Grain de sel - Forum littéraire et culturel
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.


Forum littérature, roman, polar, poésie, théâtre, BD, SF, auteurs et livres du monde entier sur le forum littéraire et tous les arts, cinéma, peinture ...

Une table conviviale pour parler des livres, des spectacles, et goûter aux plaisirs des mots.
 
AccueilPortail*Dernières imagesIndex auteursS'enregistrerConnexion
Le Deal du moment : -21%
LEGO® Icons 10329 Les Plantes Miniatures, ...
Voir le deal
39.59 €

 

 Robert Sabatier

Aller en bas 
2 participants
AuteurMessage
Bachy Pierre
pilier
Bachy Pierre


Nombre de messages : 103
Date d'inscription : 05/01/2006

Robert Sabatier Empty
MessageSujet: Robert Sabatier   Robert Sabatier EmptyMar 21 Aoû 2007, 06:04

Les trompettes guerrières

Le petit Olivier, né à Montmartre, a fui le STO, a rejoint ses copains au maquis, avec les FFI d'Auvergne, non loin de Saugues et du village de sa famille. Là, dans ce pays en lisière entre Velay et Gévaudan, celui de la « Bête », il connaît la fraternité vraie et un sentiment de liberté. Olivier Châteauneuf, qui ressemble beaucoup à l’auteur, ne juge pas, bourre sa pipe, écrit des vers. Son héros a pris pour nom de résistant celui de Marceau, à la fois son cousin et le général combattant de la grande Révolution. Olivier retrouvera Marceau à la Libération atteint de la tuberculose après cinq ans de captivité. Il est comme des millions de victimes, tué par le bacille insidieux. Il expirera en prononçant son prénom. Quel message voulait-il lui transmettre, quelle phrase ultime, quels mots d’adieu ! Il ne le sut jamais…

Titi parisien, volontiers gavroche, il est aussi ce paroissien de Haute-Loire qui souligne l'esprit d'ouverture et de tolérance du peuple auvergnat. Ses copains, les premiers Résistants, portaient tous des noms de guerre. On trouvait Riri, Fonsou, Fernand, Pierrot, le Rouquin, tant d’autres et ceux qui venaient d’ailleurs comme Roinita la guerrière, des gens de toutes contrées, des rescapés des durs combats du mont Mouchet, et même un Russe qui s’était rallié et dont on se méfiait car il avait porté, contre son gré, disait-il, l’uniforme ennemi.
Démobilisé, il prit le train à Clermond-Ferrand. Tandis que celui-ci atteignait la grande banlieue de Paris, son lieu de vie futur, il sortit de son sac le cahier où il avait écrit ses poèmes du maquis, ceux qu’il avait détruits, à l’exception d’un seul, non pas qu’il fût meilleur que les autres mais pour une raison obscure. Il lut ces vers désordonnés : « Amas de terre au fond des bois, un maquisard est enfoui là... Mort un jour sans identité. La Liberté... » Puis : « On a creusé un trou. Pas de parents, de mère pour l’enterrer... Nous l’avons aimé. » Plus loin : « Un connaissait des prières. Il les a dites... Nous l’avons recouvert de terre. Adieu, petit frère... » Olivier détacha la page du cahier. Il regarda vers la fenêtre entrouverte et hésita. Il imagina ce feuillet voletant dans les airs et disparaissant. Il médita un instant, plia la feuille en quatre, la plaça dans la poche intérieure de son veston. Sur son coeur.

Il redécouvre ainsi la capitale et son métier qui est dans l’imprimerie : « C’est le plus beau des métiers. Dès la typographie, tu ressens du bonheur. Ces casses avec des lettres dans chaque cassetin, ces petites parcelles de plomb qui, réunies, forment des mots, puis des phrases. J’ai connu de vieux typographes qui les unissaient avec une rapidité inouïe. Et il en est de toutes sortes. On appelle cela des polices de caractères. Et le papier. Quand on le met en ordre, quand on le réunit en ramette, on dit qu’on pelote le papier, et c’est sensuel, comme si tu caressais une femme. Et la première épreuve luisante d’encre que tu regardes à la lumière. Et ces machines. »

La rue Labat est devenue grise et la vie est désormais absente du quartier, qui fut aussi celui de Cendrars, du Bateau-Lavoir et de Marcel Aymé. Mais Paris renaîtra bien sûr de ses jours ternes et la poésie aussi, sous une forme différente. La fin de ce septième volet qui, à en croire la quatrième de couverture, clôt le cycle, coïncide avec le bombardement d’Hiroshima. Face à de telles horreurs, Olivier se tait. Le silence comme une méditation, une prière. Une grève de la parole comme une grève de la faim. Il ferme les yeux, n’entend plus, ne dit rien. Il s’enferme ainsi durant plusieurs jours dans son cloître intérieur, miné par une souffrance obscure, indéfinissable, prenant absurdement sa part de responsabilité dans des carnages auxquels il n’a pas participé.
La guerre se termine donc, mais à quel prix ? Au moins d’interrogations dont Sabatier a nourri son roman le plus ambitieux. Ces interrogations sont aussi celles d’Olivier, rétif au pas militaire et à l’autorité sourcilleuse des gradés. Dans le maquis, si la hiérarchie existait, elle était pondérée par une fraternité vraie dont la chaleur passe à travers les pages du livre.

http://users.skynet.be/pierre.bachy/sabatier_robert_trompettes_guerrieres.html
Revenir en haut Aller en bas
http://users.skynet.be/pierre.bachy/
Bridget Jones
pilier
Bridget Jones


Nombre de messages : 806
Age : 63
Localisation : Genève
Date d'inscription : 09/03/2009

Robert Sabatier Empty
MessageSujet: Re: Robert Sabatier   Robert Sabatier EmptyDim 05 Aoû 2012, 07:16

Un seul message sur Robert Sabatier? Serait-il has been à ce point-là?

Il est décédé en juin 2012

Robert Sabatier est mort

La nostalgie de Montmartre
Revenir en haut Aller en bas
http://www.tiina-gva.blogspot.com
 
Robert Sabatier
Revenir en haut 
Page 1 sur 1
 Sujets similaires
-
» Robert Pinget
» Robert Musil
» Merle Robert
» Robert Alexis

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Grain de sel - Forum littéraire et culturel :: FICTION :: Auteurs français et d'expression française-
Sauter vers:  
Ne ratez plus aucun deal !
Abonnez-vous pour recevoir par notification une sélection des meilleurs deals chaque jour.
IgnorerAutoriser