Pascal Garnier

Comment va la douleur?

Ce roman est avant tout une histoire de personnes qui n'ont à priori ,rien en commun mais que les hasards de la vie ont placé là,au même endroit ,une petite station thermale un peu désuète...S'ensuit des rencontres fortuites ,des situations un peu insolites ,un road movie improbable.Mais au cours duquel tous ces personnages vont apprendre à se connaître ,à s'apprivoiser ,et finalement s'enrichir mutuellement...

Pascal Garnier sait bien créer les ambiances ,son univers est légèrement déjanté et ses intrigues se construisent un peu comme un "puzzle",comme il le dit lui même.Mais même si cette façon de procéder le classe parmi les auteurs de polars ,ce qui lui importe le plus c'est de dévoiler l'âme humaine ,ses espoirs et ses blessures.
On rit beaucoup ,malgré tout ,car même si son humour est un peu noir ,ses formules font mouche.On s'attache à ces drôles de héros qui n'en sont pas, désenchantés ou carrément naïfs qui nous entrainent dans un monde un peu bancal.
J'y ai trouvé beaucoup de tendresse malgré le ton souvent cynique ,et c'est ce qui m'a plu .Le style est fluide ,les phrases courtes ,les mots simples et les sentiments forts.Je l'ai commencé et ne l'ai plus lâché...

J'ai eu le privilège de le rencontrer , un gars étonnant , apparemment complètement autodidacte. En regard de sa simplicité , de son naturel, son écriture est étonnante de finesse dans les analyses psychologiques. J'ai lu deux ou trois livres de lui ( dont l'A 26), à chaque fois un régal. Merci de me donner l'occasion d'en parler.

monilet a écrit:

J'ai eu le privilège de le rencontrer , un gars étonnant , apparemment complètement autodidacte. En regard de sa simplicité , de son naturel, son écriture est étonnante de finesse dans les analyses psychologiques. J'ai lu deux ou trois livres de lui ( dont l'A 26), à chaque fois un régal. Merci de me donner l'occasion d'en parler.

..Oui ,bien d'accord avec toi sur cette personnalité très attachante ! J'ai aussi pû lui parler un peu et l'écouter surtout ,à une rencontre fnac-forum ,et il est surprenant de naturel et d'auto-dérision...Quelqu'un qui cache derrière son humour pas mal de fêlures surement ,mais généreux avant tout.Complètement en dehors du système ,mais fasciné par le fonctionnement humain qu'il sait bien analyser ,et sans artifice!

Comment va la douleur ? de pascal garnier. Edition ZULMA

il a écrit d'autres livres ? il a beaucoup d'homonymes, notamment un auteur de livres pour la jeunesse, assez prolifique.

Voici le début que vous considérerez comme à usage personnel

"C’est à peine audible, une vague rumeur montant du fond de la nuit mais suffisante pour faire voler son sommeil en éclats. Le ronflement de la
mobylette croît inexorablement jusqu’à devenir en passant sous sa fenêtre aussi intolérable que la fraise du dentiste sur une dent cariée. Puis elle s’éloigne et disparaît comme elle était venue ne laissant
derrière elle qu’une longue déchirure dans la ville endormie. Il n’a pas ouvert les yeux, pas esquissé un mouvement, tout juste une crispation au coin de la bouche pour manifester son agacement au passage de l’insecte mécanique.

Allongé sur le dos, mains croisées sur le ventre, Simon a tout du gisant
d’église. L’une après l’autre il soulève ses paupières,lourdes et rouillées, semblables au rideau de fer desvieilles boutiques. À tâtons il cherche ses lunettes sur la table de nuit. Il n’y voit guère mieux après les
avoir chaussées. L’aube grise derrière les ondulationsdu voilage filigrané de motifs végétaux baigne la chambre d’une teinte uniforme. Chaque meuble,chaque objet semble dépourvu de volume, comme si on en avait tracé à la hâte les contours à même les murs. Couvre-lit, couverture, draps sont à peine dérangés. Il a dormi calmement, d’une traite. Si le
moteur à deux temps n’était pas venu rompre le charme, sans doute dormirait-il encore. Sa pendulette de voyage à côté de la lampe de chevet indique six heures onze. Il avait programmé la sonnerie pour
sept heures. Quelle importance? À présent il est tout à fait réveillé. Et puis, dans les chambres d’hôtel, le temps n’a plus cours, il stagne, pareil au bras mort d’un fleuve."

monilet a écrit:

Surpris aussi par la beauté de sa langue écrite, un peu décalée par rapport à l'oral brut, rugueux.

C'est tout à fait vrai ,ses paroles sont provoc' ,un petit côté Gainsbourg en moins extrème (sans doute aiment-ils les mêmes liquides ) mais il manie les mots avec aisance ,et même une certaine grâce ,une poésie lorsqu'il les couche sur le papier.
Je pense que ce type là a une sensibilité à fleur de peau ,comme les timides qui se cachent derrière leur gouaille...Et puis ,il a pas mal bourlingué (parti de chez lui à 15ans ) et il a dû apprendre le monde sans manuel et sans artifices. Ce qui lui donne peut-être cette vision si juste des choses ,"au plus près" on va dire ,et ce don du détail ?
...En tout cas ,on est dans le vif!


Pour répondre à rotko ,oui ,c'est bien le même qui écrit des bouquins pour enfants...Il ne vit que de l'écriture ,d'où son côté prolifique ...
(mais lui ,c'est pour survivre ,pas le même cas que pour E.ES!!

aérial a écrit:

c'est bien le même qui écrit des bouquins pour enfants...Il ne vit que de l'écriture ,d'où son côté prolifique ...
(mais lui ,c'est pour survivre ,pas le même cas que pour E.ES!!

alors il faut tout dire

Citation :

Nouvelliste et romancier, Pascal Garnier construit une œuvre partagée entre la littérature sombre (aux marges du roman noir) et la littérature pour la jeunesse.
Il a déjà publié une cinquantaine de livres.

des bribes d'entretiens et un aperçu de ses livres

De lui, lu également et énormément apprécié " les hauts du bas" et les nouvelles ( je crois, souvenir plus lointain) " vue imprenable sur l'autre". Conclusion : aimé trois livres lus sur trois, un sans faute.

Article paru dans le Point (nov.06)

<<Histoire d'un vieux tueur à gages qui accomplit sa dernière mission ,un baroud d'honneur , avant de mettre fin à ses jours.Sur sa route ,il croise un jeune homme naîf et sociable ,une sorte de crétin poétique dont il faoit son acolyte des dernières heures .(...)
L'auteur ,Pascal Garnier ,qui a reçu cette année le grand prix de l'Humour noir ,s'empare du cliché et le remodèle en une oeuvre littéraire.
"Comment va la douleur?".Cette phrase empruntée au savoir -vivre africain donne le ton à une histoire subtilement conduite ,légère mais assidûment serrée sur sa matière qui est cette amitié maladroite entre deux hommes qui ne le sont pas moins .Un style au plus près de l'os et sans fioritures . On y prend goût et on en redemande .>>

-Karine Papillaud -

Il n'écrira plus

Ses meilleurs livres :

« Personne n'est à l'abri du succès »,
« Comment va la douleur ? »
et « la Théorie du panda ».

« Beaucoup de ses personnages étaient des zonards un peu paumés, des types tendres, drôles, attachants. Il y a des gens qui ne sont pas comme leurs livres, mais lui, il était vraiment comme ça. Beaucoup de poésie, un humour noir assez ravageur, sans cynisme. »

dit son éditrice chez Zulma.

Son prochain livre, précise bibliobs, doit sortir en mai, compilation de trois récits réédités. Il s'appelle « les Insulaires et autres romans ».

Pascal Garnier, Le grand loin, chez Zulma.

1/2

Au départ on croit à un de ces paumés que l’époque dépose (plus ou moins doucement !) sur le bord de la route. Pas agressif, un rien lunaire.

Un I-NA-DAP-TE, peut-être ?

Soumis à la tentation d’aller voir ailleurs, sans prévenir sa copine.

Il prend sa voiture.

Il prend sa fille dans un hôpital, et en route !

vers… vers quoi ? Vers l’imprévu.

Il sera servi.

L’auteur a reçu le Grand prix de l’humour noir en 2006

2/2 Pascal Garnier, Le grand loin, chez Zulma

quelques personnages :

- Il y a un chat : Boudu

Citation :

« -Il est pratique ton chat. Tu le transbahutes ici et là, jamais un miaulement plus haut que l’autre;Il n e lui manque qu’une poignée. »

- Il y a un fétiche africain hérissé de clous et une opération du doigt assez saignante

voici le docteur

Citation :

« Même en le redressant d’un crochet au menton, le docteur Blanchard ne devait pas dépasser le mêtre soixante. »

- il y a un café

Citation :

« Il y faisait chaud et jaune comme dans un oeuf »

- il y a quelques cinglés

Citation :

« C’était un homme qui conaissait la vie mais qui, depuis longtemps, en avait perdu l’adresse »

Un livre original, qui, après un début un peu gris, dévoile des à-cotés surprenants. Pascal Garnier est un roublard.

J'ai terminé La théorie du panda de Pascal Granier. Heureusement c'est très court... Gabriel, un homme déconcertant de simplicité exerce une attraction curieuse sur les gens qu'il rencontre, créant rapidement un petit monde gravitant autour de lui. Mais peu à peu, d'horribles souvenirs remontent à la surface de sa mémoire et le masque se brise. Je n'ai pas aimé. C'est trop pesant, trop glauque, sans avoir la touche de génie derrière qui vient sublimer le tout. Un livre que j'aurai vite fait d'oublier.

J'enchaine sur les Nouvelles courtoises, dans la collection des Lettres gothiques. Ca me changera les idées.