Viviana Lysyj (Argentine)

La petite soeur, obnubilée par la question du baiser. La grande soeur qui découvre la sexualité avec son petit ami. La mère, en pleine crise de la quarantaine, qui ne supporte plus son mari et éprouve les émotions d'une brève aventure. Le père, un peu perdu lui aussi, qui trompe sa femme. La tante cinéaste qui a un amant, mais sera-t-il encore là demain ? Quant à l'autre tante, à 30 ans, elle est encore vierge, et ne sait plus comment porter ce secret...

Avec une ironie en demi-teinte et un humour subtil qui savent éviter la parodie, Viviana Lysyj peint la dérision du quotidien dans l'Argentine contemporaine, et plus particulièrement le désarroi qu'inspire la sexualité, à tous les âges.

je l'ai en ce moment. Il m'amuse, avec de petits chapitres comme des saynètes de bandes dessinées, avec des présences inattendues, comme le ventilateur et le magasin de poupées, acteurs dans plusieurs épisodes.

j'adore ces petits dialogues entre la grande soeur et la petite qui regardent une clip de marylin Manson

La petite annonce qu'elle va s'habiller comme lui, se colorer les cheveux en viole, porter des vêtements noirs effrangés, se mettre du fard à paupières noir et remplir des bocaux de larves et d'araignées.
"c'est ça, tarée, fais toi virer de l'ecole. si tu veux jouer la punkette ou la dark, va falloir que tu attendes d'avoir un peu grandi, sinon va à Londres ou à Berlin" [...]

la petite demande alors en riant à sa soeur de seize ans si son amoureux lui met la langue dans la bouche, la grande répond : "oui, naturellement, qu'est ce que tu crois, qu'il se contente de me bécoter ? "

Les explications qui suivent sont "très nature"

J'ai lu les quelques pages envoyées par rotko, merci à toi Sur le moment, je n'ai rien trouvé à dire

Je viens de reprendre ce début de roman et finalement, je le trouve très plaisant :
Une écriture sans fioritures qui surprend d’emblée et intrigue. De petits chapitres très courts avec des titres longs à l’ancienne qui évoquent aussi des didascalies de théâtre ou des indications de scripts de cinéma ! La mise en scène d’une famille banale qui, paradoxalement, devient insolite et originale.
On sent affleurer la satire légère mais aussi une certaine tendresse et même de la poésie. J’ai bien aimé les interrogations de la petite sœur sur le baiser et la scène à la clinique des poupées qui mêle humour et poésie.

je crois qu'Amadak n'a pas aimé. Pour goûter ces saynètes, il faut avoir l'esprit libre. J'en parlerai plus tard, car j'ai lu irrégulièrement, épisode par épisode ; J'aime bien ce ton naïf qui traite de sujets plus sérieux qu'il n'y paraît : la peur et la curiosité devant la sexualité chez la jeune ado comme chez sa soeur, un peu plus avancée dans la découverte. Toutes deux découvrent dans leur entourage "que c'est dur aussi pour les adultes"

Piercing

Viviana Lysyj qui met sur le plateau, par un jeu de rôles, différentes inhibitions sexuelles, décoince son lecteur dans des scènes très drôles. Ses analyses, toutes réjouissantes, optent parfois pour un sérieux d apparence qui n’abuse personne : pour être reçue, la proposition amoureuse doit tenir compte de plusieurs facteurs, tels que l’EOC, l’état ovarien au cube, le SAE = syndrome anorexique estival, le CCT= le collapsus par chute de tension ou l’ECP = état de commisération pieuse…

Le livre aborde aussi d’autres rivages : Un de ses personnages griffe une émission de Pivot sur l’incendie de la bibliothèque de Sarajevo

« Pivot demande alors en citant Steiner, si une personne cultivée est à l’abri de la barbarie, et elle a envie de crier que non, elle n’est pas à l’abri de la barbarie, et vous moins que les autres, qui vous êtes servis en Algérie de certains moyens de torture, que vous avez ensuite enseignés aux militaires argentins.. »

Quant à la tante cinéaste, plus évoluée sexuellement, elle tient des propos pertinents sur la photo et les photographes, Weegee, Diane Arbus et Nan Goldin.

Un embouteillage monstre pendant la grève des piqueteurs de BS Aires permet la rencontre d’une starlette siliconée et d’un manifestant. Si le ton reste léger et l’aventure cocasse, on écoute au passage le message pertinent du syndicaliste :

« Notre lutte est à l’opposé de ce que le système attend de nous, les pauvres. Le système veut des pauvres soumis, qui demandent l’aumône et baisent les pieds de ceux qui leur donnent deux sous. Il veut de présentatrices chargées d’organiser à la télé des collectes humanitaires pour doper la misère. Toutes ces animatrices, ces présentatrices, qui soutiennent les conservateurs afin de préserver leurs avantages, veulent que les pauvres optent pour le candidat qu’elles ont choisi, et qui est justement celui qui cherche à posséder ceux qui ne possèdent rien. »

Viviana Lysyj est donc une personne très recommandable, sous tous rapports, car elle donne beaucoup de plaisir à son lecteur, et de bons conseils : entre deux clins d’œil elle se moque des best-sellers américains pour recommander par exemple Cosmopolis de Don Delillo.

C'est vrai Rotko, je n'ai pas aimé le début du livre et j'ai laissé tomber. Ce que je lis maintenant me fait revivre tout ce qui se passe et s'est passé en Argentine. Actuel les grèves, les luttes des syndicalistes, le pouvoir qui cherche à perdurer pour toujours.
La citation , l'affreuse collaboration de militaires Français pour apprendre aux nôtres les tortures employées en Algérie, honte à nos deux pays!
Je pense que malgré tout ,ce n'est pas mon genre de lecture; ce que je trouve très bien c'est de recommander De Lillo; nous avons lu "l'homme qui tombe" superbe.

je ne t'avais envoyé que deux petits chapitres.

De plus il faut dans la lecture une certaine sérénité , que tu n'as pas actuellement, avec les diférents ennuis climatiques et politiques de l'Argentine. Crois bien que nous pensons à toi.

Nous échangerons sur le jardin blanc de Laura Alcoba.

tout à fait avec ta remarque sur l'état d'âme pour la lecture; ce n'etait pas le moment Mème Jardin Blanc que je trouve très réussi,et qu'on peut lire dans un jour,je l'avais laissé à la moitié. Je vais le finir aujourd'hui.
Ce que tu dis que vous pensez à moi, me réconforte, un grand merci, mes amis-es.

Ce que Viviana Lysyj dit à propos de l'Argentine nous concerne aussi ; écoute le blues de la militante

« Quelques esprits obtus ont décrété la fin des idéologies et tout a été coulé dans le béton dela pensée unique [ …] toute critique de du capitalisme était axée à Buenos Aires de psicolbolche -ou pseudo psychologie bolchevique ou plutôt néo-révolutionnaire. Lire Marelle (1) était psicolbolche, tout comme tu cultiver la mode latino-andine, ou manifester la moindre sympathie syndicaliste, ou parler de révolution et de tout ce qui pouvait rappeler le douloureux échec des grands rêves des années soixante-dix, tout cela était psicolboche »

Et le personnage se lamente :

« il faut que je fasse semblant d’aimer l’ordre des choses de l’ultralibéralisme, il faut que j’oublie queai un jour rêvé de socialisme. »


(1) qui est-ce ?