La guerre d'Algérie dans la littérature: vos expériences

Bonjour,

Commençons par une brève introduction: je m’appelle Marjolein, je suis une étudiante néerlandaise et je fais des études en littérature comparée. Ma thèse de maîtrise portera sur les textes littéraires qui traitent de la guerre d’Algérie, et surtout sur leurs fonctions et effets pour les lecteurs de ces textes. Au cours des années, cette guerre a été – et continue d’être – le sujet de beaucoup de romans, poèmes, etc. écrits en France et en Algérie.

J’aimerais bien en apprendre plus sur ce que ces textes signifient (ou ont signifié) pour vous, en tant que lecteurs individuels. Je ne m’attends bien sûr pas à ce que vous répondiez à toutes ces questions (même si cela m’aiderait beaucoup) , mais je m’intéresse à toutes vos réflexions sur ce sujet.

- Quels textes littéraires vous viennent à l’esprit, quand vous pensez à la guerre d’Algérie ? Avez- vous lu ces textes ?

- Qu’est-ce que ces textes signifient pour vous ? (les considérez-vous par exemple comme des sources d’information, comme des symboles de l’histoire nationale/ de votre famille, provoquent-ils des réflexions, des émotions ?)

- Quel type de texte ‘préférez’-vous, quand il s’agit de la représentation de la guerre ? (Des textes qui se déroulent pendant la guerre / qui mettent plutôt l’accent sur les conséquences de la guerre et sur l’avenir / qui donnent une représentation plutôt factuelle / qui mettent l’accent sur les relations humaines, etc.)

- Quelle est l’importance, pour vous, du style du texte et de la langue dans laquelle il a été écrit ?

- Que pensez-vous de l’importance de la littérature dans la construction de la mémoire de la guerre d’Algérie, en comparaison avec les autres média et les histoires personnelles de famille/ des ami(e)s, par exemple ?

Merci beaucoup d’avance de tout ce que vous voulez partager là-dessus !

Bien cordialement,
Marjolein

A brûle-pourpoint, je dirais Kateb yacine et un livre deZamponi

Tu trouveras aussi des références sur le fil du 19 octobre 1961.

Sans oublier Jerôme Ferrari ou Laurent Mauvignier.

C'est, tu le sais , une question très sensible encore à notre époque, et à laquelle s'intéressent des romanciers qui n'ont pas connu les faits, mais en ont senti les silences pesants.

Comme dans ce livre Sébastien de Spilmont, où un enfant découvre un autre visage de son grand père.

Dis-nous autour de quelles oeuvres tourne ton mémoire, il est possible que nous en ayons entendu parler...

Merci pour la réponse, Rotko!

Dans mon mémoire, je mettrai l'accent sur les expériences des lecteurs, sur les fonctions et effets que la littérature pourrait avoir pour des lecteurs 'réels'. Après je me concentrerai sur les livres qui semblent avoir le plus d'importance pour les lecteurs. Les critiques spontanées que des lecteurs ont laissées sur des sites web littéraires me donnent déjà une impression, mais ces critiques ont presque toujours rapport à des livres récents et ainsi ne donnent pas forcément une image complète des livres qui ont eu le plus grand impact aux lecteurs.

Voilà pourquoi j'aimerais bien savoir quels textes ont eu le plus grand impact dans votre propre lecture, quels aspects de ces textes vous intéressent le plus, quelles fonctions ces textes remplissent pour vous, en tant que lecteurs individuels.

Merci!

Merci pour les liens, rotko, ils sont très intéressants!

j'aurais dit : l'impact de la guerre d'Algérie sur la littérature.

C'est à Kateb Yacine qu'on doit la formule s'approprier la langue française comme un butin de guerre qui justifie la littérature francophone des dominés, extension du domaine.

PATRICK CHAMOISEAU
Écrire en pays dominé
Première parution en 1997
Collection Folio (n° 3677), Gallimard

Écrire en pays dominé c'est l'histoire d'une vie, la trajectoire d'une conscience, l'intime saga d'une écriture qui doit trouver sa voix entre langues dominantes et langues dominées, entre les paysages soumis d'une terre natale et les horizons ouverts du monde, entre toutes les ombres et toutes les lumières. Écrivain, Marqueur de Paroles, et finalement Guerrier, Patrick Chamoiseau interroge les exigences contemporaines des littératures désormais confrontées aux nouvelles formes de domination et à la présence du Total-monde dans nos imaginaires.

je réfléchirai à tes questions, en laissant aussi la parole à d'autres   

Ah, je pense que ma formulation du titre prête peut-être à confusion: ce que je voulais dire, en fait, c'est l'impact de littérature (...) sur les lecteurs, et sur la construction de la mémoire collective de cette guerre. Je vais voir si je peux changer/préciser le titre

Un livre qui m'a marquée : c'est un livre de photographies d'appelés pendant la guerre.
Elles sont accompagnées de textes de Tramor Quemeneur et Slimane Zeghidour.
Le titre : l'Algérie en couleurs (photographies 1954-1962) chez Les Arènes

Merci beaucoup, Suzanne. Autre part j'ai lu que c'est un livre qui fait ressortir beaucoup de souvenirs des anciens appelés. Je ne l'ai pas (encore) lu moi-même, mais il me semble que c'est un livre intéressant et impressionnant.
Ce livre a-t-il changé vos idées de cette guerre? Préférez-vous la non-fiction à la fiction, quand il s'agit de ce sujet?

Et les autres? Quels livres vous ont marqué(e)s? Quelles sont les fonctions de la littérature traitant de la Guerre d'Algérie, dans vos propres lectures?

Encore merci!

vois aussi ce fil


Composé de témoignages, d'entretiens et de documents, Nous les appelés d'Algérie évoque au plus près une guerre coloniale qui ne dit pas son nom. Au cours de son enquête, Jean-Pierre Vittori force le secret de ce qui s'est réellement passé dans l'esprit et dans le cœur des quelque deux millions d'appelés d'Algérie. Trente ans après sa première édition, cette enquête éclaire d'une autre lumière les tensions qui règnent aujourd'hui dans les quartiers défavorisés et les banlieues.

En fait entre les livres de témoignages et les oeuvres littéraires, la frontière est mince pour moi. Si tu as lu les fils indiqués, tu verras que souvent pour la venue d'un auteur des  appelés en Algérie ont apporté leurs témoignages, avec courage car peu fiers souvent du rôle qu'ils ont été amenés à jouer.

Sur un fil était mentionné un groupement d'anciens soldats qui ont repris des contacts en Algérie, expériences qu'ils racontaient avec beaucoup d'émotion, pleurant parfois en public. Bien sûr d'autres lecteurs n'ont pas eu ces contacts, ensevelissant dans leurs mémoires, des épisodes trop gênants.

ce sont les générations suivantes qui cherchent à savoir. On pourrait aussi parler des films, ceux de René Vautier, de Mohammed Lakhdar-Hamina , chronique des années de braise, et de la bataille d'Alger.