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 Lisons-nous des oeuvres tristes ?

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rotko
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MessageSujet: Lisons-nous des oeuvres tristes ?   Lisons-nous des oeuvres tristes ? EmptySam 28 Déc 2013, 06:42

Les Français déprimés par leur littérature titre le Figaro dont voici l'essentiel :

- les étagères de nos bibliothèques sont remplies d'œuvres qui permettent de dérouler ces «cinquante nuances de noir». Nos auteurs les plus illustres broient du noir, ce qui instaurerait une certaine tradition du pessimisme.
Une coutume qui remonte au XVIIe siècle, avec René Descartes qui institue le doute comme premier réflexe de tout bon philosophe. Et il n'est pas le seul responsable. Chez les Lumières, Voltaire se moque allègrement de l'optimisme de son personnage Candide.

- Chateaubriand dans René caractérise «le mal du siècle» vécu par cette jeunesse «misérable, stérile et désenchantée».

- Le poème Melancholia, où Victor Hugo évoque le «bonheur d'être triste», en étant intégré aux programmes scolaires, habitueraient les élèves français à trouver une beauté artistique dans ces mornes sentiments.

.
Citation :
Difficile de parler de Charles Baudelaire sans évoquer son spleen, sujet central de plusieurs de ses poèmes. Albert Camus et Jean-Paul Sartre auraient «adopté l'ennui comme un mode de vie et philosophique». Françoise Sagan a intitulé son premier roman Bonjour tristesse, qu'elle ouvre avec cette complainte: «Sur ce sentiment inconnu dont l'ennui, la douceur m'obsèdent, j'hésite à apposer le nom, le beau nom grave de tristesse».

«les personnages de Michel Houellebecq mènent invariablement une existence vide, souvent sordide, et sont toujours déçus». Tous ces auteurs, chéris par les lecteurs français, participeraient à la vaste institutionnalisation de la culture de la morosité.

Etonnant qu'on n'invoque pas Zola ! ni les" mélodrames qui font pleurer margot". Depuissans famille et les deux orphelines ce prétendu "mal culturel" n'est pas nouveau...
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MessageSujet: Re: Lisons-nous des oeuvres tristes ?   Lisons-nous des oeuvres tristes ? EmptySam 28 Déc 2013, 07:52

Rotko a écrit:
Chateaubriand dans René caractérise «le mal du siècle» vécu par cette jeunesse «misérable, stérile et désenchantée».
rien de nouveau sous le soleil ! le mal-être de l'adolescence se poursuit souvent dans l'âge adulte. Et puis l'être humain est un animal triste, bien qu'il ait reçu le rire en cadeau.
On a toujours donné à la tristesse une espèce de noblesse usurpée. Les rieurs ne font pas "sérieux", on les prend souvent pour des rigolos, sans plus ! des futiles, des ... à la limite, peu intelligents. Ils dérangent les sérieux, les aigris, les "qui se la pète". J'ai beaucoup étudié le problème, faisant partie des rieurs impénitents ! et j'observe toujours (même sur internet), ces réactions d'aigris et de pisse-froid, vis à vis de mes bavardages sans intérêt et de mes rires "intempestifs". J'ai trois neurones, mais ils fonctionnent pour me permettre d'observer mes contemporains et de prendre un peu de hauteur vis à vis de leurs jugements.
Mais, c'est vrai, la littérature est triste comme un bonnet de nuit.
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MessageSujet: Re: Lisons-nous des oeuvres tristes ?   Lisons-nous des oeuvres tristes ? EmptySam 28 Déc 2013, 08:06

Cioran est-il un boute-en-train ? pour autant est-il profond ?

Je pose ces deux questions. Auxquelles personne ne répond ♪♫♪♫
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MessageSujet: Re: Lisons-nous des oeuvres tristes ?   Lisons-nous des oeuvres tristes ? EmptySam 28 Déc 2013, 08:35

Cioran, un boute-entrain ?
Cioran un être profond, oui, certainement ! d'une lucidité telle qu'il en est désespéré.
 
Citation :
Il n'est pas illégitime de me traiter, comme on l'a fait, de professeur de désespoir, de souligner ma filiation avec Schopenhauer. Je ne suis pas le seul, j'ai, dans cette lignée, de prestigieux aînés, Maupassant, Conrad, Thomas Mann, par exemple. Et Cioran, auquel je reproche pourtant de n'avoir jamais cité Schopenhauer.
 
   « La possibilité d'une île : interview de Michel Houellebecq »,
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MessageSujet: Re: Lisons-nous des oeuvres tristes ?   Lisons-nous des oeuvres tristes ? EmptySam 28 Déc 2013, 09:15

l'expression "professeurs de désepoir" vient d'un essai de Nancy Huston, dont le moins qu'on puisse dire est qu'il est contestable

Lisons-nous des oeuvres tristes ? Na10

En tant que lecteurs ou spectateurs, au contraire, nous encensons les chantres du néant, prônons une sexualité aussi exhibitionniste que stérile, et écoutons en boucle la litanie des turpitudes humaines. A quoi est dû cet écart grandissant, à l'orée du XXIe siècle, entre ce que nous avons envie de vivre (solidarité-générosité-démocratie) et ce que nous avons envie de consommer comme culture (transgression-violence-solitude-désespoir) ?
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MessageSujet: Re: Lisons-nous des oeuvres tristes ?   Lisons-nous des oeuvres tristes ? EmptySam 28 Déc 2013, 09:19

Rotko a écrit:
'un essai de Nancy Huston, dont le moins qu'on puisse dire est qu'il est contestable

je ne l'ai pas lu. Tu peux me dire, en gros, pourquoi il est contestable ?
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MessageSujet: Re: Lisons-nous des oeuvres tristes ?   Lisons-nous des oeuvres tristes ? EmptySam 28 Déc 2013, 09:40

quelques remarques en vrac

Nancy Huston démarre son ouvrage les professeurs de désespoir en se revendiquant comme femme et mère, laissant plus ou moins entendre que les joies de la maternité rendraient généreux alors que le discours des hommes non pères serait négatif, comme attentatoire à la vie.

A priori les femmes seraient donc généreuses et optimistes, sauf Elfriede Jelinek.

Elle ne craint pas de prendre des positions polémiques. Résumer une pièce de thomas Bernhard par l'adjectif ennuyeux montre un parti-pris évident.

Sur cet auteur, l’enfance d’un chef p.167. Elle écrit

Citation :
Il existe de fortes ressemblances psychologiques entre l’antifasciste proclamé Thomas Bernhardt et Adolf Hitler
.

A partir de cet axiome, on passe à l’étage supérieur : un parallèle entre les politiciens fous et les professeurs de désespoir

Citation :
Mon sujet est ici le nihilisme, et les raisons pour lesquelles, en Europe au XXe siècle non seulement certains politiciens en sont venus à souhaiter l’anéantissement d’un peuple entier, mais certains intellectuels et artistes en sont venus à préconiser l’anéantissement d’un peuple entier, mais certains intellectuels et artistes en sont venus à préconiser celui de l’être humain en tant que tel, voire de l’univers. Au XXVe siècle si tant est que ‘espèce humaine survive jusque là, il est bien possible que notre époque soit perçue comme celle de la Vernichtung politiciens fous et littérateurs emballés par le même absolutisme destructeur.

comment expliquer l'absence de Céline et du titre pourtant explicite Voyage au bout de la nuit ?
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MessageSujet: Re: Lisons-nous des oeuvres tristes ?   Lisons-nous des oeuvres tristes ? EmptySam 28 Déc 2013, 10:20

Citation :
Les Français déprimés par leur littérature titre le Figaro .

le taedium vitae n'est pas une innovation récente...

Rappel !

Cette expression latine est souvent traduite par «dégoût de la vie» ou «mépris de la vie». Ces traductions n’en expriment pas avec assez de justesse le sens, qui renvoie à un mal de vivre, à un ennui existentiel ou à un malaise fondamental, lequel n’est pas engendré par une affection précise, par exemple, une maladie, un état de pauvreté, un honneur blessé, mais qui se répand sur l’ensemble de l’existence.

Ce sentiment généralisé de crise* intérieure non identifiée, impression de mal habiter la terre ou de mal cohabiter avec soi, s’est répandu à Rome parmi l’élite à l’époque des guerres civiles.

Citation :
«Devant la vision apocalyptique d’un monde qui menaçait de s’écrouler au milieu des ruines de Rome et du massacre de ses plus éminents citoyens, un découragement sans bornes s’empara des âmes et des esprits les plus éclairés»

(Y. Grisé, Le suicide dans la Rome antique, p. 70).

Très significative à cet égard est la façon dont Lucrèce* dépeint l’atmosphère de dépression* collective qui a envahi la cité antique.

Citation :
«Si seulement les hommes, qui ont bien, semble-t-il, le sentiment du poids qui pèse sur leur esprit et les accable de sa pesanteur, pouvaient aussi comprendre l’origine de ce sentiment, d’où vient cette énorme masse de malheur qui oppresse le cœur, ils ne mèneraient plus cette vie dans laquelle, le plus souvent, nous le voyons, personne aujourd’hui ne sait vraiment ce qu’il veut, où chacun cherche toujours à changer de place comme s’il était possible par là de déposer le fardeau qui pèse sur nous! Tel, souvent, sort d’une vaste demeure pour y rentrer sans tarder, découvrant qu’il n’est pas mieux dehors. Le voilà qui court en hâte vers sa maison de campagne, à bride abattue, comme s’il volait au secours de son logis en flammes! Dès qu’il en a touché le seuil, il bâille, ou sombre dans un profond sommeil, en quête d’oubli — à moins qu’il ne regagne précipitamment la ville qu’il lui tarde de revoir. C’est ainsi que chacun se fuit soi-même, et cet être qu’il nous est impossible de fuir, auquel malgré soi, on reste attaché, on le hait — on est malade et on ne comprend pas la cause de son mal…» (La nature des choses, Paris, Arléa, 1992, p. 143-144).

source Wikipedia.
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MessageSujet: Re: Lisons-nous des oeuvres tristes ?   Lisons-nous des oeuvres tristes ? EmptySam 28 Déc 2013, 13:46

Huston semble un peu réductrice, quand même ! ses "assemblages" me paraissent hasardeux.

citation a écrit:
Ce sentiment généralisé de crise* intérieure non identifiée, impression de mal habiter la terre ou de mal cohabiter avec soi,
cette phrase donne une impression de déjà vu, ce n'est pas une question d'époque, mais de passages, sans doute générés par des "crises" qui suscitent l'inquiétude des populations, quelque soit le siècle... non ?

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