Stephen Vicinczey, Éloge des femmes mûres

chez Folio.

Même si la couverture est explicite, n’allez pas croire que le livre manque de pudeur ou de retenue. Il s’agit d’une autobiographie amoureuse, faite avec beaucoup de naturel par un jeune Hongrois, élevé dès son plus jeune âge par les pères franciscains et sa mère, entourée d’amis. D’où l’idée d’une vocation qui ferait la synthèse.

« La meilleure façon de vivre serait d’être moine franciscain au milieu d’un harem de femmes de quarante ans. »

Ces assemblées joyeuses l’ont mis à l’aise avec lui-même, riche atout pour un enfant qui connaîtra la guerre et vivra un temps dans un camp américain en Autriche.

Là, les conventions de civilité ordinaires se fissurent, et les Autrichiennes se trouvent des amants dans l’armée d’occupation, pour boucler les fins de mois, se procurer des denrées devenues rares, et sans doute de petits moments de plaisir.

Le narrateur n’en profite guère, sinon pour s’ouvrir les yeux et l’esprit.

Les difficultés de l’adolescence avec des filles ricaneuses ou coincées, l’amènent à demander franchement conseil à des femmes plus averties et d’une bonne écoute.

C’est quand même bien de trouver ici-bas des femmes de bonne volonté.

Des petits conseils qui peuvent servir.

« Si au fond de vous-mêmes, vous les haïssez, si vous ne rêvez que de les humilier, si vous vous plaisez leur imposer votre loi, vous aurez toute chance de recevoir la monnaie de votre pièce. Elles ne vous désireront et ne vous aimeront que dans l’exacte mesure où vous les désirez et les aimez vous-même -et louée soit leur générosité. »

« comment se fait-il que tant d’hommes considèrent les femmes comme leurs ennemies ? »

La suite de ma lecture de l’éloge ne m’a pas déçu : on y trouve des accents à la Kundera, c’est-à-dire la présence de la chape de plomb sur la vie publique et privée. D’où le désir de l’auteur de quitter la Hongrie, pour l’Autriche puis le Canada.

Les femmes, puisqu’il est question d’elles en premier lieu, ne sont pas maltraitées sous la plume de l’auteur, qui dessine un éventail assez complet d’attitudes, sans recourir à la vulgarité ou à une ironie destructrice ou cynique.

L’humour pimente certaines situations, et les attitudes ou portraits psychologiques sont à la fois riches et diversifiés.

Un appendice recense les appréciations élogieuses de critiques de tous pays sur ce roman comme sur Vérités et mensonges en littérature (1) ou un millionnaire innocent.(2)


(1) Folio 450 p.

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(2) Éditions du Rocher, 536 p.

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