Collection "Ceux qui ont dit non" d'Actes Sud Junior

Publiée par Actes Sud Junior, voilà une collection que je trouve intéressante. Intitulée "Ceux qui ont dit non",elle compte actuellement une dizaine de titres accessibles à partir de 12 ans, dans un format 11 x 17,6 cm pour moins de 100 pages. La responsable en est Murielle Szac, journaliste et écrivain, rédactrice en chef de trois mensuels de la petite enfance chez Bayard. Elle est l’auteur de Victor Hugo : « Non à la peine de mort ».
L’éditeur présente ainsi ces petits livres :

Citation :

Une collection de romans historiques destinée à éveiller l’esprit de résistance en offrant des récits de vie de figures fortes qui ont eu un jour le courage de se révolter pour faire triompher la liberté ou la justice.

Chaque roman est complété par un dossier documentaire et un dossier photos.

Les thèmes sont variés : la lâcheté, la peur, l’intolérance, l’erreur judiciaire, le massacre du peuple indien, le mépris de l’enfance, l’individualisme, l’homophobie, la colonisation… les auteurs et les personnages évoqués aussi. La documentation historique est bien choisie et sobre.

Pour ma part, j’ai choisi d’offrir deux titres à un ado de mon entourage sur l’esclavage et la discrimination raciale.

De Gérard Dhôtel, Victor Schoelcher : "Non à l’esclavage".

L’auteur est un journaliste, spécialisé dans la presse pour la jeunesse, rédacteur en chef du Monde des ados.

C’est le combat de toute une vie d’un fils de porcelainier du XIXe siècle qui nous est racontée ; il a découvert l’esclavage à l’occasion d’un voyage en Amérique du Sud, il assiste horrifié à la vente d’une jeune femme noire, négociée comme une tête de bétail. Il ne cessera ensuite de lutter pour l’abolition de l’esclavage et parviendra à faire signer un décret en 1848 quand il deviendra sous-secrétaire d’État aux Colonies. Mais l’arrivée au pouvoir de Louis-Napoléon en 1851 remettra tout en cause. Schoelder doit fuir en Angleterre et ne revient qu’en 1870, reprenant son combat en faveur des peuples colonisés. Il a aussi lutté pour l’abolition de la peine de mort. Considéré comme un héros aux Antilles, il était bien oublié en France mais en 1949, ses cendres sont transférées au Panthéon sur décision du Général de Gaulle.

Le récit est très vivant, avec des anecdotes et des phrases simples.

Citation :

La fille ne bouge pas, indifférente à ce qui se passe autour d'elle. Des hommes richement vêtus s'approchent, tâtent ses bras, ses jambes, regardent ses seins, la tournent et la retournent, lui ouvrent la bouche pour examiner ses dents. L'un d'eux lance au vendeur : "Cent piastres." Puis un autre : "Cent vingt. - Cent soixante." Le petit homme cède. La fille part pour cent cinquante piastres. Elle appartient désormais à l'homme blanc.
Victor est comme paralysé au milieu de la place brûlante. Il se sent inutile, il se sait impuissant...
Tête baissée, gorge nouée, il s'éloigne pour cacher son dégoût et sa honte...

La documentation illustrée qui suit enrichit encore ce petit roman historique en offrant des prolongements jusqu’à aujourd’hui.

De Nimrod, Rosa Parks : "Non à la discrimination raciale" .

L’auteur, Tchadien, philosophe de formation, est poète, romancier et essayiste.

Tout a commencé le 1er décembre 1955, jour où une jeune couturière, Rosa Parks, Noire américaine assise dans l’autobus, a refusé au conducteur qui lui en donnait l’ordre de céder sa place à un Blanc. Elle est arrêtée pour « non respect des lois ségrégationistes dans le sud ». Naît alors un mouvement de soutien à la jeune fille puis de révolte de la communauté noire. Libérée, Rosa deviendra une ardente militante et participera au boycott des bus de Montgomery aux côtés de Martin Luther King, durant 382 jours. Obligée de quitter l’Alabama, elle luttera toute sa vie contre la discrimination raciale.
Le récit est très habilement présenté ; c’est Rosa qui parle à la première personne et raconte à la fois sa révolte, son combat et les sentiments qui l’animent. Le ton vibrant ne peut que toucher.

Citation :

En disant non, toute désarmée que j'étais, je restais en phase avec moi-même. Je ne cherchais nullement à être une citoyenne modèle, moi que la loi excluait du droit de vote, ainsi que de la liberté de boire à n'importe quelle fontaine, de m'asseoir à la place libre qui me faisait face, de me soulager dans les toilettes publiques...
Contrairement aux humains, les animaux buvaient à la même source, quelle que fût la couleur de leur pelage. En Alabama, un écriteau surplombait nos fontaines : COLORED. Notre vie était la pancarte de la honte.

Les photos du dossier documentaire sont particulièrement parlantes et émouvantes.

J'ai beaucoup aimé ce petit livre, peut-être parce qu'on sent à quel point son auteur s'est approprié l'histoire de son héroïne.

Je suis d'accord, la collection Actes Sud Junior est superbe. Je trouve des choses intéressantes pour ma fille qui fait du théâtre comme :


http://www.actes-sud.fr/catalogue/pieces/scenes-en-duo

je rappelle le titre qu'on voit mal sur la couverture

Scènes en duo Claude CARRÉ et Christophe LÉCULLÉE.

Bien vu