c'est au Centre Pompidou à Paris jusqu'au 15 août.
Une expo qui réunit des peintres, des photographes, des sculpteurs... et qui se sont posés la question de "vivre en ville". vivre au milieu du béton, des nouvelles technologies, de la pollution, du bruit... etc
Le nom de l'expo vient d'une oeuvre de Marcel Duchamp : en 1919 il a offert aux Etats-Unis une ampoule de sérum physiologique de 50cm3, vidée de son liquide, sur laquelle Duchamp a inscrit "air de paris".
(liquez pour agrandir)
Un air transportable, échangeable, partageable : l'idée d'une citoyenneté mondiale, d'un bouleversement des frontières, d'une mise en relation entre différents contextes géographiques.
Cette expo proposé par le centre Pompidou est impressionnante : on déambule d'espaces en espaces, reliés tous les uns autres, traversés par une ouverture menant directement à une fenêtre.
on découvre comment l'espace nous détermine et comment nous pouvons déterminer l'espace.
ça commence avec une oeuvre superbe de Michel Blazy, inspirée directement par l'air de paris de Duchamp, des gouttes sombres plânant au dessus de nos têtes. "Pluies d'air" donne l'impression à la fois onirique et effrayante d'évoluer dans un monde en train de mourir ou sur le point de nous éliminer.
On peut ensuite voir une video montrant Gordon Matta-Clark creusant des trous circulaires à l'intérieur d'un vieil immeuble parisien, créant ainsi une ouverture, une circulation de l'air et du regard dans une structure habituellement fermée, massive. La ville comme espace de circulation.
Plus loin, évidemment, les artistes exploitent les nouveaux langages culturels, les modifient, les mettent en avant, les questionnent. Graffitis (le très troublant "tunnel" de Jean-Luc Moulène - des graffitis violents, sexuels, meurtriers... dans un lieu de passage sombre, étrange)
Des affiches de pubs lacérés (le "lacéré anonyme" de Jacques Villeglé) : d'un coup, mélanger la surexposition du sexe (pubs pour des minitels roses) à des coups de griffes, des coups de colères, qui en même temps font apparaître autre chose, un nouveau langage, une nouvelle signification.
La mise en question des nouveaux medias, leur pouvoir de communiquer à travers le monde et en même temps de nous "trop informer", de nous agresser avec des publicités, de nous endormir devant des images de guerre, de violence, que l'on finit par ne plus voir, ne plus comprendre.
Quelques reflexions aussi sur la possibilité d'une vie, d'une nature dans la ville. Parfois, une vraie bouffée d'oxygène : une plante qui prend le dessus, ou qui parvient à se lier complètement à la structure, parfois une nature morte, brisée, arrachée. Ou encore une nature violente qui reprend ses droits et remodèle notre univers (images d'inondations)
Par rapport aux destructions de la guerre, à la violence de la pollution, une très belle oeuvre de Thomas Hirschhorn "outgrowth" :
des mappemondes recouvertes par endroit de scotch bruns, telles des plaies, des furoncles. collées tout le long, des photos de guerre, de meurtres...
Un espace dédié à la reflexion autour des identités communautaires : trois films notamment : un noir qui est aspergé de lait. Sa peau qui devient blanche le temps de quelques secondes. A la fois une pleine acceptation de cet élément naturel sur son corps, et à la fois la transformation de son corps par ce liquide.
Des témoignages d'hommes qui racontent comment un jour leur vie religieuse à basculer. Pourquoi ils ont retrouvé leur liberté, comment, à quelles conditions (valérie mrejen : "dieu")
les photos de Valérie Jouve étaient égalment très belles et essayaient de poser la question du corps dans le monde urbain : "la raideur d'un espace et la fluidité d'un corps"
Je suis sortie de cette expo touchée, troublée, réconfortée aussi. Il y a de l'espoir, de l'humour, de l'utopie, des rêves. Il y a des obstacles, de la violence, de la mort.
Et il y a nous, qui pouvons faire quelque chose.