Paul Auster

Depuis le temps que mes libraires me disent qu'il faut absolument que je lise Paul Auster, il faudrait vraiment que je m'y mette. Pourquoi ne pas commencer par Moon Palace (je ne sais pas le titre m'inspire ) ? Je dois avoir quelque part le Voyage d'Anna Blume...

Ce n'est pas possible depuis que je suis sur ce forum j'ai envie de lire des tonnes bouquins à la fois.

Moon Palace:

Ce qui m'a le plus frappée dans cette oeuvre vertigineuse de Paul Auster ,c'est qu'au travers de la superbe construction du roman, autour de la recherche d'identité faite des errances, des hasards entrecroisés, on ne peut qu'être littéralement happée par cette spirale qui nous ramène toujours au thème central : la solitude puis la rédemption ...

Il y a toujous cette "mise à mort " ,cette descente aux enfers qui passe par une transformation physique du personnage ,qui ne trouve plus sa place ni son rôle social (ex. MS ) qui se retrouve rejeté (cf Barber dont le corps est devenu "un donjon")et "transforme sa culpabilité en désir d'expiation "
(ex.L'agression de Eiffing prenant son agression comme une "rétribution cosmique")

Tous ces personnages passent par cet état d'isolement puis de soumission à l'univers qui les entoure .
Il y a ce rapport constant avec l'environnement (cf la très belle description dans Central Park pour le héros) ,cette dépendance à laquelle ils doivent s'assujettir avant de pouvoir renaitre ,"en se laissant en arrière "comme le dit Marco Stanley dans les dernières lignes...

...Et toujours cette lune qui les guide ,fil conducteur et emblématique de ce fabuleux récit par laquelle semble percer l'espoir ,à l'image de cette citation de Tesla :
<<Le soleil est le passé , la Terre le présent , la Lune le futur .>> :idea:


Un magnifique moment de lecture!
merci à GDS* sans qui ce livre aurait encore pû encore dormir induement sur mon étagère ...

Dans le scriptorium le dernier roman de Paul Auster (Actes Sud), est en librairie !


Pas encore lu, je le commence sous peu.
En attendant, voici le commentaire du site de la FNAC :

Citation :

Incarcéré dans une chambre, un homme tente de reconstituer le puzzle d'un passé oublié et peut-être coupable.
Aux confins du fantastique, un roman labyrinthique qui entre en résonance avec les interrogations de l'Amérique contemporaine.
L'homme qui, ce matin-là, se réveille, désorienté, dans une chambre inconnue est à l'évidence âgé. Il ne sait plus qui il est, il ignore pourquoi et comment il se retrouve assigné à résidence entre les quatre murs de cette pièce, percés d'une unique fenêtre, d'ailleurs condamnée, et d'une porte que des "visiteurs" vont franchir, dans un sens ou dans l'autre. Sur un bureau, sont soigneusement disposés une série de photographies en noir et blanc qui lui rappellent vaguement quelque chose, deux manuscrits et un stylo.
Qui est-il ? Et que lui veulent ses interlocuteurs, dont cette Anna qui lui donne du "Mr Blank" et lui tient des propos, plutôt amicaux, où il est question de comprimés, d'un traitement en cours, mais aussi, étrangement, d'amour et de promesses ? Toute une journée se passe, lors de laquelle les "visiteurs" qui se présentent semblent reprocher au vieil homme, incrédule, de les avoir jadis envoyés accomplir de mystérieuses et périlleuses missions dont certains d'entre eux sont revenus irrémédiablement détruits.
Et cependant qu'entre deux vertiges, corps et mémoire en déroute, Blank interroge des souvenirs qui refusent de se laisser exhumer tout en prenant connaissance des récits que délivrent les énigmatiques manuscrits placés là à son intention, une caméra et un micro, infatigablement, enregistrent le moindre geste, les moindres bruits de cette chambre où il subit son ultime et interminable épreuve.
Après l'immense succès rencontré par Brooklyn Follies, Paul Auster s'engage dans une exploration radicale du territoire métaphysique où son oeuvre s'enracine depuis son entrée en écriture et livre un roman aux confins du fantastique, qui, tout en mettant en scène la relation du romancier à ses personnages, entre en résonance avec les interrogations les plus profondes de l'Amérique contemporaine quant à ses responsabilités face à l'Histoire.
Au sommet de son art et de sa notoriété, un écrivain accepte ici de se réinventer pour questionner les labyrinthes dulangage et affronter de manière exemplaire les exigences de la fiction dans son essence même.

J'ai moi aussi entendu quelques echos par ci par là.

J'ai lu Paul auster avec beaucoup de plaisir, sans pourtant lire tous ses livres. Dans scriptorium l'ecrivain ferait revenir des anciens personnages ou lancerait des clins d'oeil à ses précedents ouvrages.

On attendra donc ton avis, Provence, car si l'auteur tourne en vase clos, ou parle à des initiés, le lecteur occasionnel que je suis risque de rester sur la touche...

Depuis quelque temps on me parlait souvent de Paul Auster, ce romancier américain que l'on aime ou que l'on déteste. Je m'étais même acheté Le Voyage d'Anna Blume, que je n'ai toujours pas lu.
Pendant les vacances de printemps j'ai eu l'occasion de dévorer Moon Palace (du même auteur), et là j'ai été soufflée par le génie de cet écrivain. Du début à la fin du livre, il nous fait tourner en bourrique avec son personnage, qui ne sait plus vraiment qui il est et où il va.

Citation :

J'étais arrivé au bout du monde, et au-delà ne se trouvaient que de l'air et des vagues, un vide qui s'étendait sans obstacle jusqu'aux rives de la Chine. C'est ici que je commence, me dis-je, c'est ici que débute ma vie.

Bref, c'était tout simplement époustouflant, le narrateur nous fait rencontrer des personnages plus loufoques les uns que les autres. Il y en a surtout trois que j'ai particulièrement apprécié : Kitty, le vieil homme et un autre qui ne fait qu'une seule apparition, l'homme au parapluie.

Citation :

Mais il abordait, en cette nuit de printemps sans un nuage, un parapluie ouvert au-dessus de sa tête. Cela semblait déjà assez incongru, mais je remarquai aussi que le parapluie était démoli : le tissu protecteur avait été arraché de l'armature, et avec ses baleines nues étalées, inutiles, dans le vide, il avait l'air de transporter une immense et invraisemblable fleur d'acier.

Ayé, j'ai fini Travels in the Scriptorium...

J'avais adoré Brooklyn Follies... Et j'avais un vieux souvenir assez incertain de la trilogie lue (ou peut-être même juste entamée) il y a une bonne dizaine d'années..

Or donc... ce scriptorium.. j'ai lu beaucoup d'articles qui l'encensaient.. la quatrième de couverture cite des critiques anglais qui estiment auster au sommet de son art, vantent la mise en abîme et la subtilité de l'image...

Bon... je l'ai lu, j'ai bien aimé...
mais bon... la mise en abîme, l'image.. je ne les trouve pas très subtiles moi.. tout se décante dans les 10 dernières pages... comme s'il fallait finir vite fait... C'est peut-être fait exprès, ca relève peut-être d'une intention particulière de l'auteur.. mais ca m'a laissé une drôle d'impression..

Je n'ai pas eu ce moment de plaisir, dont parlait Mona, d'avoir envie de rester dans le livre et de continuer avec les personnages une fois qu'on en a lu la dernière page, comme pour Brooklyn Follies.

(j'ai mis un passage du livre que j'aime bien sur mon site, mais comme c'est en anglais, je vous l'évite ici sauf si vous insistez )

roudita a écrit:

Or donc... ce scriptorium.. j'ai lu beaucoup d'articles qui l'encensaient.. la quatrième de couverture cite des critiques anglais qui estiment auster au sommet de son art, vantent la mise en abîme et la subtilité de l'image...

Bon... je l'ai lu, j'ai bien aimé...
mais bon...

Oui, je reste aussi dubitatif. Le compte rendu de la Fnac ne se mouille pas, il raconte l'histoire.

On attend d'une page à l'autre des éclaircissements sur le passé d'un homme enfermé dans sa chambre. Une prison, un hosto ?

Cet homme lit l'histoire d'un autre, et pendant qu'il lit, on reste à faire le poireau. Le livre compte 145 pages, j'ai attendu 65 pages sans être plus avancé.

Comme dit Roudita, c'est certainement bien,

Citation :

mais bon...

Je viens de découvir cet auteur avec la lecture de "Brooklyn Follies".

J'ai bien aimé le personnage de Nathal Glass et sa philosophie de vie. Un livre qui se lit agréablement, mais il ne fait pas partie des livres sur lesquels j'ai vraiment accroché.

J'adore Paul Auster, mais j'ai trouvé qu'il manquait quelque chose à "Brooklyn Follies". Je n'ai pas tellement accroché...

Tous les livres de Paul Auster ne se valent pas, je pense, mais il y a quelques perles (Mr. Vertigo, la Trilogie New-Yorkaise, Le Noël d'Auggie Wren)

Seul dans le noir paraîtra bientôt chez Actes Sud.

August Brill, lpersonnage central du livre, est un critique littéraire resté infirme après un accident de voiture.

Il s'invente une vie peuplée des personnages de ses lectures.

Rue 89 sur seul dans la nuit

Citation :

Mêlant uchronie et profonde réflexion sur les pouvoirs de la littérature aujourd’hui, "Seul dans le noir" est le meilleur roman de Paul Auster depuis "Léviathan"… en 1993! C’est, aussi, un livre très agressif sur les Etats-Unis. Deux jours avant l’investiture d’Obama, Rue89 a rencontré Auster.

C’est pourtant une histoire simple. Celle du narrateur, August Brill. Soixante-douze ans, critique littéraire à la retraite, ancien directeur littéraire du Boston Globe, par le passé lauréat du Pulitzer de la critique. Un homme handicapé depuis un accident de voiture.

l'article

Décidément, je crois que je vais craquer pour ce livre...

Ce que j'adore, chez Paul Auster, c'est la réflexion constante (et souvent symbolique) menée dans ses ouvrages sur la littérature, le rôle de l'écrivain, de l'écriture, du livre même.

Forcément, ce sont là des thèmes qui ne peuvent que m'attirer.

Dans Le Voyage d'Anne Blume, c'est justement ça qui m'a frappée: l'idée qu'une humanité sans culture, sans art, sans littérature, est vouée à la disparition. On y trouve d'ailleurs un clin d'oeil au "livre cathédrale" de Proust, puisque la bibliothèque ressemble à un monument religieux...

Ou comment la mémoire des mots devient la mémoire de l'homme...

J'ai fini Seul dans la nuit.


Un court roman, mais superbe. Le narrateur, critique littéraire de 72 ans, vit dans la maison de sa fille après un accident qui l'a laissé infirme. Sa petite-fille, traumatisée par la mort en Irak d'un garçon avec qui elle venait de rompre, les a rejoints. Trois blessés de la vie réunis et qui tentent de s'aider à en sortir... Le récit se développe pendant une nuit d'insomnie, allégorie, je crois, de cette Amérique post- 11 septembre qui tente de panser ses blessures. August Brill revient sur sa vie, celle de ses proches et invente - pour passer le temps ? pas seulement - une histoire étrange dont le héros est transporté dans une autre dimension du réel où l'Amérique est en proie à la guerre civile...
Je l'ai lu justement en une nuit... Parfois, j'adore être insomniaque

Paul Auster était invité ce matin sur France Inter.

Vous pouvez écouter l'émission

question huis clos, on est servi avec le voyage d'Anna Blume mais il y a toujours cette volonté chevillée au corps d'en sortir.

Oui, Soussou, l'espoir ne faiblit pas

Bon, je ne participe pas à cette lecture commune pour la simple et bonne raison que j'ai déjà lu le Voyage d'Anna Blume (et que je n'ai pas les moyens d'acheter en belle édition le dernier paru...), mais ça ne m'empêche pas de donner un avis !

J'ai lu et étudié ce livre dans le cadre d'un séminaire sur la contre-utopie, ou dystopie. Et c'est comme cela aussi que j'ai lu Paul Auster pour la première fois.

J'ai pu noter qu'ici aussi revient une thématique récurrente chez lui: la réflexion sur la littérature, l'écriture, l'objet livre (plus ou moins considéré comme le "livre cathédrale" de Proust). Finalement, l'espoir réside dans l'écriture et dans la sauvegarde des mots : si les écrits disparaissent, c'est l'humanité qui s'éteint, sombre dans l'oubli, se perd. De même qu'écrire est ce qui permet de garder la mémoire et d'éviter la folie.

L'oeuvre est dure, certains passages sont particulièrement glauques, mais l'ensemble nous embarque dans ce monde clos dont on ne peut sortir, dont on cherche en vain l'issue, où l'horreur et le désespoir se vivent dans l'apathie du quotidien et de la lutte incessante contre la désagrégation de toute chose. J'ai trouvé ce livre envoûtant, bien que dérangeant, et vraiment intéressant dans cette réflexion, cette idée que la dystopie, l'apocalypse, passe par la perte des mots et de leurs supports...

Première lecture commune à laquelle je participe. Il faut dire aussi que j'avais prévu de lire ce livre depuis longtemps.



Le voyage d’Anna Blume

Anna Blume part à la recherche de son frère qui a mystérieusement disparu dans une ville dont on ne connait pas le nom. Alors que cela fait quelques années qu’elle est arrivée – sans avoir retrouvé son frère – elle commence à écrire une très longue lettre sans grand espoir qu’elle parvienne un jour à son destinataire. A travers les mots, d’Anna B., comme j’aime l’appeler, le lecteur découvre un monde qui s’effondre.

Vous avez déjà parlé de la perte de la mémoire, du rôle des livres et de l'espoir. J’aimerais simplement mentionner autre chose. Le gouvernement de la ville est une puissance de l’ombre qui prend des mesures vaines, souvent arbitraires (d’autant plus que le gouvernement change régulièrement). Les quelques règles très rigides édictées n’empêchent pas les abus et dans cette ville en huis clos terrifiante la barbarie règne souvent en maître (l’épisode de l’abattoir humain m’a tétanisée). Pourtant Anna B. fait des rencontres qui vont lui redonner courage et petit à petit, vont permettre à sa vie de retrouver un visage humain : Isabelle, Sam puis Victoria et Boris.

Anne B. occupe une place un peu particulière dans mes lectures. Je crois que j’ai acheté ce livre il y a quelques années. Seulement s’il est resté bien sagement dans ma bibliothèque, le résumé a du me marquer : « Une ville au bout du monde, cernée de murs, livrée à désagrégation ». J'ai souvent été hantée par l’histoire d’une ville où les livres disparaissaient et où les habitants perdaient la mémoire. Inutile de vous dire que lorsque j’ai ouvert ce livre et que j'ai commencé à lire les premières lignes j’ai ressenti quelque chose d’extrêmement étrange. Comme si ce livre m’avait toujours accompagnée. Pour autant j’ai savouré chaque moment, chaque découverte.

J’ai été marquée par ce livre qui évoque des thèmes qui me sont chers. J'avais aimé Moon Palace mais ce livre là est beaucoup plus fort.

Etrange histoire, Moon...

Quelque part, ta réflexion m'en évoque une autre, plus large : n'est-ce pas finalement une peur que ceux qui aiment les mots, les livres, cet univers, ont au fond d'eux, de façon diffuse, quasi inconsciente ?

Anna B. , comme d'autres livres du même style, soulève cette question qui forcément nous est chère... mais qui est sans doute terrifiante pour nous aussi, car les livres sont "notre" univers, un repère essentiel.

A moins que ces images qui te hantaient ne viennent d'une autre lecture, plus ancienne ?

Il y a pas mal d'explications possibles. Ce n'était pas seulement les livres, c'était cette histoire de mémoire. Peut-être qu'il y a d'autres livres qui abordent ce thème.

L'histoire de l'abattoir humain n'est pas neuve, (l'ai-je lue dans un livre intitulé shock Corridor et dont Samuel Fuller aurait tiré un film ? )mais toujours impressionnante, et finalement assez proche de ce qui se passe en temps de barbarie.

Dépouiller les cadavres serait une pratique courante en temps de guerre, ai-je entendu raconter.

Spoiler:

le thème des livres qui brûlent - ou sont interdits, se retrouve aussi dans farenheit, et je crois que dans ce livre certains apprennent par coeur des ouvrages classiques.

Les autodafés anciens comme les usages plus récents de régimes totalitaires expliquent sans doute nos frayeurs.

C'est pourquoi je m'indigne quand j'entends parler d'un livre inutile pour une catégorie de population.

J'ai pensé aussi à Farenheit. Et même si la référence n'est pas hautement littéraire, ce thème se retrouve aussi chez A. Nothomb, dans les Catilinaires.

Je trouve ça captivant.

Ah bon, elle parle des livres dans les catilinaires ?

moi je pensais aux combustibles.

Gnu. Exact. Merci Rotko. De titre, je confonds toujours les deux.

Sans doute parce que ça commence par la même lettre.

Donc oui, c'est bien des Combustibles dont je parlais. D'ailleurs, je n'ai pas lu l'autre.