Raymond Carver

Dindon a écrit:

Une sacrée muse, la bouteille, aux USA...(on devrait ouvrir un sujet là-dessus.)

OUI, ne te retiens pas !

au fait quelle bouteille ? (tu repondras dans ce nouveau fil )

Ohhhh!!!!!!!

Tu veux me faire travailler !

L'odieux personnage !

Bon, je l'ouvre, mais...je mets rien dedans !

Ca t'apprendra !

Figurez-vous que notre cher Raymond Carver, le « Tchekhov américain », le « pape du minimalisme », la voix de l'Amérique des perdants, des prolos, des gens de peu, donc de peu de mots n’était pas le VRAI Raymond Carver !

Il y aurait eu un complot pour créer un auteur éponyme en sabrant à la hache les écrits plutôt prolixes d’un certain Raymond Carver, poivrot de bonne tenue et, en conséquence, peu avare de dégueulis scriptural. Le responsable ? L’éditeur.

Pour en juger, procurez-vous la nouvelle édition du célèbre recueil « Parlez-moi d’amour » qui sort chez « L’Olivier » sous le titre « débutants » et comparez les deux.

C’est édifiant. Les titres des nouvelles changent, le texte de petit ruisseau (voire de filet ténu) passe à rivière tumultueuse qui charrierait moult troncs d’arbres et autres alluvions sous forme de digressions dans le style et d’apitoiement dans le propos…

Et on découvre un bonhomme différent, moins sec, moins froid, qui va, plus tard, épurer ses textes certes mais à sa manière et qui écrit ce truc poignant à son enf… d’éditeur :

« Comme je l'ai dit, je suis paumé, fatigué, parano et effrayé, oui, des conséquences qu'aurait pour moi la parution du recueil dans sa forme actuelle… »

"Les vitamines du bonheur"

un livre de 700 pages chez Stock, un recueil de nouvelles plus ou moins longues. La première, les Plumes, est un modèle du genre, dans l'art d'intriguer le lecteur, et de ne pas trop en dire sur la fin, comme aime à le remarquer Dara.

je vous donne le début, le style est très travaillé, tout en restant naturel et fluide :

Citation :

Un copain de travail, Bud, nous a invités à dîner, Fran et moi. Je ne connaissais pas sa femme et il ne connaissait pas la mienne. Comme ça on était à égalité. Je savais qu'il y avait un petit bébé chez Bud. Il devait y avoir dans les huit mois à l'époque de l'invitation. Ce qu'ils avaient passé vite, ces huit mois ! et ce que le temps a passé vite, depuis, nom de Dieu !

alors la visite commence, après un parcours fléché, on rencontre un paon, une femme qui rougit, un dentier hideux sur la télé, et un bébé moche, vraiment moche, ce bébé...

Carver a une excellente réputation, eh bien ! je peux vous le dire, il la mérite