus pouvoir poursuivre le commerce, les échanges et les transports à l’échelle où ils ont lieu maintenant. Il faut ancrer à nouveau nos vies dans le local : nourriture, transports "doux", mais aussi métiers situés à proximité et monnaies locales. Des économistes comme Bernard Lietaer sont, dans ce domaine, de véritables visionnaires. Du coup, un autre concept économique central est celui de transition économique : il est urgent de soutenir les communautés et les territoires qui vont dans le sens de la relocalisation. Et n’en profitons pas pour exporter davantage encore nos industries et nos pollutions dans les pays pauvres !
(extrait du journal "Le Monde") "L'homogénéisation monétaire, dit M. Lietaer, a incontestablement facilité les échanges à chacune des étapes historiques, le passage à l'Etat-nation, puis la mondialisation. Mais elle a aussi pénalisé la capacité de gérer les problèmes qui se manifestent dans les économies locales. En même temps, la puissance financière a tendance à se concentrer dans un nombre sans cesse plus réduit de centres de décision de plus en plus éloignés du citoyen ."
Les conséquences sont néfastes. La monnaie est indifférente à la finalité de l'échange, et se moque de servir à enfouir des déchets toxiques ou à dispenser des cours d'alphabétisation. Elle pousse à des activités susceptibles de détruire l'environnement : "Quand une banque prête 300, il faut lui rendre 600. La croissance est nécessaire pour créer les 300 supplémentaires", explique Bernard Lietaer. La création monétaire étant aux mains des banques, elle conduit à la concentration d'argent d'un côté et à la sous-monétarisation d'une partie de la population mondiale de l'autre : "Cette rareté, écrit un autre spécialiste, Patrick Viveret, oblige les dominés à n'utiliser qu'une faible partie de leur potentiel d'échange et d'activité." Et puis, comme l'expérience actuelle le montre, le système financier est intrinsèquement instable.
La solution de Bernard Lietaer à tous ces maux ? "Il faut de la diversité monétaire, comme il y a de la biodiversité dans une forêt, afin d'amortir les chocs. Les sociétés matriarcales ont toujours eu un système de double monnaie : une pour la communauté dans laquelle on vit, l'autre pour les échanges avec l'extérieur. Il nous faut créer des monnaies complémentaires qui permettent aux communautés de satisfaire leurs besoins d'échange sans dépendre d'une autorité extérieure."
Le plus étonnant est que déjà, nombre de monnaies s'émancipent du système dominant : les bons de réduction dans les supermarchés, les "miles" des compagnies aériennes ou les chèques-déjeuner sont si courants qu'on n'y prête plus attention. A une échelle plus impressionnante, les "marchés d'émissions de gaz à effet de serre" mis en place par les Nations unies ou par l'Union européenne afin de parer au changement climatique ne créent rien moins qu'une nouvelle monnaie, la monnaie carbone.
fontelle pilier
Nombre de messages : 2068 Age : 77 Localisation : Anjou Date d'inscription : 15/06/2006
l faut arrêter d’être manichéen et de stigmatiser l'existence de sponsors comme dans Home, le film de yann Arthus Bertrand en déclarant une fois pour toutes que "les sociétés qui ont financé le film sont des sociétés pollueuses".
Bien sûr ! Ca s'appelle juste "greenwashing" en mauvais français..... On surfe sur la crête de "ce qui est de bonne politique" pour' continuer à vendre....
Qui croit encore à ce que nous racontent les grands groupes commerciaux ?
fontelle pilier
Nombre de messages : 2068 Age : 77 Localisation : Anjou Date d'inscription : 15/06/2006
Quant à Nicolas Hulot et à Artus Bertrand (que j'apprécie depuis ses premières photos-Bestiaux au salon de l'agriculture-, je les renvoie dos à dos....
Je les prendrai pour de vrais écolos le jour où ils réduiront leur taxe carbone d'utilisteurs d'hélicos et de jets ......
Je ne prêche pas le zéro déplacement avec des véhicules polluants,beaucoup ne peuvent faire autrement (moi y compris) mais de là à les utiliser larga manu depuis deux décennies, tout en prétendant que c'et pou "informer", il y a une marge....
rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
Et pourtant quel retentissement ont Nicolas Hulot et Arthus Bertrand, et jacques perrin avec le peuple migrateur ou Oceans !
quel "vrai écolo" selon tes termes peut avoir une telle audience ?
donne-moi des noms qui aient un public et qui aient fait avancer la cause ?
Pierre Rabhi, l'intransigeant, voyage en avion et utilise des machines pour travailler sa terre - ce qu'il dit maintenant, alors qu'il le taisait auparavant. C'est en se presentant à l'election présidentielle, et en se faisant aider par Carrefour, avec des contreparties, qu'il s'est fait connaître.
Ideologiquement, je pourrais te citer Lénine et MaoZeDong pour justifier la stratégie.
Rabhi, sur le mécenat :
Citation :
" l'argent n'est pas d'emblée diabolisable. Il constitue une sorte de flux, à laa fois vital et mortel, selon ce qu'il représente et ce qu'il induit. Son omniprésence dans l'ensemble de la structure sociale le rend incontournable"
.
Il s'agit d'entrer dans ses structures "comme un cheval de Troie" dit Hulot.
Bon, je ne suis pas un inconditionnel de Hulot dont je n'ai pas regardé les émissions, mais chacun le connaît. Moi, je me renseigne, et c'est un grain qui m'a proposé ce titre "graines du possible".
Continuons cette exploration qui pourra se poursuivre selon vos renseignements. Mais j'opte pour une information que l'on recherche plutôt que sur des anathèmes tous azimuths, ce qui aboutit au silence et à l'inefficacité totale (ne te sens pas visée, Fontelle, j'aime bien tes interventions stimulantes).
Simon BRODSKY pilier
Nombre de messages : 138 Age : 58 Localisation : Verneuil/Seine Date d'inscription : 28/07/2010
Il s'agit d'entrer dans ses structures "comme un cheval de Troie" dit Hulot.
C'est une stratégie dangereuse, et souvent inefficace. La preuve, elle est conseillée par tous les tenant du "cercle de la raison" si chère à Alain Minc.
Tous les hommes de bonnes volontés ayant tentés le coup se sont fait avoir. Veut-on des exemple récents : Fadela Amara, Martin Hirsch... Tous les deux connus pour leurs engagements sociaux, et dont la bonne foi ne peut être remise en cause au vu de leurs passé militant. Ils ont voulu faire changer les choses de l'intérieur, et doivent en sortir au plus vite au risque de perdre toute crédibilité, voire de perdre leur âme.
Kouchner, un homme sincère au passé glorieux. Qu'est-il devenu depuis qu'il est en politique ? Il n'a rien changé, mais l'establishment l'a changé. Qu'il s'agisse de l'écologie ou du social, changer les choses de l'intérieur est une illusion. Mon "vécu" personnel me permet de le confirmer également.
Doit-on prôner pour autant la révolution ? En matière d'écologie, comme ailleurs, la réponse est non. Révolution = danger de dérive extrémiste.
Comme toujours, il faut envisager une troisième voie. Celle de l'éducation citoyenne. Faire passer les messages au grand public, et ne pas hésiter à affronter "pacifiquement" les institutions. Problème : Nos adversaires sont puissants, et la voix de la raison est la plus difficile à faire entendre. Exemple : Lorsqu'on tient un discours comme "Le nucléaire ? Pourquoi pas, à condition de ..." Le message diffusé par les grands médias aux ordres est : "Vous êtes d'accord avec les pratiques de Monsanto..."
A nous de savoir communiquer...
rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
crois-tu que le livre sur monsanto aurait eu de l'impact sans le film passé à la télé le monde selon Monsanto ?
Pourquoi crois-tu qu'il était question de déprogrammer le film Home avant les élections ? pourquoi le score d'Europe-ecologie a-t-il surpris tout le monde ?
L'ermite aux mains blanches et pures reste dans sa tour d'ivoire à se morfondre
soussou pilier
Nombre de messages : 14224 Date d'inscription : 25/02/2007
Un homme que j'apprécie aussi, Jean-Marie Pelt pour sa recherche scientifique et biologique sur les végétaux, il est le fondateur de l'institut écologique européen. un livre:
La nature est sans prix puisque sans elle nous ne serions pas. Elle nourrit, guérit et offre mille services gratuits dont nous n’avons même pas idée. Les sols cultivables s’épuisent. Les stocks de produits de la mer régressent et on pêche des poissons des profondeurs à 40 ans, alors qu’ils ne se reproduisent qu’à 50. Les populations d’abeilles s’effondrent, compromettant la pollinisation et donc la production de fruits et légumes. Partout les ressources se raréfient et ce qui était gratuit devient soudain payant. Face à notre gloutonnerie, la nature peine à suivre. Si tous les Terriens vivaient comme les Américains, il faudrait quatre planètes pour répondre à leurs besoins. Or nous n’en avons qu’une: la nôtre. Dans ce nouvel ouvrage riche de savoureuses anecdotes, Jean-Marie Pelt, en humaniste, et sans jamais sombrer dans le pessimisme ambiant, plaide pour la sauvegarde d’une biodiversité qui, par la palette des ressources qu’elle nous procure, est une véritable «assurance vie» pour l’humanité.
.
fontelle pilier
Nombre de messages : 2068 Age : 77 Localisation : Anjou Date d'inscription : 15/06/2006
ontinuons cette exploration qui pourra se poursuivre selon vos renseignements. Mais j'opte pour une information que l'on recherche plutôt que sur des anathèmes tous azimuths, ce qui aboutitC au silence et à l'inefficacité totale (ne te sens pas visée, Fontelle, j'aime bien tes interventions stimulantes).
Vas en paix, mon frère, je ne suis pas fâchée....
tu me connais : tout feu, tout flamme : je réagis puis j'attends des avis argumentés que j'ai eu la flemme de chercher.... Comme tu fais très bien cela, je vérifie et te crois
Je reconnais que Hulot et Artus bertrand ont beaucoup fait pour le grand public. Perry aussi et surtout , il fait vivre des univers...
Mais je maintiens que les propositions de N. Hulot sont utopiques pour le moment : avant de courir, il faut apprendre à marcher.
Pour Rahbi, je n'ai pas fait le tour, ses idées sur" rue 89" me paraissaient stimulantes ET réalisables par beaucoup, possible que je me sois laissé berner....
rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
je poursuis mon investigation avec les alternatives au système existant ; chap IX et X de graines du possible par Hulot/Rabhi
Ce dernier, fort de son expérience en Ardèche et de ses interventions au Burkina fonde ses espoirs sur la paysannerie opposée aux industriels de l'agriculture. Son remède : l'agrobiologie.
Hulot laisse entendre que c'est bien possible d'utiliser au Burkina le "potentiel humain", (1) cher à Rabhi, mais que dans nos sociétés developpées , cela supposerait des privations cruelles et, disons-le, une régression.
Pour l'énergie : Rabhi est favorable à la diversité : hydrauliennes, eoliennes, solaire et biomasse. Quant aux transports, idem : fluvial, maritime, ferroviaire.
(1) "la paysannerie du tiers-monde, sur les épaules de laquelle repose la perennité de toutes les nations". p 159.
C'est vrai que le réseau routier est saturé. Partirez-vous en vacances par les canaux ou par le train ?
j'indique les pages 143 à 165
Albert pilier
Nombre de messages : 2302 Localisation : île de france Date d'inscription : 22/06/2010
Par le train pourquoi pas? Par bateau, je risque d'arriver et de n'avoir que le temps de repartir....... Le problème ensuite est d'avoir une voiture pour se déplacer à un tarif correct. Je n'ai pas fait les calculs, mais à vue de nez ça me semble plus onéreux, sauf si on part sur Lyon ou Paris.
rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
je me demande quelle énergie fera marcher les trains...
Albert a écrit:
Le problème ensuite est d'avoir une voiture pour se déplacer à un tarif correct.
J'ai eu des echos, il n'engagent que ceux qui les transmettent : avoir recours à des voitures delocation reviendrait, sinon moins cher que d'en posséder une en permanence, du moins à un prix raisonnable. Mais je ne connais pas le problème, pas plus que celui de l'énergie sur lequel je n'ai rien trouvé encore.
rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
testez avec libé vos connaissances sur la décroissance.
Le cahier d'été de Libération Chaque jour, «Libération» part à la rencontre de personnalités hors normes. Et aussi: quiz, la BD de l'été...Culture 09/08/2010 à 00h00 Croître ou ne pas croître [Ecolo] . Du hic entre croissance illimitée et ressources limitées.
Réagir Par LAURE NOUALHAT
1 De plus en plus considérée sur la scène politique, la décroissance reste pourtant incomprise. De quoi s’agit-il ? a. D’une décroissance des biens matériels
b. D’une décroissance de la richesse
c. D’une décroissance du bonheur et du confort matériel
d. D’une décroissance de l’empreinte écologique
2 Le Conseil national du renseignement américain (National Intelligence Council) fixe le début de la pénurie mondiale des ressources naturelles en : a. 2020
b. 2025
c. 2040
d. 2070
3 En 2004, le rapport du millénaire sur les écosystèmes, élaboré par plus de 1 350 scientifiques sous l’égide de l’ONU, conclut que les écosystèmes sont dégradés, ou utilisés de manière non renouvelable, à hauteur de : a. 60%
b. 45%
c. 25%
d. 10%
4 Qui a dit : «Dans un pays occidental, un humain supplémentaire génère le même impact écologique que douze Burkinabés ou 620 allers-retours Paris-New York…» ? a. Le pasteur Thomas Malthus
b. L’expert en énergie Jean-Marc Jancovici
c. Le député vert français Yves Cochet
d. L’«hélicologiste» Yann Arthus-Bertrand
5 Dans Energie et équité, Ivan Illich calcule la vitesse réelle de déplacement d’un Américain doté d’une voiture en prenant en compte le temps qu’il consacre à payer, réparer, entretenir ou garer son véhicule. A combien s’élève-t-elle ? a. 92 km/h
b. 54 km/h
c. 23 km/h
d. 6 km/h
6 La décroissance n’est pas une idée nouvelle. Dans son film An 01, Gébé proposait déjà de ralentir. Quel était son slogan ? a. «On se calme, on fait une pause.»
b. «On arrête tout, on réfléchit.»
c. «On lève le pied, on n’est pas pressés.»
d. «On boit un coup, on verra après.»
7 Quels sont les journaux, revues ou magazines pour lesquels la décroissance constitue un pan de leur ligne éditoriale ? a. Le mensuel Silence !, créé en 1982
b. L’hebdomadaire Politis
c. L’hebdomadaire Valeurs actuelles
d. Le mensuel Alternatives Economiques
8 Le Happy Planet Index (HPI) est un nouvel indicateur de richesse qui repose sur trois variables : l’espérance de vie, l’empreinte écologique et la satisfaction subjective de vie. Quel pays arrive aujourd’hui en tête du classement ? a. La Corée du Nord
b. Le Costa Rica
c. La Jamaïque
d. L’Espagne
rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
Peut-on dépasser cette contradiction ? Le capitalisme a intérêt à faire croire que croissance et développement vont toujours de pair, l’amélioration du bien-être humain ne pouvant passer que par l’accroissement perpétuel de la quantité de marchandises. Nous devons alors fonder pour l’avenir une distinction radicale entre les deux concepts : l’amélioration du bien-être et l’épanouissement des potentialités humaines se réalisant hors du sentier de la croissance infinie des quantités produites et consommées, hors du sentier de la marchandise et de la valeur d’échange, mais sur celui de la valeur d’usage et de la qualité du tissu social qui peut naître autour d’elle. Le mot d’ordre de décroissance, appliqué indistinctement pour tous les peuples ou pour tout type de production, serait injuste et inopérant. D’abord parce que le capitalisme nous impose actuellement une certaine décroissance, surtout celle des biens et services dont nous aurions socialement le plus besoin : transports collectifs, santé, éducation, aide aux personnes âgées, etc. Ensuite parce que toute production n’est pas forcément polluante ou dégradante. Le produit intérieur brut (PIB), évalué monétairement, enregistre la croissance des activités de services, dont la pression sur les écosystèmes n’est pas comparable à celle de l’industrie et de l’agriculture. La nature de la croissance importe au moins autant que son ampleur. L’urgente nécessité de diminuer l’empreinte écologique n’implique pas la décroissance de toutes les productions sans distinction entre elles ni entre ceux auxquels elles sont destinées.
L’utilisation planétaire des ressources doit être organisée de telle sorte que les pays pauvres puissent enclencher la croissance nécessaire à la satisfaction des besoins essentiels, et que les plus riches deviennent économes. Tout modèle imposé aux pays pauvres ne pourrait que détruire leurs racines culturelles et constituer un obstacle à un développement émancipateur. Dans les pays riches, il convient de penser les politiques en fonction de la transition à assurer : le décrochage progressif de la croissance et du développement.
Cela passe non pas par une décroissance aveugle, inacceptable pour une majorité de citoyens, mais par une décélération ciblée permettant d’enclencher la transformation des processus productifs et aussi celle des représentations culturelles : la décélération de la croissance, comme première étape avant d’envisager la décroissance sélective, en commençant par celle des activités nuisibles, pour une économie réorientée vers la qualité des produits et des services collectifs, une répartition primaire des revenus plus égale et une baisse régulière du temps de travail au fur et à mesure des gains de productivité, seule manière de promouvoir l’emploi en dehors de la croissance. En sachant que toute remise en cause du modèle de développement actuel n’est réaliste qu’à condition de remettre en cause simultanément les rapports sociaux capitalistes .
Définir le développement comme l’évolution d’une société qui utiliserait ses gains de productivité non pour accroître indéfiniment une production génératrice de dégradations de l’environnement, d’insatisfactions, de désirs refoulés, d’inégalités et d’injustices, mais pour diminuer le travail de tous en partageant plus équitablement les revenus de l’activité, ne constitue pas un retour en arrière par rapport à la critique du développement actuel. Cela ne condamne pas à rester à l’intérieur du paradigme utilitariste, si les gains de productivité sont obtenus sans dégrader ni les conditions de travail ni la nature
.
Spoiler:
A partir du moment où l’on admet que l’humanité ne reviendra pas à l’avant-développement et que, de ce fait, les gains de productivité existent et existeront, leur utilisation doit être pensée et rendue compatible avec la reproduction des systèmes vivants. On peut faire l’hypothèse que la baisse du temps de travail peut contribuer à débarrasser notre imaginaire du fantasme d’avoir toujours davantage pour mieux être, et que l’extension des services collectifs, de la protection sociale et de la culture soustraits à l’appétit du capital est source d’une richesse incommensurable avec celle que privilégie le marché. Derrière la question du développement sont en jeu les finalités du travail et donc le chemin vers une société économe et solidaire.
Jean-Marie Harribey (pour le monde diplomatique)
Harelde pilier
Nombre de messages : 7283 Age : 49 Localisation : Yvelines Date d'inscription : 18/09/2008
Je risque de sortir des limites de la discussion, mais il ne s'agit pas toujours de chercher à produire mieux et de façon moins polluante (pas seulement, disons). Il faut aussi cesser de gaspiller, prendre conscience de la valeur des choses et de leur coût de production, de leur impact sur l'environnement.
rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
« quels sont les critères pour définir l’impact énergétique et écologique d’une bouteille de lait en plastique, par exemple en tenant compte de tous les paramètres pour la fabriquer, la transporter la réfrigérer, l’emballer, la faire disparaître ?
Quand on arrivera à connaître l’empreinte écologique de tous les biens de consommation et de services, on pourra mettre en place une nouvelle fiscalité et organiser de nouvelles filières de façon à ce qu’il n’y ait pas de chômage à la clé »
Nicolas Hulot p.168
je ne prends pas Nicolas Hulot pour le sauveur universel, mais il a une documentation - qu'il vulgarise, et qui me paraît plus acceptable que les projets de Pierre Rabhi qui cite en exemples-modèles les burkinabe !!
Il veut une
Citation :
« résistance fondée sur l’autolimitation et la sobriété. Il[je] revendique pour lui [moi] et tous ses [mes] semblables ce que la vie elle-même a établi comme légitime : nourriture, vêtements, soins et abri, sans lesquels l’épanouissement humain est impossible ».
L’homme ne vit pas seulement de pain, dirais-je, et on a d’autres désirs que ceux de la survie au ras des pâquerettes !
Je me défie des phrases comme celles-ci où Pierre Rabhi,- tenté par un mysticisme de pacotille ?, manifeste
Citation :
« son adhésion à la beauté du monde et à l’évidente intelligence qu’il manifeste derrière les grands voiles du mystère ».
soussou pilier
Nombre de messages : 14224 Date d'inscription : 25/02/2007
Difficile à te répondre Albert pour la durée de conservation, tout dépend du nombre de lessives, je te proposerais des bacs à glaçons ou de petits moules souples de pâtisserie dans lesquels vous pourrez verser le savon encore liquide, puis le laisser refroidir le plus lentement possible (ce qui aide à une bonne saponification) avant de le faire sécher à l'air libre une journée. Vous pourrez ainsi conserver votre savon et "démouler" les doses, selon vos besoins, sans risque de pertes.
rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
je crois qu'on pourrait diviser le fil entre "pratiques ecologiques" par exemple et un fil special sur "la décroissance" ou sur "le livre de Hulot Rabhi."
Ces deux derniers titres prendront de l'ampleur, mais le premier aussi, plus axé sur des pratiques individuelles, alors que les deux autres seraient plus théoriques et de visée collective.
rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
Comme je le disais au bar, je suis allé au 20 é anniversaire d'univers-sel, cette association de paludiers guerandais qui échange des savoirs et des experiences avec le Benin et la Guinée, notamment.
voici l'historique de ce jumelage de savoirs et de techniques faire du sel sans nuire à l'environnement.
juste quelques précisions : la méthode guinéenne demandait 3 tonnes de bois pour une tonne de sel, ce qui entraînait un déboisement catastrophique, des nuisances pour la santé des femmes s'occupant de la cuisson, etc.
La méthode des paludiers de Guérande n'a pas été transmise telle quelle aux Beninois et Guinéens : il a fallu des ajustements, des essais, (des échecs aussi) nécessités par les facteurs naturels et culturels locaux .
A l'heure actuelle, la riziculture bénéficie de cette entraide, par le biais des techniques d'irrigation, et des ingénieurs agronomes locaux gèrent la production et améliorent les techniques.
Les paludiers guérandais perfectionnent aussi leurs savoirs et techniques, et sont consultés par d'autres pays : Haïti, les îles philippines etc.
Comme quoi des facteurs naturels (le vent, le soleil et l'eau) et des entraides humaines améliorent la vie quotidienne et créent des courants amicaux et culturels entre des populations différentes, sans intervention de hiérarchie ou d'intérêts commerciaux.
20 é anniversaire d'univers-sel,
soussou pilier
Nombre de messages : 14224 Date d'inscription : 25/02/2007
"Nombreux sont les compléments alimentaires inutiles, voire dangereux. D'autres ont en revanche une influence bénéfique sur la santé, la forme, et même sur la beauté. Mais pas pour n'importe qui ni dans n'importe quelles circonstances", préviennent Luc Cynober, professeur de nutrition, et le docteur Jacques Fricker, médecin nutritionniste, dans leur livre La Vérité sur les compléments alimentaires (Odile Jacob, collection "Santé-vie pratique", 234 p., 19 euros).
"AU MINIMUM, UN CONSEIL MÉDICAL"
Inquiète, l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation de l'environnement et du travail (Anses) a lancé fin 2009 un dispositif de vigilance. Un décret du 23 juin "relatif à la vigilance sur certaines denrées alimentaires" donne pour mission à l'Anses d'enregistrer tous les effets indésirables. "L'objectif est de demander aux médecins et aux pharmaciens de déclarer tout effet indésirable. Pour l'instant, nous avons reçu environ 180 déclarations de médecins, venant aussi de l'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé, de centres de toxico-vigilance, etc., précise Marie-Christine Favrot, directrice de la direction de l'évaluation des risques nutritionnels et sanitaires de l'Anses. Nous ne rejetons pas les compléments alimentaires, mais il faut au minimum un conseil médical. Les surdosages peuvent comporter des risques. Un bilan de ce dispositif de vigilance devrait être rendu public fin octobre par l'Anses, qui devrait alors rendre des avis sur certaines substances."
soussou pilier
Nombre de messages : 14224 Date d'inscription : 25/02/2007
Sujet: Liao Xiaoyi Lun 07 Mar 2011, 19:40
un petit bout de femme, Liao Xiaoyi!
De philosophe à écologiste
Liao Xiaoyi n’a pas toujours été écologiste. Avant de fonder l’ONG Village global (Beijing), elle était professeure de philosophie. C’est durant la période où elle a été chercheuse à l’Académie des sciences sociales de Chine qu’elle a découvert le concept d’« obéir à la nature ». «J’ai été très surprise et bouleversée par cette idée, se rappelle-t-elle. Tout ce qu’on m’avait enseigné jusqu’alors était que l’homme peut et doit conquérir la nature, et que cela est perçu comme une loi de la nature. » Elle s’est ensuite mise à lire des livres importants sur l’environnement, dont Printemps silencieux de Rachel Carson.
En 1993, Mme Liao est partie avec sa fille pour rejoindre son mari qui faisait des études de doctorat aux États-Unis. Elle y a travaillé comme chercheuse invitée à la North Carolina State University et y a tourné A Daughter of the Earth, un documentaire sur l’environnement. Cette expérience lui a permis d’entrer en contact avec un grand nombre d’ONG en environnement de ce pays. Elle a été impressionnée par le rôle que jouaient ces organismes dans la promotion du mouvement de protection de l’environnement. C’est alors qu’est née sa détermination à revenir au pays pour mettre en place un modèle semblable. En 1998, elle a abandonné sa carte verte des États-Unis en signant une « renonciation volontaire » et en expliquant de façon très simple la raison : prendre part à la cause de la protection de l’environnement de la Chine.
Liao Xiaoyi croit qu’en tirant des leçons de sa sagesse ancienne, la Chine pourrait trouver des solutions aux divers problèmes écologiques qui ont surgi au cours de la rapide modernisation du pays.
Elle confie qu’elle n’achètera jamais de voiture. Elle s’impose également d’autres règles de conduite : elle utilise le transport public et ne prend pas de taxi, à moins que cela ne soit absolument nécessaire; elle ne fait jamais fonctionner le climatiseur, quelle que soit la température; elle évite d’utiliser les ascenseurs; enfin, elle ne mange jamais de viande d’animaux sauvages et n’utilise pas de produits fabriqués à partir de ces animaux.
Elle fait également de son mieux pour que les gens autour d’elle acceptent ses idées et elle tente de donner l’exemple. Sur ce dernier point, elle est d’avis que, lorsqu’on éprouve moins de désir pour les choses matérielles et davantage pour la richesse spirituelle, une autre vie est possible.
Premier ouvrage sur le scandale des pesticides, Printemps silencieux a entraîné l interdiction du DDT aux États-Unis. Cette victoire historique d un individu contre les lobbies de l industrie chimique a déclenché au début des années 1960 la naissance du mouvement écologiste. Printemps silencieux est aussi l essai d une écologue et d une vulgarisatrice hors pair. En étudiant l impact des pesticides sur le monde vivant, du sol aux rivières, des plantes aux animaux, et jusqu à l ADN, ce livre constitue l exposition limpide, abordable par tous, d une vision écologique du monde. 50 ans après sa conception, on redécouvre Printemps silencieux au moment où l on commence à s intéresser, en France, à la philosophie de l écologie. « Ce n est pas moi, c est Rachel Carson qui a inventé l écologie profonde », affirme en effet le philosophe norvégien Arne Næss. Vendu à plus de 2 000 000 d exemplaires, traduit en 16 langues, Printemps silencieux n est pas seulement un best-seller : c est un monument de l histoire culturelle et sociale du XXe siècle. Point de référence difficilement contournable de l histoire de l écologie, cet ouvrage fait partie de la bibliothèque de l honnête homme.
rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
Du 20 au 30 mars 2011 se tiendra la 6ème édition de la semaine pour les alternatives aux pesticides. 10 jours pendant lesquels des associations, des collectivités, des citoyens et des entreprises (etc…) organiseront des actions de sensibilisation, de formation et d’information pour montrer que l’on peut et que l’on doit se passer des pesticides chimiques.
soussou pilier
Nombre de messages : 14224 Date d'inscription : 25/02/2007
Sujet: Re: Ecologie : thèmes ; bibliographie Jeu 10 Mar 2011, 16:36
L'ONU alarmée par la très forte mortalité des abeilles
Parmi la douzaine de facteurs explicatifs recensés dans le document figurent l'emploi des pesticides, la pollution de l'air, la réduction du nombre de plantes à fleurs et d'apiculteurs en Europe, ainsi que l'existence d'un parasite mortel qui tue uniquement les abeilles de l'hémisphère nord.
La mortalité des abeilles est en progression -- jusqu'à 85% dans certaines régions -- et pourrait avoir de graves conséquences sur la production alimentaire puisque la plupart des plantes, cultivées ou non, sont pollinisées par les abeilles.
"C'est un sujet très complexe. De nombreux facteurs interagissent et un pays à lui seul n'est pas capable de résoudre le problème", a soutenu M. Neumann, appelant à la mise en place d'un réseau international pour aborder le problème.
Ce scientifique allemand qui travaille au Centre de recherche sur les abeilles en Suisse a indiqué qu'une des raisons de la disparition des abeilles en Europe et Amérique du Nord est la présence de l'acarien parasite "Varroa destructor"."Il est presque choquant de voir le peu que l'on sait sur cet insecte nuisible" que les "abeilles africaines tolèrent", a fait remarquer M. Neumann.
Certaines études ont mis en évidence que les abeilles qui ont accès à un mélange de pollens de différentes plantes sont en meilleure santé que celles qui se nourrissent d'un seul type de pollen. source: La libre Belgique""
soussou pilier
Nombre de messages : 14224 Date d'inscription : 25/02/2007
Sujet: Re: Ecologie : thèmes ; bibliographie Sam 19 Mar 2011, 10:35
Claude Lorius et Laurent Carpentier racontent leur "Voyage dans l'Anthropocène"
rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
Sujet: Re: Ecologie : thèmes ; bibliographie Sam 19 Mar 2011, 17:29
je complète pour information avec un article d'Agnès Sinaï, maître de conf à Sciences Po.
L'anthropocène : une ère d'exubérance qui abolit l'angoisse, où l'automobile et l'écran plat sont devenus des droits humains fondamentaux. Une ère d'addiction, où la production de moyens est devenue la fin de l'existence.
Une ère d'accélération, où la croissance, qui repose sur le cycle sans fin de la production et de la consommation, doit produire toujours plus d'objets inutiles pour ceux qui en ont déjà trop. C'est la logique même du productivisme.
Le volume des objets électro-industriels excède la capacité de compréhension de notre imagination et de nos sentiments, écrit le philosophe Günther Anders. Que le Japon, archipel vulnérable, déjà frappé par deux bombes atomiques, ait pu consentir à ériger cinquante-quatre réacteurs nucléaires sur une faille sismique illustre sans doute le désarmement de l'entendement humain face à ses créations sidérantes.
L'énergie nucléaire est d'un autre ordre temporel que la force tellurique des plaques tectoniques ou que le feu des volcans. Le déchaînement des éléments a révélé la démesure autant que la fragilité des machines thermo-industrielles.
L'humanité, actrice et victime de cette démesure, a créé les conditions de sa vulnérabilité en devenant un moteur de transformation géologique plus dangereux que les forces de la Terre. Aujourd'hui, l'explosion de la centrale de Fukushima nous dit que nous avons rendez-vous avec la sortie fracassante de l'anthropocène. Cette catastrophe nous intime de déployer une forme d'éveil non tributaire du rythme des machines de la thermo-industrie.