Raymond Queneau

Hello, j'ai bien trouvé Queneau dans la poésie, mais pas dans les romans, alors j'entame..

J'ai lu (et oui, tard mais jamais trop tard), j'ai donc lu Zazie dans le métro pendant mes vacances..

Un vrai bonheur ! C'est drôle, c'est fou, et parfois très juste aussi, même des années plus tard !

“- Et vous, demanda Zazie. Vous l’êtes, hormosessuel ?
- Est-ce que j’ai l’air d’une pédale ?
- Non, piske vzêtes chauffeur.”

J'ai retenu d'autres passages que j'ai mis sur mon site, si vous préférez que je les recopie ici, dites-le moi

oui, mets-les, et rappelle, pour la bonne bouche, l'adresse de ton site

le film de louis Malle, plein de malice, est disponible en DVD



les voitures ! c'est bon pour les collectionneurs ! il date de 1960.

rotko a écrit:

oui, mets-les, et rappelle, pour la bonne bouche, l'adresse de ton site

A tes ordres, chef !

“- Alors ? Pourquoi que tu veux l’être, institutrice ?
- Pour faire chier les mômes, répondit Zazie. Ceux qui auront mon âge dans dix ans, dans vingt ans, dans cinquante ans, dans cent ans, dans mille, toujours des gosses à emmerder.
- Eh bien, dit Gabriel.
- Je serai vache comme tout avec elles. Je leur ferai lécher le parquet. Je leur ferai manger l’éponge du tableau noir. Je leur enfoncerai des compas dans le derrière. Je leur botterai les fesses. Parce que je porterai des bottes. En hiver. Hautes comme ça (geste). Avec des grands éperons pour leur larder la chair du derche.
- Tu sais, dit Gabriel avec calme, d’après ce que disent les journaux, c’est pas du tout dans ce sens-là que s’oriente l’éducation moderne. C’est même tout le contraire. On va vers la douceur, la compréhension, la gentillesse. N’est-ce pas, Marceline, qu’on dit ça dans le journal ?
- Oui, répondit doucement Marceline. Mais toi, Zazie, est-ce qu’on t’a brutalisée à l’école ?
- Il aurait pas fallu voir.
- D’ailleurs, dit Gabriel, dans vingt ans, y aura plus d’institutrices : elles seront remplacées par le cinéma, la tévé, l’électronique, des trucs comme ça. C’était aussi écrit dans le journal l’autre jour.”

” - J’ai trouvé, hurle alors Charles, ce truc-là c’est pas les Invalides, c’est le Sacré Coeur.
- Et toi, dit Gabriel jovialement, tu ne serais pas par hasard le sacré con ?
- Les petits farceurs de votre âge, dit Zazie, ils me font de la peine.”

“- Et vous, demanda Zazie. Vous l’êtes, hormosessuel ?
- Est-ce que j’ai l’air d’une pédale ?
- Non, piske vzêtes chauffeur.”

“- Vzêtes marrant vous, dit Zazie. Vous savez jamais trop ce que vous pensez. Ca doit être épuisant. C’est pour ça que vous prenez si souvent l’air sérieux ?”


http://jude.netliberte.org (c moi )

Ca me fait penser, j'avais un copain qui disait : Zadig dans le métro. Cocasse, surtout que les deux personnages sont franchement éloignés l'un de l'autre...

De bons souvenirs tout ça ! Et encore un blog de roudita, très agréable à parcourir, d'ailleurs

Citation :

Apibeursdé touillou Zazie !

La ville natale de Raymond Queneau célèbre cet automne les cinquante ans de la publication du roman Zazie dans le métro paru chez Gallimard. À cette occasion les Bibliothèques municipales vous invitent à la fête.

Du 15 septembre au 9 janvier 2010 au Havre, Zazie se lit, se voit, s'écoute et s'écrit.

http://www.ville-lehavre.fr/zazie/Index.html

Quelqu'un a lu Exercices de Styles ? Excellent petit livre, qui montre 99 fois la même histoire racontée avec des contraintes différentes. A lire si vous ne l'avez pas déjà fait. Et y a aussi Cent Mille Milliards de Poèmes qui sont franchement drole a regarder au moins une fois, rien que pour la mise en page du livre.

http://fr.wikipedia.org/wiki/Cent_Mille_Milliards_de_Po%C3%A8mes

"Exercices de style"est un véritable chef d'oeuvre, dont je ne me lasse pas ... avec une préference pour les narrations "Philosophique", "Vers libres", "Antonymique", et "Injurieux" ... quoique la narration "Moi je" me fasse chaque fois beaucoup rire ... pour les amoureux de la langue française, ce petit ouvrage est effectivement à recommander (Edité chez Folio) ...

Quant à "Cent Mille Milliards de Poèmes", cet ouvrage devrait plaire aux amateurs de gadgets ...

Exercices de style est un de mes livres préférés , après la Recherche, bien sur...

Ah ! Une connaisseuse !

Amatrice de Proust?

Itou !

Citation :

" - Moi, déclara Zazie, je veux aller à l'école jusqu'à soixante-cinq ans. (...) Je veux être institutrice.

- Pourquoi que tu veux l'être, institutrice?

- Pour faire chier les mômes (...). Je serai vache comme tout avec eux. Je leur ferai lécher le parquet. Je leur ferai manger l'éponge du tableau noir. Je leur enfoncerai des compas dans le derrière. Je leur botterai les fesses.

- Tu sais, dit Gabriel avec calme, d'après ce que disent les journaux, c'est pas du tout dans ce sens là que s'oriente l'éducation moderne. C'est même tout le contraire. On va vers la douceur, la compréhension et la gentillesse. (...) D'ailleurs, dans vingt ans, y aura plus d'institutrices : elles seront remplacées par le cinéma, la tévé, l'électronique, des trucs comme ça.

- Alors, déclara-t-elle, je serai astronaute pour aller faire chier les Martiens."

Elle ne lache pas le morceau, la petite!

Elle a la vocation

index a écrit:

Exercices de style est un de mes livres préférés , après la Recherche, bien sur...

Moi aussi, mais avant la Recherche

Du coup j'ai eu envie de lire Zazie dans le métro, je l'ai acheté, je vous donne mes impressions plus tard ^^

J'ai lu Zazie pendant les fêtes.

Certes, au niveau de la forme, l'expression est assez originale. Un style qu'on retrouve plus, une réplique (presque) culte , ".. mon cul". Certes certes, on ne peut enlever cela à Queneau. Mais c'est un coutumier du fait. Rien de surprenant donc. Mais il est vrai que lire Zazie détend, c'est quelque chose qui se lit très vite. Mais...

Sur le fond, où est l'intérêt ?
J'ai lu, à droite à gauche, qu'on pourrait le considérer comme un roman d'apprentissage. Je suis loin d'être convaincu par cette interprétation. D'accord, Zazie entre dans un mon d'adulte, symbolisé par la face cachée de son oncle. Sa présence dans le "cabaret" le soir du spectacle l'atteste. La bagarre qui aura lieu est dans la même lignée.
Mais de là à parler de roman d'apprentissage.. On découvre quoi ? Quelle évolution ?
On part d'une fillette curieuse. Au fil de l'oeuvre elle découvre certains mécanismes, mais de manière superficielle. En aucun cas elle apprendra toute la complexité de la situation de son oncle, ni de celle de sa mère.
Alors quoi d'autres... Les préjugés d'une société ? Avec les suspections de pédale ?
Le mystère du personnage aux milles facettes ? (successivement faux inspecteur policier..).

Bref, je ne vois pas de grandes questions soulevées, bien trop superficiel.
A part le lire pour s'occuper, comme je l'ai fais dans le train, je ne vois pas..

"Zazie" est le plus connu mais pas le seul de Queneau....
Lis donc "Exercices de style" du même....
(Et d'autres....)

Je connais un peu oui, mais je voulais juste discuter de Zazie. Savoir quels intérêts en tirer, savoir comment l'utiliser en composition peut être. Car je n'en ai pas tiré grands enseignements.

ce n'est pas une lecture "utilitaire", mais un plaisir de la langue et de l'impertinence , ce qui n'est pas rien

comme vous le savez, queneau est un grand oulipien..
il a donné d'etranges exemples d'oulipo..

voici:

"Soit un énoncé de départ simple : Le chat a bu le lait
Etape 1 : Le mammifère carnivore digitigrade domestique a avalé un liquide blanc, d’une saveur douce fournie par les femelles des mammifères
Etape 2 : Celui qui a des mamelles, mange de la viande, marche sur l’extrêmité de ses doigts et concerne la maison a fait descendre dans le gosier par l’estomac un état de la matière sans forme propre, de la couleur du lait, d’une impression agréable sur l’organe du goût et procuré par les animaux du sexe féminin qui ont des mamelles"...

il y a plusieurs formes d'oulipo, dont oulipopo, oubapo, outrapo, oucipo, ourapo, oulcipo, ou.gra.po.... chaque ou- pour une autre forme littéraire..

Comme j'apprécie beaucoup André Blavier, j'en profite pour insérer ici un petit message concernant son amitié avec Raymond Queneau.

Citation :

Queneau m'a permis d'échapper au désespoir et au suicide que j'envisageais dans les années 1942-43… Je ne peux pas dire que j'avais lu tous les livres, mais la chair était déjà lasse, et tout m'ennuyait
A. Blavier

C'est donc en découvrant Queneau que Blavier reprend goût à la vie. André Blavier, issu d'une famille ouvrière de Verviers (province de Liège), a publié Occupe-toi d'homélies ! (dont la couverture reproduit la photo de l'édition originale des Enfants du limon, de Queuneau), emporte le prix d'humour noir Xavier Forneret en 1977, fait découvrir de nombreux artistes surréalistes, devient un ami de Magritte, publie d'autres oeuvres comme le Mal du Pays, les Remembrances du vieux barde idiot, Cinémas de quartier, les Fous littéraires (son oeuvre la plus connue et qui dresse le répertoire de tous les auteurs bizarres et méconnus mais pas inintéressants de la littérature française à travers les siècles), traduit Ubu Roi en dialecte wallon, devient correspondant de l'Oulipo et directeur de la bibliothèque de la ville ... et y crée le prestigieux Fonds Queneau ! Verviers est donc un inévitable détour pour les amateurs de Queneau. La correspondance entre les deux auteurs a d'ailleurs été publiée par Jean-Marie Klinkenberg, professeur à l'Université de Liège et linguiste de prestigieuse renommée.

Zazie dans le métro


- Zazie, déclare Gabriel en prenant un air majestueux trouvé sans peine dans son répertoire, si ça te plaît de voir vraiment les Invalides et le tombeau véritable du vrai Napoléon, je t'y conduirai.
- Napoléon mon cul, réplique Zazie. Il m'intéresse pas du tout, cet enflé, avec son chapeau à la con.
- Qu'est-ce qui t'intéresse alors ?
Zazie ne répond pas.
- Oui, dit Charles avec une gentillesse inattendue, qu'est-ce qui t'intéresse ?
- Le métro.



Ce livre est la gaieté même et pourrait être une prescription à la bonne humeur. Raymond Queneau , ce monument du mouvement OULIPO , il cause, il cause, pour ne rien dire…ou tout dire d’un rien ou le rien qui dit tout… ou peut-être tout ça finalement ! Visez l’artiste.

On peut rester circonspect en lisant ce roman, mais personnellement j’ai bien crouté, la recette des jeux de mots et du burlesque des personnages m’a mise en appétit. Je vais donc cajoler le saugrenu, me faire tendre avec la gramme-aire… douce et papouillante envers ce roman.

Un puissant humour, une morale ou pas, je n’ai pas cherché le sens véritable s’il y en a un… Je reste avec l’aspect brut de légèreté, de dérision, loin de l’épigraphe d’Aristote au début du livre. Il me semble bien plus intéressant parfois de rester à la surface d’une œuvre qui nous apporte bien plus que la décortication en vue d’y voir toujours un sens profond. Je ne serais donc pas la flicarde de la rhétorique mais bien l’arsouille cautionnant l’anticonformisme et récidiviste pourquoi pas…l’éclatade lors des carambolages de mots offre une voie plutôt jouissive à la trame.

Zazie dans le métro qui n’aura trouvé que la grève mais une bonne rame de loufoques.

La grève mon cul …

« J’ai vieilli »

Quetschup, j’aime beaucoup ta façon de parler de ce roman.
Au-delà du livre drôle dont tu parles, dans lequel la tendresse côtoie le burlesque, ce qui ne peut que réjouir et divertir le lecteur, je vois aussi un véritable roman d’apprentissage, une entrée dans l’âge adulte, ce que confirmerait la réponse de Zazie à sa mère lui demandant à la fin ce qu’elle a fait : « J’ai vieilli ».

De plus, on perçoit bien également un tableau saisissant du Paris des années cinquante et de toute une société avec une contestation sous-jacente des idées reçues en matière d’éducation par exemple et d’une manière générale des valeurs traditionnelles ; le thème récurrent de l’homosexualité est très révélateur en ce qu’il semble remettre en cause ce qu’on appelle la normalité, d’autant que la violence est partout présente chez les hétéros dans ce livre !

Tous les personnages apparaissent comme des pantins stéréotypés qui causent qui causent parce que c’est tout ce qu’ils savent faire ! Tous, sauf Zazie justement : insupportable certes, insolente, mais intelligente, perspicace, lucide, capable de porter sur le monde des adultes un regard critique et sans aucune concession et finalement de l’accepter tel qu’il est, ce qu’exprime clairement la fin, me semble-t-il.

L’épigraphe d’Aristote est pour moi une malice supplémentaire, ou liminaire comme on voudra , de Queneau. La phrase grecque n’est pas traduite et devient donc un message crypté. Elle signifie : « Celui qui l’a créé l’a fait disparaître. » On peut penser que l’auteur parle de son propre roman, sa création à laquelle le lecteur est invité à croire un temps et qui s’évanouira, la dernière page tournée ! Mais le verbe grec, traduit ordinairement par « détruire, faire disparaître », signifie aussi « dissimuler » ce qui pourrait nous inciter à penser que Queneau nous a tout dit à sa façon (en détournant constamment le langage) mais n’a rien révélé ! Au lecteur de faire le reste… ou non !

J'aime tout autant la tienne ^^

J'ai bien perçu tout ça dans ce roman , mais tu m'éclaires d'autant plus en décryptant l'épigraphe.

"dissimuler" c'est tout à fait ça , avec un grand art.