hier soir j'ai vu l'émission sur la chaine Arte sur la disparition du sable, une catastrophe!
Le commerce et l'extraction de granulats racontent, en creux, la folle expansion des hommes. Même s'il entre dans la composition du papier, de la lessive et des microprocesseurs, le sable nourrit d'abord massivement les appétits du secteur de la construction : les deux tiers des réalisations sont en béton. Mélangé au ciment, c'est un matériau performant, ni cher ni difficile à trouver... jusqu'il y a peu. Car les carrières accessibles se raréfient et les lits des rivières ont été vidés. Les industriels se sont alors tournés vers les fonds sous-marins, où ils extraient par pompage des quantités astronomiques de granulats grâce à d'immenses barges. Une méthode qui aspire tout sur son passage, non seulement le sable mais le plancton et les autres êtres vivants, mais, en plus, déstabilise le littoral, ce qui accélère son érosion.
Pour bâtir ses îles artificielles, Dubaï importe du sable marin d'Australie - celui des déserts n'ayant pas les qualités nécessaires ; pour gagner du terrain sur la mer, Singapour fait venir illégalement du granulat pompé chez ses voisins ; pour construire et loger leurs populations, la Chine et l'Inde, insatiables, en achètent partout... Comme la tension est réelle sur les marchés, le trafic s'organise à grande échelle. A petite aussi : le documentaire nous montre d'étonnantes images de "pêcheurs", plongeant par trois ou quatre mètres de fond pour emplir des sacs de chantier dans les lagons des Maldives ; au Maroc, les "pilleurs" du littoral transportent leur butin à dos d'âne. Leur récolte servira à construire des résidences pour les touristes attirés par les ex-belles plages de la région, elles aussi victimes de l'érosion.
A moins que la résistance ne s'organise, comme en Bretagne, où le mouvement du Peuple des dunes est parvenu à protéger la baie de Lannion, dans les Côtes-d'Armor, du projet d'extraction d'un groupe industriel régional. Pour l'instant.
source:Le Monde