Nabokov

Coucou ma Sapho !  
oui, je l'avais trouvé complètement différent de Lolita c'est peut être pour ça que je n'ai pas accroché ? je m'attendais peut être au même style ? il était différent.

bien sûr c'est sur un joueur d'échecs, et la plus grande perfidie d'un adversaire sera de l'attaquer sur son terrain favori, pour lui montrer les failles de son système. Des attaques "ad hominem"

Imagine qu'on critique un tout petit peu un texte mis sur GDS* avec la question : qu'en pensez-vous ?

la réponse souhaitée est

Citation :

j'en pense que du bien

  

Je viens de finir Ada ou l’ardeur. Je pense après coup qu’il s’agit d’un des plus beaux livres que j’ai pu lire dans ma vie !
Pour en revenir à cette histoire de dégout, je pense m’être mal exprimé. Il s’agirait plutôt d’un certain malaise que l’on peut ressentir par moment à la lecture des romans de Nabokov. Dans Lolita comme dans Ada, qui sont les deux seuls romans de l’auteur que j’ai lus jusqu’ici, une impression de malaise se fait sentir face à certaines relations sexuelles moralement condamnables : pédophilie, et relation quasi incestueuse dans lolita (puisqu’Humbert prend virtuellement la place du père dans cette histoire), relation incestueuse dans Ada (frère et sœur, « demis » frère et sœur ? Amour entre Ada et Lucette, triolisme mortel entre les trois personnages), et parfois pédophile (nymphettes gravitant autour de Van à de nombreuses reprises), etc. Et pourtant, malgré ça, le talent de Nabokov est de montrer l’amour qui irrigue ces relations (spécialement dans Ada ou cela semble moins condamnable, car il n’y a pas cette image de domination scandaleuse – quoique, quand on songe à la pauvre Lucette…), et de les rendre belles ! C’est tout le génie de Nabokov, que de nous prendre à contrepied, de nous permettre de voir le Beau là où il semblait absent.
Je pense qu’il faudra que je le relise un jour afin de m’en imprégner encore plus, tant j’en suis sorti bouleversé !

Rotko a écrit:

j'en pense que du bien

hé bé non, pas pour moi. Quand j'écris un petit texte sur le fil Ysandre, j'aime bien que l'on me dise "vraiment" ce qui semble bien et ce qui ne l'est pas. Je ne suis ni Raimbaud ni Baudelaire, j'ai besoin de savoir ce qui cloche. Je ne dis pas "mes oeuvres" ! ce sont des pensées éparses, sans prétention, on aime ou on n'aime pas, mais si l'un d'eux mérite quelqu' attention, j'apprécie lorsque l'on me dit ce qui ne va pas, voir même, que c'est carrément nul ! j'écris sur impulsion et très vite, alors....  

Rimbaud, Ysandre ! ce n'était pas dit pour toi, mais vérifiable fréquemment chez des auteurs égocentriques récents.

Citation :

certaines relations [sexuelles] moralement condamnables

réflexion intéressante parce que la littérature et la morale ne sont pas miscibles, elles sont étrangères l'une à l'autre.

C'est le lecteur qui fait intervenir la seconde dans sa lecture. Or les visées sont différentes.

Si la morale se veut universelle et abstraite, le livre rapporte un cas concret, vécu ou fantasmé, ou fictif, dont il ne prône pas la généralisation, mais imaginé et ressenti.

Difficile pour nous de nous séparer de l'héritage de l'éducation morale. Pourtant à considérer d'autres cultures et d'autres époques, ce qui est répréhensible moralement de nos jours et interdit comme règle de conduite, a existé de manière courante. Le pharaon épousait sa soeur. On n'en est plus là...

Rotko a écrit:

Rimbaud, Ysandre ! ce n'était pas dit pour toi, mais vérifiable fréquemment chez des auteurs égocentriques récents.

je me doute que ça ne m'était pas adressé, mais je mets mon grain de sel .....

j'ai lu une biographie de Ramsès II et d'un autre pharaon (?), je ne peux pas dire que le fait qu'ils se marient entre frères et soeurs m'ait choqué, leur culture était très différente de la nôtre. On peut se dépouiller (un peu) de ses convictions, d'une morale très restrictive, lorsque l'on s'immerge dans le passé lointain. Les égyptiens ne connaissaient pas les dangers de la consanguinité !

Notre morale judéo-chrétienne a créé bien des tabous et des frustrations, ce qui nous a éloigné de plus en plus de la nature et rendu les hommes " coupables " du fait d'éprouver des sentiments que notre culture réprouve.

Nous finissons par n'être plus libre de nos propres instincts !!!

c'est très agréable d'être amoral, parfois, j'aime bien ça, moi   ça déshabille de ses frustrations, ça rend tout nu et tout propre. C'est en pensée, bien sûr ! mais ça fait du bien.  

Je suis assez d'accord avec vous, l'un des talents que j'apprécie chez Nabokov, c'est cette capacité à nous mettre dans de bonnes dispositions pour plonger avec une certaine délection dans l'amoralité, à repousser les fondements de notre morale pour arriver presque nu devant de nouvelles visions, de nouvelles pensées, et se laisser transporter sans nos préjugés. C'est une véritable force de son écriture et il me tarde d'en lire d'autres !