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| | Barbey d'Aurevilly (1808-1889) | |
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Auteur | Message |
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Marie kiss la joue Animation
Nombre de messages : 2576 Age : 36 Localisation : Rennes/Paris Date d'inscription : 03/04/2007
| Sujet: Re: Barbey d'Aurevilly (1808-1889) Mer 18 Nov 2009, 09:52 | |
| En fait, par ses attitudes et son apparence de dandy qu'il cultive, il se rattache davantage aux décadents, mais d'un point de vue chronologique, il appartient à la première moitié du XIXème. On s'y perd un peu, en gros | |
| | | Harelde pilier
Nombre de messages : 7283 Age : 49 Localisation : Yvelines Date d'inscription : 18/09/2008
| Sujet: Re: Barbey d'Aurevilly (1808-1889) Mer 18 Nov 2009, 09:56 | |
| On s'y perd, mais c'est intéressant. Existe-t-il une chronologie des différents courants littéraires qui se sont succédés ? | |
| | | Prince d'Aquitaine Animation
Nombre de messages : 2948 Age : 34 Localisation : Maromme, Seine-Maritime Date d'inscription : 29/05/2009
| Sujet: Re: Barbey d'Aurevilly (1808-1889) Mer 18 Nov 2009, 09:56 | |
| Bah ses dates montrent bien qu'il a traversé le siècle. Donc c'est difficile de le classer car il a forcément évolué avec son temps (tout comme Hugo).
Pour ce qui est du dandysme, il s'inscrit dans la lignée de la jeunesse des années 30; dans les récits de la bataille d'Hernani, on peut lire à propos des romantiques que ce sont des "dandys". | |
| | | Prince d'Aquitaine Animation
Nombre de messages : 2948 Age : 34 Localisation : Maromme, Seine-Maritime Date d'inscription : 29/05/2009
| Sujet: Re: Barbey d'Aurevilly (1808-1889) Mer 18 Nov 2009, 09:59 | |
| - Harelde78 a écrit:
- On s'y perd, mais c'est intéressant.
Existe-t-il une chronologie des différents courants littéraires qui se sont succédés ? Pour le XIXe, c'est trop difficile, car différents mouvements se succèdent et se superposent, et certains auteurs sont en marge de tout mouvement (Flaubert, Baudelaire... sont inclassables). Mais on pourrait faire une chaîne comme celle-ci : néo-classicisme - romantisme - parnasse - réalisme - naturalisme - symbolisme - décadence. Mais c'est vraiment avec de très grosses ficelles | |
| | | Harelde pilier
Nombre de messages : 7283 Age : 49 Localisation : Yvelines Date d'inscription : 18/09/2008
| Sujet: Re: Barbey d'Aurevilly (1808-1889) Mer 18 Nov 2009, 10:01 | |
| - Prince d'Aquitaine a écrit:
- Harelde78 a écrit:
- On s'y perd, mais c'est intéressant.
Existe-t-il une chronologie des différents courants littéraires qui se sont succédés ? Pour le XIXe, c'est trop difficile, car différents mouvements se succèdent et se superposent, et certains auteurs sont en marge de tout mouvement (Flaubert, Baudelaire... sont inclassables).
Mais on pourrait faire une chaîne comme celle-ci : néo-classicisme - romantisme - parnasse - réalisme - naturalisme - symbolisme - décadence. Mais c'est vraiment avec de très grosses ficelles Cette chaine correspond au seul XIXe ? | |
| | | Marie kiss la joue Animation
Nombre de messages : 2576 Age : 36 Localisation : Rennes/Paris Date d'inscription : 03/04/2007
| Sujet: Re: Barbey d'Aurevilly (1808-1889) Mer 18 Nov 2009, 10:07 | |
| Sauf que la décadence n'est pas un mouvement (oui je suis chiante ) | |
| | | Prince d'Aquitaine Animation
Nombre de messages : 2948 Age : 34 Localisation : Maromme, Seine-Maritime Date d'inscription : 29/05/2009
| Sujet: Re: Barbey d'Aurevilly (1808-1889) Mer 18 Nov 2009, 10:07 | |
| - Harelde78 a écrit:
- Cette chaine correspond au seul XIXe ?
Oui | |
| | | Prince d'Aquitaine Animation
Nombre de messages : 2948 Age : 34 Localisation : Maromme, Seine-Maritime Date d'inscription : 29/05/2009
| Sujet: Re: Barbey d'Aurevilly (1808-1889) Mer 18 Nov 2009, 10:09 | |
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| | | troglodyte pilier
Nombre de messages : 1058 Age : 54 Localisation : Strasbourg Date d'inscription : 25/01/2006
| Sujet: Re: Barbey d'Aurevilly (1808-1889) Mer 18 Nov 2009, 18:54 | |
| Oui d'Aurevilly est pompeux, dandy décadent ultra royaliste snob, mais il n'empêche qu'il est très plaisant à lire, je vois en lui un ancêtre de Baudelaire ! | |
| | | Marie kiss la joue Animation
Nombre de messages : 2576 Age : 36 Localisation : Rennes/Paris Date d'inscription : 03/04/2007
| Sujet: Re: Barbey d'Aurevilly (1808-1889) Jeu 19 Nov 2009, 13:58 | |
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| | | Prince d'Aquitaine Animation
Nombre de messages : 2948 Age : 34 Localisation : Maromme, Seine-Maritime Date d'inscription : 29/05/2009
| Sujet: Re: Barbey d'Aurevilly (1808-1889) Jeu 19 Nov 2009, 15:54 | |
| Oui, je suis d'accord avec toi C'est pour ça que je disais que c'est très difficile de classer au XIXe s. Je parlais de Flaubert et Baudelaire, mais bien d'autres sont tout aussi inclassables : Gautier (romantique puis parnassien), Huysmans (naturaliste puis décadent), Balzac (romantique, fantastique, réaliste, philosophique...), Hugo (romantique, réaliste, social...), Nerval (romantique, pré-symboliste), les Goncourt... A part certains faciles à classer (Zola, Musset...) les auteurs du XIXe ont subi tant d'influences qu'ils en sont inclassables. Je parlais de Flaubert, qui a 3 branches distinctes dans son œuvre (antique, médiévale, réaliste) + le roman totalement hybride qu'est Bouvard et Pécuchet. | |
| | | rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
| Sujet: Re: Barbey d'Aurevilly (1808-1889) Sam 21 Nov 2009, 08:35 | |
| - Wivi a écrit:
- Le style est pompeux en somme
Si on prend le début de A un dîner d’athées, on voit que Barbey d’Aurevilly ne dédaigne pas la pompe d’un style qui s’apparente à du Bossuet : éloquence du rythme ternaire, volonté de persuader ou d’impressionner le lecteur : la fin des activités, la fin du jour, la fin de vie, - Citation :
- « Jamais à aucune heure de la journée, les églises de province ne sont plus hantées par ceux qui les fréquentent qu’à cette heure vespérale où les travaux cessent, où la lumière agonise, et où l’âme chrétienne se prépare à la nuit, - à la nuit qui ressemble à la mort et pendant laquelle la mort peut venir. »
sans parler du tableau funèbre qui suit, où fantomale reprend le mot hantées du premier extrait. - Citation :
- « Deux maigres cierges, perchés au tournant de deux piliers de la nef, assez éloignés l’un de l’autre, et la lampe du sanctuaire, piquant sa petite étoile immobile dans le noir du chœur, plus profond que ce qui était noir à l’entour, faisaient ramper sur les ténèbres qui noyaient la nef et les bas-côtés, une lueur fantomale plutôt qu’une lumière »
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| | | rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
| Sujet: Re: Barbey d'Aurevilly (1808-1889) Sam 21 Nov 2009, 08:50 | |
| Baudelaire et Barbey d'Aurevilly sont pratiquement contemporains dans leur production littéraire. Baudelaire avril 1821 et mort le 31 août 1867 - Spoiler:
Salon de 1845 (1845) Salon de 1846 (1846) La Fanfarlo (1847), nouvelle Du vin et du haschisch (1851) Fusées (1851), journal intime L'Art romantique (1852) Morale du joujou (1853, réécrit en 1869) Exposition universelle (1855) Les Fleurs du mal (1857) Le Poème du haschisch (1858) Salon de 1859 (1859) Les Paradis artificiels (1860) La Chevelure (1861) Réflexions sur quelques-uns de mes contemporains (1861) Richard Wagner et Tannhäuser à Paris (1861) Petits poèmes en prose ou Le Spleen de Paris (1862), poème en prose Le Peintre de la vie moderne (1863) L'œuvre et la vie d'Eugène Delacroix (1863) Mon cœur mis à nu (1864), journal intime Curiosités esthétiques (1868) L'Art romantique (1869) Journaux intimes (1851-1862)
Barbey 2 novembre 1808 - Paris, 23 avril 1889. - Spoiler:
Le Cachet d’Onyx, composé en 1831 Léa, 1832 L’Amour impossible, 1841 La Bague d’Annibal, 1842 Le Dessous de cartes d’une partie de whist, 1850 (reprise dans les Diaboliques) Une Vieille Maîtresse, 1851 L’Ensorcelée, 1852 (sous le titre de La Messe de l’abbé de La Croix-Jugan), 1855 Le Chevalier Des Touches, 1863 Un Prêtre marié, 1864 Le Plus Bel Amour de Don Juan, 1867 (reprise dans les Diaboliques) Les Diaboliques, 1874 Une Histoire sans nom, 1882 Une Page d’histoire, 1882 (sous le titre Retour de Valognes. Un poème inédit de Lord Byron), 1886 Ce qui ne meurt pas, 1883 Œuvres poétiques [modifier] Ode aux Héros des Thermopyles, 1825 Poussières, 1854 Amaïdée, 1889 Rhythmes oubliés, 1897
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| | | Hexagone pilier
Nombre de messages : 524 Age : 53 Localisation : Ile de France Date d'inscription : 15/11/2009
| Sujet: Re: Barbey d'Aurevilly (1808-1889) Sam 21 Nov 2009, 08:58 | |
| Je constate qu'il y a des amateurs d'Aurevilly. Quel livre me conseillez-vous ? | |
| | | troglodyte pilier
Nombre de messages : 1058 Age : 54 Localisation : Strasbourg Date d'inscription : 25/01/2006
| Sujet: Re: Barbey d'Aurevilly (1808-1889) Dim 22 Nov 2009, 14:46 | |
| Je te conseille l'Ensorcelée. C'est comme écrit d'un seul trait, on dirait un seul morceau de musique, et en plus c'est grandiose, comme tu pourras le constater en visionnant cette vidéo réalisée par l'OPEP : https://www.youtube.com/watch?v=tDlxryMx53g. | |
| | | Hexagone pilier
Nombre de messages : 524 Age : 53 Localisation : Ile de France Date d'inscription : 15/11/2009
| Sujet: Re: Barbey d'Aurevilly (1808-1889) Dim 22 Nov 2009, 16:42 | |
| Merci je prends bonne note. Est ce que le Chevalier Destouche est abordable ? | |
| | | rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
| Sujet: Re: Barbey d'Aurevilly (1808-1889) Dim 22 Nov 2009, 18:08 | |
| - Hexagone a écrit:
- Merci je prends bonne note. Est ce que le Chevalier Destouche est abordable ?
ben oui, puisque je l'ai lu | |
| | | Hexagone pilier
Nombre de messages : 524 Age : 53 Localisation : Ile de France Date d'inscription : 15/11/2009
| Sujet: Re: Barbey d'Aurevilly (1808-1889) Dim 22 Nov 2009, 20:03 | |
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| | | Prince d'Aquitaine Animation
Nombre de messages : 2948 Age : 34 Localisation : Maromme, Seine-Maritime Date d'inscription : 29/05/2009
| Sujet: Re: Barbey d'Aurevilly (1808-1889) Jeu 15 Avr 2010, 18:06 | |
| Oui, Les Diaboliques est un recueil très fort!! 6 nouvelles qui plongent de plus en plus dans l'horreur. L'évolution thématique est très impressionnante, l'on passe de la "tâche noire" du "Rideau cramoisi" à la destruction pure et simple de "La Vengeance d'une femme".
Chez Barbey, la femme est vénéneuse, elle porte le mal en elle. C'est presque dans la tradition des Pères de l'Église que se place Barbey, légitimiste ultra-catholique. La femme est plus forte que l'homme, que ce soit physiquement (dans la force ou la beauté) ou moralement (immoralement serait plus juste). Quoique, la destruction dans la dernière nouvelle prolonge mais s'oppose à celui d'"A un dîner d'athées". D'un côté, le sublime de l'horreur, dans une perspective baudelairienne; de l'autre, la crudité de la dépravation.
Dans tous les cas, la relation entre l'homme et la femme est un combat (d'escrime dans "Le Bonheur dans le crime"). L'aspect charnel est fortement dépassé par l'horreur. Mais là encore, Barbey innove en ne faisant pas résider l'horreur dans le crime, mais dans d'autres éléments qui font oublier le crime.
C'est aussi la peinture d'une société révolue, mais qui semble fasciner Barbey. Les tableaux successifs se passent sous la restauration ou la Monarchie de Juillet. La description des hommes d'Empire déchus, au début d'"A un dîner d'athées", est véritablement saisissante, et l'on repère forcément l'influence de Musset dans le portrait de ces hommes d'Empire qui avaient touché le sublime de l'honneur napoléonien, et qui furent mis au ban de la société après les Cent-Jours.
Enfin, le style de Barbey est vraiment reconnaissable. Des ruptures narratives très sèches, presque artificielles, des accumulations de syntagmes séparés par des virgules, beaucoup de désignations par pronoms antéposés... Tout cela se lit parfaitement et plonge le lecteur dans un univers pécheur qui mêle romantisme, "baudelairisme" et décadence. | |
| | | Harelde pilier
Nombre de messages : 7283 Age : 49 Localisation : Yvelines Date d'inscription : 18/09/2008
| Sujet: Re: Barbey d'Aurevilly (1808-1889) Ven 16 Avr 2010, 07:24 | |
| Tu me donnes envie de le finir cher Prince... Me reste les deux dernières nouvelles à lire. | |
| | | Kervinia pilier
Nombre de messages : 3822 Age : 35 Localisation : Seine-et-Marne Date d'inscription : 04/04/2010
| Sujet: Re: Barbey d'Aurevilly (1808-1889) Sam 17 Avr 2010, 16:19 | |
| Je vois que mon Barbey chéri a donné lieu à beaucoup de bavardages. =D Je l'ai rencontré l'année dernière, à l'occasion d'un cours sur "Roman et Histoire au XIXe siècle", mené par le même prof que celui des "Récits exemplaires" (c'est mon directeur de recherches en fait ^^). L'oeuvre phare de ce cours, c'était Le Chevalier des Touches de Barbey. On avait le choix de faire un mini-mémoire, soit sur cette oeuvre - le sujet était alors "Aimée de Spens et le Chevalier des Touches : des personnages sublimes" - soit sur d'autres, telles que Les Chouans de Balzac ou encore Ivanhoé de Walter Scott. J'ai beaucoup aimé Le Chevalier des Touches Histoire de vous proposer mon propre résumé... Barbey d'Aurevilly raconte dans ce livre une histoire vraie : celle de la délivrance du Chevalier Des Touches, héros au service d'un royalisme qui se meurt, par douze de ses compagnons, des chouans tout comme lui. C'est à l'une d'entre eux, Barbe de Percy, que l'auteur donne à raconter tout cela, dans un salon antique du 19è siècle, à ses vieux amis, tous victimes de la Révolution. En parallèle, se détache une histoire d'amour tragique, celle de la belle Aimée, qui porte si bien son nom, et d'un compagnon d'armes du Chevalier Des Touches, surnommé par tous M. Jacques.En vérité, au début, j'avais un peu peur. Peur du résultat : un royaliste fanatique écrivant sur des royalistes fanatiques... Et puis, finalement, j'ai adoré, je suis tombée sous le charme. Le Chevalier Des Touches est exécrable, mais pour ce qu'on le voit... D'un certain côté, il est sublime, mais de l'autre, c'est un véritable monstre. En revanche, je me suis beaucoup attachée aux deux héroïnes de cette histoire : Barbe de Percy, l'homme manqué, et Aimée de Spens, la grande amoureuse au courage indéniable. Du point de vue du style, je dirais que c'est assez inégal. Il y a des passages qui me semblent un peu lourds de ce point de vue là, et d'autres qui sont absolument magnifiques, de vrais chef d'oeuvres. La fin, notamment, est sublime. Quant à la dramatisation, l'auteur la maîtrise parfaitement. Je le conseille vraiment à ceux qui n'ont pas encore eu l'occasion de le lire. - Citation :
- [Chapitre IV ; au moment où je commence, c'est Barbe de Percy qui parle]
- Quelques hommes suffisaient pour enlever Des Touches, et ceux qu'on choisit à Touffedelys étaient hommes à aller le reprendre sous le tranchant de la guillotine ou à la gueule de l'enfer... Ce sont ceux-là que depuis on a appelés les Douze, et qui ont perdu dans ce nom collectif des Douze leur nom particulier que personne ne sait à cette heure. - Parfaitement vrai ! dit M. de Fierdrap intéressé, qui décroisa ses jambes de fer, et refit, en sens inverse, l'X qu'elles formaient. Nous n'avons pas entendu dire un seul de leurs noms en Angleterre, n'est-ce pas l'abbé ? et Sainte-Suzanne lui-même ne les savait pas. - Et quand celle qui vous raconte cette histoire, au coin du feu, dans cette petite ville endormie, reprit mademoiselle de Percy, sera couchée dans sa bière, sous sa croix, dans le cimetière de Valognes, il n'y aura plus personne pour dire ces noms oubliés à personne... Ceux qui les ont portés étaient trop fiers pour se plaindre de l'injustice ou de la bêtise de la gloire. "Aimée que vous voyez d'ici, abîmée en elle-même bien plus que dans sa broderie, s'est absorbée dans son M. Jacques, et Sainte et Ursule de Touffedelys ne vous diraient peut-être pas tous les douze noms des Douze, mais moi, je le puis, je les sais ! Et, après ma mort, - ajouta-t-elle, presque belle d'enthousiasme mélancolique, elle, qui n'était qu'un laideron joyeux, - tout le temps que je ne serai pas tout à fait dissoute en poussière, ces noms qui méritaient la gloire et qui ne l'ont pas eue ! On les trouvera dans mon coeur." Cette année, dans le cadre du cours sur "Les Récits exemplaires au XIXe siècle" (encore lui ! j'ai relu René de Chateaubriand dans les mêmes circonstances), j'ai eu l'occasion de lire Les Diaboliques et j'ai trop accroché. =D Et une fois encore, c'est sur cette oeuvre que j'ai décidé de faire un mini-mémoire. Là, il n'y avait pas un sujet particulier pour chacune des oeuvres proposées ; il s'agissait juste d'expliquer en quoi l'oeuvre choisie est un récit exemplaire. C'est ainsi qu'après avoir papoté sur des personnages sublimes, je me suis retrouvée à papoter sur des personnages caractérisés par un "sublime à la renverse", en bref des monstres à l'état pur. Rotko a d'ailleurs cité un passage de l'oeuvre très révélateur à ce sujet : - Citation :
- Il était effrayé de ce sublime horrible, car l’intensité dans les sentiments, poussée à ce point, est sublime. Seulement c’est le sublime de l’enfer.
Troglodyte a fait quelques fois références à des traits typiques du récit exemplaire : - Citation :
- Et enfin s'il fallait discerner un prix de "profondeur des caractères des personnages", je le donnerais à Laclos, et placerais Sade en dernière position.
Il est vrai que Barbey n'a pas recherché une réelle profondeur ; ce qui lui importe, c'est de faire une série de personnages types, restant ainsi fidèle à l'un des multiples principes du récit exemplaire. De là encore ce que Troglodyte a très bien dit : - Citation :
- Les nouvelles qui composent les Diaboliques sont très bien construites, usant des narrations à tiroirs et laissant des parties de récit dans l'ombre, des interrogations sans réponses qui sont autant de portes ouvertes pour le lecteur.
Un récit exemplaire attend toujours un effort de participation de la part du lecteur : à lui de déchiffrer le sens second du texte. Ceci étant, à un moment, Rotko cite cet autre passage des Diaboliques : - Citation :
- « A une époque où la foi religieuse et les moeurs publiques étaient fortes; l'Inquisition, ce tribunal qui jugeait la pensée, cette grande institution, dont l'idée seule tortille nos petits nerfs et escarbouille nos têtes de linottes, l' Inquisition savait bien que les crimes spirituels étaient les plus grands, et elle les châtiait comme tels.. Et de fait, si ces crimes parlent moins aux sens, ils parlent plus à la pensée etc. »
Cela permet de comprendre en quoi la fillette du "Plus bel amour de Don Juan" est diabolique au regard de Barbey. Sur le coup, je ne comprenais pas ; j'aurais eu tendance à rire, comme sa mère lol Passant comme d'habitude du coq à l'âne (j'ai horreur des transitions), je voudrais relever (encore !) une phrase de Troglodyte : - Citation :
- Il n'est qu'un homme et l'on devine bien, deci delà, que certains aspects du mal lui procurent une excitation.
Oooowi ! De toute évidence, Barbey préfère le sublime dans le mal à la pure et simple médiocrité. J'ai d'ailleurs l'impression - mais n'ayant lu que deux de ses oeuvres, je me trompe peut-être - qu'il ne s'intéresse qu'à l'extraordinaire, que l'ordinaire n'a pour lui aucun intérêt - ce qui trancherait avec bien des auteurs de son époque, qui eux ont découvert les vertus de l'ordinaire. Et pour finir, je voudrais citer un passage qui m'a marquée. Certains, peut-être beaucoup, se demanderont pourquoi. XD Mais enfin, je pense que pour Barbey, je serais extrêmement diabolique... Ce passage est tiré du "Bonheur dans le crime". - Citation :
- - Et ils n'ont jamais eu d'enfants, docteur ? - lui dis-je.
- Ah ! - fit le docteur Torty, - vous croyez que c'est là qu'est la fêlure, la revanche du Sort, et ce que vous appelez la vengeance ou la justice de Dieu ? Non, ils n'ont jamais eu d'enfants. Souvenez-vous ! Une fois, j'avais eu l'idée qu'ils n'en auraient pas. Ils s'aiment trop... Le feu, - qui dévore, - consume et ne produit pas. Un jour, je le dis à Hauteclaire : "- Vous n'êtes donc pas triste de n'avoir pas d'enfant, madame la comtesse ? "- Je n'en veux pas ! - fit-elle impérieusement. J'aimerais moins Serlon. Les enfants, - ajouta-t-elle avec une espèce de mépris, - sont bons pour les femmes malheureuses ! | |
| | | Sève neophyte
Nombre de messages : 6 Date d'inscription : 28/04/2010
| Sujet: Barbey d'Aurevilly Mer 28 Avr 2010, 19:15 | |
| Bonsoir à tous. Je voudrais faire partager la joie que j'ai à lire Barbey d'Aurevilly que j'ai découvert il y a quelque temps, poésie à couper le souffle, écriture magnifique, décidément le 19ème me fait rêver | |
| | | Kervinia pilier
Nombre de messages : 3822 Age : 35 Localisation : Seine-et-Marne Date d'inscription : 04/04/2010
| Sujet: Re: Barbey d'Aurevilly (1808-1889) Jeu 29 Avr 2010, 15:29 | |
| Joie partagée J'adore Barbey | |
| | | Sève neophyte
Nombre de messages : 6 Date d'inscription : 28/04/2010
| Sujet: Re: Barbey d'Aurevilly (1808-1889) Ven 30 Avr 2010, 07:14 | |
| C'est plus que de la littérature ou alors c'est de la littérature symphonique ! Et "la vieille maîtresse", quel chef d'oeuvre : | |
| | | rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
| Sujet: Re: Barbey d'Aurevilly (1808-1889) Ven 30 Avr 2010, 07:32 | |
| On avait noté sur ce fil que le film une vieille maitresse n'avait pas eu beaucoup d'éloges. je n'ai pas lu l'oeuvre.(1) Apparemment Prince a bien aimé le début d' A un dîner d'athées. Moi j'ai trouvé le style pompeux, voire page 4. je préfère le rideau cramoisi Merci, Sève, de parler de Barbey d'A. (1) Sauf erreur, le livre fait 540 pages chez Folio, ce qui me décourage, sauf fort stimulant des admirateurs | |
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| Sujet: Re: Barbey d'Aurevilly (1808-1889) | |
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| | | | Barbey d'Aurevilly (1808-1889) | |
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