Je découvre Stanley Kubrick !

Très juste. Le bouquin lu dans les années 72/73, le film vu en 77.

(La fin, ou la conclusion, est une partie elle aussi. Il faudrait en compter quatre plutôt que trois. )

Lolita


Avec James Mason, Sue Lyon, Peter Sellers,

j'avais entendu des critiques du film, arguant que la Lolita était trop jeune fille. Sans doute, mais était-il possible de faire autrement pour cette adaptation à l'écran ?

J'ai bien aimé le jeu des acteurs, même si leur physique ne correspondait pas à la situation. Des réflexions ingénues, des attitudes ambiguës, une complicité équivoque, voilà qui convient au rappel du roman.

* D'abord le désir et l'humour.

A vrai dire, cet humour a tendance à devenir comique à l'écran, un peu trop appuyé. C'est le personnage de la logeuse dont le comportement amoureux fait rire, mais n'est-ce pas une caricature de l'exubérante Americaine, friande de sentiments, de bavardages et de scènes dramatiques ?

Pour le désir, il est suggéré par les regards d'Humbert Humbert sur les pieds, les jambes de Lolita. On eût pu aller plus loin que ce relatif académisme, mais l'opinon publique s'en serait émue. Le type de beauté de Lolita correspond aussi à des critères américains.

** Le sentiment de culpabilité, l'affolement et le désespoir.

Avouons-le : même si le personnage d'Humbert est par moments comique, insupportable dans ses tracasseries, il reste émouvant dans son amour/désir qui se heurte au quotidien. Humbert comme l'Arnolphe de Molière (l'école des femmes) ne peuvent qu'être des personnages à l'échec programmé.

Son destin est dans ces vers d'Eluard

Citation :

J'étais comme un bateau coulant dans l'eau fermée,
Comme un mort je n'avais qu'un unique élément

.

Lolita (suite)

Quant au personnage de Quilty, loufoque et comique, beaucoup plus que dans l'oeuvre écrite, il incarne à mon avis la réprobation publique et le sentiment de culpabilité (Guilty= coupable) de Humbert Humbert.

Lolita, elle, a vécu cette histoire avec une relative innocence, c'est du moins ce qu'elle dit a posteriori.

Le film rappelle donc une oeuvre riche, cocasse - cet aspect est bien rendu au début et à la fin du film, et assez désespérée si on prend le point de vue de Humbert, sans cesse dans les affres du risque et de l'amour, flairant la tromperie où elle n'est pas, sans la voir où elle se trouve.

Ce désaccord entre la perception de Humbert et les autres personnages, y compris les familiers de Lolita après qu'elle a quitté H.H, est aussi un des piments du film.

la fiche du ciné-clubde Caen

Très impressionné par Orange mécanique, je ne l'avais jamais vu.

- L'équipée des voyous, très esthétique, en contrepoint avec de la musique classique "arrangée", (ou en accord s'il s'agit avec Rossini qui donne du rythme à une séance de "va-et-vient"), l'usage de ralentis et d'accélérés, de gros plans de visages menaçants et les cadrages de mêlées furieuses. Des décors pleins de symboles sexuels, un tel cynisme dans les volontés de faire le mal.

- l'épisode de "redressement du délinquant" avec des séquences qui m'ont fait penser à vol au-dessus d'un nid de coucous de Forman, mais avec des rappels nazis satiriques et comiques, + une expérience psychanalytique pour créer un sur-moi prédominant.

- la réintégration dans la société avec des personnages narquois, une logique sécuritaire populiste, le tout avec une direction d'acteurs qui accentue les traits moqueurs...



au fait pourquoi ce titre, Orange mécanique ?

Une critique détaillée.

Les sentiers de la gloire, avec Kirk Douglas.

Le film se présente comme un violent pamphlet contre la guerre, tout en ménageant des scènes d'action.

Pourtant il analyse bien le mécanisme qui lie les différents gradés à un Etat-major omni-puissant, et avec le cas du général Mireau, parfaitement incompétent et criminel.

L'ambition personnelle des chefs et une conception" héroïque" du soldat expliquent les désastres humains dénoncés par le film.

Que reste-t-il au "troufion de base" sinon de servir de chair à canon ? On voit les poilus courir à la mort, avec souvent la peur dans le dos, car les conseils de guerre ne font pas de cadeaux et fusillent les révoltés " pour l'exemple".

Kubrick alterne les scènes de bal de l'Etat major et la danse macabre des poilus.

Les allures martiales, la marche à angle droit des gradés pour les parades sont en harmonie avec la rigidité des bâtiments militaires, sombre façade pour habiller le carnage et le chaos.

photos et analyse du ciné-club de Caen.

Full metal jacket

un film d'action qui déclenche la réflexion dans le cadre de la guerre du Viet-Nam. L'entrainement intensif des marines tient du lavage de cerveaux et du dressage, avec les dérives qui en résultent.

L'allusion a des dérapages de tueurs fous dans la société civile par des vétérans du Viet Nam est quasi légitimée par les militaires chargés de l'entraînement. Les casques ornés de "born to kill" sont révélateurs de la formation de bêtes de guerre, qu'on verra plus tard à l'oeuvre mitraillant femmes et enfants du haut d'un hélicoptère.

Kubrick introduit dans les services de presse militaires comme dans les comportements sur le terrain. La fin du film montre des scènes de feu et de sang dans de ruines :

les contre-plongées d'une Vietcong agonisante sur les visages de soldats americains qui l'entourent renvoyaient toute une interrogation à l'Amérique.

Il faudrait aussi parler des musiques et chansons du film, toujours bien choisies par Kubrick.

le billet du ciné-club de Caen.

j'ai vu plusieurs films de Kubrik lors de leurs sorties. 2001 Odyssée de l'espace m'avait "foudroyée".
Full metal jacket m'a fichu des cauchemars pour un bout de temps ! Finalement, je ne l'ai pas revu comme je comptais le faire. Peut-être que j'aurais pu exorciser mes démons.... mais un appel téléphonique d'une heure et demie de mon fils m'ont éloignée de ce carnage.
Les films de Kubrick sont très dérangeants, dans le bon sens. Une mise en relation brutale avec la réalité, une interrogation permanente quant aux motivations humaines, une descente en enfer...