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 GUILLERMO CABRERA INFANTE (CUBA)

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Sapho
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Sapho


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MessageSujet: GUILLERMO CABRERA INFANTE (CUBA)   GUILLERMO CABRERA INFANTE (CUBA) EmptyDim 02 Fév 2014, 18:56

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Guillermo Cabrera Infante


Romancier, nouvelliste et essayiste, Guillermo Cabrera Infante est né le 22 avril 1929 à Gibara (Cuba). Il exerce très jeune divers métiers et étudie le journalisme. En 1951 il fonde la Cinémathèque de Cuba et dirige la revue la revue de cinéma Carteles (1954-1960). Les articles de critique cinématographique très littéraires qu'il y publie seront réunis plus tard dans un recueil intitulé Un métier du XXe siècle (1963).

En 1959, au moment de la révolution contre la dictature de Fulgencio Batista, Guillermo Cabrera Infante fonde Lunes de Revolution, un supplément littéraire au journal du jeune régime castriste, mais ses pages seront interdites peu après, en 1961, lorsqu'il prend position contre la politique de Fidel Castro. Après une mise au placard comme attaché culturel à Bruxelles de 1962 à 1965, il décide de rompre avec le régime cubain et s'exile définitivement, s'installant à Londres avec son épouse l'actrice Miriam Gomez. Il y passera tout le reste de sa vie et deviendra citoyen britannique.

Considéré comme l'un des chef de file de la littérature latino-américaine contemporaine, Guillermo Cabrera Infante a commencé son oeuvre en publiant un premier recueil de nouvelles intitulé Dans la paix comme dans la guerre (La Havane, 1960), suivi en 1964 du célèbre roman Trois Tristes Tigres qui décrit la nuit cubaine avant la révolution. Paraîtront ensuite divers recueils et récits tels entre autres Vision de l'aube aux tropiques (1974) ou Coupable d'avoir dansé le cha-cha-cha, ainsi que plusieurs essais et pamphlets anti-castristes tels Mea Cuba (1992) entre autres. Son oeuvre la plus connue est le roman La Havane pour un infante défunt, publié en 1979, où il évoque avec humour et nostalgie une série d'aventures érotiques à La Havane. Parmi les dernières fictions éditées, citons aussi Holy smoke (1986), écrit directement en anglais.

Guillermo Cabrera Infante était également traducteur, notamment de James Joyce et Lewis Caroll en espagnol. Sa littérature, d'une prodigieuse érudition, riche en inventions verbales, pleine d'humour et de dérision, est fortement marquée par l'expérience de l'exil et par l'engagement anti-castriste. Il a reçu en 1997 le Prix Cervantes, le plus prestigieux des prix littéraires espagnols.

Guillermo Cabrera Infante est mort à Londres le 21 février 2005,
à l'âge de 75 ans, des suites d'une septicémie contractée lors d'une hospitalisation.


Dans la paix comme dans la guerre

Les récits de Guillermo Cabrera Infante réunis dans ce volume constituent une sorte de chronique de la vie quotidienne à Cuba sous la dictature de Batista. Utilisant ses souvenirs personnels, l'auteur nous offre une description de la société de son pays. Chaque récit est précédé et suivi d'une vignette : tel est le nom de ces résumés brefs, percutants, que Guillermo Cabrera Infante offre au lecteur dans un style volontairement dépouillé de tout pittoresque, de toute note subjective. Grâce à ces vignettes, l'auteur nous reporte brusquement au niveau de l'horreur dans laquelle vivaient, se débattaient, mouraient de mort violente les Cubains avant la révolution fidéliste. Le livre du conteur cubain, mieux que tous les reportages, mieux que tous les récits de voyage, permettra au lecteur de saisir les raisons de la profonde colère qui poussa le peuple de la plus grande des îles de la mer des Caraïbes à triompher de la tyrannie et à défendre les conquêtes de sa Révolution


C’était aussi un styliste extrêmement doué capable d’écrire dans une vaste gamme de registres : styles parlés, proses calculées et tirées au cordeau, dialogues philosophiques, etc. La Havane a été pour Infante ce que Dublin aura été pour Joyce (et la méditerranée pour Ulysse) : la ville de l’errance, de la quête du plurilinguisme, du sexe, de l’amour et de la métaphysique (sans cesse reniée, sans cesse convoquée). À l’heure où l’on essaye de nous vendre un métissage de seconde zone, un métissage en toc (le métissage pour le métissage), il n’est pas vain de lire la prose précise et ironique de Cabrera Infante qui articule avec un soin mathématique les sources les plus diverses qui se rencontrent à Cuba.

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Sapho
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MessageSujet: Re: GUILLERMO CABRERA INFANTE (CUBA)   GUILLERMO CABRERA INFANTE (CUBA) EmptyJeu 06 Fév 2014, 13:32

Le roman qui le fit connaître date de 1968. Il s'agit d'une version remaniée d'un manuscrit d'abord intitulé "Ella cantaba boleros / Elle chantait le bolero" et qui s'intitulera en définitive "Tres Tristes Tigres / Trois Tristes Tigres." L'écrivain y relate la vie nocturne de trois jeunes gens, à La Havane, en 1958 et utilise avec brio la langue propre à Cuba, accumulant aussi les clins d'oeil et les références à d'autres oeuvres littéraires. Très mal accueilli dans l'île de Castro, l'ouvrage sera interdit comme contre-révolutionnaire, son auteur exclu de l'Union des Ecrivains et déclaré traître à la Révolution.

Critique implacable d'un régime qu'il avait pourtant appelé de ses voeux, Cabrera Infante ne devait jamais revoir son pays. Il ne devait pas non plus autoriser la publication de "Tres Tristes ..." et de "La Habana para un Infante defunto / La Havane pour un Infante défunt" dans le cadre autorisé par le Ministère de la Culture castriste.


Trois tristes tigres , 1967

EXTRAIT

L'histoire de son enfant idiot t'a ému, comme nous ? Eh bien, ce n'est pas vrai, je peux te le dire : il n'existe aucun enfant, ni idiot ni prodige. C'est son mari qui avait une fillette, tout à fait normale, de douze ans. Il dut l'envoyer à la campagne parce qu'elle lui rendait la vie impossible. Elle est mariée, c'est vrai, avec un marchand de fritas de la place de Marianado (il s'arrêta et fut sur le point de prononcer comme une précieuse Marianado), un pauvre homme à qui elle fait du chantage et quand elle lui rend visite dans son travail, c'est pour lui voler des hot-dogs, des œufs et des pommes de terre farcies, qu'elle mange dans sa chambre. Je dois te dire qu'elle mange comme un régiment et toute cette nourriture c'est nous qui devons la payer et elle a toujours faim. C'est pour cela qu'elle est énorme comme un hippopotame et comme eux elle est amphibie.

Elle se baigne trois fois par jour : quand elle arrive le matin, à midi quand elle se réveille pour déjeuner et le soir avant de sortir parce que ce qu'elle peut transpirer. Elle fait eau de toutes parts comme si elle avait toujours la fièvre et c'est ainsi qu'elle passe sa vie dans l'eau : transpirant, buvant de l'eau et se baignant.

Et tout cela en chantant : elle chante quand elle rentre le matin, elle chante sous la douche, elle chante en s'habillant pour sortir, elle chante toujours. Le matin quand elle rentre nous l'entendons avant qu'elle ne pousse sa chansonnette parce qu'elle s'agrippe à la rampe pour monter les escaliers, tu connais ces escaliers de marbre et à balustrade en fer des maisons du vieux quartier du Vedado. Elle monte ainsi accrochée à la rampe et toute la balustrade tremble et résonne dans la maison, et dès que le fer tambourine sur le marbre, elle se met à chanter.

Elle nous a fait des tas d'histoires avec les voisins d'en dessous, mais on ne peut rien lui dire, car elle ne veut rien entendre : « C'est l'envie » dit-elle, « l'envie qui les fait parler. Vous verrez comme ils vont m'aduler quand je deviendrai célèbre ». Car elle est obsédée par la célébrité et nous aussi nous sommes obsédés par sa célébrité : nous mourrons d'envie qu'elle devienne célèbre et qu'elle finisse par fiche le camp avec sa musique ou plutôt sa voix — car elle prétend qu'elle n'a pas besoin de musique pour chanter puisqu'elle la porte en elle — avec sa voix ailleurs.
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rotko
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MessageSujet: Re: GUILLERMO CABRERA INFANTE (CUBA)   GUILLERMO CABRERA INFANTE (CUBA) EmptyJeu 06 Fév 2014, 14:45

4 titres dans ma mediathèque, mais il faut chercher à Cabrera ;

Trois tristes tigres

Coupable d'avoir dansé le cha-cha-cha

Le miroir qui parle

Dans la paix comme dans la guerre

Merci Sapho, d'avoir ouvert ce fil pertinent.
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